[TRANSCRIPTION] ViensVoirMonTaf, le réseau pour trouver son stage de 3e sans réseau
Comment obtenir un stage de 3e sans réseau ? L’association ViensVoirMonTaf a développé une plateforme qui permet à des jeunes sans réseau de postuler pour des offres de stages de qualité dans des entreprises auxquelles ils n’ont souvent pas facilement accès, faute de piston.
Écouter plus tardOuvrir de nouveaux horizons aux collégiens des zones REP et REP+
Pour parler de cette initiative destinée aux élèves de 3e scolarisés en zone REP et REP +, je reçois Virginie Salmen, cofondatrice de cette association qui œuvre quotidiennement à ouvrir de nouveaux horizons à ces stagiaires, en Ile-de-France et en région lyonnaise.
Transcription (automatisée)
Bienvenue dans ce nouvel épisode de Soluble(s).
Aujourd’hui, je souhaite médiatiser une initiative citoyenne qui s’emploie à faire tomber les barrières, celles qui peuvent séparer les collégiens de zones défavorisées de certaines entreprises qui pourraient pourtant les faire rêver.
Bonjour, Virginie Salmen.
Bonjour.
Vous êtes la cofondatrice de ViensVoirMonTaf, une association, un site internet qui se propose de permettre à des élèves qui sont scolarisés en zone d’éducation prioritaire d’accéder à des stages de troisième et de qualité.
Alors je dois vous dire qu’avant de vous appeler, j’ai tapé dans Google comment obtenir un stage de troisième et j’ai constaté que dans la caisse des totalités des contenus, on propose entre autres solutions de demander à son entourage.
C’est sur ce point que ViensVoirMonTaf intervient en prioritaire.
Oui, absolument.
C’est exactement ça le cœur de notre action, parce que trouver un stage de troisième, c’est facile pour personne, en fait, surtout dans le domaine dont rêve l’élève.
Et quand on est un élève d’un collège REP ou REP+, en REP, 61 % des parents de ces élèves sont inactifs ou ouvriers.
En collège REP+, donc les collèges qu’on appelait avant pour les deux ZEP, c’est 75 % des parents qui sont inactifs ou ouvriers.
Donc, ça veut dire un cercle professionnel assez restreint.
Et donc, ça veut dire que si les élèves suivent ce conseil et demandent à leur entourage, ils vont finir par faire un stage dans leur entourage très proche, donc dans un milieu qu’ils connaissent déjà.
Alors, comment est née votre idée?
Comment est née cette idée?
C’était en 2015.
Oui, c’est ça.
En 2015, on est donc trois cofondatrices à l’origine, deux journalistes et une professeure d’anglais.
Et notre envie d’engagement, c’est finalement trouver un but avec Gaëlle Frilet, qui était à l’époque professeure d’anglais dans un collège REP de Romainville, en Seine-Saint-Denis, et qui nous a dit, vous avez un réseau, un carnet d’adresse qui grossit chaque jour mathématiquement puisque vous allez interviewer des gens chaque jour en tant que journaliste.
Moi, j’ai des élèves qui n’ont quasiment aucun réseau.
Donc, ce qu’on peut faire, c’est mettre justement votre réseau au bénéfice de ces élèves, et donc leur proposer des stages.
Donc, au début, on a fait ça vraiment de manière très artisanale.
On a envoyé des mails à notre entourage, amis, entourage professionnel, enfin 1er, 2e cercle, disons, et on leur a demandé de poster une petite offre de stage à un élève de 3e, donc une offre de stage pour 5 jours.
Les stages de 3e en entreprise sont obligatoires depuis 2005.
Cela peut être une véritable occasion de se projeter vers l’avenir.
C’est le but, en tout cas, d’ouvrir de nouveaux horizons.
Quels sont les types d’entreprises qui proposent des stages sur ViensVoirMonTaf?
Alors, c’est très, très varié.
Parce qu’on a autant un artisan d’art qu’une très grande entreprise, comme une banque qui emploie 70 000 salariés dans le monde.
On a des élèves qui nous font des demandes spécifiques, par exemple dans le milieu d’un garage automobile.
On a des stages sur des chantiers.
On essaie vraiment de leur offrir la palette la plus variée de stages, avec quelques programmes un peu phares comme ViensVoirMonAtelier.
On insiste beaucoup dans ce programme.
On propose des stages auprès d’artisans d’or qui travaillent souvent pour des maisons de luxe.
Et on leur propose donc trois jours auprès d’un artisan et ensuite deux jours dans la formation qu’il faut suivre pour arriver jusqu’à ce métier.
Comment les entreprises que vous démarchez accueillent votre initiative?
Elles comprennent facilement la différence qu’elles peuvent faire dans le parcours des stagiaires que vous encadrez.
