Lubrizol, attentats, cyclone Irma, mégafeux : à chaque crise majeure, des citoyens volontaires scrutent les réseaux sociaux depuis leur écran pour traquer les fake news et sauver des vies. Pour Soluble(s), Élodie Boileau, présidente de l’association VISOV, explique comment 150 bénévoles veillent sur nos crises et agissent de citoyen à citoyen.
📄 Résumé

Photos : Unsplash – Pexels.
Transcription (Automatisée)
– Bienvenue dans un nouvel épisode de Soluble(s) ! Aujourd’hui, je veux savoir comment nous pouvons mieux gérer l’information en temps de crise. Parce que franchement, entre le dérèglement climatique qui s’emballe et le risque terroriste qui reste élevé en France, les crises se multiplient, et vous allez l’entendre, mon invitée est à la tête d’un groupe de volontaires numériques qui agit sur les réseaux sociaux. Bonjour Élodie Boileau.
– Bonjour !
– Tu es la présidente de l’association VISOV, cinq lettres qui font référence aux Volontaires Internationaux en Soutien Opérationnel Vrtuel, près de deux cents bénévoles (150) numériques en gestion d’urgence répartis à travers la France. Votre mission, celle que vous vous êtes donnée, c’est de surveiller les réseaux sociaux pendant les crises pour aider les autorités et informer en temps réel les citoyens. On va voir ensemble comment vous travaillez très concrètement, pourquoi cette initiative a été mise en place il y a douze ans déjà. Plus d’une décennie où les crises n’ont pas manqué dans une France toujours plus connectée aux réseaux sociaux. On va être très concrets. On va aussi voir comment chacun peut aider, que ce soit en tant que citoyen qui poste sur les réseaux ou alors en tant que volontaire. Mais d’abord, vous le savez, en début d’épisode, je me montre toujours curieux sur l’invité(e). On veut en savoir un peu plus sur toi, sur ton parcours. Qu’est-ce qui t’a conduite à t’engager sur ce terrain numérique?
Parcours d’Élodie Boileau et découverte de VISOV
– En fait, moi j’ai une formation en journalisme, en communication, donc c’était des sujets que je connaissais déjà, les réseaux sociaux, et c’est dans le cadre du travail que j’ai connu l’association. J’ai. J’ai pu découvrir ce que faisait VISOV. Donc c’était en deux mille quinze, donc il y a dix ans, et ça m’a paru très intéressant. J’ai un peu réfléchi à tout ça et j’ai rejoint l’association en deux mille seize. Ce qui vient compléter mon parcours professionnel puisque je travaillais en gestion de crise. J’ai travaillé en communication au ministère de l’Intérieur jusqu’ici et donc ça fait un lien entre mon premier métier, mon métier actuel. Et puis de toute façon, la sécurité civile est une thématique qui m’intéressait. Donc ça m’a permis, VISOV, d’allier, on va dire, ma ma formation de communicant avec avec mon appétence pour la gestion de crise.
– Un engagement qui a du sens. Donc depuis dix ans maintenant, VISOV existe depuis deux mille quatorze, mais je crois que l’aventure a commencé même un peu avant pour cette association. Est-ce que tu peux nous raconter la naissance de ce projet ? D’où est venue l’idée de surveiller les réseaux sociaux, alors surveiller au sens de « voir » s’il y a des crises qui émergent ? Ça vient d’où, VISOV ?
La naissance de VISOV et l’inspiration outre-Atlantique
– Alors VISOV, ça vient vraiment d’un groupe de citoyens. C’étaient les fondateurs de l’association qui ont commencé à échanger sur Twitter, puisqu’on se rendait compte que de plus en plus, l’information passait lors des crises sur les réseaux sociaux, que ça allait très vite et Et en fait, s’est posée la question de OK, tout ce qui passe au lieu de, entre guillemets, subir le flot d’informations qui arrivent, comment on peut lui trouver une utilité et comment on peut encore mieux l’utiliser au profit de la crise. Il y avait déjà des choses qui qui existaient aux États-Unis notamment et au Canada, et on s’est inspiré de ce qui se faisait outre-Atlantique pour se dire OK, comment ça, ça pourrait être adapté, On va dire en France? Est ce qu’il y a vraiment un intérêt aussi pour les gestionnaires publics de crise ?
