Fanzine au ton volontiers sarcastique, rubriques originales, enquêtes à la manière d’un polar : comment transformer l’urgence climatique en récit cool ? Avec la sortie en kiosque du numéro 8 de son trimestriel, Climax confirme son approche décalée. Pour Soluble(s), Millie Servant, rédactrice en chef, dévoile les coulisses d’un média qui bouscule les codes.
Le podcast Soluble(s) se penche régulièrement sur le travail des médias, car ils peuvent faire partie de la solution. Dans son rapport de 2022, le GIEC rappelait que les médias “ont un rôle crucial dans la perception qu’a le public du changement climatique, sa compréhension et sa volonté d’agir“.

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Transcription (automatisée)
>> Lire l’article original : Climax, le média qui documente la révolution culturelle écologique – Avec Millie Servant
Un média qui veut vous faire atteindre le point culminant
– Simon Icard : Bienvenue dans un nouvel épisode de Soluble(s). Un numéro spécial découverte. Vous le savez, j’adore les solutions et de temps en temps, j’explore le rôle des médias qui peuvent faire partie de la solution, justement.
Aujourd’hui, je m’intéresse à un organe de presse qui veut vous faire atteindre le point culminant.
Bonjour, Millie Servant.
– Millie Servan : Bonjour Simon.
– Tu es une journaliste. Tu es la rédactrice en chef d’un média qui se revendique “plus chaud que le climat”. Il s’appelle Climax. C’est un trimestriel papier et une newsletter numérique hebdomadaire et gratuite. On va parler de ce que vous appelez la “révolution climatique”.
On va apprendre plein de choses sur les sujets que vous traitez. Assez loin des écogestes et assez proche de la pop culture, on va donc décrypter votre approche qui se distingue avantageusement par le fond bien sûr, sans oublier la forme. Le tout à une époque où, il faut le dire, hélas, les journalistes n’ont pas toujours bonne presse dans le cœur du public. Et ce alors que nous sommes au temps de l’urgence climatique.
Mais d’abord, on a envie d’en savoir plus sur toi. Parle-nous un peu de ton parcours. Est-ce que tu sais pourquoi tu es devenue une journaliste ?
– C’est une bonne question. Déjà, merci de me recevoir. Oui, moi je suis devenue journaliste un peu sur le tard. En fait, si on prend le parcours classique avec les études, c’est-à-dire que je n’ai pas fait d’école de journalisme. Je crois que c’est ton cas aussi d’ailleurs, il me semble.
– Tu es bien renseignée !
– Exactement, j’ai fait mon travail. Voilà. D’ailleurs, Lauren et Dan, Lauren Boudard et Dan Geiselhart, avec qui on a fondé Climax, n’ont pas fait d’école de journalisme non plus. Ça fait d’ailleurs un peu partie de notre ADN. On pourra y revenir après. Mais voilà, je pense que je me destinais… enfin, j’ai toujours eu envie, j’ai toujours été attirée par ce métier de journaliste. Quand j’étais plus jeune, je travaillais bénévolement pour un webzine à la fac. En fait, ça me permettait surtout de rentrer en concert et d’y aller en échange d’un bon papier et de quelques photos, de profiter de soirées !
À une époque où je n’avais pas beaucoup d’argent non pas que j’en ai énormément aujourd’hui non plus, mais voilà, j’ai toujours eu un peu ce ce, cette affinité avec les médias.
Vraiment pendant longtemps, comme une activité du dimanche si on peut dire, ou plutôt de la nuit. Je travaillais aussi un peu après pour “Tous les festivals”, c’est un média sur les festivals de musique qui me permettait aussi d’avoir des pass d’entrée et de découvrir ce métier et de me former sans passer par la case école. Et donc mon premier boulot, ça a été plutôt chargée de communication pour un festival qui s’appelait “Futur en Seine”.
C’était à Paris et c’était un festival de l’innovation numérique. Et il y avait pas mal de conférences aussi qui réfléchissaient au futur et à l’impact du numérique. Et en fait, après cette expérience-là, j’ai arrêté d’être chargée de com et j’ai commencé à écrire pour un média que j’adorais qui s’appelle Usbek & Rica et qui explore le futur lui aussi. C’était le lien. Et donc j’ai commencé à écrire pour eux, pareil, bénévolement. Et petit à petit, je suis devenue pigiste. J’ai écrit pour eux pendant plus de trois ans et après, j’ai rencontré Lauren et Dan avec qui on a lancé l’aventure Climax.
Plongée dans l’aventure Climax : de la newsletter au fanzine papier
– On va parler de tout ça en détail. Alors oui, en effet, on voit que depuis ces premiers contenus bénévoles, tu ne t’arrêtes plus d’écrire. C’est, ça a l’air d’être ton format privilégié. On va plonger dans Climax ou CLAImax. D’ailleurs, élucidons d’abord ce point. Y a t il une prononciation officielle ?
– Alors non, ça dépend de, moi, ça dépend des jours et de l’heure et de l’envie du moment. C’est vrai qu’on s’est pas mis de. On a gardé de la liberté sur ce sujet-là. On a suffisamment de choix à faire un peu partout. C’est vrai qu’on dit librement climax ou CLAIimax, selon, selon les envies.
– Alors Climax. Climax s’est donné pour mission d’informer sur la crise climatique qui est en cours, mais avec une approche particulière, autant sur la forme que sur le fond, je commençais à le dire. Comment est né ce média ? D’abord, c’était en 2021, je crois.
