[TRANSCRIPTION] Mod’emplois, la plateforme pour s’inspirer et entreprendre utile
Besoin d’inspiration et d’une méthode pour créer votre entreprise à impact positif ? C’est ce que propose la plateforme Mod’emplois créée par Christophe Itier, Haut commissaire à l’Économie Sociale et Solidaire de 2017 à 2020, Elisabeth Potez et le journaliste Philippe Bertrand.
Écouter plus tardDes concepts et initiatives positives duplicables ou à réinventer
Ce média numérique gratuit est conçu comme une boîte à outils, il carbure au partage d’expériences afin d’inspirer les futurs entrepreneurs en quête de sens et d’informations concrètes pour se lancer.
Modèle économique, business plan, démarches, financement et accompagnement ; des responsables associatifs, des chefs d’entreprises et collectifs engagés partagent leurs idées et leurs parcours.
Ils témoignent en vidéo et donnent étape par étape : leur mode d’emploi.
Christophe Itier, cofondateur de “Mod’emplois” est l’invité de Soluble(s).
Transcription (automatisée)
Bienvenue dans ce nouvel épisode de Soluble(s).
Aujourd’hui, je souhaite médiatiser une initiative qui est faite pour ces gens qui recherchent des conseils et de l’inspiration pour lancer une entreprise qui a du sens et qui aura un impact positif.
Bonjour, Christophe Itier.
Bonjour Simon.
Vous êtes connaisseur du secteur de l’économie sociale et solidaire, l’ESS, comme on dit, car vous avez été haut commissaire à l’ESS pendant trois ans lors du premier quinquennat d’Emmanuel Macron.
Entre autres activités autour de l’entrepreneuriat à impact, on en parlera dans cette émission.
Mais si je vous reçois aujourd’hui, c’est que fin 2022, vous avez lancé Mod’Emplois.
On va voir ensemble quel est l’objectif de votre plateforme, car c’est un site Internet qui est à mi-chemin entre un média et une boîte à outils, c’est ça?
Exactement.
C’est une plateforme un peu hybride et qui a une double vocation à la fois démocratiser et donner accès à un maximum de nos concitoyens et nos concitoyennes qui cherchent du sens dans leur activité professionnelle, qui se tournent aussi vers l’entrepreneuriat et comme vous l’avez dit, dans un entrepreneuriat utile socialement, écologiquement, de donner accès à cet entrepreneuriat et un maximum de ses concitoyens.
Ça, c’est le volet média, massification et le volet boîte à outils, parce qu’on va un peu plus loin que juste inspiration ou le donner à voir.
On donne vraiment les clés pour agir aux utilisateurs de la plateforme pour eux-mêmes se lancer.
Alors, la quête de sens concerne de plus en plus d’étudiants, de salariés ou d’indépendants et le désir d’entreprendre est toujours assez vif en France.
Conjugué les deux, c’est possible?
C’est ce que vous souhaitez accompagner?
Oui.
En fait, nous défendons, quand on est plusieurs en France à défendre cette vision de l’économie, en fait, on est dans un modèle, le modèle traditionnel orthodoxe, je dirais, est basé sur la performance économique et financière, puis vient la régulation, la réparation sociale et environnementale.
Et on voit qu’aujourd’hui, on vit cruellement les dégâts sur le plan notamment écologiques, on voit bien que ce modèle est à bout de course et que désormais, il faut penser l’économie différemment, c’est-à-dire ne pas penser en silo, mais de penser les modèles économiques conjuguant, mettant en alignement à la fois la performance économique, parce que sans modèle robuste, il n’y a pas de vie pour l’entreprise, donc performance économique, mais aussi en pensant dans le modèle économique, l’impact social, l’impact environnemental.
Et au fond, l’impact d’une entreprise, comment vous le définissez concrètement?
Donc, il y a l’impact environnemental, l’impact social.
En démo de la vie quotidienne, ce sont des entreprises qui sont utiles à la société, c’est ça?
Voilà, qui trouvent des solutions à nos problématiques.
On sait par exemple qu’on a des soucis de mobilité, on a des soucis d’intérêts générationnels, de dépendance.
