Convertir sa ferme au bio est coûteux et long, un défi face à la crise écologique. Dans un épisode de Soluble(s), Maxime Durand, cofondateur de Beyond Green, détaille son modèle d’achat aux producteurs qui se convertissent à l’agroécologie et au bio, pour proposer trois marques alimentaires aux Français.
Écouter plus tard- Photos copyright : Beyond Green
Une mission née d’une histoire familiale
Maxime Durand, ingénieur agronome, fonde Beyond Green en 2018 à Lille avec Stéphane Delebassé. Son déclic ? L’échec de son grand-oncle agriculteur : « Mon grand-oncle n’a pas réussi [sa conversion bio], il a eu deux ans de galère. Les banques ne l’ont pas soutenu. Il a dû revendre la ferme », confie-t-il. Beyond Green veut éviter ce scénario en accompagnant les agriculteurs sans les fragiliser.
Les défis de la transition écologique
La conversion au bio (2 à 3 ans) est un parcours semé d’embûches : démarches administratives, nouvelles techniques, et chute des rendements. « Tu vas aussi avoir des enjeux de hausse de coût de la matière première parce que tu dois acheter des graines, des produits organiques chers », explique Maxime. Les coûts grimpent, les revenus baissent. En France, 14,4% des fermes (61 163) étaient bio en 2023, selon l’agence Bio, couvrant 10,6% des surfaces, avec un objectif de 21% d’ici 2030.
Un « prix juste » pour sécuriser les agriculteurs
Beyond Green achète les récoltes dès la conversion à un « prix juste », 45% plus élevé que le conventionnel. « Le prix juste, c’est en moyenne plus 45% par rapport au conventionnel. Ce prix-là lui permet de bien se rémunérer pendant la transition », précise Maxime. Calculé sur les coûts réels, il protège des aléas. « On vient regarder les coûts de production du producteur. Combien ça lui coûte de cultiver et de se rémunérer ? », ajoute-t-il.
Des produits durables pour tous
Beyond Green transforme ces récoltes en conserves, soupes, miels, farines, et jus de fruits. Ces produits, souvent en conversion, sont écologiques, mais pas toujours labellisés bio, car issus de la phase de transition. Ils sont vendus sous trois marques :
– PourDemain : Produits en conversion bio, prix abordables, dans les magasins spécialisés.
– Transition : Boissons, plats, desserts en conversion bio ou durable, pour restauration collective et grande distribution.
– Vivants ! Nouvelle marque de jus de fruits lancée en 2025 (purs jus sans sucres ajoutés, ni conservateurs, majoritairement issus de vergers français) en grande distribution, à prix compétitifs.
« On a trois marques. PourDemain, c’est en magasin bio. Transition, c’est restauration et grande distribution », détaille Maxime Maxime qui vient de lancer Vivants ! sa nouvelle marque de jus de fruits vendue chez les principaux distributeurs français. Les légumineuses et jus de fruits séduisent le plus, portés par la demande d’alimentation saine. Vivants ! Nouvelle marque de jus de fruits lancée en 2025 (purs jus sans sucres ajoutés, ni conservateurs, majoritairement issus de vergers français)
Une présence en grande distribution
Présent chez Monoprix, Leclerc, Carrefour, et Super U, Beyond Green rend ces produits accessibles. « On est présents chez tous les distributeurs français. La grande distribution, les magasins bio et, depuis peu, la restauration », note Maxime. L’entreprise fournit aussi des cantines avec des volumes adaptés (ex. : lentilles en sacs de 10 kg).
Un impact mesurable
En cinq ans, Beyond Green a accompagné 650 producteurs et converti 400 hectares au durable, avec une croissance de 150% par an. L’entreprise a reversé 550 000 € aux filières et levé 7M€ (2018-2023), employant 30 personnes à Lille. « En cinq ans, on a su convaincre les principaux distributeurs français », affirme Maxime.
25% de bio d’ici 2030 : un défi politique
L’objectif européen de 25% de surfaces bio d’ici 2030 est théoriquement atteignable, mais Maxime doute face à l’inaction actuelle : « Est-ce qu’on peut, oui, qu’on soit clair, s’il y a une volonté politique derrière, on peut l’atteindre. Mais aujourd’hui, on est très loin du compte. Parce que, concrètement, la volonté politique, elle est pas là, ou elle est pas suffisante. Il faudrait une reconnaissance financière des bénéfices de l’agriculture bio, pour l’environnement, pour la santé, pour tout ce que ça apporte, et ça, on l’a pas encore. » Sans soutien public fort, cet objectif reste incertain.
Un modèle pour l’avenir
En 2024, la startup a enregistré un chiffre d’affaires de 2,5 millions d’euros et ambitionne d’atteindre 15 millions d’euros d’ici 2028, tout en devenant rentable fin 2026. Portée par l’agrément ESUS « Entreprise solidaire d’utilité sociale », elle s’engage pour un impact sociétal positif.
Ecoutez !
TIMECODES
00:00 Introduction
01:27 Parcours & Histoire personnelle : Maxime raconte son déclic via son grand-oncle agriculteur.
05:07 Défis du bio : Les obstacles techniques, financiers, et administratifs de la conversion.
07:55 Prix juste : Comment Beyond Green rémunère +45% les producteurs en transition.
10:45 Produits et impact : Les marques PourDemain, Transition, Vivants, et leurs 650 producteurs.
13:34 Focus sur la grande distribution alimentaire
16:38 La volonté politique pour atteindre nos objectifs durables
Propos recueillis par Simon Icard.
CITATIONS
Voici quelques citations marquantes de Maxime Durand dans cet épisode :
« Mon grand-oncle n’a pas réussi [sa conversion bio], il a eu deux ans de galère. Les banques ne l’ont pas soutenu. Il a dû revendre la ferme. »
« Le prix juste, c’est en moyenne plus 45% par rapport au conventionnel. Ce prix-là lui permet de bien se rémunérer pendant la transition. »
« On vient regarder les coûts de production du producteur. Combien ça lui coûte de cultiver et de se rémunérer ? »
« Est-ce qu’on peut [atteindre 25% de bio d’ici 2030] ? Oui, s’il y a une volonté politique. Mais aujourd’hui, on est très loin du compte. »
POUR ALLER PLUS LOIN
Voir le site : beyond-green.org
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