[TRANSCRIPTION] Canicule : l’appel à ouvrir des “Oasis Solidaires” pour offrir de la fraîcheur aux personnes âgées (Les Petits Frères des Pauvres)

17/07/2023

16:19

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De la fraîcheur et du lien. L’association les Petits Frères des Pauvres encourage la société à se mobiliser pour les personnes fragiles en ouvrant des Oasis Solidaires. Des lieux climatisés non-marchands ou partager l’ombre et l’air frais de jardins privés.
L’idée inspirée des salles de fraîcheur installées dans les EHPAD se traduit par une signalétique qui signale une « Oasis Solidaire ».

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: Photo : ©JLCourtinat

Nos étés marqués par des périodes de canicule qui se multiplient avec le réchauffement climatique. Une saison particulièrement dangereuse sur le plan sanitaire.

Les personnes qui se trouvent à la rue et les personnes âgées qui résident en majorité à leur domicile sont surexposées aux risques de la chaleur et à l’isolement qui s’accroît l’été.

Pour Soluble(s), Yann Lasnier, délégué général des “Petits Frères des pauvres”, revient sur les solutions à mettre en œuvre pour agir dans cette époque de « double transition : climatique et sociale » avec le vieillissement de la population française et le réchauffement climatique en cours.

Transition (automatisée)

Article source : Canicule : l’appel à ouvrir des “Oasis Solidaires” pour offrir de la fraîcheur aux personnes âgées (Les Petits Frères des Pauvres)

Bienvenue dans un nouvel épisode de Soluble(s).

Aujourd’hui, je souhaite médiatiser un appel à la mobilisation générale pour protéger les personnes âgées, particulièrement exposées au danger de la chaleur, une situation qui s’aggrave avec le dérèglement climatique.

– Bonjour, Yann Lasnier.

– Bonjour.

Tu es le délégué général des Petits Frères des Pauvres, une association qui agit contre l’isolement et la solitude des personnes âgées.

Depuis 1946, vous vous mobilisez à travers la France pour recréer du lien et en priorité avec les plus démunis.

On va parler ensemble de la canicule et de ces risques, de cette période estivale qui affecte particulièrement nos aînés et de votre appel pour une meilleure mobilisation de la société dès cet été 2023.

Mais d’abord, on veut en savoir plus sur toi.

On peut dire que l’engagement envers les autres guide ton parcours professionnel ?

Oui, effectivement, j’ai toujours exercé mes missions professionnelles depuis plus de 30 ans dans le champ associatif. D’abord dans le champ de la jeunesse et de l’éducation populaire et puis depuis trois ans au sein des petits frères des pauvres où j’ai changé de tranche d’âge en quelque sorte. Puisque après m’être intéressé au début de la vie, je m’intéresse plutôt au dernier quart de la vie et à ses enjeux particulièrement importants qui sont devant nous. Ceux de la transition démographique qui vont nous faire connaître des mutations importantes dans notre pays avec une surreprésentation des plus de 60 ans au sens large du terme et après par tranche d’âge, c’est encore plus flagrant, au cours des 30 prochaines années.

On va parler de ce sujet, on va parler des problèmes qu’il pose pour bien comprendre avant d’exposer les solutions.

Alors, je le disais, l’été est une période critique pour les personnes âgées.

C’est la combinaison de plusieurs facteurs de risques.

Est-ce que tu peux nous expliquer pourquoi cette saison est l’une des plus difficiles pour nos ainés ?

On a toujours une vision de l’été en termes de risques, un petit peu biaisé.

On va s’intéresser, les médias vont souvent s’intéresser et voir à ce qu’ils font.

Par exemple, les faits-divers ou l’accidentologie pendant l’été.

Pardon d’être sur ces sujets-là, mais que ce soit les accidents en montagne ou les noyades sur le littoral.

On parle peu, par exemple, du risque d’isolement social.

Mais aussi, on parle très peu du nombre de SDF qui, malheureusement, décèdent l’été parce que la chaleur tue plus que le froid.

Et bien, nous sommes aussi dans ces sujets-là.

C’est-à-dire que l’isolement qui est très, très difficile à vivre pour des personnes pendant l’année est en général décuplé pendant l’été, puisque le peu de cercle relationnel qui peut exister autour d’une personne et bien tout à fait légitimement, pendant les vacances, les commerces ferment et vous pouvez avoir des situations absolument terribles.

Donc l’été dans le champ social est un moment particulier.

