[TRANSCRIPTION] Précarité : un chèque alimentation durable de 50 euros testé en Seine-Saint-Denis
Pouvoir se payer des produits sains. Le conseil départemental de Seine-Saint-Denis et l’ONG Action contre la faim testent le chèque alimentation durable, une aide financière de 50 euros par mois contre la précarité alimentaire.
Écouter plus tardUne cagnotte bonifiée pour l’achat de produits sains et durables. Soutenu par l’État, ce dispositif va profiter à 1350 habitants de quarte villes du département alors que la précarité et l’inflation ont progressé depuis la crise du Covid.
Le chèque alimentaire se traduit par la distribution de 50 euros par mois par bénéficiaire pour ses dépenses alimentaires. Ce montant a été déterminé après une précédente expérimentation solidaire et en tenant compte des relevés des prix des fruits et légumes à l’été 2022.
Une somme qui correspond à “ l’enveloppe approximative et moyenne couvrant les besoins en fruits et légumes pour une personne sur un mois” avait calculé Action contre la faim.
Cette aide alimentaire sous forme de transfert monétaire se double d’un accompagnement en santé et nutrition car “la précarité alimentaire n’est pas soluble dans un chèque” indique Hélène Quéau, directrice des opérations en France d’Action Contre la Faim.
Pour Soluble(s), elle détaille ce dispositif qui s’adresse à un public cible dans les villes de Montreuil, Clichy-sous-Bois, Sevran et Villetaneuse.
Cette opération solidaire vise à soutenir en priorité des femmes enceintes, allaitantes ou avec enfants en bas âge, des personnes de plus de 60 ans, des étudiants et des ménages en situation de précarité.
Transcription (automatisée)
Article source : Précarité : un chèque alimentation durable de 50 euros testé en Seine-Saint-Denis
Bienvenue dans ce nouvel épisode de Soluble(s).
Aujourd’hui, direction la Seine-Saint-Denis, près de Paris, où l’on teste une solution pour faire face à la précarité alimentaire, tout en favorisant l’accès à une nourriture saine et durable.
Bonjour, Hélène Quéau.
Tu es la directrice des opérations en France pour l’ONG Action Contre la Faim.
On va voir ensemble ce qu’est le chèque alimentation durable dont tu coordonnes avec Action Contre la Faim l’expérimentation dans ce département de Seine-Saint-Denis avec une subvention de l’État.
Tu nous diras en quoi cela consiste et qui peut bénéficier de ce soutien pour son porte-monnaie.
On va aussi parler de la cherté de l’accès à une alimentation de qualité et à l’alimentation tout court.
Mais d’abord, on aime démarrer les épisodes de ce podcast en apprenant un bout de l’histoire de l’invité.
Hélène, on peut dire que ton engagement au service des autres structure ton parcours professionnel, mais tu n’as pas toujours travaillé en France.
Raconte-nous un petit peu.
Après, je pense que les sources de l’engagement viennent quand même de la France et de mon parcours et probablement mon parcours familial aussi.
Donc, il y a des ressorts d’engagement chez moi qui sont aussi liés à la situation en France.
Et au final, dans mes allers-retours entre l’extérieur du pays, entre là-bas et ici, j’ai toujours eu ce questionnement aussi sur la situation en France.
Et du coup, je me faisais du bénévolat aussi quand je pouvais le faire en repassant par la France.
J’en y reviendrai peut-être, mais du coup, le cheminement que j’ai eu et le cheminement qu’a eu la structure Action Contre la Faim se sont croisés, sur, on agit là-bas et pourquoi pas ici.
Est-ce que ce qu’on a acquis comme expérience et expertise à l’internationale, moi en termes personnels, mais la structure aussi, est-ce que ça peut être utile dans le champ français?
Et voilà, c’est ce qu’on essaye de faire.
C’est ce que j’essaye de faire aussi depuis 2019 avec Action Contre la Faim.
Alors Soluble(s), c’est un podcast de solutions, mais pas de solutions sans problème.
