Journalisme de solutions, enquêtes de terrain, droit de suite sur les échecs : comment informer et inspirer sans pratiquer un journalisme de “bonnes nouvelles” ? À l’occasion de la sortie du Guide du Marseille Désirable et des sept ans de son média en ligne, Nathania Cahen, cofondatrice, ouvre les coulisses de Marcelle devant le micro de Soluble(s).
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Le podcast Soluble(s) s’intéresse régulièrement aux médias qui innovent, parce qu’ils peuvent faire partie de la solution. Dans une France où 82 % des citoyens se disent fatigués de l’actualité et où la confiance envers la presse plafonne à 32 % (Baromètre La Croix – Verian – La Poste, 2025), Marcelle trace un autre chemin depuis la région Sud.
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- Photomontage : Pexels et Capture d’écran La-Croix.com.
Transcription (automatisée)
>> Lire l’article original : Marcelle : 7 ans de journalisme de solutions depuis Marseille
– Simon Icard : Bienvenue dans un nouvel épisode spécial découverte. Aujourd’hui, je me penche sur un média qui ne manque pas de solutions et dont le nom est un prénom féminin qui sonne presque comme celui de la deuxième ville de France. Un endroit d’où s’est développé ce média avec succès.
Bonjour Nathania Cahen.
– Nathania Cahen : Bonjour Simon.
– Tu es la cofondatrice de Marcelle, un média en ligne qui met en lumière dans cet article des réponses à des enjeux de société et d’environnement. Et c’est justement tout ce que l’on aime partager ici avec les auditeurs.
Marcelle, le média qui met en lumière les solutions
Tu nous diras dans cette interview qu’est-ce qu’on trouve concrètement dans ce média constructif qui est donc basé à Marseille, mais dont le territoire de couverture s’étend bien au-delà, à travers la France. On va voir comment vous travaillez, comment vous réussissez à développer ce média depuis bientôt sept ans. Sept ans en octobre 2025, c’est l’âge de raison, ça !
Le parcours de Nathania Cahen, cofondatrice et journaliste
Mais d’abord, on veut tout savoir de toi et de ton parcours. Tu es une journaliste, est-ce que tu sais pourquoi tu as voulu faire le métier d’informer les gens ?
– Nathania Cahen : Ça, c’est vraiment un vieux, vieux projet. Parce que je me souviens qu’en classe de quatrième, on avait dû écrire une rédaction sur le sujet. « Projette-toi dans ton avenir, quel sera ton métier ? Que feras-tu plus tard ? ». Et dans cette rédaction de quatrième, j’étais déjà journaliste. Alors à cette époque, je pense que je ne savais pas exactement tout ce que sous-tendait ce métier. En tout cas, j’avais déjà un fort appétit pour l’écriture.
Je pense que c’est d’abord ça, l’écriture et le français qui m’ont amenée vers ce métier du journalisme. Et puis ensuite, quand j’ai un peu approfondi au lycée la recherche des métiers et que j’ai commencé à m’intéresser un petit peu à l’actualité, à lire un petit peu les journaux qui pouvaient traîner à la maison, puis au lycée, je me suis dit, c’est journaliste que j’ai envie de faire.
Et j’ai tout mis en œuvre pour que ça devienne mon métier. Et donc j’ai fait des études dans ce sens.
– Ces études, et tu as eu un parcours dans la presse depuis, depuis Marseille, dans la presse écrite ?
– J’ai commencé par la radio. Étonnamment, quand j’étais en école de journalisme, je m’étais dit que bon, l’écriture, je pourrais toujours y venir, y revenir. Et en tout cas, c’était quelque chose qui était, qui était en moi. Donc j’avais quand même le sentiment d’arriver quand même à manier et à articuler les mots. Je m’étais à l’époque dit que maîtriser un autre média, ça pouvait être intéressant.
Donc en fait, j’ai commencé par une spécialisation radio, je suis arrivée à Marseille, j’ai travaillé à Radio France, puis à RMC. Et puis rapidement, au bout de trois-quatre ans, j’ai été rattrapée par le goût de l’écriture et je suis retournée où je suis allée, en tout cas, vers la presse écrite. Assez rapidement.