Et puis sur ces questions de canicule, on aura peut-être l’occasion d’y revenir, Simon, mais 2023, c’est la commémoration des 20 ans de la canicule qui a fondé un certain nombre de politiques en direction des personnes âgées dans notre pays, celle de août 2003.

On observe que les périodes de canicule de forte chaleur ont tendance à se multiplier en France.

Tu le disais, cela fait 20 ans que l’État a mis en œuvre un plan canicule.

Et chez les Petits Frères des Pauvres, vous dites qu’il faut le réévaluer.

Pourquoi et comment?

Il y a 20 ans, nous avions eu un épisode caniculaire qui avait pris un petit peu tout le monde de court.

C’était le premier épisode caniculaire d’ampleur et les morts se sont comptés par milliers.

En un temps extrêmement court, avec des situations, des alertes notamment de soignants qui, malheureusement, comptaient les morts.

Ç’a été notamment un entrepôt frigorifique du marché de gros de Rungis, qui a été dédié à accueillir les cercueils en attendant, en attendant une date pour les sépultures.

C’est une personnalité comme Patrick Pelloux, par exemple, qui est un médecin urgentiste que tout le monde connaît aujourd’hui.

Et il était en première ligne en 2003, il y a 20 ans.

Et c’était l’un des lanceurs d’alerte de cette situation.

L’État a pris rapidement un certain nombre de mesures pour tirer les enseignements de ce terrible été 2003, notamment en créant les conditions pour que les établissements, les EHPAD puissent être équipés de salles fraîches.

À ce sujet-là et pour le financer, il a créé la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, qui a été financée avec le fameux lundi de Pentecôte, c’est-à-dire la journée de travail offerte en quelque sorte par les salariés de ce pays, pour financer des actions pour accompagner le vieillissement de la population.

Et puis, au cours de ces 20 ans, les choses se sont mises en œuvre et puis on s’est habitué…

On s’est habitué à la répétition des épisodes caniculaires, sauf qu’ils commencent à atteindre depuis un ou deux ans à la fois une rythmicité dans l’année qui est de plus en plus inquiétante.

Et il y a un vrai sujet autour de la ville notamment et des dômes de chaleur en ville, en France, mais aussi dans d’autres pays.

Et de plus en plus, on est sur une question autour de l’adaptation de la ville à la chaleur.

Et donc, on voit bien que tous ces sujets-là viennent se croiser.

C’est-à-dire que nous allons avoir à gérer en même temps un certain nombre de transitions.

Et la transition démographique et la transition climatique sont deux sujets qui sont intimement liés, puisque les personnes qui sont le plus à même de souffrir de ces épisodes de chaleur, parmi les plus vulnérables, il y a les personnes âgées.

Des personnes âgées, et puis tu évoquais l’isolement.

On peut donc en conséquence aussi, alors, distinguer deux sujets.

Les personnes qui sont, hélas, à la rue, mais aussi les personnes qui sont, hélas, aussi dans des passoires thermiques, surexposées à la chaleur.

Ces deux problèmes se retrouvent dans le même sujet.

Je le disais, vous avez lancé un appel à l’ensemble de la société, c’est-à-dire que vous proposez un dispositif inédit, une mobilisation, que vous appelez les Oasis Solidaires.

Vous proposez aux entreprises, mais aussi aux citoyens d’aider, de s’engager concrètement.

Comment ça marche et de quoi s’agit-il?

Simon, les premiers enseignants de la canicule de 2003, ça a été notamment les salles fraîches et une réflexion sur, y compris les bâtiments publics qui étaient destinés à l’accueil de personnes vulnérables.

Alors, ça va décrire ce débat.

Il y a eu beaucoup d’inflexions sur l’orientation, c’est-à-dire qu’on a arrêté d’orienter des endroits plein sud, dedans pour une partie, on a rafraîchi des endroits là où on pouvait le faire.

La vraie question aujourd’hui, c’est le logement des particuliers.

Contrairement à ce que, encore, des personnes croient, la majorité des personnes âgées ne vivent pas en établissement, mais on vit bien chez elles.

On est presque 80 % des plus 70 ans qui sont dans leur domicile.

Alors, les domiciles, eh bien, ils sont aussi divers que la population française.

Et quand vous avez des personnes qui habitent un quatrième étage dans une grande ville sous des toits qui peuvent être très jolis, d’ailleurs, les toits aux angles de Paris sont très, très beaux.

Mais en dessous, ces toits, ce sont des logements qui, si jamais nous continuons comme ça avec ces chaleurs-là, sont quasi inhabitables à certaines périodes de l’année.