Et donc, plutôt que de répondre de manière un peu classique au sujet, on a des entreprises qui essayent de trouver des innovations sociales, écologiques pour y répondre de manière novatrice.
Si vous voulez des exemples, je vais vous donner un exemple d’une entreprise qui est dans l’actualité aujourd’hui, qui s’appelle Envie Autonomie, qui a développé tout un process qui vise à recycler, reconditionner du matériel médical, c’est-à-dire des fauteuils roulants, des lits médicalisés qui coûtent très cher.
À la fois, chacun des concitoyens qui en ont malheureusement besoin temporairement ou définitivement, et puis deux, coûtent très cher à la collectivité et à la Sécurité sociale.
Et bien, plutôt que d’acheter du neuf, parce qu’aujourd’hui, on ne peut faire qu’avec du neuf, eux reconditionnent ce matériel, ce qui permet à plus de gens d’accéder, puisque c’est beaucoup moins cher à ce matériel, ça coûte moins cher à la collectivité et environnementalement, c’est beaucoup plus vertueux.
Alors, on se rend compte qu’en France, en Europe et même à travers le monde, de multiples exemples d’entreprises ont déjà vu le jour et ont prouvé quelque part la pertinence de leur modèle d’un point de vue économique.
Elles pouvaient être rentables.
Alors, on le disait, Mod’Emplois favorise cette compréhension et même le partage d’expériences des entrepreneurs donne à voir sur votre site et en vidéo des exemples, des informations très concrètes.
Ça ne doit pas être quand même si facile que ça de convaincre des entrepreneurs de venir se livrer et partager un peu leurs recettes ou leurs ficelles?
Ben, en fait, puisque justement, ce principe de l’économie, c’est celle du partage.
Et souvent, ce sont des entrepreneurs qui sont des vrais … d’entreprise, mais qui sont aussi des militants qui ont bien conscience de détenir des solutions qui doivent passer à l’échelle.
Et ce passage à l’échelle peut se faire par leur développement endogène, comme toute entreprise, mais ils ont conscience aussi que pour changer en gros la société et la planète, il va falloir être un peu plus nombreux.
Et donc, ce sont des entrepreneurs qui sont très tournés vers le partage.
C’est pour ça que, contrairement à cette idée reçue, pour le coup, c’est assez facile.
Et aujourd’hui, on a mis 60 initiatives depuis le lancement.
A mi-novembre dernier, 60 initiatives en ligne et 60 tutoriels.
On y reviendra après.
Mais on en mettra plus de 300 d’ici la fin 2023.
Et aujourd’hui, on est plutôt débordé par des sollicitations via les réseaux sociaux, via notre boîte mail, en disant moi aussi, je veux partager cette belle expérience parce que j’ai bien conscience que si on veut résoudre un certain nombre de problématiques, il faut qu’on soit extrêmement nombreux.
Concrètement, si on voit un exemple qui nous intéresse sur mode emploi et qu’on découvre dans ces vidéos, on peut donc s’en inspirer pour un peu plus tard aller créer son entreprise?
Voilà.
En fait, il y a deux niveaux dans la plateforme.
Tout ça est entièrement gratuit puisque la raison d’être de mode emploi c’est de lever tous les freins à la création d’entreprises.
Donc, il y a les freins économiques quand on doit avoir accès à certains outils.
Ça coûte un peu cher, là, c’est gratuit, mais il y a aussi des freins territoriaux.
Ce n’est pas tout à fait pareil, c’est d’entreprendre dans une grande ville, dans un village ou un territoire très rural.
Ce n’est pas non plus tout à fait la même chose selon un certain nombre de discriminations culturelles de genre aussi.
On sait très bien que les entrepreneurs ont encore du mal à le payer, parfois de l’argent, pour que tous ces freins aient compris d’ailleurs des freins psychologiques.
Beaucoup de nos concitoyens qui justement sont en quête de sens, qui se tournent comme vous l’avez dit vers l’entrepreneuriat, parfois en voyant ensemble d’autres entrepreneurs qui ont réussi se disent OK, mais ce n’est pas pour moi, je ne suis pas capable.
La publication est très communicante, très marketée, donc c’est plutôt des gens un peu idéalisés.