On pourrait dire ça comme ça…
On va parler un petit peu du problème qui préexiste.
Alors, on l’appelle la précarité alimentaire.
Alors tout le monde a un peu des notions sur ce sujet.
Évidemment, il est question de pauvreté, d’accès à l’alimentation.
Mais concrètement, pour la France, quelle est la situation?
De quoi parle-t-on exactement?
C’est l’un des premiers enjeux d’une certaine manière, parce que cette problématique, elle est devenue plus visible, notamment depuis la période des confinements et du Covid.
On a vu pas mal d’images sur les files de l’aide alimentaire, etc.
Mais c’est une problématique qui est préexistante très largement.
Et du coup, c’est vrai qu’on a une vraie difficulté à documenter précisément ces situations-là, ce qui du coup amène parfois aussi des préjugés ou des fausses idées sur cette question-là, qui ne consommerait pas forcément tant que ça de monde en France, qui ne concernerait qu’une partie de la population, ou que les personnes en très grande précarité, ou que les personnes qui vont à l’aide alimentaire.
Or, c’est une problématique qui est plus globale en fait.
Et du coup, elle est effectivement rattachée à plusieurs éléments.
Il y a une donnée qui est assez claire, qui est le niveau de précarité et de pauvreté, le taux de pauvreté qui d’ailleurs est en augmentation en France.
Les derniers chiffres de l’Insee, ils parlaient de 14,4% de la population française en situation de pauvreté.
Donc, c’est quand même un nombre important de la population française.
Et après, il y a différents éléments en fait qu’il faut prendre en considération parce que un des facteurs majeurs, c’est certes cette question économique, mais derrière, il y a aussi quelle offre alimentaire est disponible pour qui en fait?
Quelle offre alimentaire est disponible dans des quartiers prioritaires de la ville?
Ou quelle offre alimentaire est disponible dans des zones rurales qui sont des déserts médicaux, mais qui peuvent être aussi des déserts alimentaires?
Il y a aussi des éléments sur quel type d’offre est disponible.
Au-delà de, est-ce qu’il y a des lieux d’achat?
Quel type d’offre est disponible?
Il y a des éléments sur quel type de logement les personnes ont.
Donc, on a un panel de personnes qui sont concernées par cette question, qui va bien au-delà du peut-être classique profil type qui serait les personnes qui vivent à la rue.
Certes, elles sont concernées.
Et certes, elles sont beaucoup trop nombreuses dans notre pays.
Mais ce qu’on voit sur les dispositifs d’aide alimentaire et dans les enquêtes que nous, on a essayé de donner, c’est qu’en gros, les personnes qui sont concernées par ces situations de précarité alimentaire, ça peut aussi être des personnes qui sont logées, qui disposent d’aide sociale ou d’une partie d’aide sociale, mais qui n’ont pas assez pour avoir suffisamment à manger dans l’année.
Juste un dernier chiffre, et après, j’arrête sur cette partie-là du problème.
Je disais qu’il y a peu de données, il y en a quand même de plus en plus.
Il y a une donnée intéressante et une enquête intéressante qui a été menée notamment par le Crédoc il y a quelque temps, qui est sortie en décembre dernier et qui parle de 16% des personnes qui n’ont pas assez à manger en quantité, 16% des ménages en France.
Et ça monte en termes de personnes qui ont la capacité de manger ce qu’ils veulent, en fait, donc un peu plus diversifiées et qui correspondraient à leurs attentes, à leurs besoins.
Ça monte à près de 40%.
Quand le prix de l’alimentation oblige à arbitrer dans ses dépenses, on a en tête aussi la hausse des prix de l’alimentation.
L’inflation alimentaire a augmenté de près de 12% en 2023, selon une étude de l’Association Famille Rurale parue le 23 janvier.
Cette association a fait un calcul.
Beaucoup de gens ont des paniers différents, mais ça donne comme un ordre d’idée.