– Oui, c’est ça 2021. Alors peut-être pour revenir encore avant, ça permet de comprendre un peu comment Climax est né. En fait, Climax a un grand frère ou une grande cousine selon qui s’appelle TechTrash, qui est un autre média auquel j’ai pas participé, mais qui est lancé par Lauren et Dan, mes deux acolytes sur Climax, qui est un média qui s’est lancé en 2017 et qui avait vocation…
C’était une newsletter gratuite, hebdomadaire, qui existe toujours et qui racontait un peu les coulisses de la start-up nation, les coulisses de la tech et qui en fait était un peu une des premières voix, notamment en France, à offrir un discours critique, à proposer un discours critique de tout ce qui se passait dans ce milieu-là, tout le “bullshit” des entrepreneurs, tous les bobards des grosses entreprises qui disaient qu’elles faisaient leur révolution numérique, tous les grands discours des politiques sur le rôle de la, de la data, le nouvel or des… de tout le monde d’ailleurs.
Et donc en fait, ils ont fait une newsletter satirique avec un ton hyper mordant, très très frais finalement. Et ils ont très rapidement eu plusieurs dizaines de milliers d’abonnés. Ça a bien marché. Cette newsletter existe toujours, mais en fait, vers 2020 à peu près, ils ont observé que finalement, le bullshit s’était déplacé.
Là où avant tout le monde disait, on va faire notre grande révolution numérique, on commençait à tenir un discours qui disait, on va tous faire notre grande révolution écologique. Et donc il y avait beaucoup de choses à décrypter sur le, dans le champ de l’écologie.
Beaucoup d’entreprises qui faisaient du greenwashing, beaucoup de politiques qui faisaient aussi du greenwashing ou qui tenaient des discours fallacieux, des idées bidons, etc.
Et donc tout simplement, ils ont créé, la cousine de Tech Trash qui s’appelait Climax, donc qui était une newsletter qui visait au tout début vraiment à décrypter ce discours-là avec beaucoup d’humour. Alors, il y avait toujours un format, enfin des formats hérités de tech trash, c’est-à-dire TechTrash. Il y avait la phrase bullshit pardon, une phrase bidon prononcée par un entrepreneur.
On a fait la phrase en carton avec Climax, donc on allait justement un peu se moquer. On utilise vraiment beaucoup la satire et la moquerie pour.. pour décrypter. En fait, ça a bien marché aussi. Je pense que ça faisait du bien à pas mal de lecteurs de pouvoir aborder la question de l’écologie à travers de l’humour, mais un peu grinçant, un peu moqueur, un peu.
Voilà, c’était assez frais, je pense pour pas mal de gens. Et et donc après, quelques années plus tard, deux ans plus tard, donc un an plus tard, pardon, on s’est dit que finalement, on était un peu limité par ce format newsletter qui finalement est assez court et assez formaté, et c’est un espace de liberté, mais qui est quand même contraint. Et on s’est dit, mais il faut qu’on lance un magazine. Et donc on a lancé la version papier un an plus tard, en 2022, avec toujours, pas forcément…
– Avec toujours cet ADN. Je viens de te couper, mais j’imagine que tu voulais me dire, ce qui n’était pas forcément évident dans le contexte actuel de la crise de la presse. C’est vrai que c’est un pari de lancer un magazine papier. Alors, vous appelez ça un fanzine, Pourquoi ?
– C’est ça en fait. Ouais, déjà, c’était pas le meilleur moment, mais ça s’est fait vraiment sur une impulsion, un coup de tête.
Moi, à l’époque, j’étais journaliste pour Climax depuis le début, depuis la newsletter, mais je suis devenue rédactrice en chef du média juste avant le lancement de la formule papier. Et un jour, on s’est dit, mais voilà, faut qu’on lance un magazine papier. Et le prochain numéro, c’était en mars, le premier numéro doit sortir en juin. Ce qui est en soit assez assez court et en plus, c’était le moment où la tonne de papier lui coûtait le plus cher.
Il y avait eu une explosion des prix du papier, donc c’était vraiment un choix, pas forcément très entrepreneurial. Enfin, très sage d’un point de vue entrepreneurial, mais c’était ce qui nous faisait envie, c’était ce qui nous faisait plaisir. Et en fait, on a on a choisi le format fanzine, alors on a plutôt. On n’est pas vraiment un fanzine à proprement parler parce que le fanzine, c’est vraiment un format très artisanal, photocopié en noir et blanc, un peu fait à la main, distribué à très bas prix. En fait, c’était historiquement dans les années 80, enfin 70-80 quand ça s’est démocratisé.
Un format journalistique fait par des fans pour des fans, surtout dans le monde de la musique. Donc c’était vraiment pas des journalistes. Mais ce qu’on aimait bien, nous, là-dedans et ce qu’on a voulu revendiquer, c’était l’état d’esprit.
C’était un format un peu un peu passionné, qui casse les codes du journalisme d’ailleurs, codes qu’on n’a pas forcément parce qu’on n’a pas fait des écoles. Mais justement, ça nous plaisait bien ce truc-là avec, ça collait bien à l’envie qu’on avait de faire une maquette graphique complètement déstructurée avec des formats sur lesquels on s’amuse.
En fait, nous, ce qu’on voulait, c’était créer un média, le média qu’on avait envie de lire sur la question de l’écologie qui n’existait pas jusqu’à présent. Et donc voilà, on voulait vraiment que ce soit un magazine ou un “Zine” comme on dit aujourd’hui, qu’on se plaise énormément à faire pour que les gens se plaisent énormément à le lire.
