[TRANSCRIPTION] Le MarSOINS, ce camion de santé qui se déplace vers les citoyens
Ce n’est pas un cétacé. Le MarSOINS est un camion de santé itinérant qui va à la rencontre des citoyens pour leur proposer des consultations de prévention santé là où il y a peu d’offre de soins. Une initiative portée par l’association “A vos soins” dans l’Ouest de la France.
Écouter plus tardUn projet collectif et solidaire que détaille Maïna Houssier, responsable des antennes MarSOINS au micro de Soluble(s), le podcast qui médiatise les solutions !
Transcription (automatisée)
Bienvenue dans ce nouvel épisode de Soluble(s).
Aujourd’hui, je souhaite médiatiser une action qui aide à lutter contre les inégalités d’accès aux soins.
Bonjour, Maïna Houssier.
Bonjour.
Merci pour l’invitation.
Vous êtes la responsable des antennes MarSOINS.
On parle ici de camions itinérants de santé et non pas de cétacés.
Décrivez-nous vos MarSOINS.
En fait, le MarSOINS, c’est un dispositif qu’on a lancé en 2017 sur Saint-Nazaire.
C’est un dispositif qui est porté par l’association AvosSoins, qui œuvre dans la réduction des inégalités d’accès aux soins.
Donc, c’est un ancien camion de la médecine du travail qu’on a réaménagé avec des habitants, des citoyens, des bénévoles, pour ensuite aller au plus près de la population et proposer des dépistages en santé et d’éducation à la santé, au plus près des habitants, d’une façon gratuite et anonyme.
On va voir tout ça ensemble en détail.
Vous allez nous expliquer donc cette raison d’être, la raison d’être de votre action avec ces camions ambulants.
Mais comment est née cette initiative?
A quelle problématique a-t-elle voulu répondre en premier?
Initialement, l’association, elle gérait un centre de soins infirmiers.
Et en parallèle, on menait des actions de prévention collective dans les quartiers, sur Saint-Nazaire.
Et très rapidement, autant par le biais des soins qui étaient prodigués au domicile par les infirmières, que par le biais de ces actions collectives, il y a une vraie volonté associative de la part des membres de l’association d’amener la prévention de façon différente, de façon innovante, et l’envie d’aller au plus près des habitants, au plus près des personnes qui sont en rupture dans le parcours de soins, parce qu’il y en a beaucoup plus qu’on ne le pense, pour de multiples raisons.
Il y a plusieurs facteurs, plusieurs éléments qui nous ont invités à pouvoir créer ce projet, et de par nécessairement les difficultés d’accès aux soins, mais de manière générale, autant vers un médecin traitant qu’un spécialiste, ou pour des raisons de couverture maladie.
Il y a nombreux freins à l’accès aux soins.
On se veut d’être une sentinelle et d’aller au plus près des personnes pour les éclairer et pour les entendre, les écouter.
C’est un projet collectif.
Vous avez donc quatre MarSOINS qui sillonnent les routes.
Comment sont constituées vos équipes?
Vous êtes toutes et tous des professionnels de santé?
Non, les coordinatrices, parce qu’aujourd’hui c’est une équipe féminine, ne sont pas nécessairement issues du champ de la santé.
Elles ont vraiment un rôle de fédératrice, d’animer le territoire, la vie associative, de mobiliser des professionnels de santé qui eux vont intervenir dans le camion, de créer du lien avec les acteurs du terrain, de chaque territoire, avec les collectivités, les autorités compétentes, et ensuite de pouvoir coordonner l’ensemble des actions qui soient pertinentes, d’effectuer aussi toute la communication avec l’équipe de bénévoles.
À chaque fois en local, il y a une salariée, une coordinatrice, et c’est grâce à toutes les forces vives sur chaque territoire que le projet existe.
Comment vous fédérez, mobilisez les professionnels de santé pour entretenir vos actions et monter vos opérations?
Les professionnels de santé, on a plusieurs biais par lesquels on peut les mobiliser.
Soit les partenaires avec lesquels on travaille, par exemple, les CPAM ou les CPTS dont on parlait tout à l’heure.
En fait, c’est des biais par lesquels ils vont communiquer à l’ensemble les professionnels de santé de l’arrivée du MarSOINS sur le territoire, du dispositif, de la démarche.
Donc, par ce biais-là, on peut mobiliser.
Par le biais de la presse, en fait, le bouche-à-oreille.
En fait, on a différents profils de professionnels.
On a autant des salariés ou des professionnels de santé libéraux qui se détachent du temps bénévolement.
On a des partenariats avec des structures, comme les centres hospitaliers, par exemple, qui détachent des professionnels pour intervenir dans le cabinet.
On a des professionnels fraîchement retraités ou moins récemment retraités.
Il y a différents professionnels.
On a toute une équipe aussi de chauffeurs bénévoles qu’on mobilise, parce qu’il faut le permis poids lourd pour conduire.