Une famille en France de deux adultes et deux enfants doit débourser environ 539 euros par mois pour s’alimenter sainement, c’est-à-dire en suivant les recommandations sanitaires, les fameux cinq fruits et légumes par jour.
Donc on comprend qu’il est aussi question d’argent, mais d’offres et d’accès à des solutions, des propositions.
J’en viens donc à cette expérimentation.
Elle va bénéficier à 1350 habitants dans quatre villes du département de Seine-Saint-Denis, juste à côté de Paris.
C’est un transfert mensuel d’argent.
Quelle est la philosophie de la démarche de ce chèque?
C’est de l’argent plutôt que de la distribution de produits?
Il y a effectivement cette première logique-là et qu’on a aussi testé dans le cadre d’un autre projet qu’on a pu mener à Montreuil auparavant.
Les aides sous forme financière, elles ne sont pas révolutionnaires en France.
Mais c’est vrai qu’elles ne sont pas forcément systématiquement mises en œuvre sous cet angle-là d’apporter plus les moyens d’accéder plutôt que directement les aliments.
Le système d’aide alimentaire qui…
Et plutôt, même s’il a assez largement évolué.
On a par exemple des épiceries sociales dans lesquelles il y a plus de capacité de choix et de contribuer financièrement.
Mais le système d’aide alimentaire jusqu’à maintenant, il est notamment pensé avec des logiques de colis et du coup de colis préparés avec des aliments préchoisis d’une certaine manière.
Même s’il y a des efforts côté association d’aide alimentaire où le propos, ce n’est pas forcément d’aller contre ce système-là, mais plutôt de voir des options complémentaires ou des options alternatives qui peuvent offrir des solutions aux personnes.
Donc passer par ces aides financières, c’est ce qu’on fait aussi à l’international depuis très longtemps.
On est bien loin du sac de riz de Bernard Kouchner qui est arrivé avec son sac de riz.
Il y a cette première logique-là de dire, jouons sur l’accessibilité quand on a une offre qui est disponible et de laisser le choix et du coup une certaine autonomie aux personnes qui a aussi un ressort de dignité derrière.
Donc il y a cette première logique-là.
Et la deuxième logique dans cette expérimentation-là, c’était aussi de voir comment on peut penser une aide financière qui permette d’accompagner les personnes aussi vers un type d’offres alimentaires auxquelles elles n’ont pas forcément accès pour plein de raisons, entre autres financières.
Donc des productions peut-être plus durables ou d’un système de production plus durable.
On sait qu’il y a des enjeux de prix, mais il n’y a pas que des enjeux de prix.
Il y a des enjeux de, est-ce qu’elles auront accès physiquement autour d’elles, est-ce qu’elles y auront accès en termes d’oser entrer dans certains types de magasins.
Parce que du coup, si on fait des comparatifs de prix, on n’est pas forcément sur des écarts de prix toujours si conséquents entre par exemple des grandes émissions de surface ou des supermarchés coopératifs qui font des efforts en termes de prix pour leurs coopérateurs.
Donc du coup, il y avait vraiment cette logique-là.
Et la dernière chose peut-être à ajouter, c’est que ce n’est pas qu’un transfert financier.
Et l’idée est bien de se dire, qu’est-ce qu’on met autour d’une aide financière.
On avait fait une tribune il y a quelque temps avec d’autres associations qui s’appelaient la précarité alimentaire et pas solide dans un chèque.
Parce qu’on ne se dit pas que le chèque va tout résoudre d’un coup, magiquement.
Et c’est aussi un peu pour contrer ça qu’on, avec le conseil départemental de Seine-Saint-Denis, parce qu’on est vraiment en partenariat et on l’a co-construit avec eux, qu’on a décidé de faire cette expérimentation dans cette logique d’expérimentation.
De dire, on n’a pas la solution magique, mais on pense qu’il faut tester des choses avec les publics, avec les territoires, pour essayer de voir ce qui marche, ce qui ne marche pas.