La naissance d’un média collectif et engagé
– Tu as mis ta plume au service d’un projet collectif. Tu es donc la cofondatrice de Marcelle, le média de solutions. Comment a commencé cette aventure ? Je le disais, c’était il y a sept ans à peu près. Mais là, on parle d’une véritable aventure collective ?
– Tout à fait. Alors c’est moi qui est, au début, un petit peu initié, qui a mis le doigt dans la prise. Ce qui s’est passé, c’est un événement plutôt personnel.
Moi, j’ai travaillé comme correspondante de L’Express pendant vingt ans, et en 2016 ou 2017 ce média, cet hebdo va changer radicalement. Il y a l’arrivée du groupe SFR et on dit “merci” à tous les correspondants en région.
Donc, je me retrouve avec un grand vide devant moi en me demandant et maintenant, qu’est-ce qui va se passer ? C’était quand même le gros de mon activité journalistique. Et à ce moment, à cette même période, j’ai eu la chance d’être mise en relation avec Gilles Vanderpooten, qui est un journaliste parisien qui porte très haut les couleurs du journalisme de solutions avec son ONG “Reporters d’espoirs”.
Et comme on est en 2017, il y a des élections présidentielles qui s’annoncent et il décide de faire paraître un livre qui s’appelle « La France des solutions – 50 solutions pour épanouir la France », un petit peu dans tous les domaines clés et un peu critique. Et on est mis en contact. Et je vais écrire une douzaine de chapitres de ce livre. Donc c’est à ce moment-là que je découvre opportunément le journalisme de solutions, et j’en trouve le principe intéressant, plaisant, instructif, disruptif.
Enfin voilà vraiment, j’accroche beaucoup avec l’exercice et c’est à ce moment-là que je me dis et pourquoi pas essayer de tenter une aventure dans cette veine ?
Il y en avait très peu en France encore à l’époque. Donc j’ai réuni autour de moi un panel d’amis, des journalistes, mais pas seulement, des enseignants, des chefs d’entreprise. Enfin voilà, ça s’est fait vraiment au début, en mode “saucisson-pinard”.
Réfléchissons, discutons, construisons, qu’est-ce qu’on en pense, comment on le fait ? Et petit à petit, en six mois, on avait la trame et l’ossature. Le projet. Le projet Marcelle était sur les rails.
Qu’est-ce que le journalisme de solutions ?
– Un projet donc, avec des journalistes professionnels dès le début, mais aussi tout un entourage, on va en parler, qui dépassent parfois le cadre journalistique avec des tribunes. On va aller dans le détail. Alors, les auditeurs fidèles de ce podcast comprennent bien en quoi consiste le journalisme de solutions. Mais toutes celles et ceux qui nous écoutent aujourd’hui ne sont pas forcément des fidèles. Et puis les approches peuvent varier aussi. Marcelle s’affiche fièrement comme “le média de solutions”.
Est-ce que tu peux nous expliquer brièvement ce qui se cache derrière cette affirmation ?
– Alors déjà, il y a quelque chose d’important à dire au préalable, c’est qu’un média de solutions est un média comme les autres, tout aussi professionnel et tout aussi bien servi. Le média de solutions, pour moi, c’est quand même un pas de côté.
C’est déjà approcher l’actualité avec beaucoup de recul. Et notamment tout ce qui est problématique de société, d’environnement pour mettre en lumière non seulement les problèmes. Parce qu’en fait, le journalisme de solutions. J’aime beaucoup le préciser, ce n’est pas un journalisme de “Bisounours”. On n’est pas là pour édulcorer la réalité.
On n’est pas là pour rassurer ceux qui nous écoutent, ceux qui nous lisent, mais on est là avant tout pour informer. Donc chaque sujet part d’un constat. Souvent, s’il y a une solution, c’est que le constat n’est pas toujours glorieux.
En tout cas, il y a des failles, il y a des problématiques, il y a des choses qui ne vont pas et qui demandent à être corrigées, améliorées, changées. Et donc ça, c’est toujours le terreau de départ. Et à partir de là, on déplie une trame et on va voir ceux qui, ceux et celles qui travaillent à “solutionner”, à trouver des solutions, des dispositifs à mettre en lien, à faire en sorte que, en tout cas, la société, l’environnement et nos dix thématiques, on pourra tout à l’heure lister, se portent mieux et trouvent des palliatifs justement à tout ce qui cloche un peu.
