[TRANSCRIPTION] Ce supermarché appartient à ses clients
SuperQuinquin est un supermarché coopératif et participatif établi à Lille dans le Nord de la France depuis 2016. Un commerce de 1000 m² qui a toutes les apparences d’un supermarché de quartier à trois détails près.
Pour pouvoir y faire ses courses, il convient d’en être actionnaire. Pour le faire fonctionner, les clients donnent de leur temps et les produits référencés sont choisis pour “soutenir les filières locales et proposer des prix de qualité à un prix abordable”.
“Le supermarché dont tu es le héros”
Pour Soluble(s), Ghislain De Muynck, cofondateur de SuperQuinquin, nous raconte l’histoire et le fonctionnement de ce concept qui se présente comme “une alternative crédible à la grande distribution.”
Transcription (automatisée)
Bienvenue dans ce nouvel épisode de Soluble(s).
Aujourd’hui, je souhaite parler d’un concept qui se présente comme une alternative à la grande distribution alimentaire.
Bonjour, Ghislain De Muynck.
Bonjour.
Vous êtes le président et l’un des cofondateurs de SuperQuinquin, un supermarché coopératif basé à Lille, dans le nord de la France.
On va voir ensemble comment fonctionne votre commerce et ce que l’on peut y trouver concrètement.
Mais d’abord, dites-nous comment est née l’idée de ce supermarché qui appartient à ces clients.
Alors, l’idée est née de la rencontre de quelques Lillois avec Tom Booth, le fondateur de la Louve à Paris.
La Louve, c’est le supermarché coopératif qui est le premier supermarché coopératif et participatif installé en France sur le modèle du Park Slope Food Coop à New York.
Et une fois que ce supermarché a été installé, ils ont commencé à en parler un peu partout.
Et nous, on a rencontré un peu par hasard Tom Booth, qui venait présenter le projet à Lille et rassemblé autour de celle qui a été notre première présidente et celui de l’actuel directeur général du magasin.
On a eu envie de tenter l’aventure et de tenter de monter le même projet.
Alors, ça fait depuis quelle date, depuis combien de temps?
Depuis 2015, cette rencontre, c’est 2015.
Et on a ouvert notre premier supermarché dans un format de super-et en 2016.
Et l’actuel supermarché, dans vraiment de taille de supermarché, en 2020.
Alors, justement, pouvez-vous nous décrire ce magasin?
Ça ressemble à un petit supermarché classique?
Alors, ça ressemble à un supermarché d’une surface de 400 mètres carrés, enfin, l’espace de vente 400 mètres carrés, 300 mètres carrés de surface de stockage.
Et à l’intérieur, c’est comme un supermarché des rayons frais, des rayons d’épicerie sèche, les rayons d’hygiène, l’entretien de la maison.
Et peut-être que ce qui est un peu particulier, ce qui est un peu spécial, c’est plutôt autour de l’ambiance et de ce qu’on vit à l’intérieur que ça se passe.
C’est quand on rentre dans ce magasin, quand on y rentre en tant que client, en tout cas, on a vraiment l’impression d’acheter un autre endroit que dans un supermarché.
Les gens se disent bonjour, sont contents de se voir, se croisent.
Et il y a une vie et on sent cette atmosphère qui est un peu différente de celle d’un supermarché.
Alors, restons un petit peu dans les rayons quelques instants, donc dans le détail, quels sont les produits qu’on trouve?
Vous m’avez parlé de différents rayons, mais c’est surtout une première motivation autour de l’alimentation.
Comment sont sélectionnés les produits?
Alors, la première motivation, c’est de pouvoir remplacer complètement l’offre d’une grande distribution.
Autrement dit, on a dans le supermarché toute l’alimentation, produits frais, épiceries sèches, les liquides, avec le souhait, c’est effectivement le cœur de nos produits, le souhait de mieux consommer, de mieux manger, de mieux s’alimenter.
Et puis, à côté de ces rayons d’alimentation, il y a tout ce qui permet d’entretenir sa maison, les produits d’entretien et les produits d’hygiène.
Et viennent s’ajouter au gré des saisons, un rayon plus saisonnier, les classiques, autour de .. de chocolat, autour de Noël, tout ce qui est plutôt cadeaux, autour de la rentrée, les produits pour rentrée.
Mais vraiment, l’idée, c’est ça, c’est que quand je sors du magasin, je n’ai pas besoin, j’ai trouvé tout dans le magasin, tout ce dont j’ai besoin pour éviter de, si je le souhaite évidemment, éviter de me rendre dans une grande surface, une autre grande surface.