Le traitement de l’actualité selon Climax : surprendre et embarquer les lecteurs
– On va voir ça en détail. Climax. ClAImax. Alors du coup, je ne sais plus, je ne sais plus le prononcer… ! Allez, je vais dire, ClAimax n’est pas un média qui assure un suivi quotidien de l’actualité. Est-ce que tu peux nous dire ce qui fait un bon sujet à traiter dans Climax ?
Qu’est-ce qui fait qu’un sujet trouve de l’intérêt ? D’abord pour tes équipes, pour toi et puis pour vos lecteurs.
– Ben en fait, c’est vrai qu’on est parti du constat que bon, déjà, il n’y avait pas énormément de média sur l’écologie, il y en a de plus en plus et c’est tant mieux.
Mais en tout cas, les médias qui se disaient spécialisés de l’écologie ou les rubriques mêmes de médias comme Le Monde, les rubriques nature ou les rubriques écologie, elles parlaient toujours de l’actualité de l’écologie de manière exhaustive. Et en fait, nous, on est parti vraiment de la conviction qu’on n’a pas besoin d’être des experts de tout ce qui se passe d’un point de vue environnemental autour de nous pour être concernés par l’écologie.
De la même manière qu’on n’a pas besoin de connaître par cœur l’histoire de l’évolution des droits des femmes pour être féministes. Nous, ce qu’on voulait, c’était raconter des histoires qui sont en fait des prétextes pour parler d’écologie en toile de fond.
Un bon sujet “Climax” ?
C’est une histoire surprenante qui va embarquer le lecteur dans lequel il va pouvoir mettre de la passion, être surpris, étonné, décontenancé, interloqué, dans lequel il y aurait du suspense, etc. Pour en fait à travers ça, l’intéresser à ce sujet-là.
Comment dire. Avant Climax, il y avait TechTrash. Pardon. Et c’est vrai qu’on a eu des… On avait des lecteurs à l’origine qui n’étaient pas intéressés par le sujet de l’écologie. En tout cas, ce n’étaient pas des écolos à proprement parler, c’étaient des gens qui venaient plutôt de la tech d’ailleurs. Et donc on a toujours eu à la fois cette contrainte et cette envie d’aller parler à des gens qui ne sont pas des écolos, qui donc n’ont pas forcément d’intérêt pour le nouvel élevage de saumons qui va s’installer à côté d’eux et qui n’est pas très écologique, ou pour telle espèce qui vient de disparaître. Bon, en fait, on a. Voilà, on voulait une approche plus émotionnelle.
– Une approche aussi qui touche à tous les.. tous les territoires, pas que la France. Vous voyez le monde à travers vos codes à vous, vos, vos… votre prisme.
Mais on apprend beaucoup de choses décalées et des histoires. Des histoires de gens, évidemment. Alors on se parle en plein cœur de l’été 2025. Cela coïncide avec la période de sortie du huitième numéro de Climax. 132 pages à lire. Un petit cahier de vacances également sous la forme de jeux qui est ajouté au magazine. En couverture, on trouve un dossier d’enquête sur les Eco-Mafias. Le titre qui barre la Une, c’est “AMBIANCE SCANDALE”, ambiance scandale, ça nous fait penser, pour celles et ceux qui connaissent à un titre de des Marseillais Funky Family..
– La Fonky Family.
– Alors ici le thème c’est pas l’art de rue, mais Marseille n’est pas loin quand même.
Un sujet du dossier se déroule dans la deuxième ville de France. L’article traite du business des déchets. Je trouve que c’est un bon exemple de traitement que vous apportez, car évidemment l’écologie est en toile de fond. Mais là on est, on est sur du fait divers ?
– Exactement. En fait, ce numéro, on l’a pensé. En fait, on aime, on aime. On sait que les gens aiment bien lire des polars l’été. Il y a un côté. Voilà, aller feuilleter des romans à suspense sur la plage, c’est toujours un truc assez populaire, assez agréable et on s’est dit que finalement, aujourd’hui, l’actualité quotidienne et a fortiori l’actualité de l’écologie, est remplie d’histoires, de scandales d’affaires cachées, de faux-semblants, d’arnaques, voire de crimes. Et donc on s’est dit finalement, on va utiliser ce format du polar pour raconter ces histoires et pour les raconter de manière la moins plombante possible.
Et donc on a fait une petite sélection d’histoires qui nous paraissaient les plus… les plus sympas. Et effectivement, parmi celles-ci, il y a une grande enquête qui est signée par un journaliste qui s’appelle Matéo Parent et qui est allé enquêter à Marseille dans les décharges sauvages. Alors, il a. L’article commence, il rencontre des personnages, un personnage notamment assez atypique, un lanceur d’alerte du dimanche en fait, qui s’appelle Jean-Yves Sayag. Et donc il se présente comme un… Un Marseillais, pardon inconditionnel. Humoriste, il est élu, il est gérant de Snack.
Il est évidemment supporteur de l’OM. Enfin voilà, c’est un personnage assez haut en couleur et il raconte que, un jour, il a filmé une décharge derrière son snack et il l’a postée sur Facebook en mode “cri du cœur”. Il y a eu des dizaines de milliers de vues et après, il s’est fait contacter par la ville de Marseille qui a déblayé le terrain.