Quel levier peut être activé et quel écosystème peut être positif pour tout le monde.
On va progresser dans les détails de cette expérimentation.
C’est une aide financière de 50 euros qui est versée chaque mois pendant 6 mois aux bénéficiaires.
Ça fait un chèque de 300 euros.
On dit chèque, mais les auditeurs qui nous suivent ont peut-être en tête les chèques restaurants, les tickets déjeuners.
C’est un peu le même principe.
Ce n’est pas une somme versée sur un compte bancaire, mais comment ça marche concrètement et qui peut en bénéficier?
Une des solutions qu’on va tester, c’est une solution très probablement qu’on va tester d’ailleurs, parce qu’il y a encore aussi l’idée de mettre en concurrence différentes solutions.
Une des solutions qu’on voudrait tester par exemple, c’est baser sur la carte ticket restaurant que vous pouvez avoir, vous ou moi, tous les personnes qui sont employées.
Et dans cette logique-là, de pouvoir configurer cette carte pour que vous puissiez avoir une bonification quand vous l’utilisez dans des lieux identifiés comme offrant des produits d’une production durable.
C’est vraiment cette logique-là d’être incitatif, parce qu’il faut aussi être réaliste sur l’offre disponible pour les personnes qui recevraient.
Donc c’est pas interdire d’aller acheter à l’endroit où vous avez l’habitude d’acheter, mais plutôt faciliter et inciter via la bonification financière.
Donc vous allez acheter 10 euros dans un lieu qui a été identifié dans lequel la carte peut obtenir une bonification.
Vous avez 5 euros qui sont re-crédités sur la carte, donc 5 euros additionnels que vous pouvez consommer.
Donc c’est vraiment plutôt tester ces logiques-là d’incitation et de bonification.
Après, on part potentiellement sur cette solution de carte.
On n’écarte pas le fait, sur un des territoires d’expérimentation, parce qu’il y en a 4, de s’appuyer sur un circuit plus fermé, une monnaie locale qui serait préexistante, de réfléchir à des solutions peut-être moins technologiques.
Mais l’idée, c’est vraiment de tester plusieurs options et de se dire qu’est-ce qui fonctionne, qu’est-ce qui ne fonctionne pas, qu’est-ce qui peut être des leviers intéressants.
Aussi pour nourrir les réflexions plus globales de politique publique autour de ces idées-là d’accès à l’alimentation.
D’une certaine manière, chèque ou pas chèque, mais en tout cas, quel levier on peut activer pour pouvoir faire ça.
Ça veut dire aussi voir quel type d’initiative sur les territoires, on peut appuyer et vers lesquelles on peut diriger les personnes pour qu’elles puissent entrer dans une logique de cours de cuisine, d’ateliers, de santé nutrition, de découverte de ce que c’est l’alimentation durable en allant visiter le maraîcher du coin ou le maraîcher qui est au final pas si loin que ça de chez elles.
Et donc vraiment cette logique-là plutôt de différentes actions, dont l’action financière, pour faciliter ces transitions-là.
Et juste pour rappel, l’alimentation, c’est 24% des émissions de CO2.
Donc c’est aussi se dire qu’il y compris même les personnes, il ne fait qu’à revoir elles en premier, en fait, sont volontaires pour réfléchir à ces transitions-là.
Elles sont acteurs de ces solutions de la transition écologique.
Et il y a vraiment aussi cet aspect-là qui nous semble important.
Alors, ça se déroule dans quatre villes précisément à Montreuil, Clichy-sous-Bois, Sevran et Villetaneuse.
Je suis sur la question de qui peut en bénéficier.
Alors, l’idée, c’est de s’appuyer vraiment sur les acteurs des différents territoires.
On a pré-identifié des publics cibles avec lesquels il nous semble important de travailler, aussi dans cette logique d’implication des personnes, y compris des personnes en situation de précarité, où l’équation est insoluble entre précarité et résoudre l’accès à la transition écologique.
