[TRANSCRIPTION] Comment (bien) regarder les étoiles ? Avec Eric Lagadec
On lève les yeux. Observer le ciel et les étoiles, à quoi ça sert ? L’astrophysicien Eric Lagadec nous explique comment s’y prendre pour observer les étoiles à l’œil nu, comme le faisaient nos ancêtres.
Un épisode à écouter à la belle étoile !
« Rien qu’avec nos yeux, on peut voir des choses extraordinaires »
Pas besoin de télescope 🔭 pour capter le signal lumineux des astres.
« Sans pollution lumineuse, nous sommes capables de voir 3 000 étoiles à l’œil nu » souligne Eric Lagadec.
La plupart de mes threads sont réunis ici: https://t.co/03U5lqvppI N’hésitez pas à me dire si il en manque ou si vous en voulez des nouveaux! J’espère que cela vous fera mieux comprendre et aimer l’astronomie!✨🔭 pic.twitter.com/aTfN8cenRN
— Eric Lagadec✨🌍 (@EricLagadec) December 2, 2021
Pour Soluble(s), Eric Lagadec, astrophysicien à l’observatoire de la Côte d’Azur, spécialiste des poussières d’étoiles, guide notre regard vers le ciel. Il nous raconte son histoire. Nous parlons de l’intérêt scientifique de l’observation de l’univers et regrettons la pollution lumineuse qui gagne du terrain sur terre, mais des solutions existent.
Transcription (automatisée)
Bienvenue dans un nouvel épisode de Soluble(s).
Aujourd’hui, je souhaite parler des solutions pour bien regarder vers l’infini et au-delà.
Oui, rien que ça.
Bonjour, Eric Lagadec.
Bonjour ! Tu es un astrophysicien.
On va voir comment s’y prendre pour regarder le ciel étoilé, voir aussi à quoi ça sert du point de vue scientifique.
Mais on va aussi parler d’une limite croissante à l’observation du cosmos, la bien-nommée pollution lumineuse et rester bien à l’écoute, jusqu’au bout, car tu vas nous dire pourquoi nous sommes des poussières d’étoiles à un sujet dont tu es un spécialiste.
Mais d’abord, vous le savez, dans Soluble(s), j’ai toujours l’habitude de commencer mes épisodes en me montrant curieux sur le parcours des invités, et Eric est-ce qu’on peut dire que c’est en suivant ta bonne étoile que tu as quitté la Bretagne pour atterrir sur la côte d’azur où tu travailles ?
Je ne sais pas si c’est ma bonne étoile, mais c’est je pense qu’il y a pas mal de chance.
En fait, c’est un parcours assez atypique, je pense que, enfin, je me rappelle, mon père quand il avait 14 ans, il a commencé à travailler dans le bâtiment après avoir re-doublé toutes ces classes sans primaires, donc il a fini à 14 ans en CM2, il n’est jamais allé au collège, et mes parents m’ont toujours dit qu’en étudiant, je pourrais réussir à faire des choses, et j’ai eu la chance que ça marche plutôt bien dans les études, donc j’ai fait des études dans le Finistère, comme mon nom l’indique, je suis Breton, Lagadec, ça, c’est quand même assez Breton, j’ai fait une maîtrise de physique à l’époque, c’est l’équivalent d’un Master 1, à Brest, à l’université de Bretagne occidentale, et pendant cette maîtrise, je suis vraiment tombé amoureux de l’astronomie, donc j’ai décidé de partir faire l’astronomie, donc j’ai fait l’équivalent d’un Master 2, à Nice, ensuite j’ai fait une thèse à Nice, donc ça arrive, on arrive là maintenant à Bac+8, c’était en 2005, et après cette thèse, je suis parti pendant 4 ans, à travailler à l’université de Manchester avec l’un des plus grands spécialistes de mon sujet d’études, qui étaient la mort des étoiles et la formation des poussières d’étoiles, donc on a passé 4 ans travailler ensemble avec ce chercheur au Landais, au Royaume-Uni, après, j’ai passé 3 ans à travailler près de Munich, pour l’observateur européen australien, donc qui gère les plus grands télescopes du monde au Chili, donc j’ai eu la chance d’observer que c’était un télescope au Chili, et ensuite, j’ai passé un an et demi à l’Université de Cornell sur la côte Est américaine, une des grandes universités américaines, où j’ai travaillé notamment sur la mission Spitzer, sur laquelle je travaillais déjà depuis quelques années, qui est un télescope spatial, qui est un petit peu le précurseur du télescope géant, le James Webb qui est actuellement dans l’espace, et qui nous envoie des images et des résultats assez extraordinaires.
