Réduire les déchets à la source. Les restes de nos repas, les épluchures de fruits et légumes, des aliments périmés, un bouquet de fleurs fanées, un tiers de nos déchets ménagers sont des biodéchets et ils sont compostables.

Faire du compost, c’est les retirer du circuit classique de traitement de nos poubelles. Le compostage évite des trajets en camion, leur incinération ou mise en décharge. Mais comment s’y prendre ?

On va de plus en plus entendre parler du compostage, car à partir du 1er janvier 2024, tous les ménages français devront disposer d’une solution leur permettant de trier leurs déchets biodégradables. 

Les collectivités territoriales chargées de la mise en œuvre de cette disposition devront leur proposer des moyens de tri à la source dont fait partie le compostage de proximité !

Dans cet épisode de Soluble(s), Florian Nouvel, chargé de plaidoyer pour le Réseau Compost Citoyen, explique concrètement comment se lancer et présente le principe du compostage de proximité organisé partiellement par les habitants dans leurs quartiers ou au sein de leur résidence.
Écoutez.

Transcription (automatisée)

Bienvenue dans ce nouvel épisode de Soluble(s).

Aujourd’hui, je veux en savoir plus sur une solution pour réduire le poids de nos déchets à la source.

Bonjour, Florian Nouvel.
Bonjour

Vous êtes chargé de plaidoyer pour le Réseau Compost Citoyen.

On va voir ensemble comment le compostage des déchets s’organise en France et en quoi cela peut être important pour préserver l’environnement.

Mais d’abord, rappelez-nous en quelques mots de quoi parle-t-on quand on évoque le mot compost.

Alors, le compostage, c’est une manière de détourner ces biodéchets, c’est une partie de ces déchets dans la poubelle générale qu’on appelle en d’autres termes des ordures ménagères résiduelles qui est incinérée dans la plupart des cas aujourd’hui en France.

Et comme nos biodéchets, donc nos épluchures, nos déchets de cuisine étables, ce sont majoritairement de l’eau, eh bien on incinère de l’eau.

Avec le compostage, ce qui se passe, c’est qu’on va pouvoir trier à part, composter ces biodéchets pour qu’ils se transforment, qu’ils se décomposent progressivement jusqu’à devenir ce qu’on appelle un amendement organique en d’autres termes du terreau fertile pour faire pousser soit des plantes comestibles, soit des plantes d’ornement.

Quels sont les déchets qui peuvent être compostés?

Alors, c’est tous les déchets qui viennent de la cuisine et qui ne sont pas consommés.

Je pense à tout ce qui est des restes d’assiettes, des épluchures.

Même pour lever complètement les .., on peut tout à fait composter ces agrumes.

Et même des restes de viande, si on a du gras de jambon, des petits restes.

Avant de composter, il faut travailler pour réduire le gaspillage alimentaire.

Le meilleur déchet, c’est encore celui qu’on ne produit pas.

Et au-delà de tout ce qui vient de la cuisine, il y a bien sûr tout ce qui vient du jardin.

Donc, les déchets verts.

Alors, on va parler de cette utilité pour réduire le gaspillage alimentaire, réduire le poids des déchets.

Mais d’abord, une fois obtenu le compost, à quelle utilité pour la nature?

C’est ce qu’on appelle un amendement fertile.

C’est quelque chose qu’on va pouvoir venir remettre au sol et qui va permettre d’enrichir le sol.

Comme le sol sera riche, il sera plein de nutriments, la faune va bien s’y développer.

On pense aux vers de terre, aux petits collemboles, des tas de petits animaux du sol qu’on connaît encore assez mal dans l’imaginaire général.

Les scientifiques connaissent bien.

Et qui vont permettre aux plantes de se développer de manière très prolifique et saine en s’appuyant sur un sol riche.

Contrairement aux fertilisants qui viennent nourrir directement les plantes qui sont très en forme uniquement grâce à cet apport de fertilisants.

Et qui ne vont pas être forcément dans un sol suffisamment riche pour survivre sur le long terme.

Grâce au compost, on vient enrichir le sol, ce qui permet aux plantes d’évoluer dans un sol sain.

Composter ces déchets organiques à la source, c’est donc réduire la quantité des poubelles qui partent en camion à la décharge ou à l’incinérateur.

On le sait que l’on habite en ville ou à la campagne, on produit beaucoup de déchets.

Est-ce qu’on sait quantifier la part de déchets organiques qu’on pourrait faire un peu sortir de ce circuit?

En fait, la part des déchets organiques par rapport à l’ensemble de nos ordures ménagères résiduelles, c’est à peu près une trentaine de %. C’est des dizaines de kilos par habitant par an qui sont à l’heure actuelle incinérés dans nos poubelles.

Alors qu’ils pourraient être triés séparément, on prend parfois l’exemple de Nantes où dans les sites de compostage, on a jusqu’à 50 kilos par habitant participant qui sont détournés par an.

Des dizaines de kilos par an.