Alors comment les produits sont-ils sélectionnés pour mériter leur place dans les rayons de SuperQuinquin?
Les produits, ils sont sélectionnés de manière à répondre à deux objectifs.
Un, mieux consommer et je vais revenir après à ce qu’on n’entend pas mieux consommer et deux, permettre à chacun, à chacun des clients, d’être attentif à son porte-monnaie.
Ça veut dire qu’on va choisir des produits majoritairement bio, majoritairement locaux et avec une politique de marge faible, on va pouvoir vendre ces produits à un prix qui sera plus accessible qu’ailleurs.
Néanmoins, même en faisant comme ça, sur des produits bio locaux, il arrive qu’on n’ait pas des prix qui soient équivalents à la grande distribution.
Et dans ces cas-là, ça nous arrive de compléter nos gammes avec des produits qu’on va chercher quand même, qu’on va chercher à ce qu’ils soient produits de manière raisonnée, de manière respectueuse dans l’environnement.
Mais ça peut nous arriver de mettre des produits agro-industriels quand c’est nécessaire pour avoir une gamme de prix totalement accessible.
Donc, on cherche vraiment en permanence la possibilité pour chaque client devant le rayon de choisir s’il est prêt ou s’il souhaite acheter plus cher ou s’il souhaite favoriser le prix.
Donc, ça nous fait une gamme de produits où, à chaque fois, pour chaque produit différent, on a toujours un produit plus qualitatif et un produit où le prix peut être favorisé.
Du bio, du local ou du conventionnel, mais le plus accessible possible.
Alors, parlons du modèle économique de votre supermarché coopératif.
La particularité, c’est d’abord que vous êtes un établissement sans but lucratif.
La particularité, c’est effectivement que le magasin est géré par une coopérative.
Donc, c’est une entreprise, une entreprise commerciale, mais une entreprise qui ne distribue pas ses dividendes, qui ne distribue pas ses bénéfices et qui réinvestit tous ses bénéfices dans le fonctionnement et dans les investissements de la coopérative.
Donc, oui, ça permet de dire que le but n’est pas lucratif.
Le supermarché appartient à ses clients, c’est-à-dire qu’on ne peut pas pousser la porte et venir acheter.
Il faut donc vraiment s’engager.
Comment ça marche?
Alors, il y a deux conditions pour pouvoir venir acheter, pour pouvoir être client.
La première condition, c’est effectivement d’acheter au moins une part sociale de la coopérative.
Une part sociale, c’est 10 euros.
Et ce titre, cette part sociale, c’est un titre de copropriété du magasin.
On pourrait le dire comme ça.
En tout cas, c’est une responsabilité partagée de l’entreprise.
Et la deuxième condition pour pouvoir faire ses courses, c’est de participer au fonctionnement du magasin et donc de venir y travailler 2h45 toutes les 4 semaines.
Si on ne remplit pas ces deux conditions, on ne peut pas faire ses courses, puisque notre modèle économique ne vient qu’avec ces doubles conditions.
Participer au capital social, le capital social nous permet d’investir, d’avoir levé les financements nécessaires au fonctionnement du magasin.
Et le temps qu’on y passe, il est nécessaire à remplir nos rayons, réceptionner les commandes.
Si on ne remplit pas ces conditions, on peut évidemment venir nous visiter, nous rencontrer, et on accueille tout le monde, puisque notre manière de fonctionner est très particulière.
Et donc on dédie du temps à l’expliquer, puisqu’évidemment, si on ne prenait pas ce temps-là, ça serait plutôt un cercle fermé, ça n’est pas ce qu’on veut.
Chez SuperQuinquin, chacun met la main à la pâte, donc cela veut dire que cela vous permet d’avoir moins de salariés, de contenir ces dépenses-là pour assurer ce modèle économique dont vous parlez?
C’est en effet le travail de tous les coopérateurs et toutes les coopératrices qui permet majoritairement de faire fonctionner le magasin.
Ça nous permet d’avoir moins de salariés qu’un magasin de taille équivalente.
Et c’est en réduisant la masse salariale, mais pas que, que nous réduisons les coûts de fonctionnement.
Donc, on peut avoir une marge basse.
Les autres manières de réduire nos coûts de fonctionnement, c’est de ne pas avoir de produits d’appels, c’est de limiter nos surfaces de stockage et donc appliquer une marge fixe sur tous les produits.