Et donc ce groupe de citoyens s’est rapproché notamment du Centre opérationnel de gestion interministérielle des crises du ministère de l’Intérieur pour échanger avec eux, pour voir s’il y avait un intérêt. Et ils ont aussi pu échanger avec des services d’incendie et de secours (SDIS) pour voir avec eux. Est-ce que si on retrouvait de l’image, si retrouver du témoignage ? Est-ce que ça pourrait vous servir, à quoi ça vous servirait ? Et c’est en se rendant compte qu’il y avait vraiment une utilité, en prenant des cas concrets qui se sont passés en France comme l’incident de Brétigny, l’accident de train, qu’on s’est rendu compte qu’il y avait une réelle utilité. Donc Brétigny, c’est deux mille treize et à partir de là, ça a germé cette idée de faire une association, de pouvoir avoir un cadre pour réunir ces personnes-là et de commencer à monter la communauté qui est VISOV aujourd’hui et qui continue en fait à travailler sur ces sujets-là. Donc la prise en compte de ce qui passe sur les réseaux sociaux, sur les médias sociaux. Lors d’une crise de sécurité civile.
Comment VISOV s’articule avec les dispositifs de crise
– La France connaît épisodiquement des situations de crise et d’urgences majeures. Évidemment, elles sont prises en compte par les autorités. Pour bien comprendre la suite de cet épisode, dis-nous comment se « branchent » les volontaires aux dispositifs existants. Tu parlais des SDIS, donc ça c’est les pompiers. Le ministère de l’Intérieur, c’est ce ministère-là qui a la charge de la gestion des crises en France. Parce que le but est d’apporter un plus aux citoyens via les réseaux sociaux et non pas de se substituer, on imagine, aux services de l’Etat qui eux aussi ont une présence en ligne. Alors comment tout ça s’organise ? Comment VISOV décide d’activer son dispositif quand une crise émerge ?
– En fait, nous, on a une veille, on va dire de fond, des réseaux sociaux, de ce qui se passe sur les réseaux tout le temps. Et quand il y a un événement qui va prendre de l’ampleur, qu’il y a un événement qui va pouvoir toucher directement la population. C’est là où se pose la question de nous monter une équipe de veille pour aller, un, chercher de l’information, mais aussi dialoguer avec le citoyen, pouvoir le renseigner si nécessaire, puisque les gens ne savent pas forcément, quand il y a un peu de panique, notamment, vers qui se tourner parce que tout va vite sur certains événements par exemple, où ils ne sont pas du coin et ils ne connaissent pas du tout le territoire, et donc ils ne savent pas vers qui se tourner.
Donc nous, c’est le but, c’est de leur donner de l’information et de pouvoir à partir de ce qu’ils nous disent, à partir du témoignage, à partir des photos ou des vidéos qui vont pouvoir poster, travailler avec le réseau des préfectures et les réseaux des SDIS pour dire OK, voilà ce qui se passe, voilà ce qui ressort. Eux vont l’utiliser comme ils utilisent d’autres canaux de remontées d’informations. Nous ne sommes qu’un outil de plus dans tout ce qu’ils utilisent pour gérer les crises. Et dans l’autre sens, ça va permettre aux services de l’État d’avoir une communication qui est adaptée vers le citoyen. Si ils se rendent compte qu’il y a des inquiétudes qui ressortent, qui n’ont pas encore été prises en compte dans la réponse apportée en termes de communication vers le grand public et de pouvoir répondre aux questions que se posent les gens. Donc, ça va dans les deux sens, dans le sens autant montant du citoyen vers le gestionnaire de crise que dans le sens descendant. Chacun est à sa place. Nous, on est un outil de plus à la disposition du gestionnaire. Mais l’Etat a toute sa place et va faire ce qu’il doit faire en termes de communication et de prise en compte du citoyen.