Et en fait, depuis, il est un peu devenu lanceur d’alerte. Entre temps, 4 ans ou cinq ans plus tard, il a été élu, même conseiller métropolitain délégué à la propreté. Enfin bref, on raconte un peu son histoire et on se balade avec lui au travers de cette décharge (sauvage) de… de Marseille. Et en fait, c’est encore une fois un prétexte, une introduction pour rentrer dans le sujet du trafic de déchets. Et en fait, on découvre.
Moi, j’ai été assez stupéfaite d’apprendre plusieurs chiffres. 30 % de l’ensemble des transferts de déchets en Europe pourraient être illicites. Ça, c’est quand même un chiffre incroyable. Et le deuxième qui est encore plus, je trouve, c’est le chiffre d’affaires de ce trafic de déchets pourrait atteindre 9,5 milliards d’euros par an. Par comparaison, la cocaïne, c’est 10,5 milliards. Donc c’est à peine 1 milliard de plus. Et donc voilà, on a.
On a trouvé que cette histoire, elle était intéressante parce que, plutôt que de faire un papier ennuyeux et factuel et scientifique sur l’impact des décharges sauvages, etc. On va aller chercher des histoires de gens qui vont nous embarquer et qui vont justement nous intéresser à ce sujet-là.
– L’image, la photo à sa place. Donc là, dans ce reportage, évidemment, vous êtes allés sur place, ce qui n’est pas le cas de tous, de tous les journaux. Est-ce que tu as d’autres exemples ? Alors, en dehors du dossier, pour nous donner envie de se procurer le numéro huit, il y a des interviews, il y a des personnalités, il y en a un peu pour tout le monde quand même ?
– On aime, on aime bien en fait. Donc comme je l’ai dit, on s’amuse, on a, on a pas mal de formats, de rubriques récurrentes dans lesquelles on s’amuse beaucoup.
Dans les premières pages, il y a une rubrique, on aime bien faire deux pages, 2 – 4 pages de “foire”, donc une foire d’idées sympas. Et aussi surtout, notre rubrique préférée, “la foire aux concepts bidons”. Et là, en l’occurrence, la foire, c’est les villes. Des concepts de villes lancées par des marques ou par des stars. Donc il y a notamment la ville lancée par Akon, le chanteur de R’n’B/rap. Enfin voilà, on décrypte son truc, le projet de ville de Google qui a foiré, celui d’Elon Musk, etc. Enfin voilà, on décrypte et on se moque gentiment de… gentiment ou pas d’ailleurs, de toutes ces histoires-là. Donc ça, c’est une première rubrique, on a toujours la rubrique de “l’anti-bilan carbone”, donc c’est une interview de personnalités un peu connues, pas forcément, écolo ou pas, en tout cas suivies pour… pour son engagement particulièrement. On a fait Pierre-Emmanuel Barré, Aymeric Lompret dans le dernier.
C’est Ambre Chalumeau qui est connue pour être chez Quotidien (TMC). Et en fait, on leur pose des questions sur comment ils ressentent en fait, eux, le sujet de l’écologie, qu’est-ce que ça leur évoque ? Et c’est vraiment une interview en mode franc-parler, où ils vont avouer avoir cliqué sur des pubs pourries pour planter des arbres ou avoir 10 000 tote bags, avoir fait pipi sous la douche ou pas.
Et plus largement, ils vont un peu partager leur sentiment par rapport à tout ça. Et c’est vrai que ça aide à se sentir concerné. Dans les formats atypiques qu’on a, on a aussi toujours quatre pages de BD à l’intérieur, qu’on fait faire par un dessinateur avec qui on travaille depuis longtemps.
On a une fausse, enfin une fausse, une rubrique nécrologique parodique, si on veut, où on fait la nécro des espèces qui ont disparu.
On a toujours un cahier de jeux à la fin, en plus du cahier de vacances qu’on a mis dans le dernier numéro.
On a une recette de cuisine aussi, qui est toujours aussi un prétexte pour raconter une histoire un peu folle. Par exemple, on avait raconté, enfin, on avait fait la recette du Paris-Brest pour expliquer la.. l’histoire de la course vélo qui rallie Paris à Brest et le rapport de cette… De l’histoire de cette pâtisserie qui est mêlée à l’histoire du vélo et en même temps de l’avion, ce qui paraît surprenant. Enfin voilà, on a.
On a tout plein de formats en fait, comme ça. On a aussi un format hérité de la newsletter qui est “les arguments bidons” où on va décrypter des arguments fallacieux qui mènent à l’inaction et justement, on brode ça sous forme d’un petit guide de conversation pour aider la personne qui va lire l’article à faire face à son à un interlocuteur qui serait un peu borné dans une idée faussement évidente. Voilà. Donc en fait, on s’amuse avec ces formats.
– Sur des thèmes climatosceptiques par exemple ?
– Par exemple sur le climato-scepticisme, mais ça peut être aussi pour l’eau.
Par exemple, en ce moment, il y a un peu ce grand truc des personnes qui disent “moi je ne bois plus l’eau du robinet parce qu’elle est polluée, je préfère l’eau en bouteille qui est bien plus saine”. Et nous, on va donc décrypter en quoi c’est… en quoi c’est faux. En tout cas pas tout à fait exact.
Il y a aussi un exemple dans le dernier numéro sur : est-ce que les steaks d’alternatives végétales sont vraiment mauvais pour la santé comme certains le prétendent ? Et voilà, ça peut être aussi des thèmes beaucoup plus larges comme les syndicats.