Le constat qu’on a fait, il est tout simple. C’est de se dire que même si on sait que la climatisation interne n’est pas une solution pérenne, puisqu’elle rejette dans l’air un certain nombre, enfin, elle rejette de la chaleur dans l’air. Mais en attendant, on a des lieux, souvent, dans des quartiers qui sont des lieux ventilés ou climatisés, souvent des entreprises, je cite par exemple le restaurant d’entreprise qui va servir à 3 heures dans la journée et qui le reste du temps pourrait être une sorte d’espace d’accueil, une oasis solidaire pour des personnes du quartier qui seraient très heureux de pouvoir prendre le frais pendant 2 heures sans avoir une pression de consommation, Parce que vous avez des galeries marchandes qui sont climatisées.

Vous avez des cinémas qui sont climatisés.

Vous pouvez pas rester dans une petite boutique s’il y a des climatiseurs pendant deux heures, parce que vous allez forcément à un moment gêner le commerce et le commerçant.

Donc, on se dit que selon la configuration des lieux, une entreprise, elle peut accueillir avec des modalités qu’elle aurait à déterminer les personnes qui en ont besoin pendant un temps donné pour que ceux-ci puissent se reposer, se reposer de la chaleur.

Il peut en être de même chez des particuliers qui, à l’ombre d’un arbre ou à l’ombre d’une table dans un jardin, peuvent peut-être aussi se dire mon jardin peut être un espace de respiration pour mes voisins en immeuble.

Et donc, on crée deux choses avec ça, c’est-à-dire qu’on va permettre de reposer les corps.

Donc, on sait que les corps souffrent énormément de la chaleur.

Et on va aussi générer du lien social.

Donc, c’est en quelque sorte un double effet, en tout cas pour nous, ces Oasis Solidaires.

Alors, recréer du lien social, c’est le cœur de votre mission.

Alors, on n’est pas dans l’utopie, on est dans le concret, l’hyper pragmatique.

Vous, vous avez même mis en place un kit d’information et d’accompagnement pour les entreprises et les particuliers qui pourraient vouloir créer ces oasis solidaires.

Elles prennent contact avec vous directement sur Internet.

Comment ça marche?

Oui, le kit est téléchargeable sur notre site.

On a cité les entreprises, on a cité les particuliers.

Il ne faut pas oublier les collectivités territoriales qu’on va voir, puis tout le champ des structures socioculturelles, les centres sociaux, etc.

Toutes les structures qui, à un moment, peuvent proposer de la fraîcheur de manière gratuite, encore une fois, aux habitants dans l’immédiate proximité.

Donc, le kit est téléchargeable sur le site Internet des Petits Frères des Pauvres.

On a assuré sa promotion auprès de l’ensemble des associations d’élus, auprès de l’ensemble des fédérations d’entreprises au sens large du terme.

Et puis, on est très, très heureux de voir que la presse reprend l’initiative, que des structures s’emparent de l’initiative, que l’échange de kits.

Et voilà, nous, l’idée, elle est de pouvoir, puisqu’on réfléchit à ces questions autour du lien social et bien sûr autour de ces transitions, comme je l’évoquais tout à l’heure, le but du jeu, c’est de pouvoir outiller nos concitoyens ainsi que la société civile, pour qu’elle puisse s’agir à son niveau, pour proposer des solutions là aussi de manière très pragmatique.

Peut-on déjà voir cette signalétique, donc c’est un logo, ce sont des affiches sur certaines portes d’entrée de bâtiments, peut-on déjà les voir?

En tout cas chez nous, on a la chance d’avoir un siège social climatisé à Paris, donc on est bien sûr devenu une oasis solidaire.

Et puis, j’ai repéré des fois assez loin dans la presse des entreprises qui ont souhaité utiliser ce kit, ainsi que des collectivités territoriales.

Il est un peu tôt là dans la saison pour pouvoir tout recenser.

Le but du jeu n’est pas de créer une obligation supplémentaire.

Nous, on a fait ça en open source en quelque sorte.

Je pense qu’il y a beaucoup de gens qui l’ont téléchargé.

On aura, je pense, d’ici la fin de l’été, une communication là-dessus pour pouvoir tirer un premier bilan.

Le premier épisode caniculaire, il est en ce moment-là, dans ce début du mois de juillet.

Donc, c’est le moment où j’en ai.

On va surveiller tout ça.

Je mettrai dans la description de cet épisode le lien vers le kit, évidemment.

Et puis, ce visuel, mais pas besoin de visuel pour se montrer solidaire.