Donc, on a vraiment l’ensemble de ces ingrédients qui permettent de tenir notre modèle économique.
Mais ceci dit, on ne peut pas se passer, on a quelques salariés qui assurent la continuité puisque nous nous succédons les uns les autres pour travailler dans le magasin.
Il faut bien qu’il y ait des personnes qui, dans le temps, assurent la continuité et puissent passer les consignes.
Et ça, c’est bien le rôle essentiel de nos salariés.
Parlez-nous un petit peu du profil justement des coopérateurs, des membres de SuperQuinquin.
Y a-t-il un profil type?
Quelles sont les dépenses qu’ils effectuent dans ce magasin?
Le profil type, non, même si…
Alors, il y a des hommes, des femmes, toutes les tranches d’âge, il y a des étudiants, des étudiants jusqu’à des personnes retraitées.
Ce qui est quand même une particularité ou en tout cas un type qu’on retrouve, c’est des gens qui sont plutôt lillois, proches du magasin, évidemment.
C’est plus facile de faire ses courses pas trop loin de chez soi.
Mais il y a quand même des personnes qui viennent de plus loin dans la métropole européenne de l’île, voire à l’extérieur.
Et puis aujourd’hui, on est encore un magasin qui rassemble des personnes plutôt engagées dans des cercles associatifs, plutôt engagées dans la volonté de participer à un changement de modèle économique, de travailler à la transition, et déjà engagées sur les réflexions sur l’alimentation.
Donc c’est évident que sa forme, ça continue de constituer un des cœurs de la clientèle et des coopérateurs et des coopératrices de SuperQuinquin.
Néanmoins, aujourd’hui, on est à peu près mille membres actifs, mais on voit que ça se diversifie, que ça change, que ça s’ouvre, même si on souhaite aller plus loin encore dans une ouverture à plus de mixité sociale qu’aujourd’hui.
Alors quels sont vos objectifs, justement?
Alors à la fois en termes de membres, alors peut-être de paniers moyens, même plus pour nous l’indiquer.
Et puis je crois que vous souhaitez essaimer ce concept dans votre région.
Dites-nous.
Pour le magasin qui existe à Fives, nous avons des objectifs d’augmentation du nombre de coopérateurs et de coopératrices.
Vous disiez 1000 membres actifs et nous souhaitons en tout cas se fixer l’objectif d’être plutôt 1500 à 1300 à la fin de l’année 2023 et 1500 à la fin 2024.
C’est soit ça, soit d’augmenter notre panier moyen dans des proportions identiques, mais c’est plutôt par la force du nombre qu’on veut assurer qu’on peut réaliser notre modèle écologique.
Le deuxième aspect, celui de l’essaimage, de la même manière que nous avons, nous à SuperQuinquin, bénéficiait de l’expérience de la Louve au démarrage, qui nous a transmis beaucoup de ses outils, beaucoup de conseils, beaucoup de modes de faire et de processus.
Aujourd’hui, on appuie d’autres projets de supermarchés coopératifs, dont deux dans la métropole.
Et là, les deux qu’on appuie dans la métropole européenne de Lille sont même incubés dans SuperQuinquin, puisque les porteurs et les porteuses, en l’occurrence de projets, sont salariés de SuperQuinquin avec du financement public, dédiés à cela, salariés de SuperQuinquin, pour pouvoir ouvrir un magasin plutôt vers l’ouest de Lille, et un sur le versant nord ouest, donc plutôt Croix, Roubaix, Tourcoing.
Un autre modèle de supermarché, ça s’appelle donc SuperQuinquin, supermarché coopératif, participatif, donc vous êtes basé dans le quartier de Fives à Lille.
Je mets le lien de votre site Internet dans la description de cet épisode, si vous êtes intéressé pour plus de renseignements et vous y rendre.
Ghislain, merci d’être passé dans Soluble(s).
Écoutez l’épisode complet. (Seul le prononcé fait foi)
POUR ALLER PLUS LOIN
- Le site Internet de SuperQuinquin
https://www.superquinquin.fr/
TIMECODES
00:00 Introduction
00:40 Une idée née d’une rencontre
01:50 Description de ce supermarché
03:06 Remplacer toute l’offre de la grande distribution traditionnelle
06:21 Le modèle économique – Une coopérative
06:42 Comment devenir client de SuperQuinquin ?
11:24 Les objectifs et un essaimage du projet dans la métropole lilloise
12:54 Merci à Ghislain De Muynck !
Fin
Propos recueillis par Simon Icard.
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