Donc en gros, pour devenir astrophysicien, j’ai fait une thèse qui était 8 années après le bac, puis un peu plus de 8 années de post-doc, pour avoir enfin un post de chercheur en France en 2014, et je suis à Nice depuis 2014.
A Nice, à l’observatoire, l’observation des étoiles et le métier d’astrophysicien, on t’imagine tout le temps derrière un télescope, la nuit, essentiellement, c’est comme ça que ça se passe ?
Ça dépend, il y a différentes façons de faire de l’astronomie, il y a différents métiers dans le métier de chercheur en astrophysique, donc il y a des gens dont le métier c’est d’observer.
Hier, je discutais avec un collègue qui en observait jusqu’à 130 ou 140 000 par an, parce que lui son travail, c’est d’observer, et souvent pour les autres.
Il y a des gens qui sont théoriciens qui ne poussent jamais un télescope.
Ça, j’ai plusieurs collègues qui n’ont pas besoin de télescope pour faire notre travail, et par contre, ils vont utiliser les données faites par une personne.
Moi, je suis plutôt observateur, mais aujourd’hui, faut savoir que la plupart du temps, les données, on les récupère, on prépare les observations, les observations sont faites ailleurs, on voyage un petit peu moins, ce qui est aussi bon pour la planète.
Moi, les observations, maintenant, c’est plutôt 2, 3, 4, 5, 8 par an, et c’est même souvent des observations avec un petit télescope à côté de Nice, à Calern, où on se sert de ce télescope pour l’enseignement, pour que les plus jeunes apprennent à savoir des télescopes.
On pourrait faire une thèse sur la question que je te pose, ou même des cours de philosophie, mais assez concrètement, on le sait depuis que l’Homme est Homme il lève les yeux au ciel, mais sur le plan scientifique.
Ça sert à quoi concrètement d’observer les étoiles ?
C’est sert à pas mal de choses, historiquement, l’astronomie, regarder les étoiles, ça sert à bien naviguer, je pense que tout le monde sait que les navigateurs utilisent les étoiles pour se repérer.
Ç’a été utilisé pour rêver pour la mythologie, parce que, si vous regardez les noms des constellations, il y a plein de choses associées à la mythologie grecque.
Mais quand le chose est plus importante, c’est que quand l’homme s’est sédentarisé, on a eu besoin de connaître les saisons et regarder les étoiles, c’est quelque chose d’hyper important pour ça.
Aussi regarder l’alternance journée, ça permet d’avoir des calendriers aujourd’hui, c’est facile, on a des téléphones, on a des montres, mais à l’époque, pour connaître le temps, il fallait regarder les étoiles et d’ailleurs l’heure légale ‘est toujours donné parles astronomes.
Ça n’existe plus, puis quelques mois, mais l’horloge parlante pour les personnes qui ont utilisé ça, c’était à l’observatoire de Paris donc les astronomes sont les gardiens du temps.
L’astronomie, ça sert aussi à se poser des questions fondamentales, c’est, vous regardez les petits points dans le ciel, c’est, est-ce qu’il y a des planètes autour, est-ce qu’il a de la vie ailleurs où on est sur notre planète autour d’autres étoiles de soleil, mais est-ce qu’il en a d’autres ?
Il y a plein d’autres questions, c’est nos origines, de nos origines cosmiques, d’où vient le Big Bang quand il a eu lieu, comment il a eu lieu, comment se sont formalisés étoiles, comment les étoiles meurent, comment les planètes se forment ?