Et disponible, vous rappelez aussi que face à l’isolement de personnes âgées, les appels téléphoniques permettent de maintenir un minimum de lien social lorsqu’on ne peut pas faire autrement pour aider ou que l’on ne peut pas, évidemment, tous créer d’Oasis Solidaires.

C’est l’occasion pour moi de rappeler une ligne téléphonique que vous avez.

Solitude écoute 0 800 47 47 88.

Ne pas hésiter à se parler tout simplement les uns les autres.

Tout à fait.

Le téléphone est un outil qu’on a redécouvert pendant les premiers confinements il y a trois ans maintenant.

J’avais presque oublié que mon smartphone permettait aussi de téléphoner.

Passer un coup de fil à une personne dont on s’est isolé ou pris des contacts réguliers, c’est quelque chose d’important.

Ça peut enchanter sa journée.

Donc, il faut surtout pas hésiter à le faire.

Et vous avez rappelé une grande plateforme téléphonique Solitude écoute.

Solitude écoute, c’est un dispositif gratuit, anonyme, qui permet à des personnes qui vivent le grand isolement social de pouvoir contacter une équipe de bénévoles qui, 365 jours par an, de 15h à 20h, sont là pour répondre aux appels et puis pour permettre à des gens de parler, tout simplement, de se confier.

Alors, ce n’est pas la panacée contre l’isolement social, mais je pense que Solitude écoute sauve des vies, puisque nous avons des fois des personnes qui sont dans des situations de détresse absolument terribles.

Justement, pour ne pas qu’on en arrive là, c’est vraiment important que la société crée les conditions pour que chaque citoyen se sente à un moment donné comptable du bien-être des autres et repérer ces situations de solitude et essayer à son niveau d’agir.

Alors, on peut bien sûr devenir bénévole aux Petits Frères des Pauvres, mais en tant que citoyen, on n’a pas forcément besoin d’aller jusqu’à un engagement bénévole.

On peut simplement, on a un autre kit qui s’appelle Chasseurs de Solitude.

Là, on donne aussi des petits outils, des petites clés à des citoyens pour leur permettre d’agir directement dans leur entourage proche, pour, en direction d’une personne qu’ils ont repérée comme isolée.

Yann Lasnier, donc écoutons-nous, parlons-nous et diffusez cet épisode et ces informations surtout autour de vous.

Merci d’être passé dans Soluble(s), le podcast qui médiatise les solutions.

Merci à vous.

Merci Simon.

Voilà, c’est la fin de cet épisode.

Si vous l’avez aimé, notez-le, partagez-le et parlez-en autour de vous.

Vous pouvez aussi nous retrouver sur notre site Internet www.csoluble.media

À bientôt!

Écoutez l’épisode complet. (Seul le prononcé fait foi)

POUR ALLER PLUS LOIN

Télécharger gratuitement le kit « OASIS SOLIDAIRES »
Pour rompre votre isolement : la ligne téléphonique “Solitud’écoute” : 0800474788 (service & appels gratuits)
Aider l’association à effectuant un don par Internet à l’association Les Petits Frères des Pauvres

Lire aussi >> Les bonnes pratiques à adopter en période de canicule sur le site du service public français.

Voici quelques repères :

L’été 2022 a été le 2ème été le plus chaud depuis 1900.
69 départements ont connu au moins une canicule.
Le bilan humain a été particulièrement élevé en 2022, tout particulièrement pour les plus âgés : l’excès de mortalité a été le plus important depuis la mise en place du Plan National Canicule en 2004 avec 2 816 décès en excès (+ 16,7 %) dans les départements concernés et la classe d’âge des plus de 75 ans la plus touchée (2 272 décès en excès ; + 20,2 %).
Deux fois plus de vagues de chaleur sont à prévoir d’ici à 2050 selon Météo France
Les personnes les plus vulnérables sont les plus âgées, leur nombre doublera à d’ici 2050 (les plus de 75 ans composaient 8,8 % la population française en 2003 – 15,6 % en 2050).

TIMECODES

00:00 Introduction
01:02 Le parcours de Yann Lasnier
02:03 Pourquoi l’été est dangereux pour les personnes vulnérables
03:58 20 ans après la canicule meurtrière de 2003
06:51 Les Oasis Solidaires pour offrir un temps de répit gratuit au frais
10:48 Un kit pour se signaler et participer à l’opération Oasis Solidaires
13:18 Le téléphone pour rompre l’isolement avec Les Petits Frères des Pauvres
15:43 Merci à Yann Lasnier !
Fin

Propos recueillis par Simon Icard.

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