– Oui, c’est pas du “journalisme de bonnes nouvelles” comme on le dit parfois, même si vous pouvez parler de bonnes nouvelles aussi, évidemment.
– C’est moins anxiogène, en tout cas, c’est vrai, que la plupart des médias.
Une approche pour répondre à la fatigue informationnelle ?
– Parlons un peu de ce contexte.
Alors, tu as évoqué la crise de la presse tout à l’heure. On se parle dans un contexte où le rapport des gens avec les médias se dégrade, ou 82 % des Français disent éprouver de la fatigue ou carrément du rejet face à l’actualité.
Il y a un certain sentiment de défiance aussi, et ça ne s’arrange pas d’année en année. Le dernier baromètre de La Croix, en début d’année 2025, indiquait que 32 % des Français faisaient confiance. 32 % seulement faisaient confiance à “ce que disent les médias sur des sujets d’actualité”. C’est quelque chose que vous aviez à l’esprit pour lancer ce média qui travaille exclusivement sur les solutions, avec une autre approche ?
– Oui, tout à fait. Bon, c’est vrai qu’on applique quand même les règles fondamentales du journalisme, c’est des informations qui sont sourcées, qui sont vérifiées. On a une éthique qui est quand même très aboutie. On fait attention à ce qu’on dit. Voilà, on n’est pas là pour diffuser de la bonne nouvelle. On est vraiment là pour diffuser de l’information.
C’est pour ça que dans nos articles, on a toujours à cœur à évoquer avec nos interlocuteurs, dans leur montage financier, les écueils qu’ils ont pu rencontrer, les aides qui ont soutenu leurs projets.
On a également, depuis trois-quatre ans, une rubrique qui s’appelle “Ça a tourné court” parce que toutes les solutions ne sont pas viables dans le temps ou vont se retrouver confrontées à des réalités financières, économiques, environnementales.
Donc, on met aussi en avant et on parle de ce qui ne va pas ou de… On revient sur nos sujets, en tout cas, pour dire ben là, ça n’a pas marché. Et voilà pourquoi.
Comment sont choisis les sujets chez Marcelle ?
– Une dizaine de thématiques.
Le média Marcelle est accessible sur Internet. Ces thématiques vont des questions d’alimentation, d’éducation, d’écologie jusqu’à la santé en passant par la culture ou l’économie.
Donc c’est, c’est la vie telle qu’elle est, le monde tel que vous l’observez. On ne trouve pas dans Marcelle la dernière actu. Pas de “breaking news” comme on dit. Ce n’est d’ailleurs pas le projet. Qu’est-ce qui fait un bon sujet pour Marcelle ? Comment vous les choisissez ?
– On a un principe qui est très important pour nous. D’abord, c’est de ne jamais faire d’effet d’annonce. C’est-à-dire que tout ce qu’on nous propose ou tout ce qu’on voit passer qui est, “ce sera dans six mois, dans un an, dans deux ans”. Là, on ne regarde même pas, on passe notre chemin. Nous, on est vraiment sur le retour d’expérience. Ça, c’est vraiment une base, c’est-à-dire qu’on ne traite un sujet, on ne s’intéresse à une solution qu’à partir du moment où elle a été éprouvée, où il y a un petit peu de recul pour en parler, pour voir comment ça se passe financièrement, humainement, comment les équipes fonctionnent. Et ça, c’est très important. Et c’est un principe vraiment auquel on ne déroge jamais.
– Il y a des reportages, des articles de fond, ils sont publiés chaque jour. On va plonger dans les thématiques. Est-ce que tu peux, nous, nous aider à explorer un peu ces thématiques ?
– Les thématiques. C’est vrai qu’on a, on a dit, enfin tu viens de le dire, il y en a dix et c’est vrai que, en gros, elles gravitent autour de deux gros pôles qui sont Société et Environnement. Et après, se déclinent effectivement alimentation, agriculture, éducation, mobilité, etc. Après, on a un système assez ouvert, c’est-à-dire que tous les journalistes de Marcelle proposent leurs sujets, et on essaye en fait de faire en sorte qu’il y ait une certaine richesse d’une semaine à l’autre, qu’on ne soit pas sur des sujets trop, trop dans la même veine sur une même semaine.