C’est des questions fondamentales, après il y a des questions, c’est pas vraiment des questions, mais c’est des implications qui viennent quand on développe des techniques pour apprendre à ces questions.
On peut, sur le long terme développer des technologies qui vont être intéressantes, le GPS que vous avez tous, je parle à tous des auditeurs et auditrices, vous avez sûrement un GPS dans votre poche, ce GPS utilise le cœur de galaxies qui sont à des milliards d’années-lumière pour se repérer.
Le WIFI, on l’utilise tous, c’est tout, il a été aussi développé par l’astronomie, l’astronomie ça permet aussi de faire des avancées en imagerie, aujourd’hui, il y a beaucoup de techniques d’imagerie médicale qui viennent de l’astronomie, donc c’est vraiment, il y a deux aspects, il y a l’aspect fondamental, qui est celui qui m’intéresse le plus, évidemment, c’est répondre à des questions existentielles pour l’humanité.
Et pour cela, on développe des technologies qui pourront ou pourraient être utiles dans la vie de tous les jours.
Alors, nous ne sommes pas tous des astronomes et des scientifiques, mais est-ce qu’on doit être absolument équipé d’instruments quand on est M. et madame tout le monde pour s’attarder un peu sur une planète, une étoile ou un objet céleste ?
Tu disais qu’on peut voir à l’œil nu et c’est même comme ça que l’astronomie a commencé, qu’est-ce qu’il faut regarder précisément la nuit, ça brille, ça scintille, est-ce qu’on peut s’amuser à distinguer déjà entre le scintillement des étoiles et la seule brillance, ça nous renseigne déjà beaucoup ce genre de choses ?
Oui, j’adore observe le ciel à l’œil nu, je vis à Nice, j’ai un balcon orienté sud et je vois très bien le passage du soleil, de la Lune et la nuit: des planètes.
Et j’aime bien me dire que je suis en train de refaire des expériences quantifiées par nos ancêtres, donc les grecs, quand ils regardaient le ciel, ils voyaient qu’il y avait les étoiles sans les fixes, les unes par rapport aux autres, ils appelaient ça : “la sphère des fixes”, et si on regardait bien la sphère des fixes, on voyait qu’il y avait 7 objets qui se baladaient par rapport à cette sphère des fixes, ces objets et à la Lune, ç’a donné lundi, mars, ça a donné le mardi, mercure, le mercredi, Jupiter le jeudi, Venus le vendredi, Saturne, le samedi et le soleil et le dimanche.
En grec, errant, ça se dit planète, le mot planète, ça vient d’étymologiquement, c’est cet astre errant qu’on voit dans le ciel, donc étymologiquement, la Lune et le soleil sont des planètes.
Mais après, on s’est rendu compte que ce n’était évidemment pas des planètes et que la Lune, c’était un des satellites de la planète Terre et que la planète Terre tournait autour du soleil.