Donc, l’idée, c’est de travailler avec les acteurs du territoire, les collectivités comme les associations, pour identifier des publics qui, à la fois, sont en situation de précarité, qui correspondent au profil.
Donc, plutôt, on a pensé au profil étudiant, à des familles qui vivent en quartier prioritaire de la ville, à des femmes enceintes et allaitantes avec des enfants en bas âge, et à des personnes âgées.
Donc, différents types de profils qui, du coup, vont avoir, à la fois, des enjeux de besoins un peu différents et des enjeux de capacité à tente, et au final, levier vers l’offre qui vont être différents.
Une personne âgée peut avoir des contraintes plus spécifiques, aussi des difficultés de mobilité, par exemple, qu’il faut prendre en considération.
Voilà, les femmes enceintes et allaitantes.
Est-ce qu’il y a aussi des enjeux pour pouvoir découvrir son paysage alimentaire, d’avoir tout simplement accès à une carte de riz, et un temps d’appui sur d’autres, de connexion avec d’autres services sociaux.
Donc l’idée, c’est vraiment de voir avec différents types de profils, et de sélectionner aussi des personnes qui sont intéressées pour rentrer dans cette logique d’expérimentation.
Certes, elles bénéficient d’une aide, mais l’idée, c’est aussi de les associer à la réflexion, et donc de faire des temps de groupes d’usagers pour avoir des retours de leur part sur la solution, et au-delà des solutions qu’on testerait, sur c’est quoi mes contraintes en fait?
Qu’est-ce que je ressens quand j’arrive dans le rayon d’un nouveau magasin?
Et qu’est-ce qui me semble intéressant quand j’ai accès à de nouveaux types de produits?
Par exemple, le goût et la qualité est ressorti beaucoup dans les premiers tests qu’on a fait là sur les bannanes, là en fait, elles n’étaient pas forcément beaucoup plus chères et par contre, j’ai bien senti la différence.
On l’entend à t’écouter, l’objectif de ce chèque alimentaire est aussi d’aller vers une alimentation plus saine et plus durable.
Tu employais le mot de transition écologique, alors bien manger au sens durable et sain, on a compris, c’est coûteux, mais c’est aussi une question de compréhension des circuits de distribution alimentaire, peut-être aussi cette démarche, mais aussi en lumière des circuits, comme on dit, alternatifs à la grande distribution, qui sont parfois méconnus.
Alors, il y a des épiceries solidaires, mais il y a aussi des cuisines partagées, c’est quoi au juste?
Les cuisines partagées, ça peut être…
Nous, on travaille avec des acteurs qui le font notamment à Paris, un peu moins en Seine-Saint-Denis, mais on va les découvrir dans ce cadre-là.
C’est plus des lieux où on peut cuisiner ensemble, où on peut apprendre à cuisiner des aliments qu’on ne connaît pas, ou alors où tout simplement, on a accès à des ustensiles de cuisine auxquels on n’a pas accès.
Ce qui est assez frappant aussi dans les enjeux de précarité alimentaire et qu’on n’imagine peut-être pas pour nos auditeurs, c’est de se dire que beaucoup de personnes qu’on considère en insécurité alimentaire, en précarité alimentaire, ils ont un enjeu d’équipement en fait.
Un enjeu de savoir, qu’est-ce que j’ai à la maison qui me permet de cuisiner.
Donc il peut y avoir du coup pas grand chose en termes de capacité de cuisine.
Est-ce que j’ai accès à des plaques de cuisson?
Est-ce que j’ai juste un micro-ondes?
Et du coup ça fait varier très fortement ce que je peux cuisiner.
Dans les publics qu’on va essayer d’intégrer, il peut y avoir des publics qui sont aussi hébergés dans des hôtels, ce qui est une modalité d’hébergement assez répandue en Île-de-France.
Dans un hôtel, forcément, si j’ai un micro-ondes partagé avec tout le reste de l’hôtel, des personnes qui sont hébergées à l’hôtel et une petite plaque de cuisson ou une bouilloire dans ma chambre, forcément mes options sont limitées.