Et toute une équipe d’accueillants aussi pour vraiment…
On met un point d’honneur à l’accueil, à la convivialité.
Donc c’est essentiel aussi d’avoir l’équipe qui est présente sur le terrain ethnique.
Et MarSOINS permet donc de toucher des gens qui ne pensent pas, ou qui ne souhaitent pas, ou qui ne peuvent pas, selon les cas, vous allez me dire, poussez la porte d’un cabinet médical.
Qu’est-ce que vous constatez parmi le public qui rentre dans ce camion?
D’ailleurs, il est stationné sur la voie publique à certains moments?
Oui, en fait, on va autant sur des places de marché, au pied des immeubles, dans une petite commune, devant l’église, devant la mairie.
Ça peut être aussi devant une école, un lycée, un centre de formation.
On s’est vraiment passés par différents prismes, autant sur des lieux de passage, des lieux de consommation, d’éducation, des lieux de vie aussi, pour pouvoir toucher au plus près ces personnes.
Quelles sont les conditions pour bénéficier de ces services, des services que vous proposez?
C’est totalement gratuit?
C’est totalement gratuit, c’est vraiment dans une approche inconditionnelle.
Toutes les interventions, il y a une communication en amont, les personnes ont l’information du lieu où on s’installe, des horaires, de la thématique qu’on aborde, parce qu’à chaque fois c’est une thématique spécifique, soit un dépistage dentaire, un bilan auditif, un temps d’échange avec une sage-femme.
Il y a 16 thématiques différentes qu’on aborde sur l’ensemble des territoires.
Et en fait les personnes, elles viennent.
Elles sont accueillies par l’équipe de bénévoles accueillants qui sont présents également.
On n’en manque pas la carte vitale, on n’en manque pas de papiers.
Il n’y a aucune condition pour en bénéficier.
Donc on pousse la porte du camion.
Vous intervenez sur un territoire assez vaste, essentiellement dans l’ouest de la France.
Tout a commencé en Bretagne.
Est-ce que votre zone, est-ce que l’on appelle un désert médical?
En fait, on a commencé à Saint-Nazaire, dans une ville de taille moyenne, 66 000 habitants.
On parle souvent de désertification médicale en milieu rural, mais dans les grandes villes aussi.
Là où on s’est implanté avec le centre de santé, on est dans un quartier où il y a 8 000 habitants, il n’y avait aucun professionnel de santé de proximité.
Le projet est né sur Saint-Nazaire.
Et ensuite, on a mis en place des antennes sur d’autres territoires, suite à des sollicitations locales, des échanges avec les ARS également.
Donc, on a mis en place une première antenne sur le Finistère.
Il y a le camion du MarSOINS du Bout du Monde qui sillonne les routes de la Presqu’île d’Oléron et du Pays de Redon depuis un peu plus de deux ans.
Et ensuite, on a mis en place un troisième camion sur une autre partie de la Loire-Atlantique, Châteaubriant-Derval.
Et là, on est sur le lancement d’un quatrième sur le Pays de Redon, qui est à cheval sur deux régions et trois départements.
Comment réagissent les collectivités locales sur ces territoires?
Elles vous attendent avec impatience parce que vous répondez avec énergie à ce besoin d’accès aux soins?
Voilà, il y a beaucoup d’attente, beaucoup de questionnements aussi.
C’est pour ça que pour nous, à chaque fois, c’est essentiel de…
Voilà, on ne s’installe pas dans une commune sans avoir rencontré la collectivité.
Donc là, par exemple, sur le Pays de Redon, c’est en effet ce qu’on…
Le travail qui est mené en ce moment, on rencontre tous les élus, les maires de chaque commune.
Donc on va aller voir, les rencontrer, échanger sur les problématiques globales du territoire, mais aussi à l’échelle de leur commune.
Et voilà, on accueille aussi leurs questionnements.
Est-ce qu’ils se comprennent?
Il y a un nouveau dispositif qui arrive.
Comment vous fonctionnez?
Comment ça marche?
Donc on leur explique que nous, on est vraiment sur le champ préventif.
On ne fait pas de soins dans le camion.
On travaille avec les professionnels de santé du territoire, avec les autorités compétentes du territoire.
Et l’idée, c’est vraiment d’être complémentaires.
Donc voilà, il y a forcément des questionnements sur si lors d’un dépistage, il y a un besoin de soins, ensuite comment vous orienter les personnes dans le parcours de soins.
Donc nous, on a des partenariats qui sont tissés avec les CPAM, avec les CPTS, ce sont les Communautés Professionnelles Territoires en Santé, qui œuvrent ensemble pour répondre aux problématiques de leur territoire.
Donc voilà, il y a tout ce travail partenarial qui est essentiel et qui nous permet aussi de rassurer les collectivités, les élus, avec lesquels on engage dans un travail partenarial.
Vous évaluez votre impact, quels sont les grands chiffres qui décrivent la progression de votre action?
beaucoup de monde passe par vos camions.