On dit que c’est des superhéros et c’est des superhéros, en plus que là, c’est des entreprises qui sont là pour améliorer la société, améliorer la préservation de la planète.
Donc, il y a un effet un peu surplombant.
Et donc, il y a aussi ce facteur psychologique qui est important.
Et donc, le principe de mode d’emploi, c’est de lever tous ces freins.
Et donc, c’est basé sur deux étapes assez claires et faciles à expliquer.
Une première étape, donc accessible à tous, ce que vous regardez sur la plateforme, pas l’année sur la plateforme, mais ce sont des premières vidéos de deux minutes, un peu classiques, inspirationnelles, où un entrepreneur ou une entrepreneure explique son projet.
Voilà, quelle problématique je résous, quelle entreprise j’ai créée et depuis combien de temps, elle existe, où j’ai créé l’emploi, etc.
Et puis, si ça vous intéresse, vous descendez dans un deuxième niveau, là aussi d’accès complètement gratuit, où vous allez avoir accès au même entrepreneur qui fasse caméra dans une visio, comme si vous étiez en visio avec lui, vous explique les grandes étapes de son parcours, comment il a affiné son business plan, comment il a affiné son modèle économique, comment il a été financé par qui, comment il a été accompagné par qui.
Et aux côtés de ces vidéos, il y a un contenu éditorial qui vient enrichir le propos de l’entrepreneur pour, si l’entrepreneur a été financé par tel organisme, qu’est-ce que c’est cet organisme, qu’est-ce que sont ses outils financiers et des liens pour vous orienter vers les partenaires clés de ce projet.
Ce qui fait que vous avez un peu des solutions clés en main que vous pouvez ensuite dupliquer.
En effet, vous commencez à adresser un peu la liste des obstacles qui peuvent s’adresser, j’allais dire, en chemin.
Mais comme toute chose qu’on entreprend, il y a des difficultés.
Mais pas que.
Pour rester sur ce point, des obstacles dans le domaine des entreprises à impact, est-ce que finalement ce sont les mêmes obstacles que les entreprises qu’on pourrait qualifier de conventionnels?
Alors, il y a effectivement des obstacles qui sont similaires.
On sait que les difficultés, c’est à la fois le moment de passer d’idéation au projet, ce moment qui peut être chronophage et qui est très instable.
Et puis après, c’est trouver des partenaires pour très vite émerger.
Mais sur les entreprises à impact, c’est un peu plus particulier parce que le projet est souvent plus complexe.
C’est pour Marie et les choses qui ne sont pas concevables, y compris dans les études de financement.
C’est forcément des investissements plus longs, plus risqués, parce qu’on est sur des problématiques écologiques, sociales qui ne mettent plus et le modèle économique n’est plus autant à s’installer, à se construire.
Donc, il y a cette difficulté.
Et deuxième difficulté, c’est que l’écosystème, les acteurs de l’accompagnement et du financement de cette économie sont moins visibles, moins connus du grand public, alors qu’ils sont très présents en France, que l’écosystème, comme vous pourrez comprendre votre expression, conventionnel.
Et c’est l’objectif de votre emploi, parce que vous l’avez compris, on est une partie sur une plateforme avec des vidéos, des tutoriels et de l’écrit, de l’expertise écrite pour éclairer ces tutoriels.
Mais nous avons aussi signé des conventions avec une cinquantaine de partenaires qui sont eux dans la vie réelle, qui ne sont pas des acteurs du numérique, qui sont dans la vie réelle, qui sont BPI, France-Active, BNP Paribas, qui sont des incubateurs dans les territoires et qui viennent eux, en partenariat avec nous, suivre et sécuriser le parcours des utilisateurs de la plateforme.
C’est-à-dire qu’un utilisateur qui va être sur notre plateforme va pouvoir, s’il le souhaite, il peut très bien juste la consulter, mais s’il le souhaite, il peut s’inscrire et devenir utilisateur de Mod’Emplois et dès lors, nous allons l’interroger sur son parcours, savoir où il en est, s’il rencontre des difficultés et avec l’ensemble de nos 50 partenaires, quel que soit son projet, partout où il est sur le territoire français. Il trouvera avec nous les liens avec ses partenaires pour faire en sorte que son passage numérique au réel soit effectif et que derrière, on sécurise son parcours parce que, là, c’est assez commun avec une entreprise professionnelle, le parcours d’un entrepreneur, c’est un parcours aussi, parfois, on se sent un peu seul et c’est le premier facteur à lever, c’est la solitude d’un entrepreneur.
