[TRANSCRIPTION] La première appli pour arrêter de fumer validée par l’OMS est française
Tapoter sur une application dédiée pour ne plus fumer. L’organisation mondiale de la santé (OMS) s’est donné pour objectif d’aider 100 millions de fumeurs à s’engager à arrêter le tabac. Fumer, une addiction qui cause plus de 8 millions de morts chaque année dans le monde. Parmi les outils disponibles, les applications mobiles pour smartphone peuvent venir en aide aux fumeurs déterminés à quitter cette addiction. Échange avec Geoffrey Kretz, créateur de l’application française Kwit, la première à avoir été validée par l’OMS.
Écouter plus tardL’entreprise strasbourgeoise compte une dizaine d’employés et son application anti-tabac pour smartphones totalise près de quatre millions de téléchargements à travers le monde.
Basée sur le principe de la “ludification”, Kwit se propose d’encourager ses utilisateurs, de les motiver chaque jour “sans les culpabiliser”.
Son modèle économique est freemium, c’est-à-dire que l’application est accessible gratuitement et l’accès à certaines fonctionnalités personnalisées est proposé à l’achat.
(10 € par mois ou 60 € par an en France, selon l’option choisie)
Transcription (automatisée)
Article source : La première appli pour arrêter de fumer validée par l’OMS est française
Bienvenue et merci d’écouter un nouvel épisode de Soluble(s).
Aujourd’hui, je m’intéresse à une application qui propose une solution aux fumeurs qui ont du mal à quitter cette habitude et qui pourtant le souhaite.
Bonjour, Geoffrey Kretz.
Bonjour, Simon.
Tu es le cofondateur de Kwit, une application anti-tabac qui cartonne en France et dans le monde.
On va parler de la difficulté à se débarrasser de cette addiction qui concerne 12 millions de Français.
De comment nos smartphones aussi peuvent aider.
Et puis, vous le verrez, on parlera de l’Organisation mondiale de la Santé.
Mais d’abord, tu le sais, dans Soluble(s), avec les auditeurs, nous sommes curieux de connaître le parcours de nos invités avant qu’ils ne passent devant ce micro.
Alors, je le précise tout de suite, tu n’es pas un professionnel de santé, mais un ingénieur.
Tu es un Strasbourgeois.
Tu faisais quoi avant de lancer ton application?
Avant de lancer mon application, j’étais un ingénieur.
Je bossais beaucoup dans tout ce qui était web et base de données.
Et surtout, j’étais un fumeur.
Tu étais un fumeur.
C’est la passerelle avec cette application que tu as fondée.
C’est vraiment par ta propre expérience que tu as eu l’idée de fonder une application?
Il y avait un manque à combler?
Oui, parce qu’au début de 2012, j’ai voulu arrêter de fumer.
Donc, je voulais voir sur l’App Store ce qui existait.
Aujourd’hui, il y a 5 millions d’applications qui existent.
Autant à l’époque qu’il y en avait déjà beaucoup, mais il y en avait quand même moins.
Et ce que j’ai vu, ma guerre pleut.
Donc, je suis dit, tiens, pourquoi je prépare ma propre solution?
Et tout est parti.
Alors, parlons-en, parlons de cette application dont le nom se prononce à l’anglaise, Kwit.
D’où vient cette idée concrètement?
C’est-à-dire qu’il y avait ce manque à combler, mais c’est au niveau des fonctionnalités que tu as eu besoin d’inventer quelque chose?
Oui, moi j’ai toujours été joueur dans tous les sens du terme, que ce soit ordinateur, jeu de carte, jeu de plateau, jeu de rôle, tout ce que tu veux.
Et donc, j’ai toujours trouvé que c’était un facteur de motivation très élevé.
Genre, si je voulais faire quelque chose à mes enfants, il n’y avait rien de tel que de rajouter une couche publique dessus pour qu’elle le fasse.
Et moi, c’est pareil.
Et donc, j’ai cherché une application qui était très orientée autour de la ludification.
Et c’est là qu’il y avait un vrai manque.
Et au final, c’est aujourd’hui la force de notre application.
C’est ça.