C’est un truc de vieux ou c’est un truc poussiéreux ? Bah non, pas tant que ça en fait. Il se passe beaucoup de choses dans le monde du syndicat et c’est un des leviers hyper importants aujourd’hui. Et on montre, on décrypte ça en plusieurs points. Donc voilà, en fait, on s’amuse dans tous ces formats-là et normalement ça, ça fait un ensemble. Et on a aussi. Pardon, j’ai un dernier truc, une grande (séquence), à peu près 30 pages à chaque fois, de portfolios d’artistes à qui on donne la parole parce que eux, ils sont, par nature, un vrai pas de côté sur les sujets liés à l’écologie.
Révolution climatique et récit alternatif
– Je reviens sur le terme de révolution climatique que j’évoquais dans l’introduction.
Parle-nous un peu de ça. On sait que la France et l’Europe sont engagées, avec de nombreux États, dans une transition écologique avec l’objectif d’atteindre la fameuse neutralité carbone en 2050 pour contenir le dangereux réchauffement climatique.
Mais dans Climax, on ne lit pas spécialement. Tu le disais, on ne lit pas spécialement le compte rendu de cette transition en tant que telel, mais vous vous attachez, au-delà de la critique des excès du monde actuel, vous vous attachez à montrer d’autres manières de vivre. Le but, c’est aussi quand même d’inspirer des changements parmi les lectrices et les lecteurs ?
– C’est ça en fait, quand on parle de révolution climatique ou de révolution écologique, on ne parle pas tant ni des COP, ni des rapports du GIEC, ni des, de l’action qui pourrait être prise par les différents États, tout ça.
On parle plutôt de la de la révolution culturelle en cours dans la société, dans les sociétés, on pense et on l’appelle de nos vœux et on essaye aussi d’y contribuer d’une certaine manière. On pense qu’il y a un mouvement de société, un mouvement culturel, une prise de conscience et une mise en action des citoyens. Et c’est ça qu’on a envie de documenter plus que finalement l’actualité de l’environnement à proprement parler. C’est pour ça qu’on est là.
On n’est pas un média de l’actualité environnementale, on est un média qui raconte cette révolution culturelle, écologique, climatique.
– Une révolution culturelle. Tu fais référence à ce qu’on nomme parfois les récits, c’est-à-dire la façon dont on raconte le monde. Là, vous intégrez de façon vérifiée par des faits journalistiques, mais vous intégrez donc cette notion d’un récit où on peut vivre en respect de l’environnement et des limites planétaires. C’est ça ?
– Oui, c’est ça. Et surtout, on donne envie, je pense, parce que beaucoup d’autres ont dû en parler à ce micro, mais il y a vraiment une fatigue informationnelle de qui conduit au fait de ne plus s’informer. Je crois que dans les derniers chiffres qu’on avait, il faudrait peut-être qu’on les mette à jour, mais c’était en 2021 ou 2022 je crois. C’était, un français sur deux est touché par de la fatigue informationnelle.
Je pense que ça n’a pas dû s’améliorer. Et trois c’était quoi, trois jeunes sur quatre, je crois, se sentent fatigués à la vue des contenus réseaux sociaux publiés sur le thème du dérèglement climatique. Et en fait, ça, je crois que c’est trois jeunes sur dix. Pardon, mais ça reste important. En tout cas, il y a une vraie fatigue sur ces sujets-là et nous, on est persuadés qu’on n’arrivera pas à mobiliser, en tout cas que la société ne va pas changer par l’injonction à être un bon élève et par un simple stimuli de : c’est rationnel d’aller dans cette direction-là plutôt que dans une autre.
Ça marche pour plein de gens, mais je pense qu’on a une vraie bataille culturelle à mener. D’ailleurs, si le monde tel qu’il est aujourd’hui perdure, c’est aussi parce qu’il est, il a, enfin, il a géré, géré et gagné une certaine bataille culturelle qui est passée par Hollywood, par plein d’imaginaires, par la publicité, etc.
Donc nous, il faut qu’on soit à la hauteur en fait, ou qu’on essaye en tout cas de proposer des contre récits. Et nous, on essaye de faire ça. C’est aussi pour ça que notre magazine, il est haut en couleur. On s’est interdit de faire une couverture verte avec des arbres ou des ours en train de couler sur des icebergs qui fondent ou des planètes en feu.
Nous, ce qu’on veut, c’est vraiment donner envie aux gens, que les gens, ils se disent ah ouais, en fait, pour une fois, on m’a parlé d’écologie, j’ai trouvé ça cool ! En fait, je me sens cool quand je suis écolo, je me sens à ma place, j’ai pas l’impression que j’ai besoin d’être calé et d’avoir lu le rapport du GIEC dans le texte. Je peux m’intéresser à ce sujet-là. Je peux me.
Ils m’appartiennent en fait. Et donc je peux m’en emparer et donc je peux agir. Et c’est ça qu’on essaye de faire avec tous ces tous ces articles et tout ce travail.
– On l’entend et on le comprend, Climax est un média engagé sur l’écologie. Comment vous gérez l’équilibre entre cet engagement écologique, et ce n’est pas un gros mot, et l’approche journalistique que vous avez aussi ?
Je te pose la question, car il faut dire que les journalistes et les médias font l’objet de cette fameuse crise de confiance, en plus de la fatigue informationnelle. C’est-à-dire qu’on sent monter dans une partie de l’opinion publique encore minoritaire. Mais certains commentaires, surtout à propos du journalisme et de l’écologie justement, avec des, avec une perception que les journalistes seraient “trop militants ou biaisés”.