Attentats et gestion des rumeurs sur les réseaux sociaux
– Alors parlons un peu de l’évolution des crises qui ont pu s’abattre sur notre territoire ces dernières années. On va évoquer les crises climatiques, mais, je le disais, le risque d’attentat est toujours présent. On a à l’esprit, par exemple, évidemment, les vagues d’attentats islamistes à Paris, et à Saint-Denis en deux mille quinze ou à Nice en juillet deux mille seize, et d’autres depuis, hélas. Dans ces situations-là, les réseaux sociaux sont des médias particulièrement consultés. Comment vous agissez dans dans des circonstances pareilles ? Dans des circonstances évidemment par nature périlleuses et évolutives.
– On va s’adapter à ce qui se passe. On va surtout aller voir ce qui est partagé, tant sur le ressenti des personnes que d’éventuelles rumeurs, que de photos qui pourraient être mises en ligne. Ça veut dire aussi c’est sensibiliser les gens à ne pas partager forcément toutes ces images qui sont choquantes, de ne pas les relayer à tout va et et surtout de ne pas propager de rumeurs. Et après, sur des situations comme ça, on peut arriver sur des situations, on va aussi nous surveiller s’il n’y a pas des signaux faibles qui vont vite prendre de l’ampleur d’une éventuelle seconde attaque ou autre, parce que ça peut arriver. Mais on a aussi des situations où on a des gens qui sont pas loin des lieux de l’attaque et qui ne savent pas quoi faire. Et là, c’est aussi là où on va relayer les consignes à tenir, les comportements à adopter. On ne les invente pas ces comportements, on les invente pas ces consignes, elles existent, elles sont déjà données par l’autorité publique. On n’est qu’un relais, mais on parle de citoyen à citoyen à ce moment-là.
Crises climatiques, phénomènes « flash » et extension géographique des risques
– Parmi les risques majeurs qui pèsent sur sur la France, sur les Français, il y a évidemment les crises climatiques, inondations, tempêtes, cyclones, incendies. Elodie On comprend que VISOV agit à une époque charnière en la matière. L’été deux mille vingt-cinq, la France a enregistré deux vagues de chaleur exceptionnelles. On a enregistré des milliers de départs de feu, en France l’été dernier, avec parfois des incendies hors normes, des mégafeux comme dans l’Aude ou des situations critiques jusqu’en ville à Marseille. On sait que les urgences climatiques s’intensifient et se multiplient à mesure que le réchauffement climatique progresse. Est-ce que tu constates déjà, de là où tu es à VISOV, une, déjà, cette multiplication des situations de catastrophe climatique, d’urgence majeure ?
– Pas forcément, puisque nous, on se rend compte que chaque année, ce ne sera pas les mêmes choses. Par contre, ce qu’on constate, c’est que il peut y avoir de plus en plus de phénomènes, on va dire flash, soudains, rapides et parfois bien inattendus. C’est plutôt ça qu’on va constater qu’une multiplication. En fait, ce qui va nous, nous amener à nous à nous activer, ça va être l’ampleur de l’événement et et l’impact sur les populations. Donc, on se rend compte par contre que, oui, il y a des choses qui arrivent vite, des choses qui surprennent, mais je pense qu’on a peut-être aussi cette impression qu’il y en a de plus en plus, parce qu’il y a une médiatisation qui est plus importante qu’il y a dix ans. Maintenant, s’il y a un coup de vent trop fort dans un pays, en Europe en général, on le sait parce que la formation continue, c’est devenu la norme. Ce n’était pas le cas il y a dix ans.
Donc il y a peut-être aussi cette impression-là qui fait qu’on peut se dire que c’est de pire en pire. Après oui, on se rend compte qu’il y a une évolution des phénomènes, que les gens sont surpris, surtout dans des endroits où ils n’avaient pas l’habitude. C’est-à-dire que les feux de forêts dans le sud de la France, il y en a toujours eu, c’est pas nouveau. Et dans des endroits où ça arrive souvent, les gens ont, savent, sont résilients et savent comment se comporter face à ces situations.