Donc l’idée c’est aussi de dire si on n’apporte que l’aide financière sans réfléchir à tous ces éléments-là, seulement une aide financière autour de l’alimentaire, ce sera potentiellement pas suffisant.
Donc c’est aussi mettre en évidence tous ces leviers-là et réfléchir avec les personnels membres pour visibiliser aussi ces enjeux-là.
Il y a aussi probablement des magasins de bio ou même des circuits directs avec les producteurs comme les AMAP.
Exactement, l’idée c’est d’avancer aussi en marchant, d’ouvrir au maximum de lieux de ce type-là.
Il peut y avoir des chaînes qu’on connaît, qui proposent des produits bio et des produits durables.
Ce que je vous disais tout à l’heure, il peut y avoir des supermarchés coopératifs qui sont montés sur les territoires.
Alors en l’occurrence, le premier territoire Montreuil, c’est un territoire qui a quand même une offre de ce type-là qui s’est développé.
On verra ce qu’on est capable de faire sur les autres territoires.
L’idée, c’est aussi de tester si la solution peut s’ouvrir, par exemple sur les marchés de plein vent, aussi qui sont des lieux d’achat quand même assez majoritaires pour une partie des personnes, en complément aux grandes et moyennes surfaces.
Et après, l’idée, c’est de voir aussi si on peut rentrer à une bonification qui s’appliquerait au niveau des produits, ce qui du coup permettrait peut-être d’élargir le champ des lieux d’achat, mais en gardant un filtre sur le type de produit.
Donc voilà, l’idée, c’est d’avancer aussi en marchant et par rapport à des solutions techniques et par rapport à ce qui fonctionne ou pas, avec les retours des personnes en fait.
Et vraiment, cette logique d’imposer aux personnes d’aller vers telle ou telle alimentation, voire même d’utiliser leur aide de telle ou telle manière, ça ne nous sent vraiment pas à la solution.
Et du coup, on pense qu’il faut plutôt ouvrir le champ des possibles et accompagner ces transitions-là.
On a beaucoup parlé du mot expérimentation, d’avancer en marchant, tu disais.
Cette expérimentation va s’étaler sur deux ans au moins.
C’est aussi l’occasion, peut-être de tester grandeur nature, cette idée qui était proposée par la Convention citoyenne sur le climat en 2020, reprise par Emmanuel Macron lors de sa seconde campagne pour l’élection présidentielle.
Alors au-delà du débat sur le choix ou non politique d’aller nationalement vers un chèque alimentation, on entend souvent l’argument de la complexité de mise en œuvre d’un tel système.
C’est ça que vous défrichez avec l’Action Contre la Faim en Seine-Saint-Denis?
C’est vraiment co-construit avec le conseil départemental de Seine-Saint-Denis, qui, dans son programme alimentaire territorial, avait vraiment, et je pense que c’est complètement adapté au territoire, aussi un fort volet sur la justice sociale et sur ces réflexions-là.
Et c’est en ligne aussi avec un autre projet, dont je vous parlais, qu’on a mis en œuvre à Montreuil, où l’aide n’était pas forcément limitée à des dépenses alimentaires, et dans lesquelles on a obtenu aussi des plutôt bons résultats.
Mais voilà, l’idée c’est, comme vous le disiez, de défricher tout ça, de voir ce qui serait potentiellement intéressant en portant à l’échelle, mais à nouveau, en ne se disant pas qu’il suffit de mettre une aide financière dans la boucle, mais de voir un peu comment c’est adapté avec différents leviers, et notamment avec des publics en situation de précarité.
Donc c’est vraiment de défricher ça, nourrir les réflexions très territoriales, puisque on kiffe par exemple le conseil départemental de Seine-Saint-Denis à des aides financières.
Donc ça peut aussi les inspirer sur les aides financières existantes ou des aides que eux pourraient déployer.
