[TRANSCRIPTION] The Sorority, l’appli d’entraide pour se protéger contre les violences sexuelles
Attouchements, harcèlement de rue, violences conjugales et intra-familiales, viol. Comment trouver une aide bienveillante à proximité immédiate avant qu’il ne soit trop tard ?
Face à ces dangers, Priscillia Routier Trillard a créé The Sorority, une application, disponible gratuitement, qui permet d’alerter et de mettre en relation des femmes ou des personnes issues des minorités de genre prêtes à s’entraider immédiatement et en personne.
“Tu n’es plus seul.e” – Une communauté pour alerter et se protéger dans le monde entier
Bienvenue dans ce nouvel épisode de Soluble(s).
Aujourd’hui, je veux médiatiser une solution d’entraide aux féminins pour contrer les violences sexuelles, conjugales et le harcèlement.
Bonjour Priscillia Routier Trillard.
Vous êtes la fondatrice de la communauté en ligne et de l’application The Sorority.
On va voir ensemble comment ça marche et qui peut la rejoindre.
Mais d’abord, on veut en savoir plus sur votre parcours.
Qu’est-ce qui vous a conduit à vous lancer dans ce projet solidaire?
Pour faire très simple, j’ai vécu plusieurs épisodes dans ma vie qui sont revenus par la Suisse une fois que j’avais déjà démarré.
Donc, c’est pas la première chose dont je parlerai.
Au tout début, ça a été suite à mon deuxième burn-out.
C’était dans un contexte d’entreprise, rien à voir.
Et je suis là.
Et en fait, cette bienveillance et ce soutien m’a libérée d’un point énorme et je suis partie d’un premier constat à me dire que ce n’était bien, bien, bien, bien, en fonction d’avec les autres.
J’ai énormément de choses qui seraient faites et le parcours serait moins difficile.
Et du coup, j’ai imaginé une solution pour s’unir.
Même si on ne se connaît pas, se rendre compte qu’on n’est pas seul avec des situations, pouvoir échanger des conseils, des tips, des expériences, s’entraider et c’est le début du chemin vers le haut.
Alors, The Sorority, c’est un projet en effet qui a du sens.
C’est une application mobile, gratuite.
Elle aurait pu s’appeler justement “Tu n’es plus seule” en fait.
Expliquez-nous le principe.
C’est vraiment ce qu’on ne sait que de rappeler, c’est “Tu n’es plus seule”.
On va s’appeler The Sorority, mais par toute l’utilisation de l’application et de la vie au sein de la communauté, on ne peut que se rendre compte qu’on n’est pas seul.
Quand on est sur la carte, pendant que l’on se l’alerte, quand on interagisse avec les personnes, ce n’est pas juste une façade ou un gadget.
L’idée, c’est vraiment d’en un instant, si on a besoin de soutien et d’entrée, de pouvoir appuyer sur ce bouton, ouvrir la carte, voir qu’on n’est pas seule, avant de se, très vite être en contact avec des personnes qui sont là pour nous aider.
On va aller un peu dans les détails.
Qui peut s’inscrire et comment procéder pour s’inscrire à l’application?
La communauté est pour le moment dédiée aux femmes et aux personnes issue des minorités de genre.
Elle n’est pas contre les hommes.
On aime les hommes et on le rappelle.
On incite tous les hommes qui nous écoutent et qui souhaitent nous soutenir à parler de nos actions, à parler autour d’eux.
J’ai l’image de planter des petites graines autour d’eux, de dessiner ce message et de faire en sorte que toutes les personnes qui peuvent se sentir isolées sachent qu’elles ne sont pas seules.
À terme, je sais comment on ouvrira la communauté aux hommes.
Bien le dire que ça peut vous aider.
Ou aux hommes qui sont victimes des violences conjugales, intrafamiliales ou des actes d’homophobie.
Mais pour ça, on est une petite asso.
On a besoin de fonds, donc le premier rappel, si vous voulez nous soutenir et que ça aille plus vite, aidez-nous et mobilisez vos propres entreprises, vos commerces.
Enfin voilà, on a besoin de tous aussi pour pouvoir avancer.
Et du coup, il faut éviter qu’il y ait un conjoint violent ou un harceleur qui puisse entrer sur le sein de la communauté et s’en prendre à une personne qu’on protège pour l’aide.