Est-ce que c’est des critiques qu’on vous adresse ou auxquelles tu as l’habitude de faire face ?
– Alors, on ne nous adresse pas beaucoup ce genre de critiques.
Je pense que tous les médias sont engagés dans une certaine vision du monde, mais de la même manière que Le Point est très engagé dans une certaine vision du monde, Le Figaro également. Je ne parle même pas de B FM parce que c’est pas un média, mais on voit l’idée. En tout cas, il y a tout un tas de rédactions qui sont toutes.
Des fois ont, en fait, une vision du monde et elle se traduit à travers leur choix de sujets, leurs choix d’invités, leurs choix de cadrages, etc. Je pense que la particularité des médias écolos, et encore plus de la nôtre, c’est peut-être qu’on, comment dire ?
On ne se cache pas, on ne prétend pas, on ne prétend pas ne pas avoir de convictions, on les affirme. Par contre, ces convictions et on ne cesse de dire nous dans le sens Climax.
Mais tous les médias écolos avec qui je parle tous, on ne cesse de répéter que les. Cette fameuse vision du monde qu’on véhicule à travers nos articles, elle est étayée par des scientifiques. Elle est confirmée jour après jour d’ailleurs par l’actualité, tout simplement.
Et tous nos articles sont sourcés et on fait un vrai travail d’enquête, de croisement des sources, etc. Ça, ça va sans dire.
Donc oui, je pense que c’est plus que tout le monde. Voilà, tout le monde a un cadrage, un angle sur l’actualité. Nous, on l’assume peut-être plus que les autres.
– Oui, je te posais la question pour faire apparaître cette notion qui n’est pas très, très claire chez les gens et on peut le comprendre, entre la différence qu’on peut faire entre l’engagement, c’est à dire porter une vision du monde et.. et l’engagement partisan, ce qui est différent.
On ne perçoit pas à la lecture du dernier numéro de Climax que vous feriez la morale auprès des gens, pour l’avoir lu. Ce n’est pas, ce n’est pas votre approche, mais clairement. Par contre, comme tu l’as dit, vous assumez clairement une vision du monde avec une critique du capitalisme aussi régulièrement.
– Ben oui, parce que aussi enfin. Justement, nous, on voit beaucoup de… Ben justement, exemple récent : pour la soirée de lancement de ce numéro, on en a fait trois, une à Marseille, une à Bordeaux, une à Paris.
Et pour celle qui s’est déroulée à Paris, on a invité Clément Sénéchal, qui est donc un ancien de Greenpeace, désormais expert des sujets écologiques et qui a écrit un livre qui est sorti récemment, qui s’appelle “Pourquoi l’écologie perd toujours”.
Et en fait, il explique et démontre dans son livre à quel point le.. Si l’écologie perd toujours, elle gagne pas spécialement en ce moment, on l’a vu, c’est aussi. C’est parce que, elle a eu beaucoup d’adversaires, mais c’est aussi parce qu’elle s’est un peu tirée une balle dans le pied. Et il pointe notamment les ONG et les partis politiques, et même les partis dits verts, les écologistes qui, selon lui, (on partage assez son point de vue), ont en fait créé pour eux et dans l’esprit des gens, l’impression que l’écologie, ça peut être une affaire de petits gestes, une affaire individuelle, une affaire d’hygiène personnelle, presque.
Alors que c’est précisément l’inverse, que c’est un projet collectif et politique surtout, et que c’est un que c’est indissociable de la lutte contre le capitalisme, que de la lutte, enfin, pour une société décoloniale, pour tous ces sujets-là, pour toutes les questions sociétales, sociales, elle est hors de leur champ. Alors qu’en fait, depuis le début, il faut qu’elle soit intégrée dans ce champ-là, parce qu’elle est la racine du mal en fait. Donc, nous on assume cette critique du capitalisme parce qu’on sait qu’elle est à la source des problèmes écologiques qu’on rencontre actuellement.
Décryptage du modèle économique de Climax
– On va parler rapidement du modèle économique. Comment ? Comment vous fonctionnez. Alors, Climax, je le précise pour nos auditeurs, comme BFMTV est produit par des journalistes professionnels. Comment est composée l’équipe de Climax ?
– Alors, on est une toute petite équipe.
On est donc trois co-fondateurs et aussi enfin, moi je suis rédactrice en chef, mais en fait, on est un peu tous les trois rédacteurs et rédactrices en chef. On forme une sorte de comité rédactionnel et donc on a aussi des alternants avec qui on travaille par période d’un ou deux ans. Donc, on forme une équipe de cinq à peu près vraiment à temps plein.
Et après, on a l’équipe élargie qui comprend pas mal de fidèles, mais qui ne sont pas à temps plein. Qui sont les directeurs et directrices artistiques qui travaillent sur la maquette. Les journalistes pigistes qui écrivent pour nous, dont certains, une grande partie, sont là depuis le début. Des personnes qui travaillent avec nous sur l’événementiel, etc.
Donc voilà, on est une petite équipe de cinq. Une grande équipe de 20. Le modèle économique de Climax, c’est. Alors, on vise bien sûr le plus tôt possible d’atteindre un équilibre où le média aurait suffisamment d’abonnés pour se financer tout le travail de cette équipe.
Mais pour l’instant..
– Oui, parce que vos lecteurs ne risquent pas d’être dérangés par un trop-plein de publicité. Parce qu’il n’y en a pas.