Donc on essaye quand même de dispatcher, de faire un patchwork assez varié pour que tous nos lecteurs puissent un peu s’y retrouver. Il y en a qui sont plus fans d’économie, il y en a pour qui le social il en faut, mais pas trop non plus parce que voilà. Donc, on essaye quand même d’être assez ouvert, assez éclectique dans le choix de nos sujets.
Et on fait aussi des séries. De temps en temps, on fait des regroupements. Par exemple, au mois de juillet, on a eu une série sur le réemploi, c’est-à-dire qu’on est à peu près, je crois, quatorze journalistes actuellement, et chacun avait proposé un article sur une structure, une association, une entreprise dont le réemploi, l’upcycling, sont la base de l’activité. Voilà, on a fait aussi… en général au mois d’août, on fait un petit peu pédale douce. Donc, on a remis en ligne pendant trois semaines uniquement des articles qui tournent autour des animaux. On a intitulé cette série “Bestiaire” et en fait, on met un peu en avant les vertus insoupçonnées de nos amis les bêtes. Et il y en a beaucoup et dans bien des domaines.
L’humain au cœur de la ligne éditoriale
– Et ce qui frappe aussi, et ce qui attire l’attention des lecteurs et des lectrices, c’est ce que vous parlez beaucoup d’histoires de gens derrière ces solutions. C’est souvent des histoires humaines, même quasi exclusivement.
– Alors Marcelle déjà est une super aventure humaine et au-delà de ça, effectivement, on a plaisir. Alors et ça c’est important aussi de souligner, c’est bien que tu en parles, c’est que je pense que 80 % de nos articles facilement sont des articles de terrain. C’est-à-dire qu’on a vraiment rencontré les personnes, on fait, on évite le téléphone, voilà, si on peut, en tout cas, on évite le téléphone. On a vraiment beaucoup de beaucoup de plaisir à rencontrer les gens dont on parle dans nos articles. Donc effectivement, il y a beaucoup, beaucoup d’humain. Il y a pas mal de portraits, mais pas seulement. Mais c’est vrai que l’humain est un peu au cœur de notre réacteur.
Une équipe de journalistes professionnels à Marseille et au-delà
– Alors l’humain, parlons-en. En parlant des humains qui composent cette équipe ? Comment est constituée l’équipe de Marcelle ? Vous êtes tous des journalistes professionnels ?
– Nous sommes tous des journalistes professionnels. On a tous la carte de presse, même si bon, c’est pas une fin en soi de l’avoir, mais en tout cas, c’est une certaine reconnaissance de notre professionnalisme.
L’équipe de Marseille est la plus importante. Nous sommes six, sept, huit avec Raphaëlle (Duchemin) dans le Var, dont certains qui sont là depuis la première heure, donc l’équipe la plus importante. Parce que c’est vrai que notre terrain de jeu, notre premier terrain de jeu est la région Provence. C’est là qu’on traite à peu près deux tiers des sujets. Ensuite, on a très vite trouvé intéressant de mettre en lumière des initiatives, des solutions qui existaient dans d’autres régions qu’on n’avait pas forcément à Marseille, donc qui pouvaient.
Parce que l’idée aussi, c’est de donner envie d’essaimer, d’inspirer. Donc, on a eu l’occasion de se rapprocher de journalistes à Grenoble, à Lille, à Nantes, à Montpellier et à Paris. Donc, on a régulièrement des articles qui viennent de ces villes ou de ces régions et qui enrichissent un petit peu, justement, le contenu de Marseille en parlant de ce qui peut se faire ailleurs et ce qui pourrait se faire ici aussi.
« Le Guide du Marseille Désirable » : la ville sous l’angle des solutions
– Et Marseille, parlons-en justement. Le média Marcelle se décline et a sorti cet été deux 2025, en librairie, “Le Guide du Marseille Désirable”.
La promesse est forte. On comprend que vous avez décidé de partager les bonnes adresses de votre ville. Mais en parcourant le sommaire, on comprend que ce projet reflète aussi les valeurs de ce média.
On est guidé vers des adresses auxquelles on peut s’attabler ou consommer dans cette belle ville de Marseille, mais aussi pour agir et se montrer solidaire. C’est tout un. C’est tout un programme !
– C’est tout un programme. On est super heureuses.