Par contre, on remarque aussi qu’il y a des endroits où si on parle feu de forêt, il y a des feux de forêt à des endroits où on n’a pas veillé ces dernières années. Ça remonte un peu plus vers le nord. Donc se pose la question en effet : est-ce que c’est normal ? Je ne pense pas puisque c’est très nouveau. Et donc là on est sur des populations qui ont moins l’habitude et. Et c’est ça qu’on remarque, c’est qu’il y a des gens qui se retrouvent face à des risques qu’ils ne connaissaient pas jusqu’ici, et ils ne savent pas comment réagir. Sur les feux, oui, il y a des feux qui sont importants, comme le feu qu’il y a eu a Ribaute cet été où ça brûle vite. Et en effet, ça c’est. C’est assez impressionnant comme on a eu des gros feux sur des étés précédents. Donc c’est c’est des choses auxquelles on fait toujours attention. C’est, je pense en effet, de plus en plus surprenant de voir des feux proches des villes, mais je ne pense pas ça, c’est pas quelque chose qui arrive depuis trois ans.
Anticipation et organisation grâce à la vigilance météo
– Oui alors on parle pas encore de multiplication, mais peut-être c’est une extension géographique dont tu parlais vers le nord pour les pour les incendies aussi dans le temps ou la saison des feux de forêt est étendue également. Alors là, évidemment, dans ces sujets la, la question de la météo est importante. Alors, il y a des phénomènes imprévisibles dans leur ampleur, mais il y a quand même régulièrement des alertes météo que.. Vous vous appuyez sur les services météo pour vous organiser en amont, constituer des équipes de veille ? Quand on sait par exemple que le lendemain, il y aura une alerte rouge aux risques de feux de forêt par exemple.
– Oui, on va s’appuyer sur la vigilance de Météo-France et, et c’est clair que c’est quelque chose à prendre en compte dans notre organisation. Donc oui, si on sait qu’on a une vigilance rouge et que nous, on a quelques bénévoles qui sont spécialisés en météo, nous confirment qu’on est sur quelque chose qui va être fort, on va, nous, s’organiser pour être prêts dès le lendemain sur des choses où on peut prévoir, ça, c’est sûr. On fait en sorte d’arriver à s’organiser pour durer dans le temps aussi, parce que des fois, on est sur des phénomènes qui vont durer. À suivre l’événement du début jusqu’à la fin, puisque parfois ça va être sur plusieurs jours. Et c’est ça aussi qui peut arriver sur des inondations qui vont durer plusieurs jours, voire des semaines. Ce genre de choses comme ça, on sait sur certains types d’événements que ce ne sera pas juste deux heures et que ça peut durer plusieurs jours. Donc là, oui, c’est de l’organisation.
On s’appuie sur cette vigilance parce qu’elle nous éclaire. Après, ça reste de la prévision, donc, et ça, c’est quelque chose qu’il faut accepter. Ça a du mal à être accepté. La prévision, c’est de la prévision, c’est-à-dire que peut-être que ça va être pire, peut-être que ça va se dérouler comme comme annoncé, mais peut être que finalement il n’y aura rien et c’est pas grave. C’est juste que le temps a changé, le vent a tourné et et peut-être tant mieux si ce n’est pas resté rouge et que c’est redescendu en intensité aussi.
Qui sont les volontaires de VISOV ?
– Alors tu parlais de spécialiste météo. On a envie de savoir qui sont ces volontaires qui sont autour de toi et qui sont dans la structure et dans la communauté VISOV. Ce sont donc tous des bénévoles. Quels sont les profils des personnes qui composent vos rangs? Faut-il une qualification particulière ?
– On est une communauté assez multiple, même si on va dire que quatre-vingts pour cent de nos bénévoles ont un lien de près ou de loin avec la gestion de crise, ou avec la sécurité civile, ou avec la communication par exemple. Que ce soit des pompiers volontaires ou professionnels, des gens qui sont dans parfois dans d’autres associations de sécurité civile. Mais on a aussi des gens qui s’intéressent à tout ça, qui sont à l’aise avec les réseaux sociaux et qui qui nous rejoignent. En fait, ce qui nous relie tous. C’est un intérêt pour ces sujets-là de la sécurité civile, de la gestion de crise, des risques naturels. L’intérêt est de pouvoir aider le citoyen. Et puis en fait, on est tous à l’aise avec les réseaux sociaux. C’est-à-dire que on sait aller chercher de l’information et ça c’est, on va dire, la seule qualification technique qu’on a tous en commun, c’est qu’on sait utiliser les réseaux pour aller chercher de l’information. Et c’est des méthodes qu’on apprend et et qu’on essaye de faire évoluer avec l’évolution des réseaux. Mais c’est, on va dire, la seule qualification qu’il faut pour rejoindre l’association avec l’intérêt d’aider et et de pouvoir se sentir en effet utile. C’est ce qui revient souvent.