Mais rien que ça, voir, si vous regardez le ciel la nuit, si vous voyez un point brillant qui n’est pas loin de là où est passé le soleil de jour, il y a de grandes chances que ce soit une planète, si vous le regardez bien, vous vous rendez compte que cet objet ne scintille pas, c’est quasiment sûr que c’est une planète parce que pourquoi les planètes ne scintillent pas, alors que les étoiles scintillent ça peut paraitre étonnant, mais c’est parce que les planètes apparaissent plus grandes dans le ciel que les étoiles, les planètes sont beaucoup plus petites que les étoiles, mais les étoiles sont énormément plus loin, donc là, si vous imaginez, par exemple, vous regardez votre petit doigt, vous mettez de près de vos yeux, vous éloignez votre petit doigt, il aura l’air plus petit, alors qu’il fait la même taille, c’est exactement la même chose avec les étoiles et les planètes et comme les étoiles sont beaucoup plus loin, elles apparaissent plus petites, et donc elles sont beaucoup plus sujets, sujettes de pardon, ce qu’on appelle la turbulence, la turbulence, c’est du à l’atmosphère, c’est quelque chose qu’on peut voir un soir d’été quand il fait chaud, par exemple, vous voyez bien que les images sont floues, c’est juste des mouvements d’air, donc ces mouvements d’air qui sont très petits, vu que les étoiles apparaissent plus petites que les planètes, les étoiles scintillent et les planètes non, et donc c’est une façon très facile d’observer les planètes, là par exemple actuellement le soir, je regarde, je vois Venus qui va se coucher un petit peu après le soleil, il y a Mars qui est arrivé un peu après, puis Jupiter et Saturne, donc tout le long de l’année, on peut observer un petit peu le ballet et les planètes, c’est magnifique et puis il y a la lune qui va se mettre entre les planètes de temps en temps, une autre chose extraordinaire, c’est quelque chose que très peu de gens savent, j’adore observer qu’il y a un fond de croissant de Lune, tout le fond du croissant et là j’invite tout le monde à le faire, regardez qu’il y a un fond de croissant de Lunei, on voit un tout petit peu la partie non éclairée de la Lune de l’autre côté, et la lumière sur cette partie non éclairée, elle est légèrement bleutée, et ce que vous voyez quand vous observez cette lumière bleutée, c’est un clair de terre sur la lune, et je trouve ça génial de me dire qu’en rien qu’avec nos yeux, on peut voir des choses extraordinaires !
Il y a d’autres choses à faire avec les yeux, c’est regarder le ciel, vous êtes dans un endroit sombre, vous vous habituez l’obscurité, et vous avez des chances de voir des étoiles filantes, ou alors, vous regardez la Grande Ourse, je pense que c’est l’une des constellations que tout le monde connaît, elle ressemble pas forcément à une ourse ou faut avoir beaucoup d’imagination.
C’était ma question, qu’est-ce qu’il y a d’immanquable pour peu qu’on y prête attention, c’est la Grande Ourse, c’est ça qui peut être une porte d’entrée pour ça.
Ouais, en plus la Grande Ourse, sa particularité est observable toute l’année, c’est ce qu’on appelle une constellation circumpolaire si vous voulez impressionner, vos amis en soirée, c’est-à-dire qu’elle est toujours au-dessus de l’horizon, à nos latitudes, et c’est quelque chose assez facile à repérer, et ce qui est rigolo avec la Grande Ourse, c’est que si vous prenez le bord, on a une casserole, donc il y a le manche et le côté opposé le bord, vous montez, faites à peu près cinq fois la distance du bord, vous arrivez sur une étoile pas très brillante, qui est assez particulière, et ça, j’adore le montrer aux gens, je pense que c’est quelque chose que tout le monde devrait connaître, c’est ce qu’on appelle l’Étoile polaire, qui se trouve juste, quasiment juste au-dessus de l’axe de rotation de la Terre, et ce qui est sympa à faire, c’est regarder la Grande Ourse par rapport à l’Étoile polaire en début de nuit, faites ce que vous allez faire, vous allez regarder un film, vous passez une soirée avec des amis, vous ressortez, vous regardez la Grande Ourse, vous verrez qu’elle aura tourné par rapport à cette Étoile polaire, et en fait ce que vous observez là, c’est la rotation de la Terre, donc c’est quelque chose assez facile à faire, et que vous trouvez extraordinaire, c’est, ce qu’on fait nos ancêtres, grâce à ces observations simples on a pu comprendre notre place dans l’univers, donc vous pouvez le refaire, et c’est toujours sympa.
Alors, n’hésitez pas à se renseigner, ce doter d’une carte du ciel, il y a des applications mobiles qui utilisent la réalité augmentée pour justement, s’y retrouver, qu’est-ce qu’il y a de mieux ?
