Dans un épisode de Soluble(s), Fabrice Bonnifet, président de l’association GenAct et du Collège des Directeurs du Développement Durable (C3D), expose pourquoi et comment l’entreprise peut changer radicalement de rôle face à l’urgence écologique. Voici un résumé sous forme de 10 questions-réponses clés.
1. Pourquoi la sobriété ne suffit-elle plus pour les entreprises ?
« On sait maintenant que ça ne suffira pas », lance Fabrice Bonnifet à propos de la démarche RSE classique fondée sur la réduction d’impact. Pour lui, face à l’ampleur des dommages passés et présents, la priorité devient « de réparer, régénérer, préserver les services écosystémiques dont on dépend pour faire fonctionner la machine économique ».
2. C’est quoi une entreprise régénérative selon Fabrice Bonnifet ?
« Le but, c’est vraiment d’aller vers cette visée régénérative. (…) L’entreprise devra pouvoir démontrer que la dette environnementale contractée dans le cadre de son activité économique va être remboursée et largement remboursée », explique-t-il. Ce modèle implique d’agir pour restaurer les ressources naturelles, et pas seulement limiter les dégâts.
3. Qu’appelle-t-on les limites planétaires et pourquoi sont-elles centrales ?
Fabrice Bonnifet rappelle : « L’humanité vit en survitesse par rapport à la capacité des services écosystémiques du système Terre de régénérer les ressources utilisées par le système économique. » Les limites planétaires sont « neuf seuils à ne pas franchir » pour éviter des risques irréversibles ; en 2025, sept sont déjà dépassées.
4. Quelle est la différence entre croissance verte, décroissance et post-croissance ?
Il tranche : « La croissance verte, c’est une chimère qui consiste à faire croire qu’on va pouvoir continuer d’augmenter le PIB (…) tout en faisant décroître les pressions environnementales. Ça ne marche pas. (…) On est pour une approche d’ultra-sobriété dans tout ce qui est essentiel et d’interdiction pour tout ce qui est non essentiel. » Cette approche relève de la post-croissance, c’est à dire de l’organisation d’une société dont la performance économique et sociale ne reposerait plus exclusivement sur l’évaluation de la richesse monétaire créée.
5. Ce changement concerne-t-il tous les secteurs ou seulement les pionniers ?
« Tous les secteurs sont concernés et tous les secteurs peuvent devenir “regen”. (…) Bien sûr, il y en a qui partent de plus loin que d’autres. (…) Si ton métier, c’est d’extraire du charbon pour devenir “regen”, il faut juste que tu arrêtes d’extraire du charbon… », explique-t-il sans détour.
7. Comment passer d’une économie linéaire à un modèle “permacirculaire” ?
« Il y a une deuxième condition : arrêter l’approche linéaire (…) qui consiste à extraire, produire, vendre, utiliser, jeter. (…) Elle doit être remplacée par une approche dite “permacirculaire” basée sur l’économie de la fonctionnalité. (…) Fabriquer beaucoup moins, mais beaucoup plus robuste. »
7. Qu’est-ce que GenAct, concrètement, et que propose l’association ?
« GenAct a été créée précisément pour aider les collaborateurs dans les entreprises qui sont dans le désarroi et qui ne savent pas comment faire en sorte de produire d’une manière différente (…) On a sélectionné un certain nombre de partenaires qui aident les salariés en fonction de leur métier. (…) Il y a un corpus de connaissances à acquérir (…), un bac à sable pour que les projets puissent émerger. »
8. Qui peut rejoindre GenAct et pourquoi avoir créé ce mouvement ?
GenAct s’adresse à tous, salariés comme dirigeants : « L’objectif de GenAct, c’est de faire monter en compétences les salariés pour qu’ils comprennent les mécanismes à mettre en place pour déployer des modèles économiques (régénératifs). (…) On passe tout de suite de l’apprentissage à l’action. » L’association mise sur « une masse critique de projets crédibles, pour provoquer l’imitation ».
9. Comment embarquer les équipes et dirigeants des entreprises traditionnelles ?
GenAct privilégie l’ouverture à tous les métiers : « Il y a des gens qui sont à la base du système productif, puis d’autres qui peuvent être au comité exécutif de leur entreprise ou cadres dirigeants. (…) Chacun doit faire sa part. » Sa mission : donner des outils pour agir, quel que soit le niveau hiérarchique.
10. Le changement est-il réservé à une élite ou peut-il concerner la majorité ?
Fabrice Bonnifet insiste sur la massification : « On vient de dépasser les 2 050 “GenActeurs”. (…) Plus on aura de projets viables, plus il y en a qui vont réussir, ça va donner envie à d’autres de s’y mettre. (…) C’est ça qui peut créer la bascule. »
Simon Icard (Résumé avec IA)
POUR ALLER PLUS LOIN
- Voir : le site de l’association GenAct.
- Lire : “L’entreprise contributive – Concilier monde des affaires et limites planétaires” par Fabrice Bonnifet et Céline Puff Ardichvili aux éditions Dunod.
- Écouter aussi, le podcast “Le sens et l’action” proposé par le C3D.
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