Alors les Français vont de plus en plus entendre parler du compostage car la loi évolue.

Qu’est-ce qui va changer à partir du 1er janvier 2024 pour les particuliers?

Alors ce qui va changer, c’est que l’on va se retrouver à…

enfin, les collectivités vont devoir trier leurs biodechets.

Pour tous les habitants, il faudra avoir un système de tri à la source.

C’est-à-dire concrètement une poubelle supplémentaire pour trier tout ce qui est échais de cuisine étable et ne plus mélanger les déchets verts aux poubelles.

Mais ça, souvent, c’est quand même le cas.

Et pour cela, il y a plusieurs solutions.

Il y a soit des solutions de collecte.

Là où on ne pourra pas composter, il y a la collecte pour deux types d’usages, soit le compostage industriel.

Donc c’est du compostage très souvent sur des grandes plateformes.

Mais ça peut aussi être du compostage en lien avec des agriculteurs qui ont besoin de cet amendement organique pour leur champ.

Du compostage en bout de champ, etc.

Après collecte.

Il y a aussi une solution qui s’appelle la méthanisation.

L’idée, c’est de ne plus transformer les biodéchets en amendements fertiles pour nourrir les sols et ensuite améliorer notre alimentation, mais transformer les biodéchets pour en faire de l’énergie, du méthane.

Et la dernière option, celle qui nous intéresse particulièrement au Réseau Compost Citoyen, c’est le compostage de proximité.

Éviter la collecte au maximum et faire en sorte que les biodéchets soient triés et transformés sur place en amendements organiques pour venir alimenter des jardins potagers, pour venir alimenter des parcs et jardins urbains et permettre le re-développement d’îlots de fraîcheur urbaine.

Alors concrètement, qu’est-ce que le compostage de proximité, c’est-à-dire que forcément il faut l’organiser, mais en dehors de la collecte classique des déchets, c’est au pied de l’immeuble?

Alors en effet, le compostage de proximité induit qu’il n’y ait pas de collecte en tant que tel, donc il faut que ce soit fait au plus près de la production des habitants, puisque c’est les habitants qui vont venir apporter leurs sceaux au compost, un peu comme on apporte ses poubelles au local poubelle, mais c’est pour ça, si le local poubelle est à 5 km, ça va être compliqué.

Donc là, l’objectif, c’est d’avoir des sites de proximité qui sont partiellement gérés par les habitants.

On va dire, on met ces apports.

Pour que le compost se passe bien, il faut toujours mélanger des apports humides, généralement les déchets de cuisine étables, avec des apports un peu plus si secs, généralement tout ce qui vient du jardin, du broyat de bois, des restes de taille, etc.

Et ce mélange va permettre de faire un bon compost, selon un équilibre très régulentaire.

C’est pour ça que les habitants doivent être formés, sensibilisés à ce bon équilibre.

Et ensuite, la collectivité qui va pouvoir réduire ces coûts de collecte, je ne sais pas si ce sera à hauteur d’un tiers, mais puisqu’il y aura quand même, si on arrive à le faire bien, un tiers d’év… moins, doit pouvoir être en mesure d’apporter un soutien aux habitants parce que ça reste quand même dans le spectre du service public de gestion des déchets.

Et ce qui est logique, que la collectivité vienne au soutien des habitants, même si c’est une dynamique citoyenne et participative que de faire son compost, c’est important qu’il y ait quand même un soutien sur les sites de compostage.

Pour se lancer dans le compostage de proximité, de quel équipement a-t-on besoin?

Et finalement, quel est le coût pour se lancer?

Alors, le compostage de proximité, si on parle du compostage domestique, donc qui est vraiment au fond de son jardin, on a la chance d’avoir un jardin là, et on composte soit même ses biodéchets, l’équipement peut être tout à fait rudimentaire et auto-construit avec des palettes.

Mais sinon, de plus en plus, les collectivités territoriales, donc les mairies, les communes et les métropoles, proposent des composteurs à prix réduits qui, pour certaines aussi, avec le matériel, proposent un accompagnement, un soutien, une formation initiale.

Ça peut prendre, à chaque fois, c’est au niveau du territoire et ça se décide.

Donc ça peut prendre des formes très variées entre les différentes collectivités.

Soit maintenant se lancer dans le compost, c’est un prix réduit.

On a besoin d’un site de compostage avec un bac ou un …

Le bac permet de circonscrire la zone de compostage très précisément.

Et au-delà de ça, on va avoir besoin de moyens pour brasser ce compost et le remettre au sol.

Donc une fourche, un bras compost, c’est un espèce de grand tire-bouchon qui vient s’enfoncer dans le compost et qui permet d’aérer le compost.

Le compostage se passe bien quand on est en présence de l’humidité, des déchets qui sont apportés, un peu d’eau et de nerfs, qui sont deux éléments essentiels à la vie.

C’est un service écosystémique rendu par les bactéries, les champignons, les petits insectes du sol que le procédé de compostage, c’est juste accompagné par l’homme.

