Dans un épisode de Soluble(s), le Dr David Masson, psychiatre et chef de service à Nancy, démonte les idées reçues sur la psychiatrie. Ce résumé sous forme de questions-réponses révèle les solutions concrètes disponibles pour accompagner les 13 millions de Français touchés par des troubles psychiques.
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1. Pourquoi la psychiatrie reste-elle si mal perçue par les étudiants en médecine ?
« La psychiatrie fait partie des dernières spécialités choisies par les étudiants en médecine« , explique le Dr David Masson. Cette spécialité souffre d’un déficit d’image, perçue comme moins prestigieuse que la cardiologie ou la neurologie. Pourtant, elle offre une richesse unique : accompagner l’individu dans sa globalité, dans son contexte familial et environnemental.
2. Comment définir précisément la santé mentale ?
Selon l’OMS, la santé mentale est « un état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie ». Il s’agit d’un capital que nous possédons tous, qui fluctue selon les moments. « Le bien-être en permanence, c’est impossible et irréaliste« , précise le Dr Masson.
3. Quelle différence entre santé mentale et troubles psychiques ?
Les troubles psychiques surviennent quand la souffrance devient significative, durable et impacte concrètement la vie quotidienne. L’anxiété, par exemple, est une émotion normale et indispensable. Elle devient pathologique quand ce « signal d’alarme se dérègle » et génère un évitement systématique des situations sociales, explique le Dr Masson.
4. Comment accéder à un psychiatre en France ?
« Il faut le savoir : vous n’êtes pas obligé de passer par votre médecin généraliste« , souligne le Dr Masson. L’accès direct est possible via les centres médico-psychologiques (secteur public) ou les psychiatres libéraux. Cependant, « la difficulté, c’est d’accéder à un psychiatre » car les délais peuvent atteindre plusieurs mois.
5. Quelles sont les principales idées reçues sur la psychiatrie ?
« La psychiatrie, c’est forcément de l’enfermement en asile », « c’est que pour les fous », « il y aura forcément des médicaments qui transforment en zombies« , liste le Dr Masson. Ces représentations archaïques constituent un frein majeur. En réalité, « plus de 80% de notre activité est uniquement de la consultation« .
6. À quoi ressemble un hôpital psychiatrique moderne ?
Le Centre psychothérapique de Nancy compte 350 lits pour 300 000 à 400 000 habitants. Les séjours durent en moyenne 2 à 3 semaines. « Beaucoup de patients ne sont jamais hospitalisés. Ce n’est ni une finalité ni une obligation« , insiste le Dr Masson. L’hôpital n’est plus un lieu de vie mais d’accompagnement intensif temporaire.
7. Qu’est-ce que la psychoéducation et quel est son intérêt pour les patients ?
La psychoéducation consiste à fournir au patient et à ses proches des connaissances et des outils pour mieux comprendre et gérer la maladie et ses traitements. Selon le Dr Masson, dans la schizophrénie, inclure la famille via la psychoéducation « diminue le risque de rechute par deux. C’est autant que les médicaments« . Les programmes abordent la compréhension de la maladie, des traitements, et la gestion du quotidien.
8. Qui sont les médiateurs de santé-pairs et depuis quand sont-ils présents dans le service ?
Les médiateurs de santé-pairs sont d’anciens patients formés et diplômés, intégrés dans les équipes du service du Dr Masson à Nancy depuis 2021. Ils « utilisent leurs savoirs expérientiels » pour aider les patients à « retrouver de l’espoir » lors de l’accompagnement. « Leurs paroles ont beaucoup plus de poids que nous, professionnels. C’est incommensurable« , souligne-t-il.
9. Comment prévenir efficacement le suicide ?
Contrairement aux idées reçues, « parler du suicide n’est pas suicidogène« , affirme le Dr Masson. Demander explicitement « As-tu des idées suicidaires ? » est « plutôt une protection ». Le numéro 3114, gratuit 24h/24, s’adresse aux personnes en détresse, aux familles et aux professionnels.
10. Quel regard porter sur l’utilisation de l’IA en santé mentale ?
Bien que certains patients utilisent ChatGPT comme soutien, « il faut rester vigilant« , prévient le Dr Masson. L’IA « ne peut pas remplacer un médecin » et présente des risques d’attachement et d’isolement.
Simon Icard (résumé avec IA)
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