Quelles informations chercher pendant une crise ?
– Alors je m’arrête un peu sur ce que tu as dit plusieurs fois, à aller chercher de l’information. De quels types d’informations avez-vous besoin pour mener à bien votre mission ? On pense à des témoignages directs, peut-être lorsque vous voyez plusieurs images d’un incendie au même endroit, c’est peut-être un rôle d’alerte auprès des autorités ?
– Oui c’est ça, c’est exactement ça. En fait, on va aller chercher souvent, c’est quand même beaucoup d’images parce que les gens postent beaucoup d’images. Quand il se passe quelque chose dans la rue d’assez impressionnant, les gens vont avoir un réflexe de prendre une photo ou une vidéo et c’est ce qu’ils vont partager le plus fréquemment. Du témoignage. Et c’est ce qui intéresse aussi quand on n’est pas sur place, côté gestionnaire de crise, c’est de pouvoir visualiser ce qui se passe parfois avant même que les premières équipes de secours soient sur les lieux. Donc ça permet de mieux comprendre l’événement, ça permet de le dimensionner et de comprendre ce que les gens sont en train de vivre. Et à partir de toutes ces informations, on peut, nous, donner les bonnes informations sur OK, voilà vers qui vous tourner, ce qu’il faut faire, ce qu’il ne faut pas faire. Et de pouvoir renseigner les personnes avec qui on dialogue.
Comment réagir et témoigner sur les réseaux sociaux en situation de crise
– Alors donne-nous quelques conseils justement pour les gens qui nous écoutent et qui se demandent sûrement, en écoutant comment réagir quand on se retrouve face à une crue, un incendie, une tempête. Alors comment réagir sur les réseaux sociaux ? Parce qu’on ne va pas faire un épisode complet sur la gestion des risques, même si tu peux nous les rappeler. Mais tu disais on a tendance assez facilement à partager des, à témoigner grâce à nos réseaux sociaux. Est-ce qu’il y a une façon plus pertinente que l’autre à faire, en pensant notamment à des gens comme vous qui vont s’en servir ?
– En fait, il y a des conseils déjà très, alors, qui peuvent paraître très basiques, mais qui ne sont pas forcément appliqués par tout le monde. C’est déjà avant même de prendre une image. C’est est-ce que moi je moi même, je suis en sécurité ?
On ne va pas aller se mettre en danger pour aller prendre de l’image, il n’y a pas d’intérêt puisque ce serait un peu dommage de finir dans une ambulance parce qu’on s’est approché un peu trop près de ce qui se passe.
Ça va être de s’assurer qu’il y a personne qui a besoin d’aide urgente autour de soi et et aussi de prévenir lorsqu’il y a un besoin de prévenir via les numéros d’urgence, les pompiers ou la police ou autre. Et après, on peut se dire OK, maintenant je suis tranquille, je suis à l’abri. Si j’ai en effet une image ou un témoignage, je peux éventuellement le partager. Mais il faut, il faut en rester là. Après, il n’y a pas besoin d’aller inventer des histoires. Les rumeurs, si on n’est pas sûr d’une information, on ne la partage pas. Ça peut paraître très basique pour les gens qui sont un peu dans ce milieu. Si on n’est pas sûr de ce qu’on sait, de ce qu’on dit, il ne faut pas en faire une vérité. Et c’est comme ça que des fois naissent, naissent des rumeurs. Parce qu’on a entendu dire que mais en fait on n’est pas sûr. Et c’est comme ça aussi qu’on va aussi mieux informer les autres personnes sur les réseaux puisqu’on va éviter de leur dire des bêtises et après sur comment je peux me mettre en sécurité, ça va être des choses très bêtes. Mais si par exemple on prend le cas d’une inondation, c’est ne pas trop s’approcher du cours d’eau, c’est ne pas s’engager sur une route inondée, c’est ne pas passer sous un pont quand la voie est inondée sous le pont. Et ça souvent sur chaque inondation, peut-être pas, mais c’est des images qu’on voit encore beaucoup, alors on n’est pas aidé par les journalistes qu’on voit avec de l’eau jusqu’aux cuisses, à la télé, au 13 h ça c’est sûr. Mais c’est pas parce qu’ils le font qu’il faut penser que c’est sûr que c’est quelque chose qui qui ne comporte pas de risque. Donc c’est c’est surtout ça. Et après c’est écouter les consignes. Quand les consignes sont données, que ce soit par le maire, par les pompiers ou par une préfecture, c’est pas pour embêter les gens, c’est pour faire en sorte que les personnes restent en sécurité.