– Non, il n’y a pas de pub dans les 132 pages. 132 ou 148 ou 116 selon les numéros.
Mais oui, dans les 100 et quelques pages qu’on a, il y a zéro pub et donc on a, et on a fait ce choix-là et on continuera à le faire parce que c’est ce en quoi on croit. Mais donc pour survivre en attendant d’atteindre un équilibre et que le média, de par ses abonnés, soit suffisamment rentable pour financer toute l’équipe, on a monté depuis le début une petite structure qui existait déjà, même avant, avec TechTrash à l’époque de TechTrash qui s’appelait avant Courriel qui s’appelle aujourd’hui.
“Allez Bisous”, on est en train de refaire la com’ et la marque de cette petite entité. Et en fait, on accompagne des structures.
Alors que se soient des entreprises ou des structures publiques, dans… , enfin dans plein de choses en fait. Soit, ils viennent nous chercher pour notre ton, parce qu’ils ont envie de prendre la parole sur des sujets, notamment l’écologie ou la technologie, avec un.. Davantage de franc-parler et un discours un peu plus audible par des jeunes notamment. Soit, ils viennent nous chercher pour justement nos idées sur ces sur ces sujets-là et notre expertise, soit ça va être pour des formats un peu atypiques, une direction artistique un peu différente.
Voilà. Donc, on a des clients aussi variés que France Travail avec qui on a travaillé pendant longtemps, donc ex Pôle Emploi, la BNF, Veja, BPI France. Voilà.
– Une activité à part, en parallèle, à part évidemment,
– Voilà mais séparée… On a, on a pas de… Il y a d’ailleurs certains clients qui ont été dans le, qui ont été, comment dire, critiqués dans le magazine. Mais ça marche bien
– Ah. Évidemment aussi donc, avec la vente au numéro, dans les kiosques, par internet, par abonnement ou par le don aussi, vous avez des dons de financiers, de lecteurs ?
– Oui, c’est très marginal.
C’est pas du tout quelque chose qu’on a sur lequel on a mis l’accent parce que ça demande du temps, beaucoup de gestion et tout ça. Mais par contre, nous, on, au début, on finançait le lancement de chaque numéro par des campagnes de crowdfunding, donc c’était des préventes en fait.
Depuis, on a toujours cette vente en ligne qui est juste une vente simple en ligne et on est un peu en librairie.
On est aussi en kiosque depuis 202X.., depuis la fin de l’année dernière et, et voilà. Et en fait, ça progresse petit à petit.
Pour nous soutenir, le meilleur accès, c’est de s’abonner parce que ça nous permet d’avoir de la visibilité.
On a lancé récemment une formule d’abonnement à 5 € par mois, ce qui est vraiment pas cher et et voilà. Mais on. On essaye d’être distribué un peu partout et petit à petit, voilà, on va avoir une. Une communauté qui grandit et une assise qui se. Qui se consolide.
L’objectif, c’est pas de faire de l’argent, ça se saurait si les médias indépendants étaient des machines à cash ! Ce n’est pas le. Ce n’est pas le cas. Ou alors on n’est pas au courant ! L’idée, ce qu’on veut, c’est avoir de quoi vivre correctement de notre travail.
– Donc une newsletter, un fanzine, un magazine avec de nombreuses pages sur abonnement ou au numéro. On vous trouve assez facilement sur les réseaux sociaux, notamment avec un autre format qui plaît quand même au plus grand nombre sur les smartphones. Je veux parler de la vidéo. Il arrive qu’on vous voit apparaître en vidéo, est-ce que vous misez sur ce format, en plus, pour toucher des gens qui sont, tu le disais un peu assez éloignés de la thématique de l’écologie, mais qui ont les yeux rivés sur leurs smartphones ?
– Oui, c’est vrai, on est aussi présents sur Instagram depuis un petit moment et c’est pas forcément l’endroit où on se sent le plus libre par rapport évidemment à un magazine sur lequel on a toute la marge de manœuvre pour écrire, imprimer ce qu’on veut. On sait à quel point aujourd’hui, notamment chez Meta, c’est compliqué de… de tenir des discours qu’on souhaite, mais on s’est dit quand même, on a fait le choix d’y être présents quand même, notamment à travers la vidéo, parce qu’effectivement, c’est un espace où on peut aller toucher des nouvelles personnes. Ça a commencé des vidéos notamment, enfin pas que, mais notamment avec un partenariat avec Konbini qu’on a, qu’on a toujours d’ailleurs, où on va justement pousser des sujets pour parler d’écologie différemment. Alors, je crois que Lauren avait fait, il y a un petit moment déjà un sujet qui s’appelait “Pourquoi tout le monde s’en balec du GIEC ?”.
L’idée, c’est aussi de parler d’écologie différemment, d’aller chercher des gens qui seraient réfractaires et qui finalement, au travers de la manière dont on raconte les choses, pourraient s’intéresser au sujet. Elle a aussi fait ou Dan, un, des vidéos sur les. Et je crois que c’est le temps de trajet responsable, les RTT qui sont étendues quand on prend des mobilités plus durables que l’avion.
– Des vidéos dans les… Dans les codes de Konbini justement, ce média en ligne, ce pure-player, comme on dit, je crois, ce média français. Donc dans les codes actuels, face caméra, assez courtes, dynamiques, sur un sujet très anglé, très précis. Donc, allez faire un tour sur la page Instagram de Climax et allez, enfin un clin d’œil, un dernier clin d’œil à une initiative que Climax soutient activement, la charte pour “un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique”. Elle a été signée et diffusée depuis le mois de mars 2022, elle compte désormais plus de 1800 acteurs, des dizaines de médias et d’organisations en 2025.