Après ça dépend de ce qu’on veut faire, parce que évidemment, si vous voulez observer le ciel profond, vous voulez éviter d’avoir de la lumière dans les yeux, donc tu toujours utiliser des lumières rouges, évidemment le mieux, c’est de connaître le ciel, mais pour connaître, il faut l’apprendre, pour l’apprendre, moi j’ai commencé avec, pour l’anecdote, quand j’étais en post-doc à Manchester, j’étais avec un Français, on rentrait de soirée, et on prend un taxi, là il y a un chauffeur qui fait, vous êtes astronome, je veux vous montrer un truc, et c’était la première fois que je voyais ces applications, où en pointant vers le ciel, on découvrait ce que c’était, il y a presque 20 ans, et puis c’est marrant que ce soit un chauffeur de taxi qui le montre ‘à des astronautes comment maintenant que vous voulez observer le ciel, et en fait ce qui est intéressant, c’est pas tant la réalité augmentée, c’est le fait que ce téléphone utilise notre GPS, et un accéléromètre qui nous donne une information sur l’orientation de notre téléphone, donc avec le GPS, il sait où il se trouve sur le terrain, avec accéléromètre , il sait dans quelle direction on regarde, et ça permet de voir les constellations, et aussi de les comprendre, tout à l’heure, je vous ai parlé de la Grande Ourse, la Grande Ourse tout le monde s’imagine juste une casserole, mais la constellation de la Grande Ourse, ça inclut beaucoup plus étoile, qui peuvent faire ressembler à une ourse, et donc ça permet aussi de voir un petit peu les dessins des constellations, comment nos ancêtres ont dessiné ces astérismes, ces jolis dessins dans le ciel, et oui, pour moi, c’est une très bonne façon de commencer, il y a des cartes du ciel, ces cartes du ciel aussi qui sont assez sympas, mais le mieux, je pense que c’est toujours d’apprendre avec quelqu’un qui connaît donc je pense qu’à un peu partout en France, ou dans la francophonie, il y a des clubs d’astronomie qui existent, ou les gens sont toujours contents d’accueillir d’autres personnes qui veulent apprendre, et c’est toujours mieux d’avoir quelqu’un qui vous montre le ciel, et j’ai envie de dire qu’il y a une constellation qu’on a vu une fois, on n’oublie pas, donc là il y a la Grande Ourse, l’hiver, j’adore regarder Orion, il y a ces constellations vraiment marquantes qui ont des étoiles brillantes, et c’est toujours sympa, en plus ça raconte un petit peu une histoire de l’humanité de regarder ces constellations, parce que c’est elles ont été nommées comme pour raconter des histoires, des mythologies.
Je t’ai entendu parler de l’hiver, mais on se dit peut-être avec des aprioris que l’été est une saison favorable à l’observation, mais est-ce que c’est scientifique ou ce que c’est plus confortable parce qu’on est dehors plus facilement ?
J’aime bien dire que c’est plus facile de demander aux gens d’aller observer le ciel au mois de doute quand ils sont en vacances et qui fait beau, que l’hiver, où il va faire plutôt froid et en souvent en travail, mais déjà tout le fait c’est que l’été, les nuits sont plus courtes, donc si on veut faire l’astronomie, on a moins de temps, et souvent les ciels sont un peu plus clairs que l’hiver aussi, donc souvent les gens parlent des nuits des étoiles filantes sans doute, et sont assez belles, mais en novembre, il y en a de très belles aussi, mais il faut plus de motivation, faut s’habiller chaudement, prendre des boissons chauds, et l’astronomie, c’est une science qui peut être compliquée aussi parce que c’est des fois une science même juste d’observation du ciel, donc on peut préparer une soirée et se dire on va aller observer ceci cela, mais on est toujours dépendant de la météo, mais quand on arrive à voir les cieux et à observer de belles choses, c’est toujours un moment agréable.
Alors pour que ça reste agréable et pour continuer à pouvoir voir, il faut considérer un problème, c’est celui de la pollution lumineuse, alors c’est vrai que depuis que l’Homme est Homme, il a besoin de lumière, il s’éclaire, la nuit, les villes sont plus en plus éclairées, c’est l’ennemi numéro 1 de l’astronome, c’est la lumière d’origine terrestre ?
