[TRANSCRIPTION] Devenir famille d’accueil pour futur chien guide
C’est toute une chaîne de solidarité qui s’organise avant la remise d’un chien guide à son bénéficiaire. Avant de faire équipe avec leurs maîtres, ces chiens sont formés par des éducateurs et accueillis par des familles bénévoles pour se socialiser dès leur plus jeune âge.
Pour Soluble(s), Estelle Boullu créatrice du blog et du podcast “Futur chien guide” détaille le rôle que jouent ces bénévoles dont elle fait partie depuis 2016.
Transcription (autonomatisée)
Article source : Devenir famille d’accueil pour futur chien guide
Bienvenue dans un nouvel épisode de Soluble(s).
Aujourd’hui, je souhaite m’aider à utiliser une solution qui améliore l’autonomie, qui permet d’avancer et de vivre en bonne compagnie.
– Bonjour, Estelle Boullu.
– Bonjour, Simon. Merci de m’avoir invitée sur ton podcast.
Avec plaisir.
Alors, tu es la créatrice du blog et du podcast Futur Chien Guide.
Avec toi, on va tout comprendre des enjeux autour de l’accès à ces chiens qui deviendront les yeux et les oreilles de leur maître.
Nous parlerons de ce qui se passe avant de former ce duo avec leurs compagnons car il faut les élever, les éduquer et nous verrons que des familles d’accueil entrent en jeu et tu en fais partie.
Tu es toi-même famille d’accueil, famille relais.
Tu as longtemps été en relation et bénévole avec l’école des chiens guide de Paris.
Mais d’abord dans ce podcast, tu le sais, on veut toujours tout savoir du parcours de nos invités.
Peux-tu nous parler un peu de toi et comment tu t’es engagée dans cette belle aventure?
Alors oui, avec plaisir.
C’est une histoire qui date d’il y a longtemps.
Quand je prévoyais d’être vétérinaire dans ma jeunesse, quand j’étais encore collégienne.
Et puis à cette époque-là, quand on prévoit d’être vétérinaire, qui est un métier un peu dur à atteindre, on nous prévient et on nous propose d’autres métiers en relation avec les animaux.
Et c’est en quatrième que j’ai découvert le métier d’éducateur et d’éducatrice de Chien-Guide d’Aveugle.
Immédiatement, ça a fait tilt.
J’ai continué à voguer vers le métier de vétérinaire, tout en ayant en tête que je pouvais devenir quand même bénévole pour cette cause.
Ce que j’ai demandé à mes parents dès mon entrée au lycée.
Charge à eux de m’avoir répondu de grandir et de faire ma vie solo et d’adulte pour ensuite pouvoir faire un petit peu ce que je voulais.
Avec le recul, ils ont eu raison, mais sur le moment, j’avais bien les boules qu’ils m’aient répondu ça.
C’est comme ça que j’ai débuté mon bénévolat vraiment concrètement en 2016, alors que j’étais encore à Paris.
Je suis devenue famille d’accueil temporaire, comme tu le disais, famille relais.
Alors, on va étudier tout ça dans le détail.
On va parler de ces familles d’accueil, de futur chien guide, de comment le devenir.
Mais pour bien comprendre l’importance de ce sujet, je voudrais te poser quelques premières questions, mais aussi donner ces deux chiffres.
En France, 1,7 million de personnes sont aveugles ou malvoyantes.
1500 personnes déficientes visuelles sont accompagnées par un chien guide.
On comprend, les besoins sont importants, mais qui peuvent accéder concrètement à un chien guide.
Alors aujourd’hui, les écoles qui remettent des chiens guides en France remettent des chiens guides à toutes les personnes qui ont une carte de mobilité inclusion, ce qu’on appelle la CMI, qui est globalement possible pour ces 1,7 million.
On peut donc faire une demande de chien guide dans l’école la plus proche.
Par contre, il faut être autonome à la canne.
Et ça, les écoles de chien guide aident.
Il y a au sein des écoles de chien guide des instructeurs de locomotion qui permettent justement de gagner en autonomie.
Parce que je dis souvent qu’un chien guide, c’est pas un GPS.
Il faut déjà comprendre son environnement, et savoir se déplacer à la canne pour pouvoir bénéficier d’un chien guide.
Et ensuite, petit point de détail.
D’une part, les écoles de chien guide remettent à des adultes, sauf la Fondation Frédéric Gaillanne qui remet à des jeunes adultes, on va dire des enfants de 12 à 18 ans.
Et d’autre part, il y a aussi des aveugles et des déficients visuels qui ne souhaitent pas avoir de chien guide.