Oui, en fait, quand un camion, ça y est, il est lancé, on va dire au bout de six mois, on a une charge maximale.
On accueille à peu près 1000 personnes par an.
On mène environ 100 actions de prévention par unité mobile.
Et on oriente, ça diffère de quelques points d’un territoire à l’autre, mais en moyenne, la moitié des personnes sont réorientées vers un parcours de soins ou vers un besoin d’ouverture de droit.
Voilà, en tout cas, on oriente vers un dispositif.
Un accueil donc inconditionnel, vous l’avez dit.
Votre idée peut-elle ou a-t-elle s’aimer au-delà de l’Ouest de la France?
Vous êtes contacté par d’autres collectivités locales en France.
On est contacté par des collectivités, par des professionnels, d’autres CPTS, des centres de santé.
En fait, il y a un fort engouement autour du dispositif.
Après, il y a aussi d’autres projets qui émergent sur d’autres territoires portés par d’autres structures.
Donc au contraire, l’idée, c’est de pouvoir partager et d’échanger sur l’expérience de chacun.
On a également un travail qui est engagé avec la Corse, donc la collectivité de Corse et l’ARS, qui souhaitent également mettre en place une unité mobile.
Donc là, on a Karel qui fait partie de notre équipe, elle qui les accompagne sur l’ingénierie.
Donc ce ne sera pas un MarSOINS, mais ce sera un projet vraiment porté en local.
Mais on les accompagne en fait sur la méthodologie.
Vous l’avez dit, vous êtes constituée en association.
Au niveau de votre besoin budgétaire, comment financez-vous ces dispositifs et les citoyens peuvent-ils vous aider?
Oui, les citoyens peuvent nous aider.
Alors, c’est un très gros travail, la recherche de fonds.
Donc c’est une émission qui est partagée par plusieurs membres salariés de l’équipe.
Donc voilà, on a différentes sources de financement.
Sur un MarSOINS, sur un camion, on a à peu près le même modèle.
D’un territoire à l’autre, 50 % de dette publique et 50 % de dette privée.
Donc on peut avoir des conventionnements sur trois ans avec les ARS, par exemple, Bretagne, avec les régions, les départements, les caisses d’assurance maladie.
On répond à beaucoup d’appels à projets aussi de fondations, d’entreprises.
On a des entreprises aussi qui nous font des dons, il y a du mécénat.
Et aussi des mutuelles qui nous accompagnent, soit sur un an, deux ans ou trois ans.
Mais c’est un travail qui demande beaucoup d’énergie.
Il n’y a pas un modèle, en tout cas, idéal sur ce type de projet de prévention.
Donc les citoyens peuvent aussi vous adresser des dons sur votre site Internet.
C’est d’ailleurs peut-être le meilleur moyen de savoir où passe le MarSOINS, quand on habite dans l’ouest.
Je mettrai en description l’adresse de votre site Internet.
Vous êtes également sur les réseaux sociaux.
Tout à fait.
On est sur Facebook, Instagram, Twitter.
En fait, on met un point d’honneur sur la communication et autant de proximité avec en occurrence les élus, les collectivités dans les commerces de proximité, mais aussi sur les réseaux, sur le site Internet.
L’idée, c’est que les personnes puissent avoir l’information d’une façon ou d’une autre.
Les MarSOINS par l’association A Vos Soins.
Maïna Houssier, merci d’être passée dans Soluble(s), le podcast qui médiatise les solutions.
Je vous en prie, merci.
Voilà, c’est la fin de cet épisode.
Si vous l’avez aimé, notez-le, partagez-le et parlez-en autour de vous.
Vous pouvez aussi nous retrouver sur notre site Internet.
Écoutez l’épisode complet. (Seul le prononcé fait foi)
POUR ALLER PLUS LOIN :
Le site internet de l’association avec ses calendriers et lieux d’action Saint-Nazaire, sur le territoire de Châteaubriant-Derval en Loire-Atlantique (44), dans le Finistère (29) et dans le Pays de Redon en Ille-et-Vilaine (35) : www.lemarsoins.fr
TIMECODES
00:00 Introduction
00:30 Description du MarSOINS, un ancien camion de la médecine du travail réaménagé
01:15 Comment est née cette idée ?
02:37 Un projet collectif qui mobilise des professionnels de santé et des bénévoles engagés
05:15 Places de mairie, de marché, aux pieds d’un immeuble, chaque camion se déplace au plus près des habitants
06:15 Un accueil inconditionnel autour de 16 thématiques de prévention
06:50 Les territoires de l’Ouest où interviennent les MarSOINS: des déserts médicaux ?
09:43 L’impact positif de cette démarche (1000 personnes accueillies chaque année par camion).
11:24 Comment aider les MarSOINS?
13: 23 Merci à Maïna Houssier !
13:51 Fin
Propos recueillis par Simon Icard.
Écouter aussi
Ludovic Franceschet, éboueur et star de la sensibilisation sur TikTok