Dans un épisode de Soluble(s), Sylvaine Dhion, porte-parole de l’association Les Shifters, nous éclaire sur la mobilisation citoyenne face à l’urgence climatique et les enjeux de la décarbonation. Découvrez ci-dessous un résumé en 10 questions-réponses pour comprendre le rôle crucial de l’énergie, l’empreinte carbone en France, et les actions concrètes de ce collectif de 30 000 bénévoles pour accélérer la transition.
Écouter plus tard>> Lire l’article source : 30 000 citoyens “Shifters” pour décarboner la France face à l’urgence climatique
1. Pourquoi l’énergie est-elle le sujet central des travaux des Shifters ?
L’énergie est au cœur du dérèglement climatique car les gaz à effet de serre sont émis par les activités humaines, causant une augmentation de la température globale. Une hausse de quelques degrés peut avoir des conséquences désastreuses, comme les « deux milliards de pertes dans le domaine agricole » causées par la sécheresse de 2022. De surcroît, notre société est très dépendante des énergies fossiles importées, ce qui pose un problème d’indépendance énergétique. Un blocage du détroit d’Ormuz, par où transitent 30% du commerce mondial de pétrole, paralyserait notre économie.
2. Quel est l’objectif de réduction des émissions de CO2 pour la France ?
Il est impératif de réduire nos émissions de CO2 d’au moins 5% par an. Bien que la France ait enregistré une baisse de 6,8% de ses émissions de gaz à effet de serre entre 2022 et 2023, ce chiffre n’était que de 1,8% l’année suivante, un rythme insuffisant pour atteindre la cible des 5%. L’empreinte carbone moyenne d’un Français s’élève à dix tonnes équivalent CO2 par an, avec un objectif de descendre à deux tonnes d’ici 2050 pour contribuer à contenir le réchauffement climatique à +2°C en 2100.
3. Quels sont les principaux postes d’émissions de gaz à effet de serre au niveau individuel ?
À l’échelle individuelle, trois domaines se distinguent : la consommation de viande de ruminants – « les ruminants, par définition, ils ruminent. Et donc il rote et rote du méthane », un gaz à effet de serre très puissant – l’utilisation de la voiture thermique pour les trajets quotidiens , et l’avion. Ces activités sont des sources majeures de CO2 sur lesquelles il est essentiel d’agir.
4. Comment Les Shifters agissent-ils pour transformer la société face à ces défis ?
Les Shifters visent à transformer la société pour faciliter la transition. Sylvaine Dhion explique que, bien que l’action individuelle soit importante, sa portée reste limitée face à l’ampleur du défi. L’association propose des « portes de sortie » pour accompagner les Français, qui sont « très majoritairement pour la transition. Donc à 80 90 %, les gens, ils ont envie d’agir puisqu’ils ont bien compris le problème » , par la mise en place de mécanismes sociétaux, tels que le développement de transports en commun décarbonés ou des aides à l’acquisition de véhicules électriques.
5. Quelle est la composition des Shifters et comment abordent-ils le terrain ?
Les Shifters se distinguent par leur composition pluridisciplinaire. « On n’est pas tous des ingénieurs, on est de plus en plus divers et variés et on est très contents de ça parce que ça nous évite d’avoir des biais et on a des solutions qui sont de plus en plus robustes grâce à ça. Donc, on n’a pas que des ingénieurs, on a des médecins qui sont concernés par le dérèglement climatique, on a des agriculteurs, beaucoup, on a des sociologues, on a des ouvriers et on cherche à être le plus représentatif possible de la société française », précise Sylvaine Dhion. Le collectif compte environ 30 000 sympathisants répartis dans une trentaine de groupes locaux en France métropolitaine, 3 dans les territoires ultramarins et 12 groupes internationaux.
6. Pouvez-vous donner un exemple concret de solution proposée par Les Shifters ?
Les Shifters élaborent des solutions concrètes pour une économie décarbonée, à travers leurs cercles thématiques spécialisés (énergie, transports, santé, sport, culture, agriculture, finances, bois, etc.). Un rapport récent sur l’agriculture, basé sur une enquête auprès de 7 800 agriculteurs , a permis d’émettre des solutions efficaces pour réduire les émissions fossiles dans ce secteur. Parmi les préconisations, l’utilisation d’engrais organiques, comme les déjections animales ou les déchets organiques urbains, est suggérée pour réduire la dépendance aux engrais pétrochimiques.
7. Pourquoi l’ancrage local est-il si important pour l’association ?
La proximité avec le terrain est essentielle pour Les Shifters afin de s’assurer de l’efficacité et de la robustesse des solutions proposées, et d’impliquer directement les personnes concernées. L’association travaille également avec les collectivités locales pour accompagner la transition des territoires et éviter une « mal-adaptation » à la nouvelle donne, c’est-à-dire des adaptations qui, à long terme, renforcent le problème. À titre d’exemple, plutôt que de construire des digues en béton contre les inondations, Les Shifters prônent le reméandrement des rivières et la replantation de ripisylve, ce qui protège les villes et capte du CO2.
8. Comment Les Shifters cherchent-ils à influencer le débat public ?
Les Shifters, aux côtés du Shift Project, se positionnent comme un acteur qui souhaite influencer le débat public en rejetant toute appartenance partisane. Bien que non partisans, ils s’attachent à informer la société sur la base de faits scientifiques rigoureux et documentés, en rendant leurs publications et calculs accessibles.
9. Comment Les Shifters abordent-ils la progression du climatoscepticisme en France ?
Face à ce qu’ils nomment un « backlash écologiste » , caractérisé par une progression du climatoscepticisme – selon un baromètre de l’ADEME, 29% des Français en 2025 considèrent que « les désordres climatiques et leurs conséquences sont finalement des phénomènes naturels comme il y en a toujours eu », une hausse de 7 points en un an et de 12 points depuis 2020 – la mission d’information et de formation des Shifters paraît d’autant plus importante. Sylvaine Dhion insiste sur cet aspect : « notre objectif, c’est déjà de nous former, nous en tant que Shifters et de former les Français. Et comme tu l’as dit dans la période actuelle, il est d’autant plus important de faire cette information et de participer au fait que tout le monde ait bien conscience des enjeux ».
10. La campagne de financement du Shift Project a-t-elle eu un impact significatif ?
Le Shift Project, think tank, présidé par l’ingénieur Jean-Marc Jancovici, a lancé mi-mai une campagne de financement participatif, un appel aux dons destiné à imaginer un futur durable, l’économie de l’après-pétrole. La page de la plateforme Ulule intitulée « Décarbonons la France ! Le programme du Shift pour 2027 » a battu le record européen de crowdfunding en un mois et demi. Cette initiative, qui a récolté plus de 4 millions d’euros auprès de 32 000 personnes, témoigne d’une forte capacité de mobilisation chez ces Français en faveur de la transition climatique. Les Shifters est « l’association sœur » du Shift Project, et 10% de la somme récoltée sera reversée aux Shifters pour organiser des événements comme “l’UniverShiftée”, l’Université d’été des Shifters, et des festivals de cinéma pour inspirer la transition. Les fonds serviront également à financer de nouveaux plans sectoriels pour l’industrie ou la santé, et à mener des actions de lobbying auprès des décideurs politiques en vue des élections de 2027.
Simon Icard (résumé avec IA)
POUR ALLER PLUS LOIN
- Le site Internet des Shifters
- Voir : “Décarbonons la France !”, la page Ulule de The Shift Project citée dans l’émission
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