Je suis assez content.
La ludification, c’est-à-dire quelque part utiliser les grands principes du jeu ou de l’entraînement.
Je ne sais pas si c’est le mot.
Elle vient jouer clairement sur la motivation des utilisateurs.
C’est ça le plus dur dans l’arrêt du tabac.
Tout le monde le sait, mais concrètement, comment tu y réponds?
Ce qui est difficile, ce n’est pas d’arrêter de fumer.
Ce qui est difficile, c’est de ne pas reprendre et de rester non-fumeur dans la durée.
Nous, on y répond effectivement avec tout un système.
Le système principal est basé sur des objectifs à atteindre.
Ces objectifs vont t’apprendre tout ce qui se passe de bien à la fois dans ton corps.
Tes risques de maladie qui décroissent, ton sommeil qui d’abord empire, puis s’améliore, tes poumons qui se nettoient, etc.
Mais aussi ton porte-pône qui se remplit.
Mais aussi tout l’impact écologique que tu as en arrêtant de suer.
Parce qu’on sait aujourd’hui qu’une cigarette ça pollue à la fois à la production, mais aussi à la consommation et juste comme égo.
Donc, tout ce qui va se passer dans toutes ces petites choses là ont été transformées en objectifs à atteindre.
Et à chaque fois qu’on arrive à atteindre cet objectif, on va gagner des points comme dans un jeu.
Et avec ces points, on va gagner des niveaux.
Et donc, l’ambition, une fois qu’on se dit, tiens, j’ai déjà tenu depuis deux semaines, trois semaines, je ne vais pas craquer maintenant parce que la suite, c’est demain, je vais avoir quelque chose de nouveau qui va se passer.
Et donc après, c’est ce, en tenant encore un peu, j’aurai cette nouvelle réussite qui va passer à un niveau.
C’est tout ce système de…
qui fait qu’en fait, on se maintient dans ce âge.
Alors, j’ai employé le mot de motivation.
Attention à ne pas culpabiliser les fumeurs ou ceux qui sont en passe de l’arrêter, parce que l’on comprend, et pour avoir été fumeur, que la volonté ne suffit pas.
Alors, les non-fumeurs ont peut-être du mal parfois à l’entendre, peut-être parce qu’ils n’en ont pas fait cette expérience.
J’ai compté à peu près 12 millions de fumeurs en France d’après les dernières données.
Comment tu t’adresses précisément à ces fumeurs, justement, avec l’idée de ne pas culpabiliser, mais de le persévérer?
Nous, dans l’application, on a toutes ces parties de rechutes et de non-culpabilisation intégrées quasiment depuis le début.
Une des façons les plus fréquentes et les plus bêtes de rush chute sont après, une personne a tenu un mois, elle a réussi à passer le plus dur.
Elle se dit que tout est derrière elle.
Elle va sortir avec ses amis un vendredi soir, un samedi soir.
Ils vont prendre un verre d’alcool ou pas.
Et une personne dans l’audience va lui dire, bah tiens, tu ne veux pas te fumer juste une copie?
Et la personne se dira, bah ouais, c’est bon, ça fait un mois, c’est derrière moi.
Elle va fumer ses cigarettes, probablement deux, trois dans la soirée.
Et le lendemain, elle va aller chercher un paquet de cigarettes qu’elle va s’acheter et elle va repartir dans le processus.
Alors qu’avec Kwit, en fait, elle va quand même les fumer ses cigarettes.
Donc, on ne va pas culpabiliser.
Par contre, le lendemain ou le soir même, elle va les saisir dans l’application.
Elle va dire, j’ai fumé et nous, on va en donner du feedback qui va déculpabiliser, rassurer et dire que ce n’est pas parce qu’on échoue une fois qu’elle a tout perdu.
Et donc, elle ne va pas perdre tous ses progrès.
On va juste lui expliquer ce qui va se passer dans son corps.
Et elle pourra le lendemain, elle ne restera au lit.
Elle n’ira pas s’acheter de paquet de cigarettes et elle restera dans la fumeur.
Alors, je le disais, tu n’es pas un professionnel de santé, mais l’application est pourtant recommandée par l’Organisation mondiale de la Santé.