Et c’est important d’en tenir compte, de ne pas faire d’automatisme dans nos raisonnements.
Et alors, on va beaucoup parler des personnes déficientes visuelles, bien sûr, mais c’est vrai que d’ailleurs, le nom de ton média s’appelle Futur Chien Guide et non pas Futur Chien Guide d’aveugle.
Ce point est à préciser quand même, car ces chiens peuvent apprendre à faire différentes missions.
Elles ne sont pas réservées selon leur formation, qu’aux personnes déficientes visuelles, c’est ça?
Oui, là, les deux chiffres que tu as cité, les 1500 équipes qui sont en activité, c’est vraiment des chiens guides d’aveugle ou de malvoyant.
On fait un raccourci et moi je fais encore plus un raccourci, je dis chiens guides.
Mais ceci dit, sur mon média, il m’arrive de parler d’autres types de chiens qu’on appelle les chiens d’assistance aussi, qui peuvent aider les personnes handicapées, qu’elles soient sourdes ou malentendantes.
On a des chiens écouteurs, qu’elles soient en fauteuil roulant ou avec mobilité réduite.
Donc, c’est des chiens d’assistance pour personnes à mobilité réduite.
Il y a plein de types de chiens qui peuvent s’adapter.
Il y a les chiens pour diabétiques qui peuvent détecter les crises diabétiques bien avant tous les outils technologiques qu’on a grâce à leur flair qu’on ne remplacera jamais.
Et puis des chiens d’accompagnement social, il y en a dans le judiciaire.
Il y en a aussi en médiation.
Il y en a auprès des enfants qui ont des spectres du trouble autistique.
Donc, c’est vrai que les chiens aujourd’hui, on entend beaucoup parler des chiens guides.
C’est ce dont je parle principalement puisque c’est ma passion d’origine.
Mais je tends aussi à faire connaître notamment l’été sur mes différents médias.
Ces autres types de chiens d’assistance qui sont tout à fait exceptionnels également.
L’enjeu essentiel que nous traitons dans cet épisode, tu l’as dit, c’est le sujet de l’autonomie.
Qu’est-ce que doivent savoir faire ces chiens guides pour aider leur maître?
Oula, alors les chiens guides d’aveugles et malvoyants, pour eux, l’objectif, c’est le guidage.
C’est-à-dire que leur rôle principal va être dans le déplacement.
On n’a pas à faire ici à des chiens qui vont avoir un rôle à la maison, par exemple, parce qu’en général, les déficients visuels connaissent leur appartement et ont rarement des besoins de guidage en intérieur, chez eux.
Par contre, dès qu’il va y avoir un déplacement, c’est là où on va en fait se faire le parallèle avec la canne, c’est aller à la boulangerie, à la pharmacie, au travail, prendre le métro, prendre le train, le TER, etc.
Tous ces genres de lieux où juste traverser la rue pour aller à la boulangerie, c’est le premier exemple que je prends.
Parce qu’en fait, en tant que voyant, on ne se rend pas compte.
Mais la rue et son environnement est très mouvant, même sur un quartier très restreint.
Il peut y avoir une poubelle qui soit là, finalement, il y a une grille.
L’autre jour, j’ai aidé un déficient visuel à la canne qui fonçait littéralement dans des travaux, parce que la veille, il n’y avait pas ces grilles et ces travaux.
Donc je lui ai proposé mon bras juste pour l’aider à contourner, ce qu’il aurait pu faire de manière plus difficile avec la canne, ce qu’il aurait pu faire de manière beaucoup plus fluide avec un chien qui aurait tout simplement longé le grillage au lieu que lui percute tous les 50 cm ce grillage.
Les yeux et les oreilles aussi, parfois, de leur maître.
Donc c’est vraiment le déplacement qui est au centre de ce sujet.
Mais alors il faut apprendre, évidemment.
C’est là que tu es entré en jeu aussi et tout le réseau, il y a toute une chaîne de solidarité, déjà, mais toute une mobilisation qui se met en place autour de la formation des chiens guides.
On va apprendre les choses les unes après les autres.
Alors déjà, quel est le parcours du petit chiot qui va être confié un jour à une personne malvoyante, il rentre dans une famille d’accueil avant ou après d’aller à l’école de formation de ce petit chiot?
Alors tout ça est un peu lié.
On parle des écoles de chiens guides en France, qui sont en fait des associations de 1901, donc habitements lucratifs.
En fait, le chiot, dans la majorité des cas, avant même de naître, est déjà destiné à être un chien guide d’aveugle.