Alors il y a vraiment différents niveaux de maturité en fait en fonction des entreprises.
Il y a des entreprises qui savent déjà très bien pourquoi elles font ça.
Il y a beaucoup d’entreprises qui viennent vers nous en fait.
Il n’y en a pas souvent des entreprises qu’on démarche.
Souvent, elles viennent vers nous.
Parfois avec un projet très naissant.
Et puis parfois, il y a des entreprises qui savent très bien, qui connaissent très bien la situation des élèves de l’éducation prioritaire et qui ont une idée très précise de ce qu’ils veulent faire et même du stage, ce qui va leur organiser et des horizons que ça va leur ouvrir.
Par exemple, on parle pour ces élèves, on leur explique que c’est très important d’un point de vue de l’orientation un peu, découverte d’un métier aussi, découverte d’adultes bienveillants d’un autre milieu que leur milieu familial.
Ça, c’est aussi très important.
Mais il y a aussi un enjeu, par exemple, de compétences numériques que les élèves acquièrent en postulant via notre plateforme parce qu’on les place en situation de candidat.
Donc, ils ont des écrits, un petit CV, une lettre de motivation et puis de créer un mail et puis surveiller leur mail.
Il y a des questions, il y a des allers-retours avec le professionnel.
Tout ça, c’est des choses qu’ils apprennent au cours et autour de ce stage.
Et puis, il y a un élément très important qui est la mobilité.
Il y a des élèves suivant leur milieu social qui sont plus ou moins mobiles à l’âge de 14, 15 ans.
Les élèves des collèges REP et REP Plus, très souvent, ils ne sont jamais venus à Lyon ou à Paris, enfin, dans la grande ville à côté de laquelle ou dans laquelle ils habitent.
S’ils habitent en périphérie, par exemple, ils ne sont pas forcément allés dans d’autres quartiers.
Ce sont des élèves qui, vraiment, à l’occasion du stage 3e, découvrent tout un quartier et beaucoup plus finalement que juste un métier.
Justement, est-ce que vous avez des exemples à nous partager sur le métier qui est découvert et grâce auquel ViensVoirMonTaf a permis d’accéder quelque part à ce nouveau monde, peut-être?
Oui, par exemple, cette année, on a suivi une élève qui s’appelle Joly, qui est une élève de Lyon, qui voulait devenir astronaute.
C’est son rêve.
Sa mère veut qu’elle soit infirmière, mais elle veut devenir astronaute.
Et donc, on lui a dit, écoute, ce qu’on peut faire, c’est de trouver un stage dans ce milieu.
Par exemple, SUPAERO, l’école qui forme les astronautes, mais c’est à Toulouse, donc c’est vraiment très loin.
Et cette élève, très motivée, a dit OK, pas de problème, j’ai un oncle qui habite à Toulouse.
Elle a fait le trajet et elle a donc été loin de sa famille pendant une semaine.
Et elle a fait son stage pendant cinq jours à SUPAERO.
Elle a parlé, elle a vraiment touché de près, du doigt, le milieu des futurs astronautes.
Elle a rencontré les élèves qui seront ensuite des futurs astronautes.
Il y a d’autres exemples, par exemple, un élève qui a suivi un stage auprès d’un plumassier, donc c’est un artisan d’art qui travaille la plume, et cet élève-là, ne connaissez pas ce métier, bien sûr, c’est quand même assez peu connu, c’est une niche avant de faire son stage, et il est aujourd’hui, donc ça, c’était l’an passé, et aujourd’hui, il est dans un lycée, justement, qui lui apprend l’art de la plumasserie.
Est-ce que ces rencontres entre professionnels, on les appelle les tuteurs de stage, et les stagiaires se poursuivent dans le temps, ou c’est, comme on dit, one shot?
Alors, la rencontre entre les élèves et les tuteurs tutrices, ça dépend beaucoup, évidemment, c’est des relations humaines, donc ça dépend beaucoup de ce qui se passe pendant le stage.
Parfois, moi, j’ai accueilli en stage des élèves qui n’étaient finalement pas tant intéressés par mon métier que par le métier de mon voisin.
Donc, je leur ai dit, mais va lui parler, on est là pour ça.
C’est par exemple le webdeveloper qui est là-bas, c’est exactement le métier qui t’intéresse, vas-y.
Et l’élève a finalement passé la semaine avec le web developer au bout de l’Open Space.
Donc, l’idée, ce qu’on leur dit, c’est qu’ils n’ont pas un réseau encore très développé en troisième.
Et donc, ce qu’on leur offre là, c’est l’opportunité de taper une première porte d’ouvrir une première porte.
Et donc, on insiste beaucoup sur cette notion de réseau.
c’est-à-dire qu’on leur dit, la personne a vécu, tu t’entends bien pendant le stage, ça peut être ton tuteur, ta tutrice ou quelqu’un d’autre.