Et comment on se fiche au sein de la communauté?
C’est un selfie, un temps réel et une pièce d’identité.
Il y a aussi son nom, son numéro de téléphone, son adresse mail, différentes informations qu’on valide “à la main”.
Je suis ancienne spécialiste RGPD, ce qui m’a value mon deuxième burn-out, mais au moins ça m’a permis de mettre un bon niveau de sécurité.
Dès l’entrée, ça a été vraiment un priorité au sein de la communauté.
Et puis une fois qu’on est accepté, on valide chaque inscription, ce qui demande du temps.
On est plus de 58 000 maintenant.
Et plus de 160 000 demandes, 165 000 demandes.
Et une fois qu’on est rentrée, on a des premières informations de savoir comment utiliser au mieux cet outil sous la communauté.
Alors vous dites que la peur doit changer de camp.
Et pour cela, vous retournez en quelque sorte le principe de la sidération qui peut saisir les victimes d’agression.
Expliquez-nous comment vous faites.
Ah ! Vous avez bien fait vos recherches!
Oui, en fait, quand j’ai l’idée, j’ai commencé à creuser.
Je me suis demandé comment ça faisait quand on se faisait agresser.
On ne réagissait pas.
Pourquoi est-ce qu’on subissait?
Pourquoi est-ce qu’on n’osait pas dire quelque chose.
Et puis à la fois, pourquoi je n’ai pas dit ça?
Pourquoi je n’ai pas fait ça?
Les gens allaient nous dire, ben, tu n’as pas dit non, tu n’as pas fait ça.
Du coup, c’était peut-être un oui, enfin, tout complètement aberrant.
En fait, ça s’appelle l’effet de sidération.
Donc, merci d’en parler, ça me tient à cœur de diffuser ce message.
En fait, qu’on soit victime ou témoin, qu’on soit homme ou femme, ou non binaire, ou peu importe, en fait, qu’on soit un être humain, à partir du moment où on fait face à une agression, donc on la subit, ce qu’on va avoir, vient d’effet de sidération.
Même si on est formé, ou même si on fait des arts martiaux, même si on peut emporter tout, on fait face à un effet de sidération parce que le cerveau était juste pas apte à face à cette violence.
Et du coup, il freeze.
Et pendant le temps de l’agression, on va être un peu…
On va pas oser dire ou perdre.
Le fait de l’avoir en tête peut aider à passer au-dessus.
Et mon idée, en fait, au sens de Sorority, c’était d’inverser cet effet de sidération.
C’est-à-dire en sorte que les personnes qui agressent, ce soient elles qui vivent cet effet de sidération.
Et comment faire en sorte qu’on déporte l’effet de sidération sur les épaules de la personne qui agresse, c’est de la mettre dans un environnement, dans un univers dans lequel elle s’attend pas et elle ne s’est pas entrainée.
Nous, on ne s’est pas entrainé à se faire agresser.
Elles ont potentiellement répliqué leur schéma pour agresser une personne.
Et on va faire en sorte qu’elle se trouve dans un schéma où elle perd de pied sa plus-quoi faire, notamment avec des personnes qui vont arriver, qui vont nous connaître, un groupe qui va arriver, les autorités qui vont débarquer hyper vite.
Ça va l’obliger à se re-bootter et à se dire qu’est-ce que je dois faire du coup à ce moment-là.
Et du coup, ça va permettre de très vite sortir de l’agression et de la désamorcer super facilement.
Donc, l’utilisatrice n’est plus seule, elle peut en quelque sorte appeler à l’aide sur la géolocalisation, d’autres utilisatrices peuvent entrer en contact?
Exactement, à tout moment, en fait, on peut déjà ouvrir la carte et voir qu’on n’est pas seul.e
On voit en temps réel qu’on est aujourd’hui plus de 58 000 répartis partout dans le monde.
Essentiellement en France.., en Belgique, en Suisse, de plus en plus partout, donc Canada.
Et très, très importante, comme communauté, on a aussi Maroc, Algérie, Tunisie qui commençait à avoir pas mal d’inscrites sur le territoire.
Et du coup, en fait, déjà, on ouvre la carte, on sait qu’on n’est pas seule.