Peux-tu nous expliquer le parcours que tu as emprunté pour cette reconnaissance?
Donc, c’était fin l’année dernière.
Ils avaient, au début de l’année, je ne sais plus, ils avaient contacté pas mal de développeurs d’applications mobiles, puisqu’ils ont l’ambition d’aider 100 millions de fumeurs à arrêter à travers le monde et en disant, rejoignez-nous et par contre, nous, on met en place un système de validation qui passe par certains critères.
On a d’abord rempli une sorte de grille d’auto-évaluation assez complète.
Et il y a quelques mois, on a été contacté par une agence indépendante qui travaillait pour l’OMS, qui avait en charge de, en gros, c’est bien beau d’écrire de façon auto-déclarative, oui, on fait ça, on fait ça, on fait ça, mais il faut aussi d’aller à ce que ce soit vrai.
Et donc, cette agence avait comme rôle de vérifier que ce qu’on disait, qu’on faisait, qu’on faisait vraiment.
Et donc, on a dû fournir beaucoup de contenu, beaucoup de dossiers.
On a eu quelques retours en disant, mais ça, vous devriez le dire différemment, ça changeait le.
Pas beaucoup, on a eu quelques retours.
On a appliqué ces retours et suite à ça, on a l’…
Nous annonçons, bravo, vous avez été sélectionné, vous faites partie.
Et donc, en fait, on a la première application, même mondiale, à être passée par ce nouveau système d’évaluation.
L’Organisation mondiale de la Santé, c’est-à-dire que ton application est internationale, elle est traduite en plusieurs langues.
Vous êtes présent sur tous les continents?
Alors, on existe en 14 langues.
On en avait jusqu’à 16 des langues, mais on a abandonné deux langues asiatiques parce que on n’est pas adapté pour le marché asiatique aujourd’hui.
Par contre, effectivement, on est présent dans toute l’Europe.
On est présent en Amérique du Nord, Amérique du Sud, au Moyen-Orient et un peu en Afrique.
Mais globalement, on est bien présent dans le monde.
On est probablement parmi les deux ou trois applications les plus téléchargées, voire la plus téléchargée aujourd’hui au monde.
Et tout ça à partir de Strasbourg.
La question de l’arrêt du tabac est un sujet économique, mais surtout un sujet de santé.
Comment vous travaillez avec le monde médical?
De 2012 à 2017, c’était surtout un projet soir et week-end.
C’était quelque chose que j’avais fait tout seul depuis que je faisais évoluer plus ou moins.
Jusque-là, j’avais été approché par des universités américaines, des assureurs canadiens, donc j’avais déjà commencé à convaincre des médecins anglo-saxons de la pertinence de nos solutions.
Mais c’était beaucoup plus difficile en France où, effectivement, mon background d’ingénieur faisait que les médecins n’étaient pas forcément alignés avec ce qu’on faisait.
Ou, enfin, ils ne pensaient pas que ça pouvait marcher.
Et donc, 2017, quand j’ai créé la société avec mes associés, notre premier objectif a été de se dire, ok, maintenant, il faut qu’on renforce absolument ce côté scientifique.
Et donc, on a d’abord recruté une psychologue qui est en sciences connectives et comportementales qui a travaillé avec nous pendant cinq ans.
Et par la suite, ça a été de fonder un comité scientifique, de collaborer avec des tabacologues, des diététiciens, des psychiatres, des psychologues, des neuroscientifiques.
Et on avait aussi en interne un docteur en addictologie.
Donc, c’est vraiment, ça a été d’internaliser une grosse partie de recherche médicale et scientifique et de collaborer en externe avec des universités, avec des partenaires qui, eux, ont un peu l’autorité et la force de, voilà, par l’autorité.
Alors quelques mots de ton modèle.
Le modèle économique, c’est une application qui est gratuite, mais des fonctionnalités supplémentaires peuvent être débloquées contre un abonnement.
Comment ça fonctionne?
Oui, une grosse partie de l’application est gratuite.
Et puis, certaines fonctionnalités sont exclusivement réservées aux gens qui payent.