Alors, je dis heureuses au féminin parce que pour le coup, là, c’est uniquement les journalistes féminines de Marseille et qui ont contribué à fabriquer et à écrire ce guide. On s’est dit qu’on en a réalisé, mais on le savait qu’on avait quand même un fond de solution assez énorme, une connaissance de la ville avec plein d’entrées, que ce soit le social, l’alimentation, l’agriculture, l’économie enfin vraiment, on avait quand même maintenant une bonne connaissance du tissu et on voulait faire un guide qui soit imprégné de nos valeurs, c’est-à-dire que ce soit un guide durable, solidaire, écoresponsable, engagé et on s’est lancées dans l’aventure avec un modèle en tête quand même.
Je tiens à rendre à Nantes ce qui lui appartient. Il y a une super équipe, il y a un super média de solutions à Nantes qui s’appelle “Les Autres possibles”, qui est, qui est réalisé par une équipe de filles qui, il y a quatre ou cinq ans, ont sorti justement un guide du Nantes solidaire que j’avais eu l’occasion de consulter. Et c’est vrai que ça m’a ça m’a beaucoup inspirée.
Je me suis dit, mais on a tout ce qu’il faut à Marseille pour créer notre guide à nous. On avait déjà plus de la moitié des adresses déjà dans nos besaces les unes et les autres, et avec tous les contacts qu’on avait dans tous ces domaines-là, ça a été assez assez simple de compléter notre fonds. En sachant qu’au début, on était parti pour faire un guide en cent cinquante adresses.
On a été débordées, il y en a 230 et on en a près d’une centaine qui attendent. Si jamais on publie un jour, dans un an, dans deux ans, une autre version qui sera encore plus enrichie. Il y a vraiment beaucoup, beaucoup de belles adresses à Marseille.
– Il faut dire, en effet, que vous réunissez des adresses et puis un certain regard sur cette ville qui a connu ces dernières années un véritable renouveau, un véritable regain d’attraits touristiques. C’est une vision, allez, je dis le mot “alternative” aux clichés qu’on peut avoir sur Marseille aussi ?
– C’est une vision qu’on peut avoir.
Effectivement, c’est alternatif et ça met en valeur justement les réseaux dont on parle peu qui ne sont pas forcément des réseaux officiels. Et c’est vrai qu’à Marseille, le réseau des associations est vraiment quelque chose de très, très, très précieux et qui tient beaucoup, beaucoup, beaucoup de pans de la ville en fait. Les bénévoles, les gens de l’ombre sont très nombreux, super efficaces et c’est important aussi de mettre en lumière leur action et leur structure.
Un événement pour donner vie au guide en octobre 2025
– “Le Guide du Marseille Désirable” est donc paru aux éditions Emcg. Il est proposé au tarif de 17 euros. Ce guide va faire l’objet d’un événement étonnant au mois d’octobre à Marseille. Vous allez en quelque sorte lui donner vie sur scène et en public.
– Voilà, c’est le projet. On est encore un peu en mode “work in progress”. On va s’y mettre vraiment sérieusement dès les premiers jours de septembre.
Mais c’est effectivement l’idée, c’est de réunir un maximum des 230 qui sont cités dans notre guide. Le lieu, ce sera La Cômerie, qui est un nouveau lieu ouvert par Yes WE Camp à Marseille. Donc c’est un lieu qui, il a quelques mois, qui dispose d’espace intérieur et extérieur.
Et l’idée, ça serait de faire un live et de décliner de façon vivante les cinq chapitres du Guide du Marseille Désirable, avec un maximum de ces acteurs et en imaginant des rencontres, des formes. Voilà, ça, c’est pas encore tout à fait au point, mais c’est à venir.
– On note, on note la date (16/10/25) et je mets dans la description les infos complémentaires pour bien suivre cela. Selon la date à laquelle vous écoutez cet épisode, c’est donc mi-octobre à Marseille.
Quel est le modèle économique de Marcelle ?
J’ai entendu parler d’équipe. Je me posais la question naturellement du modèle économique du car faire fonctionner une équipe, un média nécessite des ressources. Le journal en ligne Marcelle ne diffuse pas de publicité. Vous vous êtes donc tournés vers d’autres sources de financement, à commencer par l’abonnement ?
– N.C : Alors effectivement, on a deux sources principales de financement, les abonnements. Mais bon, c’est quelque chose qui est insuffisant aujourd’hui parce que tous les médias galèrent un petit peu quand même. C’est compliqué de fidéliser, de suivre, de convaincre.