Et si on est en situation d’envoyer des messages, on appuie deux secondes sur le bouton principal et ça calcule en temps réel notre position GPS et la position des 50 premières personnes aujourd’hui.
Et tout de suite, savent qui on est?
On a notre nom, notre prénom, notre photo, notre jeu d’utilisation.
On peut nous contacter par téléphone si on a bien laissé notre numéro.
Et on incite les personnes à le faire.
Parce qu’il n’y a rien de plus puissant que de recevoir un appel et c’est alors savoir tout de suite qu’on est pas seule.
Et du coup, on contacte, on s’adapte à ce qu’il se passe.
On est proposé de venir accompagner jamais qu’il n’y a une seule.
Contacter les autorités de la personne si elle nous souhaite.
C’est hyper important de ne pas contacter les autorités, tant qu’on n’a pas eu l’autorisation de la personne.
Parce que ça peut être dramatique pour une personne en cas de violence conjugale.
Et puis, faire en sorte, au plus vite de se mobiliser pour que l’agression ne puisse pas avoir lieu.
On n’ait pas à vivre ces traumas, devoir les porter sur nos épaules et toutes ces conséquences qu’on connaît par la suite.
C’est vraiment une idée d’agir sur l’instant, avant qu’il soit traité.
Interrompre, interrompre, éviter des agressions.
Comment vous travaillez avec les autorités, notamment la police, la gendarmerie?
On attend toujours la signature d’une convention qui qui semblerait être sur le bureau du ministre de l’Intérieur, mais depuis le temps, je ne sais même plus au final s’il y est toujours ou pas.
Mais ce serait hyper important pour nous qu’il y ait vraiment une reconnaissance de leur part, de nos actions et une communication en interne pour que dès qu’une personne de notre communauté contacte le commissariat, la gendarmerie, il puisse avoir une prise en considération immédiate de la remontée qui est faite et une action dans les lignes qui suivent des autorités.
Il faut qu’on ait expliqué à moins de 20 ou 30 minutes qu’on n’est pas une blague et qu’on n’est pas un gadget et qu’on existe vraiment.
Ça s’appelle The Sorority.
Je mets le lien en description de cet épisode.
Vous l’avez dit, vous faites aussi appel à la générosité.
C’est par votre site internet qu’on peut adresser des dons.
Si on le souhaite.
Oui, sur la page soutien, on trouve à tout moment un lien Hello Asso qui permet de bénéficier d’une défiscalisation aussi qui…
Les Français ne connaissent pas forcément, mais qui est hyper intéressante.
Quand vous payez des impôts, sachez que vous pouvez décider de ce que vous allez en faire.
Et en faisant des dons à des associations qui sont reconnues d’intérêt général, notamment, vous pouvez réduire vos intérêts.
Pour nous, c’est jusqu’à 75 % pour 1000 euros nets.
Donc, ce n’est pas négligeable.
C’est une noté déjà à 58 000.
L’utilisatrice, merci Priscillia Routier Trillard d’être passée dans Soluble(s).
Merci à vous.
Voilà, c’est la fin de cet épisode.
Si vous l’avez aimé, notez-le, partagez-le et parlez-en autour de vous.
Vous pouvez aussi nous retrouver sur notre site Internet.
csoluble.media
À bientôt!
Écoutez l’épisode complet. (Seul le prononcé fait foi)
POUR ALLER PLUS LOIN
- Le site Internet
www.jointhesorority.com
- Télécharger l’application
– App Store (Apple)
– Google Play (Android)
- Le compte Instagram de l’association
TIMECODES
00:00 Introduction
00:37 Le parcours de Priscillia Routier Trillard
01:30 Le principe de l’application The Sorority
02:21 Comment ça marche ?
04:03 Inverser l’effet de sidération face à l’agression
06:14 La géolocalisation permet de savoir qu’on n’est pas seule
07:44 Quelle collaboration avec les autorités de police ou de gendarmerie en France ?
08:37 Un appel aux dons
09:05 Déjà 58 000 membres de la communauté en France, Belgique, Suisse, Algérie, Canada notamment (l’application est fonctionnelle dans le monde entier)
09:28 Merci à Priscillia Routier Trillard !
Fin
Propos recueillis par Simon Icard.
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