– Se mettre en sécurité, alerter et en second temps témoigner si on le souhaite, sans partager de fausses informations. Alors même de façon involontaire. Je retiens ce que tu dis. C’est vrai. C’est important de noter que lorsqu’on est témoin d’un événement et qu’on le partage, c’est rare qu’on sache tout de l’événement. Donc ne dire que des choses dont on est certain. Alors ça peut être le lieu, ça peut être l’heure, mais c’est rarement plus comme information qui est sûre lorsqu’on voit par exemple un incendie ou un acte de violence. Évidemment, faire attention à la sécurité (vie) privée des personnes qu’on filme. Je ferme cette parenthèse. J’ouvre une question un peu plus personnelle. Parmi toutes les activations que VISOV a menées et auxquelles tu as participé, est-ce qu’il y a un moment, une histoire où tu t’es dit justement on parlait d’utilité, de sens, que cette démarche citoyenne était particulièrement utile, importante ? Est-ce que tu peux nous nous faire part de souvenirs anciens ou récents ?
Irma, Alex, les feux de forêt : quand l’utilité de VISOV devient tangible
– Je te dirais que celle qui a été la plus marquante, ça doit être quand même Irma, puisqu’en fait sur Irma, donc Saint-Martin, Saint-Barthélemy (Antilles françaises), se prennent de gros vents, il n’y a plus de réseau et on ne sait pas ce qui se passe là-bas. Et nous par contre, ce qu’on voit passer sur les réseaux sociaux, c’est toutes ces familles en métropole notamment, qui qui recherchent des proches. Et donc on a mis en place un formulaire de recherche qu’on a diffusé auprès des groupes. Il y a pas mal de groupes qui ont été créés, notamment sur Facebook, de communautés qui s’étaient créées d’elles-mêmes, de recherche de personnes et et ce formulaire après, a servi aux autorités. Mais ce qui a été là où, en effet, on s’est senti, je pense, très utiles, c’est que on était en lien avec ces familles qui des fois revenaient vers nous en disant j’ai eu des nouvelles de mes poches aussi. Et c’est vrai que là tout de suite, c’est quelque chose qui marque. On va dire très vite puisqu’on a vraiment ce retour de personnes face à nous. C’est la même chose sur Alex, même si on n’a pas eu ce lien avec les familles, mais de mettre en place un outil qui après sert et on voit que le nombre de personnes recherchées baisse. Et parce qu’en fait ils ont eu des retours des personnes qui recherchaient les proches ou les équipes sur le terrain ont apporté la réponse aux familles. C’est vrai que là on a un cas, on va dire très concret, d’utilité. Dès qu’il y a, dès lors qu’il y a des recherches de personnes, je parle d’Irma, je parle d’Alex, mais ça arrive des fois sur des feux de forêt comme cet été à Ribaute. Et c’est là où on se dit ok, il faut qu’on arrive à prévenir nous, nos partenaires, pour qu’ils aient l’information et espérons qu’ils puissent retrouver la personne ou quand il y a des personnes qui sont coincées chez elles parce qu’ils n’ont pas pu évacuer à temps sur des feux de forêt pour pouvoir donner l’information au SDIS et que la personne puisse être prise en charge. C’est vrai que ce sont des moments où on se dit ok, là c’est bon, c’est très concret ce qu’on fait. Je ne dis pas que les autres cas ne sont pas concrets, mais là on va dire qu’on a vraiment la réalisation de ce à quoi servent les médias sociaux en gestion d’urgence et la façon dont on les utilise pour que ce soit utile.