Donc, on a effectivement un beau volume d’abonnés, beaucoup de lecteurs, plus que d’abonnés du reste, mais on a dû trouver un complément pour, pour perdurer, pour, pour être un média viable. Donc, on a eu l’idée de monétiser nos, nos guides thématiques, c’est-à-dire qu’elles sont parrainées, pour une somme pas extraordinaire, mais qui nous permet en tout cas, multiplié par dix, d’avoir un petit fond de roulement.
On a de très beaux parrains. On a par exemple les hôpitaux de Marcelle… de Marseille (!) qui sont derrière la santé. On a le Mucem derrière la culture, le théâtre de la Criée, derrière l’éducation, la Fondation de France, derrière la solidarité. Enfin voilà, on en a aujourd’hui huit ou neuf. Une société qui s’appelle Tenergie pour l’environnement et avec ses parrains.
Outre le fait que voilà participe un petit peu à rendre pérenne Marseille. On a des événements en commun. On a des causeries, on a des publications. Donc c’est un peu donnant-donnant.
C’est pas juste du mécénat, c’est-à-dire qu’on est quand même, on fonctionne un peu en communauté, en communauté. Le mot aujourd’hui est un peu galvaudé, mais j’aime bien. Dedans, il y a commun. Et donc on a des valeurs communes et on fait des choses ensemble, des événements se retrouvent régulièrement, on les consulte régulièrement et ça donne des partenariats qui sont des qui sont parfois en place depuis cinq-six ans. Donc, on a vraiment de belles histoires humaines. On en parlait tout à l’heure des, toujours l’humain.
L’éducation aux médias : un autre engagement de Marcelle
– L’humain. Et Marcelle s’engage aussi sur un autre terrain, celui de l’éducation aux médias. En quoi consistent vos interventions en direction des jeunes, des lycéens ?
– En fait, on a créé une autre plateforme de Marcelle qui s’appelle Marcelle EMI point com, “Éducation aux médias et à l’information”.
Parce qu’on a remporté un appel d’offres auprès du GAR, qui est la plateforme en ligne d’éducation de l’Éducation nationale.
Donc, on a une plateforme dédiée pour les lycéens qui est accessible à leurs, à leurs professeurs et à ceux qui ont les codes, qui vont, qui vont avec les clés de la porte d’entrée de cette plateforme avec une sélection d’articles de Marcelle.
Souvent, ce sont des sujets qui sont quand même en prise avec les préoccupations et les sujets qui intéressent cette frange de la population. Donc c’est beaucoup d’environnement, beaucoup d’éducation, parfois un peu de culture.
Les articles sont un peu réduits. Ils sont. Ils donnent lieu à une version radio de une minute comme… Comme ce qu’on peut écouter sur France Info, ils sont réalisés par des journalistes, donc qui viennent quand même du monde de la radio. Il y a également une petite vidéo. Donc, on met tout en œuvre pour que ces jeunes aient envie de s’intéresser à nos sujets et aient la possibilité, selon leur patience, leur goût, leur investissement, d’aller plus loin.
C’est-à-dire qu’ils peuvent se contenter de lire le chapô, ils peuvent se contenter d’écouter la minute de résumé, voire la petite vidéo, ou lire l’article en entier si jamais ils sont happés par le sujet et s’ils ont envie d’en savoir plus. Et, au-delà de ça, il y a quand même un travail avec leurs professeurs qui vont quand même les éduquer à la presse, à faire la part des… Faire la part des choses et à comprendre l’intérêt et l’importance de suivre des médias, des médias dont l’information est sûre, des médias crédibles et avec des sources vérifiées.
– C’est véritablement un des défis de la vie de l’époque. Les jeunes sont intéressés par les informations, mais les médias ont du mal à les toucher désormais, alors ils utilisent beaucoup de variations de formats, également les réseaux sociaux. Mais il faut dire que c’est un défi. Un défi important. Un dernier mot à propos d’un autre média que vous éditez. Il se consacre à la Méditerranée et aux méditerranéens. Il s’appelle 22- med. Son ambition est de jeter de nouvelles passerelles. Décris-nous un peu ce média en ligne lui aussi. Le but, c’est de créer du lien entre les gens dans cette partie du monde qui en a particulièrement besoin.