C’est-à-dire que dans le cadre de la fédération française des écoles de chiens guides, des associations de chiens guides, la FFAC, il y a un réseau d’élevages de références au niveau français, et il y a trois élevages qui permettent justement de sélectionner et de faire naître, de voir naître des petits futurs chiens guides.
Donc déjà, même avant leur naissance, il y a une sélection sur les reproducteurs, leur papa, leur maman, sur tous les bons critères pour faire de bons chiens guides.
Alors, il y a un critère de race avant tout, qui n’est pas en tant une race qu’une taille, puisque je dis souvent que dans les déplacements, il y a un contact essentiel entre le chien et son maître.
C’est via cette espèce de harnais qu’on voit et qu’on a l’habitude de voir quand on pense à ces chiens guides.
Il faut en effet, c’est pas une histoire de traction, c’est une histoire de connexion.
C’est-à-dire que le chien n’est pas là pour tracter le maître.
Mais par contre, il y a une connexion qui permet au maître de savoir si le chien met les deux pattes sur une première marche, s’il descend, s’il va à droite, à gauche.
Chose qu’on ne peut pas faire avec des plus petits chiens que des Labrador et des Golden, par exemple.
Donc avant même de naître, on choisit les bons reproducteurs qui sont dans ces élevages-là, dédiés vraiment aux chiens guides d’aveugle.
Et ensuite, ils passent leur temps de renfance, leurs trois premiers mois avec leur mère, donc au sein de la portée, au sein des élevages, de l’association et de la fédération.
Ces trois mois, ils sont, dès le début, en vue d’être un futur chien guide.
C’est-à-dire qu’on ne va pas leur mettre un petit gilet sur le dos, sauf pour quelques photos.
Mais on va commencer à les habituer et à les socialiser à beaucoup de choses.
Alors pas dès la naissance, mais progressivement dans ces trois premiers mois, ils vont apprendre à connaître des bruits.
Tu parlais des oreilles, des bruits.
Ils vont apprendre à surtout être sereins et à être bien dans leurs pattes.
C’est vraiment ce qu’on leur demande à ces petits chiens.
Et puis si ce n’est pas le cas, ils ne deviennent pas chiens de guide et c’est possible aussi.
Mais voilà, il y a plein de textures au sol.
Ils vont apprendre à avoir plein de couleurs différentes dans leur environnement.
Il y a plein de choses quand on l’analyse avec des yeux de chiots qui n’ont pas vu le monde humain, qui paraissent vraiment bizarres.
On leur met des grosses peluches, des personnes déguisées, enfin voilà.
Tout ça pour en faire des bons petits chiots.
Et à trois mois, ils rejoignent une famille d’accueil.
Donc les trois premiers mois sont dans ce cocon.
Mais déjà, on comprend avec cette mission, ce destin, si ça existe et si on peut le dire comme ça.
Alors, voyons comment se déroule l’accueil d’un chiot.
Mais cette fois, par les particuliers, les bénévoles qui ont choisi de devenir famille d’accueil ou famille relais.
D’ailleurs, tu vas peut-être nous préciser la différence entre ces deux termes.
C’est un engagement, on ne fait pas ça à la légère.
Mais finalement, y a-t-il des aptitudes à avoir des conditions particulières?
Alors, on parle souvent de famille d’accueil, de famille, enfin du terme famille.
Mais moi, je souligne souvent qu’il ne faut pas forcément être des parents, des enfants, un couple.
On peut tout à fait être famille d’accueil en étant solo ou en étant avec ses enfants.
Enfin voilà, c’est important de le souligner.
Le terme famille, on pourrait dire un peu foyer.
En fait, on cherche une personne référente qui pourrait s’occuper du chiot.
Dans les prérequis pour devenir famille d’accueil, alors il y a des prérequis plutôt pratiques au pratique, c’est-à-dire qu’il faut habiter pas si loin d’une école de chien guide, puisque le chien, au fur et à mesure de sa première année en famille d’accueil, il va quand même faire des cours avec sa famille d’accueil à l’association.
Et puis après, il partira lui en stage une semaine, au début trois jours, puis après une semaine, jusqu’à sa première année, où là, il rentre en éducation.
Et selon les écoles, il peut revenir le week-end ou non, selon s’il y a les structures d’accueil le week-end dans l’école ou pas.
Donc il y a cette proximité géographique pour voir où sont les écoles de chien guide.
Le plus simple, c’est de taper chiens guides au pluriel .fr et donc la fédération, les références.
Ensuite, il y a des conditions plutôt en termes de famille et d’engagement.