Donc, par exemple, dans l’application, on va avoir une communauté de soutien, un tchat avec des experts et un module qui permet de suivre la consommation de nicotine, que ce soit avec des médicaments ou avec la vape.
Toutes ces parties-là sont payantes.
Et sinon, en gros, par exemple, avant, je parlais des Golds, les objectifs.
Donc, il y en a à voir de mémoire une trentaine qui sont gratuits.
Et par contre, quand on paye, on en a à voir jusqu’à 300.
Chaque élément, en fait, on a du contenu.
On a une vingtaine de contenus gratuits.
Vous allez en avoir 200 en payant.
Chaque partie est beaucoup plus étendue quand vous payez.
Et c’est aujourd’hui 10 euros par mois ou 60 euros par an.
Et c’est bien, même moins cher aujourd’hui qu’un paquet de cigarettes.
Alors, les smartphones sont un peu nos nouveaux doudous.
On les a à portée de main.
Alors, peut-être encore plus facilement qu’une cigarette.
Est-ce que le numérique et les smartphones sont vraiment une clé pour lutter contre d’autres addictions?
Oui, je pense que dans le terme, dans tout ce qui a trait à la santé numérique, les smartphones ont une place de choix.
Après, je pense qu’on ne peut pas tout traiter avec un téléphone.
Il restera besoin d’avoir de main, de l’humain, etc., etc.
Mais il y a un ensemble de nouvelles technologies qui ont quand même beaucoup fait avancer la thérapie.
Les smartphones en font partie.
On peut aussi imaginer les monstres connectés, les cases de réalité virtuelles ont aussi parti de l’ensemble de ces nouveaux outils innovants.
Et en fait, oui, les smartphones ont leur place à jouer.
Et pour les addictions en particulier, tout ce qui est comportemental, en fait, c’est assez utile puisque par les traitements médicamenteux pour la cigarette sont relativement moyennement efficaces, on va dire, où ils ont des effets secondaires assez forts et les gens n’ont pas forcément envie d’aller dans ce chemin-là.
C’est pour ça que oui, le smartphone est très utile.
En faisant gaffe ou attention à sa propre addiction au smartphone, ça, je parle pour moi, évidemment.
Elle ne donne pas le cancer des poumons.
Mais non, oui, après, donc, si on veut pousser tout le monde, effectivement, aujourd’hui, il y a des réseaux sociaux comme un certain réseau social chinois qui a eu des dégâts dramatiques sur la jeune génération.
Mais voilà, Kwit n’est pas fait pour générer non plus une addiction.
Alors, c’était une boutade, surtout pour moi quand je consulte mon temps d’écran.
Donc, Geoffrey Kretz, cofondateur de l’application Kwit.
Alors, ça s’écrit K-W-I-T.
Je mets le lien dans la description de cet épisode, le lien vers le site Internet et donc les stores d’applications.
Geoffrey, merci d’être passé dans Soluble(s).
Merci Simon pour l’invitation.
Ça m’a fait plaisir.
Voilà, c’est la fin de cet épisode.
Si vous l’avez aimé, notez-le, partagez-le et parlez-en autour de vous.
Vous pouvez aussi nous retrouver sur notre site Internet csoluble.media
À bientôt !
POUR ALLER PLUS LOIN
- Le site de l’application pour smartphones : https://kwit.app/
- La page dédiée du site de l’OMS dédiée aux ressources pour arrêter de fumer
- Le site du service public : https://www.tabac-info-service.fr/
TIMECODES
00:00 Introduction
01:00 Le parcours de Geoffrey Kretz (ancien fumeur)
02:09 Le jeu comme facteur de motivation
04:34 Rechute, ne pas culpabiliser ceux qui veulent arrêter de fumer
05:53 L’OMS recommande des applis pour aider les fumeurs à arrêter le tabac
07:43 Quel travail avec le monde médical et scientifique ?
09:08 Le modèle économique de l’application Kwit (Freemium)
09:52 Le numérique et la lutte contre les addictions
11:25 Merci à Geoffrey Kretz !
Fin
Propos recueillis par Simon Icard.
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Simon
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