Comment Ludovic Franceschet, l’éboueur star de TikTok, sensibilise à la propreté des villes ?
Dans un épisode de Soluble(s), Ludovic Franceschet, l’un des éboueurs les plus connus de France, partage son expérience et ses initiatives pour sensibiliser à la propreté des villes. Voici un résumé sous forme de questions-réponses de l’épisode.
Écouter plus tard1. Quel a été votre déclic pour commencer à filmer votre quotidien d’éboueur et le partager sur les réseaux sociaux ?
Alors en fait, ça a démarré quand il y a des personnes qui nous ont, limite insulté, ou même qui nous ont sifflé en nous demandant de nous dépêcher. J’étais derrière le cul-de-camion, on l’appelait ça, donc j’étais ripper et ils nous ont dit dépêchez-vous sale fonctionnaire, etc. Je dis, oulala, ce n’est pas possible qu’on nous parle comme ça. Et je l’ai demandé à mon binôme qui me prenne en photo, qu’il fasse une petite vidéo pour qu’on puisse montrer notre métier, la pénibilité, etc. Et ce jour-là, quand j’ai mis la vidéo sur TikTok, elle a fait 345 000 vues dans un seul coup.
2. Quel est votre objectif principal et quel message souhaitez-vous transmettre au jour le jour ?
Alors, mon objectif, c’est de sensibiliser le maximum de monde. Mais finalement, je ne fais pas vraiment d’objectif parce que c’est toujours plus, plus, plus, plus, plus. Et ensuite, mon message, il est simple, c’est jetons à la poubelle. Voilà, il faut démarrer par quelque part. Et pour avoir une planète propre, il faut déjà jeter à la poubelle. Et nous, les éboueurs, on est en première ligne pour ça, justement.
3. Comment sensibilisez-vous les jeunes à la propreté ?
Je leur donne des exemples sur mon métier. Et par contre, quand ils arrivent dans la salle, mais moi, auparavant, j’ai déjà souillé la salle. Donc, j’ai mis des papiers, des bouteilles un peu partout et je regarde leur réaction. Effectivement, ils se baissent pour pouvoir ramasser les déchets, contrairement à un adulte qui, lui, ne se baissera pas. Il va donner un coup de pied dedans, il va jouer au foot avec. Donc, c’est totalement différent.
4. Quels sont les déchets qui vous donnent le plus de travail à ramasser ?
Et le déchet qui nous donne le plus de boulot, je vous le mets dans le 1000, c’est la selle humaine. Parce que les gens, il y en a qui sont vraiment très, très, très inciviques, donc ils vont faire leurs besoins dans la rue. Et quand ils ont déposé, excusez-moi, leur selle humaine, c’est très difficile à enlever, il ne faut pas croire… Parce qu’il faut frotter vraiment. Donc, on peut mettre une heure à enlever une selle humaine quand même.
5. Quelle est votre principale explication pour le manque de réflexe citoyen de jeter à la poubelle ?
Il faut savoir qu’une ville comme Paris, il y a 33 000 poubelles, donc c’est pas mal. Après, je pense qu’il y a un gros problème de conscience. Je pense que la propreté n’est pas la priorité de beaucoup de personnes. C’est dommage parce que c’est vital. Mais non, qu’est-ce qu’une priorité ? Moi, j’aimerais que la propreté soit une priorité. Et donc, on ne se donne pas les moyens. Alors que, comme je le dis, je ne le répéterai jamais assez, c’est urgent. Il faut qu’on agisse maintenant parce que là, on fait n’importe quoi.
6. Comment incitez-vous les citoyens à changer de comportement ?
Ah oui, complètement. Je le fais donc dans la rue. Donc, il y a des gens qui me regardent et ils me disent merci. Je dis de rien, mais bon, si un jour vous avez envie de faire la même chose, n’hésitez pas. Voilà, je fais ça aussi dans les transports, parce que beaucoup laissent leurs déchets dans les transports, sur les sièges, sous les sièges, ils collent leur chewing-gum, etc. Enfin, c’est n’importe quoi. Il y a énormément de laisser-aller, il y a un manque d’éducation, c’est alors incroyable, c’est incroyable ce manque d’éducation.
7. Quels sont vos projets de sensibilisation à venir ?
Mon prochain défi, ça va être Étampes-Paris, 110 kilomètres. Pourquoi 110 kilomètres? Parce que de Étampes à Paris, c’est à peu près 55. Mais moi, j’ai rajouté le tour de Paris en même temps. Donc, du coup, ça va faire 110 kilomètres. Mais j’ai peur du résultat. J’ai peur de ce qu’on va ramasser. J’ai peur d’annoncer, par exemple, qu’on aura collecté 10 000 litres.
8. Comment médiatisez-vous vos défis de sensibilisation ? On va pouvoir le suivre sur vos réseaux sociaux ?
Oui, sur les réseaux sociaux complètement. Alors, ce que je vais faire là, ce que je vais faire, c’est Étampes-Paris à pied. Il va y avoir 27 villes et on va passer par 27 mairies. Et on va faire 27 vidéos, donc à chaque étape. À chaque mairie. On parlera des mairies, donc on fera un tout petit peu d’histoire. Mais surtout pour sensibiliser les gens à jeter à la poubelle.
9. Quel est le message principal de votre livre « Plus tard, tu seras éboueur » ?
Alors déjà, soyons très honnêtes, c’est une vraie chance que j’ai eu d’écrire ce livre qu’on m’a proposé. J’ai accepté tout de suite et j’ai su à ce moment-là que j’allais laisser une trace sur cette terre. Et une trace, en fait, comme Monsieur Coluche. Coluche, il a laissé ce beau message qui est d’aider son prochain. Mais moi, ça sera la propreté. Voilà. Donc, du coup, il y a ce bouquin qui va être là, qui va vivre beaucoup plus longtemps que moi. Et dans ce livre, on peut y trouver toutes les ficelles, toutes les clés pour devenir un véritable et bon éboueur. Et aussi, l’espoir, la réussite. Parce que avant ce livre, donc avant que je sois éboueur, je n’étais rien. Maintenant, je suis devenu quelqu’un.
Écoutez l’épisode complet. (Seul le prononcé fait foi)
Ludovic Franceschet, éboueur et star de la sensibilisation sur TikTok
Simon Icard (résumé avec IA)
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Ludovic Franceshet est l’auteur avec Isabelle Millet de « Plus tard, tu seras éboueur » paru chez City Éditions.
VOIR : La page de la campagne de financement participatif de Ludovic pour organiser son défi de dépollution entre Paris et Marseille à l’été 2023 : https://fr.ulule.com/defi-depollution-2023/