22-med : un média pour créer des liens en Méditerranée
– 22-med. Déjà, juste une petite réflexion sur ce nom. 22, c’est parce que le pourtour méditerranéen compte 22 pays. Certains, on ne pense pas forcément dans le bassin méditerranéen de façon spontanée, comme la Croatie, Malte. Donc, on a vraiment recensé les 22 pays. Bon, c’est vrai que dans le contexte.
Dans le contexte géopolitique actuel que l’on connaît, c’est pas évident de relier, de faire des liens entre tous les pays. Il y a quand même pas mal de tensions. Mais bon, on s’accroche et on tient à garder nos 22 pays. Quoi qu’il en soit, et quoique puissent en dire certains. Donc, on a des sujets transverses qui peuvent intéresser tout le pourtour méditerranéen.
Alors certains sont dans la veine du journalisme de solutions relèvent toujours de ce qui nous tient à cœur.
Donc cela va concerner des sujets autour de l’eau, autour de la faune, autour du patrimoine, autour de l’environnement. Parce qu’on a les incendies, les, voilà, les méthodes de pêche, le tourisme. Voilà, ça, c’est des sujets, par exemple, que de nombreux pays sont amenés à traiter. Donc voilà, chacun, on essaye de faire, de mettre en avant en tout cas des choses qui nous semblent intéressantes. Et puis à côté de ces sujets qui sont vraiment solutions, on a aussi développé des articles autour d’un patrimoine commun qui est quand même un patrimoine commun fort et qui va parler d’architecture, de cuisine, des arts, de la culture, de l’artisanat.
Et voilà, ça nous fait un média, c’est un média encore balbutiant, il a un an et voilà. Il faut trouver aussi son modèle économique. C’est pas encore tout à fait ça, mais voilà, on essaye en tout cas de faire vivre et on est très contents pour le moment de ce à quoi il ressemble.
– 22-med donc. Et puis on note les mots fil rouge de cet entretien, les solutions, mais aussi les communs, le commun. Je ne sais pas comment on peut… On peut dire justement. Nathania Cahen, donc cofondatrice de Marseille, le média de solutions, était dans Soluble(s). Je vous ai glissé dans la description de l’épisode tous les liens utiles. Mais c’est facile pour Marcelle, c’est comme le prénom au féminin, on tape marcelle point media. On vous trouve aussi facilement sur les réseaux sociaux ?
– Tout à fait. On est sur LinkedIn, sur Facebook, sur Instagram.
-Merci Nathania d’être passée dans Soluble(s) !
– Merci Simon, à bientôt !
– Voilà, c’est la fin de cet épisode. Si vous l’avez aimé, notez-le, partagez-le et parlez-en autour de vous. Vous pouvez aussi nous retrouver sur notre site internet, csoluble.media, à bientôt.
POUR ALLER PLUS LOIN
- S’informer avec Marcelle sur son site web : marcelle.media
- En librairie : Le Guide du Marseille Désirable
Rédaction : Agathe Perrier, Audrey Savournin, Maëva Gardet-Pizzo, Marie Le Marois et Nathania Cahen
Illustrations : Stéphan Muntaner et Olivier Jullien.
(EMCG, 17 €). - Suivre Marcelle sur Instagram & LinkedIn.
- Le « live du Guide du Marseille Désirable » by Marcelle à La Cômerie (Marseille, 6e) – Le 16 octobre 2025.
Et aussi : Le média en ligne 22-med.
TIMECODES
00:00 Introduction
01:15 Le parcours de Nathania Cahen
03:06 La genèse de Marcelle
05:55 Le journalisme de solutions
07:51 Le contexte & La méthode de travail
09:30 Les thématiques traitées par Marcelle
13:23 L’équipe et l’organisation
14:43 Le Guide du Marseille Désirable
19:22 Le modèle économique
21:43 L’éducation aux médias
24:00 22-med et l’extension méditerranéenne
26:16 Merci à Nathania Cahen !
27:13 Fin
CITATIONS
En direct de Nathania Cahen – Cofondatrice de Marcelle
– Sur les échecs :
« Toutes les solutions ne sont pas viables dans le temps. On parle aussi de ce qui ne marche pas. »
– Sur l’approche terrain :
« On a vraiment beaucoup de plaisir à rencontrer les gens dont on parle dans nos articles. »
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