Quel regard tu portes sur l’évolution de la place de l’écologie, non pas dans ton média, mais sur les médias en général. Les médias grand public. Parlons des médias qu’on connaît. Télévision, radio. Constates-tu une évolution ces dernières années ?
– Oui, complètement. Déjà, effectivement, cette charte, nous chez Climax, on fait partie des co-auteurs et c’était un beau moment en fait, d’écrire cette charte à plusieurs médias.
C’était d’ailleurs à l’époque où c’était la canicule, enfin juste après la canicule et il y avait beaucoup de médias qui traitaient le sujet de la canicule avec des angles tout particulièrement surprenants, notamment des gens en train de se baigner qui profitaient de cette immense chaleur, ou des enfants en train de manger des glaces ou de se baigner dans les fontaines publiques. Qui donc dédramatisaient le côté exceptionnel de la situation et son côté un peu alarmant. Alors depuis, j’ai l’impression qu’on ne voit plus ce genre d’images. On a quand même.
Voilà, je pense en faisant ça, en prenant cette initiative et en mobilisant largement autour de nous, tout le monde n’a pas signé parce qu’il y avait quand même quelques points qui étaient assez problématiques pour certains médias, mais tout le monde. Enfin, beaucoup de médias l’ont lu. Beaucoup de journalistes l’ont lu, donc ça a quand même marqué et fait changer les choses. Je pense qu’il y a quand même pas mal de de. Oui, ça a bien évolué dans le bon sens je pense, d’un certain point de vue, parce que le traitement s’est amélioré.
On a davantage de couverture des aléas climatiques et surtout de plus en plus de sujets qui traitent des aléas climatiques, et on en donne les causes, voilà. Donc il y a aussi sur des médias de grande écoute, je crois que c’est le JT de.. , pardon, le bulletin météo et climat maintenant qui s’est lancé, qui relie aussi les deux, les deux sujets.
– Oui, oui à France Télévisions. D’ailleurs, ça donne. Ça donne un aperçu de la différence entre la météo et le climat qui sont deux choses différentes.
– Ça évite la confusion et ça permet d’inviter la question climatique dans un format très écouté. Donc voilà, il y a plein d’initiatives comme ça qui vont dans le bon sens. Le problème, c’est qu’il y a aussi plein d’initiatives qui vont dans le mauvais sens… Euh, notamment récemment l’audiovisuel public qui tronque des émissions comme “La Terre au carré” alors qu’on a un temps d’écoute, enfin un temps de diffusion des sujets de l’écologie qui est déjà très faible, donc. Et aussi le plus dramatique, c’est qu’on a énormément de désinformation sur des chaînes comme BFM, mais pas que. On va croire que je les ai vraiment dans le pif, mais euh, avec des.
– Tu fais référence à des invités, des éditorialistes,
– Des journalistes qui invitent des éditorialistes ou des… “des scientifiques du dimanche”, Mais qui donc diffusent des informations qui sont fausses et qui contribuent donc à. A beaucoup de flou et à beaucoup de fatigue aussi de la part de toutes les personnes qui cherchent à s’informer sur ces questions-là. Donc voilà, il y a encore énormément à faire.
– On va citer aussi CNews qui a certains plateaux … CNews du groupe Bolloré, qui a aussi certains plateaux particulièrement éloignés de la réalité dans les propos tenus sur, sur de nombreux sujets.
– Donc sur des journalistes. C’est vrai que tout à l’heure, j’ai. J’ai dit que ce n’étaient pas des journalistes, mais il y a des journalistes qui bossent dans ces, dans ces rédactions, mais qui, voilà, qui font parfois un travail de sabotage, un peu de tout ce qu’on essaie de faire et voilà.
– En tout cas, voilà, on a la chance d’être dans un, dans un univers pluriel et pluraliste, et vous en faites partie. Vous êtes donc dans les kiosques, sur internet, sur le numérique, les réseaux sociaux. Merci pour cette plongée au cœur de ton travail, de vos sujets. Millie Servant, rédactrice en chef de Climax, était donc dans Soluble(s) ! J’ai glissé dans la description de l’épisode tous les liens pour s’abonner à la newsletter gratuite. Et pour celles et ceux qui voudraient trouver où acheter ou commander directement les fanzines, il y a aussi les liens qui vont bien. On vous trouve facilement sur les réseaux sociaux, on l’a dit. Millie, merci d’être passée dans Soluble(s).
– Merci beaucoup de m’avoir invitée !
– Voilà, c’est la fin de cet épisode. Si vous l’avez aimé, notez-le, partagez-le et parlez-en autour de vous. Vous pouvez aussi nous retrouver sur notre site internet csoluble.media.
À bientôt !
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TIMECODES
00:00 Introduction
01:19 Le parcours de Millie Servant
03:43 La naissance de Climax
07:24 L’approche unique de Climax
09:38 Les sujets de Climax
11:38 Ambiance scandale – Le dossier sur les Éco-Mafias
15:38 Les rubriques du magazine
19:25 La « révolution climatique »
24:14 L’engagement et le journalisme
28:22 Le modèle économique
33:25 Les vidéos & Instagram
35:39 L’évolution du traitement médiatique de l’écologie
39:18 Merci à Millie Servant !
40:09 Fin
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