Mais l’homme, ce qu’il doit faire, c’est veiller à ce que le tas de compost soit toujours bien aéré.

C’est là un petit outil pour ça, c’est important.

Ensuite, si on en vient au coût, pour le compostage partagé, ça, c’est quelque chose qui est en général porté par les collectivités, les bailleurs sociaux, dans le cas des résidences de logements sociaux, qui viennent apporter des solutions au compostage.

C’est un peu plus complexe puisque, en fait, qu’on soit dans une copropriété de 12 personnes, ou dans une résidence avec 400 logements, on ne va pas du tout avoir le même dimensionnement, pas du tout avoir les mêmes problématiques.

Donc, c’est important dans ce cas-là que ce soit vraiment quelqu’un de qualifié.

Il y a un métier qui s’appelle Maître Composteur, qui est le métier des personnes qui peuvent superviser, piloter le déploiement d’un projet de compostage, d’une politique publique de compostage à plus grande échelle sur un territoire, et dimensionner correctement les sites pour répondre aux besoins des habitants.

Et toutes les informations sur votre site Internet, avec même des conseils pratiques, je le mettrai en description de cet épisode.

Je voudrais poser deux questions sur les freins qui peuvent exister au compostage.

Notamment lorsqu’on habite en appartement, pas mal de gens peuvent se poser la question comment faire dans un petit espace pour composter ces déchets, et que le système de compostage de proximité n’est pas mis en place dans sa résidence.

Est-ce que c’est tout simplement possible de le faire seul chez soi, sans se décourager, sans craindre les odeurs par exemple?

On recommande d’avoir une petite formation, une petite sensibilisation, parce qu’en fait, quand on fait bien son compost, il n’y a pas de raison qu’il y ait des odeurs et qu’on peut maîtriser la présence de nuisibles.

Pour ces deux volets-là, aucune crainte. Il suffit..

C’est très rudimentaire pour bien faire son compost, de mélanger des matières humides et des matières sèches.

Toujours qu’il y ait ce mélange qui se fasse, les matières sèches ont un intérêt, pas tant par le côté sec qu’elles ont en entrant dans le tas, il peut y avoir plus de su et qu’elles soient mouillées, c’est que c’est des matières qui vont mettre plus de temps à se décomposer et qui vont structurer le tas.

Par cette structure, elles vont permettre la circulation micro-passage d’air et continuer cette décomposition avec de l’air qui va permettre un bon compostage.

Dès qu’il n’y a plus d’air, c’est là qu’on va avoir des odeurs persistantes et que cela va poser un problème.

Du coup, on va risquer d’avoir une insatisfaction, un découragement des personnes qui compostent puisque j’ai essayé de faire les choses bien et finalement je me retrouve avec une soupe etc.

qui ne sent pas bon.

Donc, essayez d’avoir le bon mélange, on dit 50-50 mais ce n’est pas grave si ce n’est pas scientifique, en volume de matière de la cuisine et de matière sèche du jardin.

Et ensuite, essayez de limiter au maximum les interstices, choisir du matériel qui évite l’entrée des rongeurs à l’intérieur du compost.

Du coup, des composteurs qui sont en bois, mais bien scellés, avec des lattes bien scellées et qui touchent bien le sol, voire, c’est ce que choisissent en général les collectivités pour les grands sites de compostage partagés.

Des composteurs avec des grilles anti-rangeurs en acier qui se posent sur le sol et qui évitent que les rongeurs rentrent dans le compost par-dessous.

Florian Nouvel du Réseau Compost Citoyen, donc toutes les infos en description.

Je mets aussi le lien d’une opération que vous faites à chaque printemps qui s’appelle Pousse au compost.

Vous mobilisez un peu partout en France des citoyens.

Vous réalisez des actions de sensibilisation.

En 2023, c’est jusqu’au 9 avril.

Merci d’être passé dans Soluble(s).

Merci beaucoup pour l’invitation.

Et à bientôt pour tout ce compost.

Voilà, c’est la fin de cet épisode.

Si vous l’avez aimé, notez-le, partagez-le et parlez-en autour de vous.

Vous pouvez aussi nous retrouver sur notre site internet csoluble.media. A bientôt !

Écoutez l’épisode complet. (Seul le prononcé fait foi)

POUR ALLER PLUS LOIN

• Le site Internet : reseaucompost.org
• Le site de l’opération de sensibilisation « Tous au compost » : www.tousaucompost.fr

TIMECODES

00:00 Introduction
00:40 Le compostage, c’est quoi ?
01:32 Les déchets compostables
02:17 Enrichir le sol
03:49 Éviter l’incinération des déchets bio-organiques
04:28 Au 01/01/24 le tri à la source se généralisera en France pour les biodéchets
06:38 Le compostage de proximité, comment ça marche ?
08:14 Les équipements nécessaires et le budget pour le compostage de proximité
11:28 Comment faire dans un petit espace urbain ?
14:03 Merci à Florian Nouvel !
Fin

Propos recueillis par Simon Icard.

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