Dans un épisode de Soluble(s), Goneri Le Cozannet, chercheur et co-auteur du 6ᵉ rapport du GIEC, passe en revue les risques climatiques et les pistes d’action pour l’Hexagone. Voici, en dix questions-réponses, l’essentiel de son décryptage.
Écouter plus tard1. Pourquoi l’adaptation devient-elle incontournable ?
« Le simple fait d’atténuer le réchauffement ne suffira pas. Avec + 1,3 °C déjà atteints, certains impacts sont irréversibles ; l’adaptation complète l’effort de réduction des émissions. » explique Gonéri Le Cozannet.
2. Qu’est-ce qui fait grimper le niveau de la mer ?
La dilatation thermique des océans (90 % de la chaleur absorbée), la fonte des glaciers de montagne et l’amincissement des calottes groenlandaise et antarctique portent aujourd’hui la hausse à près de 4 mm/an, rythme deux fois supérieur à celui du XXᵉ siècle.
3. Où se situe le « point de non-adaptation » pour l’eau ?
Au-delà de + 3 °C globaux, les sécheresses pluriannuelles dépasseraient la capacité des réservoirs — qu’ils soient artificiels (barrages, retenues de substitution) ou naturels (nappes, sols, zones humides) — à se recharger. Sans reconstitution hivernale et sous une évaporation croissante, ces stocks d’eau ne joueraient plus leur rôle de tampon.
4. Quels risques la France doit-elle traiter en priorité ?
Le GIEC classe en tête les vagues de chaleur, les tensions sur l’eau, les pertes agricoles et, surtout, les inondations et submersions marines, déjà à l’origine des coûts humains et financiers les plus lourds.
5. Xynthia reste-t-elle la (triste) référence en matière de submersion ?
Oui. La tempête Xynthia de février 2010 en reste un signal fort : 53 morts dont 29 sur la commune de La Faute-sur-Mer en Vendée. Aujourd’hui, 864 communes et 1,5 million d’habitants vivent en zone potentielle de submersion, un chiffre appelé à croître avec la montée des eaux.
6. Comment protéger les côtes ?
Par un mix : dunes, rehausse des digues, « digues vertes » laissant l’eau entrer sans danger, et relocalisation raisonnée lorsque la défense coûte plus cher que le déplacement. Le chercheur alerte sur le risque de dommages sur la biodiversité dans certains projets de digues et explique que le développement de solutions fondées sur la nature comme la restauration et le développement de zones humides comme les mangroves constitue une voie durable là où c’est possible.
7. Pourquoi le village de Miquelon déménage-t-il ?
Bâti à 2 m au-dessus de la mer, il a subi deux fortes tempêtes en 2018 puis frôlé l’ouragan Fiona en 2022. Après consultation, 89% des habitants ont voté un transfert sur un plateau à 20 m d’altitude ; les réseaux sont déjà en cours de déplacement.
8. La climatisation peut-elle être une bonne adaptation ?
« Indispensable pour certains publics, mais risquée si elle se généralise », explique l’invité. Reliée à une électricité encore partiellement fossile, elle accentue émissions et rejets de chaleur, aggravant les îlots urbains.
9. Quelles alternatives pour rafraîchir les villes ?
Végétaliser massivement, associer matériaux réfléchissants, créer des îlots de fraîcheur et réserver la climatisation aux plus vulnérables : une combinaison efficace sans effet rebond.
10. Combien cela va-t-il coûter ?
Le Haut Conseil pour le Climat avance 2 à 3 milliards d’euros par an pour l’adaptation, à comparer aux 3 milliards déjà payés par les assureurs pour la seule sécheresse de 2022. « Réduire nos vulnérabilités, c’est nous protéger et garantir la justice sociale », conclut Goneri Le Cozannet.
Simon Icard (résumé avec IA)
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