Dans un épisode de Soluble(s), Millie Servant, rédactrice en chef du média Climax, révèle comment transformer l’urgence climatique en récit engageant. Retour en questions-réponses sur leur approche décalée qui bouscule les codes du journalisme environnemental traditionnel.
>> Lire l’article original : Climax, le média qui documente la révolution culturelle écologique – Avec Millie Servant
1. Qu’est-ce qui distingue Climax des autres médias écologiques ?
Millie Servant : « Nous, ce qu’on voulait, c’était raconter des histoires qui sont en fait des prétextes pour parler d’écologie en toile de fond. Un bon sujet Climax ? C’est une histoire surprenante qui va embarquer le lecteur dans lequel il va pouvoir mettre de la passion, être surpris, étonné, décontenancé, interloqué. »
2. D’où vient cette approche satirique de l’écologie ?
Climax trouve ses racines dans TechTrash, newsletter satirique lancée en 2017. « A partir des années 2020, ils ont observé que finalement, le bullshit s’était déplacé. Là où avant tout le monde disait, on va faire notre grande révolution numérique, on commençait à entendre des discours qui disaient, on va tous faire notre grande révolution écologique. »
3. Pourquoi avoir choisi le format fanzine plutôt qu’un magazine classique ?
« Ce qu’on aimait bien, nous, là-dedans et ce qu’on a voulu revendiquer, c’était l’état d’esprit. C’était un format un peu passionné, qui casse les codes du journalisme. »
L’équipe voulait créer « le média qu’on avait envie de lire sur la question de l’écologie qui n’existait pas jusqu’à présent. »
4. Comment évitez-vous la morosité habituelle des sujets climatiques ?
« On s’est interdit de faire une couverture verte avec des arbres ou des ours en train de couler sur des icebergs qui fondent ou des planètes en feu. Nous, ce qu’on veut, c’est vraiment donner envie aux gens, que les gens, ils se disent ah ouais, en fait, pour une fois, on m’a parlé d’écologie, j’ai trouvé ça cool !«
5. Que contient votre dernier numéro « Ambiance Scandale ! » ?
Le dossier « Filous du climat & éco-mafieux » explore « combines vertes, crimes déguisés en innovations, blanchiment à base de feuilles couleur chlorophylle. Car derrière les grandes causes et les beaux discours, les arnaques prospèrent. »
« On sait que les gens aiment bien lire des polars l’été« , justifie Millie Servant, expliquant cette approche polar pour traiter de scandales écologiques.
6. Quelles sont vos rubriques les plus décalées ?
Climax propose « la foire aux concepts bidons« , « l’anti-bilan carbone » où les personnalités « vont avouer avoir cliqué sur des pubs pourries pour planter des arbres ou avoir 10 000 tote bags ou faire pipi sous la douche ou pas« , plus des BD, des « nécros » d’espèces disparues et des recettes prétextes.
7. Comment gérez-vous l’équilibre entre engagement et objectivité journalistique ?
« Je pense que tous les médias sont engagés dans une certaine vision du monde« , mais « cette fameuse vision du monde qu’on véhicule à travers nos articles, elle est étayée par des scientifiques. Elle est confirmée jour après jour d’ailleurs par l’actualité, tout simplement. »
8. Que représente la « révolution climatique » pour Climax ?
« On pense qu’il y a un mouvement de société, un mouvement culturel, une prise de conscience et une mise en action des citoyens. Et c’est ça qu’on a envie de documenter plus que finalement l’actualité de l’environnement à proprement parler. »
9. Comment financez-vous ce média sans publicité ?
« L’objectif, c’est pas de faire de l’argent, ça se saurait si les médias indépendants étaient des machines à cash ! » Climax fonctionne grâce aux abonnements (5€/mois), crowdfunding et des prestations séparées du média via leur studio pour des clients institutionnels comme France Travail ou la BNF.
10. Observez-vous une évolution du traitement médiatique de l’écologie ?
Co-auteure de la Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique, Millie Servant note : « Ça a bien évolué dans le bon sens je pense, d’un certain point de vue, parce que le traitement s’est amélioré. » Mais elle déplore la persistance de désinformation sur certaines chaînes.
Simon Icard (résumé avec IA)
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