Et après, on est en lien avec pas mal d’autres expérimentations, comme les caisses communes, par exemple, vous avez peut-être entendu parler à Montpellier, ou d’autres expérimentations sur le territoire.
Il y a quand même pas mal de choses qui germent là autour de l’accès à l’alimentation.
Donc se connecter tous ensemble et tester différentes manières de faire, pour derrière effectivement aller demander des politiques publiques, et nourrir des politiques publiques qui soient des réelles solutions.
Sur cette question-là.
Parce qu’il va falloir nécessairement investir et investir de la bonne manière.
Parce que les chiffres que je vous citais au début du podcast, sont quand même des chiffres qui sont inquiétants et qui sont en augmentation.
Et malheureusement, on a une crise inflationniste là.
Mais il faut aussi se préparer à quelques chocs.
Et autant qu’on ait des filets de sécurité pour tout le monde.
Et qui en plus, si je mets ça en parallèle avec la colère des agriculteurs, qu’on réfléchisse à des solutions qui soient à la fois des solutions pour donner un accès à tout le monde.
Et un prix qui soit suffisamment rémunérateur pour les agriculteurs.
Et donc une évolution de notre système de production aussi.
Donc cette équation-là, je pense qu’on a plusieurs à juste dire à notre petit niveau.
Essayons des choses et voyons ce qui est intéressant sur un territoire.
Ou ce qui est intéressant en portant plus ça à l’échelle.
Aussi pour demander des réelles solutions.
Question absolument centrale.
Je dis pour les auditeurs de Solubles qui écoutent ce podcast aujourd’hui, on peut remonter un peu dans le fil des épisodes.
Et entendre un épisode de Soluble(s) sur la Sécurité sociale de l’alimentation, c’est donc dans cette tendance-là, dans ce mouvement-là, que ce que tu expliques se situe
Hélène Quéau, donc directrice des opérations pour l’ONG en France, Action Contre la Faim.
Je mets toutes les coordonnées de l’association en description de l’épisode et notamment votre site internet sur lequel il est possible d’adresser des dons financés pour soutenir vos actions au-delà de ceux dont on vient de parler.
Mais effectivement, on a ce projet-là et d’autres projets.
Et notre propos, c’est de dire le droit à l’alimentation et l’accès à l’alimentation, ça doit être une priorité parce que c’est essentiel et que la France s’est engagée aussi à garantir ce droit pour tout le monde sur son territoire.
Donc, allons-y.
Essayons de plusieurs manières et mettons-nous à plusieurs pour réfléchir là-dessus.
Et puis mobilisons les politiques parce que c’est une question qui concerne beaucoup plus de monde qu’uniquement les quelques personnes qui seraient dans de grandes difficultés.
Je pense que ça parle à une bonne partie de vos auditeurs de pouvoir bien manger suffisamment et se pouvoir.
Hélène, merci d’être passée dans Soluble(s).
Voilà, c’est la fin de cet épisode.
Si vous l’avez aimé, notez-le, partagez-le et parlez-en autour de vous.
Vous pouvez aussi nous retrouver sur notre site internet csoluble.media
À bientôt !
POUR ALLER PLUS LOIN
- Visiter : le site d’Action contre la faim
- La page dédiée aux dons financiers, citée en fin d’émission
TIMECODES
00:00 Introduction
01:13 Le parcours engagé et international d’Hélène Quéau
02:46 Précarité alimentaire : la situation en France
07:04 Un chèque alimentaire, pourquoi ?
10:38 Comment ça marche ?
13:31 Qui peut en bénéficier ?
16:17 L’accompagnement
20:27 Un test local qui pourrait nourrir des réflexions nationales
24:30 Merci à Hélène Quéau !
Fin
Propos recueillis par Simon Icard.
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Ecouter aussi
Une “Sécu” de l’alimentation, ça ressemblerait à quoi au juste ?
Les AGORAé, des épiceries sociales et solidaires pour étudiants
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Simon
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