Ah oui, avec les nuages, ça, c’est mon côté astronome Breton qui parle, quand j’ai grandi en Bretagne, l’ennemi numéro 1 ça restait les nuages, parce que j’ai eu la chance de grandir dans un village où les lumières étaient éteintes, il y a quand même beaucoup de belles nuits en Bretagne, j’ai vu des cieux hallucinants, parce que justement il y a pas beaucoup de pollution lumineuse, je voyais très bien la Voie lactée depuis ma chambre quand j’étais petit, et malheureusement, dans les villes, il y a de plus en plus de lumière, à l’œil nu, dans un endroit sans pollution lumineuse, on doit être capable de voir trois mille étoiles.
Les gens qui vivent en ville, quelqu’un qui vit au centre de Paris, 10 étoiles, ça serait déjà beaucoup, donc on a vraiment perdu l’accès au ciel, parce que la pollution lumineuse, ça fait quoi, c’est comme si vous voulez observer quelque chose, par exemple, un ver luisant, et qu’il y avait une voiture qui passait, qui vous mettait les pleins phares dans les yeux, vous voyez rien, bien, cette lumière nous aveugle, nous empêche de voir la lumière des astres donc au plus lointain.
Après, il y a vous disiez on a besoin de lumière, c’est quelque chose assez ambivalent, donc toutes les études nous montrent, que les endroits où il y a, on a éteint les lumières, il y a moins d’insécurité, parce que c’est l’une des raisons principales pour lesquelles on garde les lumières, c’est pour se sentir en sécurité.
Donc, les études ont montré qu’il y a moins d’insécurité, mais il y a quand même un sentiment d’insécurité qu’on n’y a pas de lumière, et c’est quelque chose contre lequel on ne peut pas lutter, ce sentiment, il existe, et donc c’est important de faire en sorte que les gens se sentent en sécurité.
Donc, la solution, c’est d’essayer d’éclairer le plus intelligemment possible, donc éclairer vers le bas et pas vers le haut, parce que quand je vois Thomas Pesquet, qui prend des super photos de la station spatiale internationale, si on voit la lumière des villes depuis l’espace, c’est qu’on éclaire vers le haut, si on éclaire vers le haut, ce sert pas à grand chose quand même.
Et ç’a aussi, un impact, parce que là, ça pourrait sembler égoïste de dire, c’est juste pour observer le ciel, et il faut savoir que plus de 50 % des animaux vivent de nuit, et on en train d’enlever leur habitat à cause de cette pollution lumineuse, ce qui a aussi un impact sur la santé humaine, c’est prouvé scientifiquement que le fait qu’on n’est pas vraiment une bonne alternance jour/nuit, à un impact fort sur la santé humaine, donc la pollution lumineuse est mauvaise pour les astronomes, pour la biodiversité et pour la santé humaine.
Et lors d’une observation d’étoiles, c’est le bon moment pour se questionner justement sur notre rapport à l’éclairage, alors je n’ai pas commencé notre échange avec cela car j’imagine qu’il faudrait plus d’une vie, pour en parler, mais impossible de te recevoir sans évoquer les poussières d’étoiles, car “nous sommes tous des poussières d’étoiles” à quoi renvoie cette phrase exactement ?
C’est marrant, c’est cette phrase, je pense que c’est le premier lit d’astronomie que j’ai lu, donc c’était un livre qui s’appelle “Poussières d’étoiles” d’Hubert Reeves, ça m’a vraiment marqué, c’était il y a plus de 20 ans, ca a était aussi popularisé aux États-Unis par un astrophysicien que s’appelle : Carl Sagan, et j’ai eu la chance de travailler dans le laboratoire où il était, quand j’étais à Cornell, c’est là où était Carl Sagan, qui était vraiment quelqu’un qui a popularisé la science au niveau mondial, mais le fait qu’on connaisse les poussières d’étoiles, c’est une femme qui l’a montré.
Elle s’appelait : Margaret Burbidge, elle a travaillé avec son mari et deux autres collègues, ils ont fait un article assez révolutionnaire en 1957 qui nous a expliqué beaucoup de choses, donc, jusque-là, on savait que l’univers s’était formé, il y a à peu près 13,8 milliards d’années par le Big Bang et avant 1957, on pensait que pour former des atomes, c’est qu’autour de vous, autour de moi, autour de toi, autour de tout le monde, il y a plein de choses, ces objets sont faits d’atomes, nous sommes faits d’atomes.