Comme tu le disais, selon les écoles, c’est un engagement de 1 ou de 2 ans.
Parce que c’est les organisations qui se font un peu différentes.
Dans tous les cas, il faut être disponible et avoir du temps.
Alors, ça veut pas forcément dire ne pas avoir de travail.
Parce qu’on s’imagine qu’il faut, par exemple, avoir un temps plein pour le chien.
Alors, il faut du temps.
Mais c’est aussi bien d’avoir une activité ou des activités, qu’elles soient professionnelles ou autres pour pouvoir socialiser ce chien.
Un chien qui sera dans une maison avec un jardin et juste dans le jardin, ça ne convient pas à cette mission de famille d’accueil.
L’objectif, c’est vraiment de socialiser le chien, d’aller en centre commerciaux, d’aller en voiture.
Enfin voilà, de faire des choses avec le chien pour que dans sa future vie, avec son bénéficiaire, il soit juste à l’aise.
Et donc, il y a aussi cette caractéristique-là d’être disponible.
Dans les autres caractéristiques, eh ben, il faut aimer les chiens, je dirais.
Il faut, dans le fait d’avoir du temps, il faut aussi avoir en tête que c’est un chiot qu’on accueille, qui entre deux et quatre mois au tout début.
Et ben, les nuits peuvent être un peu courtes, les accidents, la propreté, c’est l’un des premiers acquis qu’il faut travailler avec le chien s’il ne s’est pas fait quand il arrive, s’il n’est pas déjà autonome sur la propreté.
Donc voilà, un petit peu tout ce qu’il faut savoir.
Enfin, je ne pourrais pas être exhaustive.
Pour ça, il faut aller écouter le podcast.
C’est déjà très, très clair et très, très intéressant.
Alors je me demande peut-être que d’autres personnes en nous écoutant se posent la question.
Mais si je n’ai jamais eu de chien, est-ce que c’est quand même un, on disait, c’est un engagement.
Est-ce que ça peut devenir son premier chien?
Tout à fait.
Moi, je le dis souvent, c’est aussi une bonne opportunité parce qu’on n’est pas lâchés dans la nature avec ce chien.
J’ai encore eu la question hier par rapport à mes réseaux sociaux.
J’ai beaucoup discuté en message privé avec une personne qui me disait, mais du coup, comment ça se passe?
Est-ce qu’on est coaché ou pas du tout?
L’idée, c’est d’être bénévole et d’être au service de l’association.
Alors, on n’est pas corvéable à merci, mais il y a un certain engagement qu’on signe avant d’avoir le chiot.
À l’arrivée du chiot, on pose toutes les questions avant.
L’idée, c’est justement de pouvoir être aidé dans l’éducation de ce chien.
Et avoir eu un chien avant, c’est bien, c’est pas bien, c’est peu importe, en fait, parce qu’il y a des choses qu’on va devoir faire qu’on n’aurait pas fait avec notre chien de famille.
Par exemple, lui apprendre la propreté au caniveau.
Les chiens guides, on leur apprend à faire leurs besoins dans le caniveau.
Parce que leur maître, même si on leur apprend, peut ne pas avoir la capacité de ramasser les besoins.
Et c’est plus simple.
Pour tout le monde, on est les premiers contents de ne pas marcher sur le trottoir dans quelque chose de désagréable.
Donc c’est pas forcément indispensable d’avoir eu un chien.
On est coaché par l’école, les éducateurs, ils sont là pour ça.
En tout cas, ça fait pas partie des prérequis.
On entend le sourire dans ta voix.
C’est une belle aventure.
Tu te souviens, toi, de la première fois que tu as accueilli un chien, un futur guide.
D’ailleurs, on l’appelle comment?
Un élève?
Oui, on appelle ça un élève chien guide ou un futur chien guide.
En fait, moi, comme tu le disais, je ne suis pas tout à fait famille d’accueil encore, mais spoiler, ça devrait arriver sur 2024.
Depuis 2016, je suis famille relais, donc famille d’accueil temporaire.
Donc, je n’ai pas eu des tout petits chiens à deux mois et demi, quatre mois, si ce n’est que j’en ai eu quand même un été, parce que ça s’est passé.
En général, quand on est famille relais, on a des chiens, on dépanne en fait à la demande de l’association, les familles d’accueil ou les bénéficiaires carrément, avec des chiens guides qui guident dans leur quotidien.
Moi, la première que j’ai eue, c’est Meika.
Et pour le coup, c’est assez curieux cette sensation, et je pense que ça le sera aussi quand on repart avec le chiot, d’arriver au sein de la structure, d’arriver à la porte de l’école, et de repartir avec un chien et un sac de croquettes.