Il faut qu’il soit entouré.
Pour vous rejoindre, il faut s’inscrire à des critères particuliers ou toute personne intéressée à s’inscrire?
C’est tout à fait libre.
C’est un petit format.
On a juste besoin de vos noms, de votre prénom, de votre adresse mail, de la ville où vous habitez.
Ça va nous aider à vous entourer des partenaires pertinents.
Et ensuite, c’est nous qui allons revenir vers l’utilisateur pour savoir où ils en sont, quelles sont les solutions qui les inspirent.
Et encore une fois, vous connectez avec les réseaux d’accompagnement et de financement pour que votre projet prospère.
Parfait.
Je mettrai le lien en description de l’épisode.
C’est modemploiopuriel.fr.
Une dernière question et un petit point sur justement l’économie sociale et solidaire.
Elle représente 10 % du PIB, 14 % des emplois privés en France.
À votre avis, ce secteur de l’économie va-t-il continuer à gagner des barres de marché malgré la crise que nous vivons en ce moment?
Alors, par rapport à ces effets de crise, on voit bien que cette économie qui justement est sur des modèles économiques plus vertueux, l’est aussi en temps de crise.
C’est-à-dire que, que ce soit la crise financière de 2008 ou plus récemment les grosses turbulences économiques qu’on a pu connaître dans la période de Covid, post-Covid, c’est une économie plus résiliente et donc qui résiste mieux à la crise.
Donc ça, c’est un premier point.
Deuxième point en termes de croissance, en fait, on voit bien qu’il y a une croissance de l’économie sociale et solidaire qui va à son rythme, mais il y a aussi des entreprises qui viennent notamment suite à la loi Pacte, qui avec le statut de société à émission, qui se tournent de plus en plus vers l’impact parce qu’elles, même si elles sont conventionnelles pour apprendre l’expression, elles ont compris que d’une part pour attirer les talents et les conserver, deux pour conserver les clients qui sont beaucoup plus soucieux de la qualité environnementale, sociale des produits et des services qu’ils achètent, et puis parce que les contraintes écologiques vont être de plus en plus fortes, se tournent vers l’impact, se tournent, inègrent des dimensions sociales et environnementales.
Et donc, je dirais que cette économie vertueuse de l’impact a vocation à demain à être la référence et non plus là-dedans.
modemploioccurial.fr Merci Christophe Itier d’être passé dans Soluble(s).
Le podcast qui médiatise les solutions.
Merci beaucoup.
Merci.
Voilà, c’est la fin de cet épisode.
Si vous l’avez aimé, notez-le, partagez-le et parlez-en autour de vous.
Vous pouvez aussi nous retrouver sur notre site Internet.
csoluble.media. A bientôt.
Écoutez l’épisode complet. (Seul le prononcé fait foi)
TIMECODES
00:55 Mod’emplois, un média et une boîte à outils pour entreprendre utile
01:34 Conjuguer quête de sens et entrepreneuriat
02:36 Comment définir une entreprise à impact ?
04:18 Sur Mod’emplois des entrepreneurs partagent en vidéo leur concept et donnent des clés
06:15 Lever les « freins » à la création d’entreprise à impact
09:00 Des obstacles spécifiques à lever ?
10:00 Bpi, France-Active, BNP Paribas, une cinquantaine de partenaires sont aux côtés de Mod’emplois pour entourer les entrepreneurs inscrits sur la plateforme
11:59 L’économie sociale et solidaire va-t-elle pâtir des crises actuelles ?
14:10 Fin – Merci !
Propos recueillis par Simon Icard.
POUR ALLER PLUS LOIN :
- Le site Internet de Mod’emplois
- “Carnet d’ici” : le podcast audio de “Mod’emplois” dans lequel Philippe Bertrand échange chaque semaine avec “celles et ceux qui font bouger les lignes dans nos régions” autour de leurs initiatives inspirantes. À écouter sur toutes les applis de podcasts et ici.
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