Il y a différents atomes, par ex., le corps humain, il est fait en partie d’eau, de l’eau, c’est de l’hydrogène et de l’oxygène, la vie est basée sur le carbone, donc la question, c’est où sont formés ces atomes ?
Donc, avant les années 50, on pensait que pour former les atomes, il fallait qu’il fasse très très chaud que soit très très dense qu’on a des réactions de fusion nucléaire, et ça on pensait que ç’avait été capable seulement quand on a le Big Bang.
Donc le Big Bang aurait dû permettre de créer pas mal d’atomes, et là, on faisait des observations et on se rendait compte qu’il y avait des atomes qui avaient des dures et de vie très courtes.
Et qu’on observait dans les étoiles, on se dit que si ces atomes vivent, on va dire un million d’années, ils ne peuvent pas avoir été formés dans le Big Bang à 13,8 milliards d’années, donc des étoiles doivent pouvoir former des atomes.
Et en 1957, il y a eu ce papier révolutionnaire, cet article scientifique de Margaret Burbidge qui montré, que dans le cœur des étoiles, on pouvait former quasiment tous les éléments C-à-d que le Big Bang a formé de l’hydrogène et de l’hélium principalement, et tout le reste s’est formé dans les étoiles.
Ce qui veut dire, ça, c’est quelque chose qui pour moi a été une grosse révélation, tout ce qui y a autour de nous, en nous, a soit été formé, il y a 13,8 milliards d’années lors du Big Bang.
Ça, c’était principalement de l’hydrogène et de l’hélium, ou alors ces choses ont été formées avant la naissance du soleil, il y a qu’il y a 4,6 milliards d’années lorsque une étoile est morte.
Donc ce qu’il y a en nous, tout ce qui est autour de nous, ç’a au moins qu’il y a 4,6 milliards d’années et au plus 13,8 milliards d’années, ça vient soit du Big Bang, soit de la mort d’étoile.
Nous sommes des poussières d’étoiles et un petit peu de Big Bang aussi.
Et c’était donc ce qui compose aussi ton univers professionnel, tu scrutes, tu recherches ces poussières d’étoiles dans le ciel ou concrètement, ça se passe autrement ?
Moi, ce que j’essaye de comprendre, c’est comment les étoiles meurent et en mourant justement elles éjectent tout ce qu’elles ont créé le long de leur vie et elles forment de la poussière.
Et j’essaie de comprendre comment se forme cette poussière, comment elle s’est formée depuis le Big Bang, comment ç’a pu évoluer en 13,8 milliards d’années, parce que la composition de l’univers a changé.
Et pour ça, j’utilise des observations, donc j’utilise des observations depuis l’espace, donc notamment avec le télescope James Webb, mais beaucoup depuis le sol avec un instrument qui s’appelle au Chili qui permet d’obtenir les meilleures détails possibles avec un télescope quand on observe des objets.
Et j’aime bien dire que c’est rigolo, c’est qu’un télescope, en gros, c’est un grand œil.
Si on avait des yeux plus grands, on verrait plus de choses et un télescope plus il est grand, plus il reçoit de lumière, plus il permet d’observer des objets qui émettent peu de lumière ou qui sont très éloignés, et aussi ça permet de voir plus de détails.
On a tous fait l’expérience, on suit une voiture sur l’autoroute, on essaie de lire quelque chose qui est écrit sur la plaque.
La solution pour réussir à lire, il faudrait s’approcher, mais c’est dangereux.
La meilleure solution, c’est d’avoir de plus grands yeux.
Je pense que quelque part, je devais être prédestiné.
Ah c’est génial !
Les Bretons sont chanceux cet été, car ils peuvent se réveiller tous les matins en écoutant ta chronique sur la radio régionale France Bleu Breizh Izel, ça s’appelle : dans le ciel Breton.
C’est une chronique à retrouver tout l’été, là, tu parlais des poussières d’étoiles.