Mais t’essaies de garder un contact, un mail, un numéro de téléphone.
Et puis ensuite, tu envoies, par exemple, des vœux pour la bonne année.
Tu écris un petit message lors de l’apprentissage de ton brevet, par exemple, ou bien pour demander un conseil plus tard.
Moi, j’ai des élèves qui m’ont demandé des conseils et même des stages trois ou quatre ou cinq années après, parfois même plusieurs fois le même stagiaire, parce qu’ils savent que c’est une porte à laquelle ils peuvent frapper et qu’on leur trouve dans la mesure du possible.
Alors, parlons des grands chiffres.
Quel est l’impact de votre initiative?
Qu’avez-vous constaté?
Je crois que vous avez repéré que l’ambition scolaire des stagiaires pouvait évoluer fortement après ces stages.
Oui, effectivement, ça, c’est un chiffre issu de notre mesure d’impact, dont on est le plus fier, finalement, c’est que 79 % des élèves qui sont passés par notre accompagnement revoient leur ambition scolaire et professionnelle à la hausse.
Donc, ça veut dire qu’un stage bien accompagné, de qualité, ça peut vraiment avoir un fort impact sur l’élève.
Et depuis la création, depuis 2015, nous avons accompagné 9000 élèves au total, donc soit en leur trouvant un stage, soit certains trouvent par eux-mêmes en les accompagnant à travers des ateliers simplement en classe.
Quelques éléments pratiques pour terminer.
Comment les élèves peuvent-ils accéder aux offres?
Ça passe par l’établissement scolaire?
Alors non, les élèves peuvent être tout à fait autonomes.
Ils peuvent aller sur notre site internet, ViensVoirMonTaf.fr, s’inscrire.
Et puis, s’ils sont issus, scolarisés dans un collège, REP pour REP Plus de toute la France, ils peuvent voir les offres de stage qui figurent à côté de chez eux.
Et ils seront géolocalisés, donc ils verront si le trajet est faisable ou pas.
Parfois, c’est difficile de se rendre compte de ça quand on a 14-15 ans.
On peut demander à un adulte s’ils sont seuls, si vraiment le trajet est faisable, s’il y a beaucoup de changements, par exemple.
Mais il peut faire ça de manière tout à fait autonome.
Parfois, c’est les professeurs qui les flèchent, qui les guident vers le site parce qu’ils l’ont connu, par exemple, en entendant un reportage ou un podcast.
Et parfois, c’est vraiment des parents, les élèves eux-mêmes, qui réussissent à nous trouver et donc à trouver un stage.
Et les professionnels, comment peuvent-ils vous aider et participer?
Alors, les professionnels, tout d’abord, évidemment, en postant une offre de stage.
On s’est chronométrés.
Ça prend quelques minutes seulement de décrire une offre de stage.
Le plus important, c’est vraiment de décrire ce que pourra faire le stagiaire à hauteur d’un élève de troisième.
Donc, décrire très simplement le contenu du stage.
Et donc, de la même manière, ViensVoirMonTaf.fr, s’inscrire et puis proposer une offre de stage en quelques minutes.
Virginie Salmen, merci beaucoup d’être passée dans Soluble(s), le podcast qui médiatise les solutions, toutes les coordonnées dans la description de l’épisode.
Mais c’est facile, ViensVoirMonTaf.fr.
Merci à vous.
Voilà, c’est la fin de cet épisode.
Si vous l’avez aimé, notez-le, partagez-le et parlez-en autour de vous.
Vous pouvez aussi nous retrouver sur notre site Internet : csoluble.media.
À bientôt !
Écoutez l’épisode complet. (Seul le prononcé fait foi)
TIMECODES
00:00 Introduction
00:57 Le rôle de l’entourage dans l’obtention d’un stage de 3e et le réseau de ViensVoirMonTaf qui permet à celui des candidats scolarisés en zone REP et REP + de s’agrandir
01:38 La genèse de l’idée en 2015
02:32 La variété des entreprises qui proposent des offres sur la plateforme
03:35 Comment les entreprises s’investissent dans le projet d’accueil d’un stagiaire
05:38 Des exemples de stages obtenus comme celui de Joly, cette collégienne de Lyon qui rêve de devenir astronaute
07:07 Des rencontres durables entre les élèves et leurs tuteurs ?
08:36 L’impact de l’association qui a déjà aidé plus de 9000 élèves depuis 2015
09:34 La marche à suivre pour déposer sa candidature à un stage de 3e et pour les entreprises qui souhaitent proposer une annonce
10:45 Merci à Virginie Salmen !
11:19 Fin
Propos recueillis par Simon Icard.
POUR ALLER PLUS LOIN :
- Le site de ViensVoirMonTaf
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