Devenir volontaire chez VISOV : conditions et première étape
– Utile, créer du lien, utiliser les réseaux sociaux pour ce qu’ils ont de meilleur et de plus réactif. Dernière question très concrète : c’est parmi nos auditrices et nos auditeurs, certains se disent Allez, ça y est, je suis convaincu(e), j’ai envie d’aider moi aussi, de faire partie de cette communauté. Déjà, est-ce que c’est possible ? C’est ouvert à tout le monde ? Et quelle est la première étape pour devenir volontaire chez VISOV ?
– La première étape, c’est de se rapprocher de nous via. On a un petit formulaire sur notre site internet. Donc ceux qui sont intéressés peuvent déjà aller voir notre site. Notre site internet. Donc visov point org et si ils sont vraiment intéressés, nous écrire par le petit formulaire de contact. Répondre aux questions qui leur sont posées. Et après ? En général, on a un petit exercice de recherche pour que les gens comprennent vraiment ce qui est attendu des volontaires et, si tout se passe bien après, ils rejoignent l’association. Il faut être à l’aise avec les réseaux sociaux, savoir y chercher de l’information, ne pas juste les utiliser pour un usage très lambda du quotidien et avoir cet intérêt pour les sujets qu’on traite. Bien sûr.
– On imagine aussi être particulièrement disponible parce que les urgences ne préviennent pas toujours.
– Oui, il faut avoir du temps. C’est sûr que si les personnes sont déjà engagées dans beaucoup de choses ou ont déjà beaucoup de choses à côté, ce sera compliqué pour elles de s’engager au sein de l’association. Donc il faut avoir cette capacité. S’il se passe quelque chose à pouvoir donner de son temps, que ce soit trente minutes pour soulager les. Les gens qui sont en pleine activation que plusieurs heures. Donc c’est. C’est en effet indéniable.
Conclusion de l’épisode
– Élodie Boileau, présidente de VISOV. Donc sur visov point org. Évidemment, sur les réseaux sociaux, on vous trouve facilement. C’est facile, il suffit d’écrire VISOV. V i s o v La communauté numérique de citoyens qui agit en situation d’urgence. Retrouvez tous les liens dans la description de l’épisode. Merci Élodie d’être passée dans Soluble(s). Merci beaucoup !
– De rien. Merci à toi Simon.
– Voilà, c’est la fin de cet épisode. Si vous l’avez aimé, notez-le, partagez-le et parlez-en autour de vous. Vous pouvez aussi nous retrouver sur notre site internet, csoluble point média. À bientôt. 😉
POUR ALLER PLUS LOIN
Le site de l’association agrée de sécurité civile VISOV : www.visov.org
Visov sur les réseaux sociaux :
– X (ex-Twitter)
– Instagram
– LinkedIn
– Facebook
Lire aussi le dossier sur les risques sur le site du gouvernement français : www.info.gouv.fr/risques
À SAVOIR
En cas d’urgence connaître ces numéros d’appel (France) :
– 15 = Samu
– 17 = Police
– 18 = Pompiers
Et d’autres numéros très importants comme :
– Le 112, numéro d’urgence européen
– Le 114 pour les personnes sourdes et malentendantes
– Le 196 pour les urgences en mer
– Le 191 pour les urgences aéronautiques
TIMECODES
00:00 Introduction
01:46 Le parcours d’Élodie Boileau, présidente de VISOV (Volontaires Internationaux en Soutien Opérationnel Virtuel).
03:11 La naissance de VISOV : l’idée d’un groupe de citoyens
05:48 L’organisation de la veille VISOV : chercher l’information et dialoguer avec le citoyen.
07:42 Le rôle de VISOV en cas d’attentat : surveillance des rumeurs et diffusion des consignes publiques.
10:30 Les catastrophes climatiques et naturelles
13:43 Comment VISOV s’organise en amont grâce aux alertes de Météo-France (vigilances).
15:27 Les profils des volontaires VISOV
18:35 Les conseils de réaction pour un citoyen témoin d’une crise : la sécurité avant l’image.
19:35 L’importance de ne partager que des informations dont on est certain pour éviter les rumeurs.
22:04 Souvenir marquant : l’aide à la recherche de proches après l’Ouragan Irma.
24:45 Comment devenir volontaire VISOV
26:06 Merci à Eloldie Boileau !
26:55 Fin
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