Évidemment, je mettrai dans la description aussi de cet épisode, le lien d’une conférence ou d’eux que tu as donné qui sont absolument passionnantes, car tu occupes beaucoup de ton temps à vulgariser ces sujets, et puis dis-nous, on retrouve en librairie aussi à partir de fin septembre 2023, tu travailles sur ton essai “L’Odyssée cosmique, une histoire intime des étoiles”, en quelques mots, qu’est-ce qu’il y a dans cet essai pour nous donner envie de le lire…
C’est un petit peu ce dont on a parlé dans ce podcast, l’idée, c’est de faire en sorte que les gens se reconnectent avec le ciel, qu’ils observent simplement le ciel et comprendre avec des observations simples, comment on a compris notre place dans l’espace, et après, une fois qu’on a compris notre place dans l’espace, c’est de refaire notre place dans le temps donc partir depuis le Big Bang il y a 13,8 milliards d’années et voir toutes les évolutions qu’il y a eu toute l’histoire de l’univers, et comme je pense que le cerveau humain n’est pas très bon pour apprendre, on n’est pas vraiment fait pour apprendre, j’ai un collègue qui me dit toujours qu’il n’y a pas d’école pour les mammifères, on apprend en jouant, donc l’idée, c’est d’apprendre l’histoire de l’univers avec plein de petites histoires, plutôt sympas, qui permettent d’apprendre sans s’en rendre compte, et j’espère que ça plaira vraiment, parce que c’est pour moi, c’est quelque chose important de rêver et de s’évader, j’espère qu’en lisant le livre, des gens auront appris des choses sur l’univers, ou passé un bon moment, et auront envie de passer des bons moments, partagés avec des gens à regarder le ciel, et j’aime à dire que le ciel, c’est le pu vieil et héritage commun d’humanité, donc c’est un important de bien le connaître et le partager, et le ciel est toujours plus joli quand il est partagé.
Une histoire intime des étoiles, l’odyssée cosmique, donc ça, c’est aux éditions du Seuil à partir du 22 septembre 2023, c’est aussi en précommande, et je le disais, on peut aussi te suivre sur les réseaux sociaux, tu y expliques quasi quotidiennement, tu y décryptes le Cosmos, l’astrophysique, on te trouve un peu partout sur les réseaux sociaux.
Vous savez principalement Twitter et un petit peu Instagram, j’ai quelques petites choses sur Facebook et très très peu sur Linkedin, mais c’est vraiment là où j’explique le plus de choses ça va ce qu’il y a quand même Twitter.
[Musique]
POUR ALLER PLUS LOIN
- Écouter : « Dans le ciel breton » – La série de chroniques d’Éric Lagadec au micro de France Bleu Breizh Izel
Du 3 juillet au 26 août 2023
(Lundi au vendredi – 6h40 – 8h25 – 18h50. Samedi – 7h55) - Le livre “L’Odyssée cosmique. Une histoire intime des étoiles” (Ed. du Seuil)
En précommande, date de parution 22/09/2023 - Suivre Eric Lagadec sur les réseaux sociaux : Instagram + Twitter
- Voir aussi la conférence :
« Nous sommes des poussières d’étoiles » sur la chaîne YouTube Espace Sciences
TIMECODES
00:00 Introduction
01:03 Le parcours d’Eric Lagadec pour devenir
02:58 Un astrophysicien est-il toujours derrière un télescope ?
04:18 Ça sert à quoi (pour la science) de regarder les étoiles ?
07:02 A l’œil nu, que peut-on observer dans le ciel étoilé ?
10:34 La grande Ourse
11:52 Applis, cartes, clubs d’astronomie pour apprendre
14:08 La légende de l’été
15:29 L’ennemi n°1 de l’astronome
15:53 La pollution lumineuse
17:52 “Nous sommes tous des poussières d’étoiles”
20:57 Ses recherches
23:02 Le pitch de son livre : “L’Odyssée cosmique. Une histoire intime des étoiles” (Ed. du Seuil)
24:22 Merci à Eric Lagadec !
Fin
Propos recueillis par Simon Icard.