Et une énorme responsabilité, puisqu’on en parlait encore l’autre jour avec des bénévoles.
Quand on est famille d’accueil, on a la responsabilité d’un petit être qui ne nous appartient pas.
Mais on a aussi une responsabilité collective par rapport à son futur métier, et au coût que représente son éducation pour les structures associatives.
Aujourd’hui, un chien-guide représente 25 000 euros, et il est remis gratuitement à des bénéficiaires, à son futur maître.
Donc quand on a un petit chiot chez soi, alors il n’est pas question de le perdre, que ce soit pour les sous ou pas, mais c’est une certaine responsabilité.
Moi je me souviens, ça m’avait fait un…
Ouais, on se sent…
On a une mission, on a ce chien, et il nous écoute, il est là, il fait confiance, et à nous de jouer.
Alors une mission en pleine de sens.
Alors, tu peux tu parler des coûts.
Alors, on répond de suite à la question qu’on peut se poser aussi.
Lorsque l’on est bénévole, les frais associés à la prise en charge de la vie quotidienne du chiot sont pris en charge justement par l’association, c’est ça?
Oui.
En effet, le chien appartenant à l’association, la logique, vu que l’association prenne en charge les croquettes, c’est pour ça que je disais qu’on repart avec le chien et les croquettes.
L’école prend aussi en charge les frais vétérinaires, tous les frais en dehors des cadeaux qu’on peut se permettre, et je ne suis pas avare sur ce point-là, qu’on peut se permettre avec le chien.
Alors on le sait encore trop peu, mais les futurs chiens guides ont un statut qui garantit audio, qu’ils forment avec le maître ou le formateur.
L’accès aux établissements qui accueillent du public, pas question de leur refuser l’accès, c’est même un délit, des délits sanctionnables par une amende, pouvant aller jusqu’à 450 euros.
Est-ce que dans ton expérience, tu perçois, ne serait-ce que la connaissance de cette obligation de la part, je ne sais pas, des restaurants, des magasins, est-ce que c’est compliqué de faire entrer un élève, un chien-guide d’aveugle dans ces établissements?
Alors c’est vrai que les chiens guides en formation, donc ces élèves chiens guides, futurs chiens guides, tout comme les chiens guides en activité et les chiens d’assistance au sens large, ont accès à tous les lieux qui accueillent du public et non pas les lieux publics.
Je me permets de faire cette petite précision parce que souvent, on a cette réponse de dire, oui, mais on n’est pas un lieu public.
En fait, peu importe si le restaurant est public ou privé, du temps qu’il accueille du public, il se soumet à toutes les lois qui régissent ces établissements recevant du public.
Je ne dirais pas qu’on a souvent des difficultés.
Moi, ce que je dis par contre, c’est que les personnes en face ne connaissent pas cette exception.
Ce n’est pas un problème.
C’est dommage, mais en soi, ce n’est pas un problème.
Ce qui me pose problème, c’est quand je leur explique, et qu’ils ne souhaitent toujours pas comprendre.
Preuve à l’appui des textes, je me balade avec les petits extraits de l’oie dans ma poche, avec les papiers du chien.
Et que là, ils refusent qu’on rentre, qu’on reste ou qu’on vienne manger, comme tu disais.
C’est vrai que les lieux où c’est le plus compliqué, souvent, c’est les restaurants, parce que ça traite de l’hygiène.
Alors, moi, je travaillais dans un métier où on parlait beaucoup d’hygiène.
Ce n’est pas un problème.
Enfin, le chien, il ne va pas sauter sur les devantures.
Il n’est pas là pour ça.
Au contraire, c’est en apprenant à se tenir bien dès qu’il est tout petit que, quand il sera avec son maître, ça va être un truc classique de rentrer dans une fromagerie, une boucherie.
Il se posera, il attendra, il repartira.
C’est vrai que ça peut arriver et c’est assez fâcheux de devoir sortir ces règles-là, de devoir expliquer, réexpliquer.
Et on souffre aussi de cette question de la formation des agents de sécurité ou des taxis, parce qu’on parle des lieux qui accueillent du public, mais les transports, c’est un peu la même chose.
Et on a beaucoup de problèmes du côté de Uber, par exemple.
Alors, on reconnaît les chiens-guides ou les élèves.
Alors, gilet, qu’il porte, je me demande en t’écoutant, s’il y a un comportement à adopter quand on vous croise, quand on croise ces chiens dans la rue ou dans un magasin ou au restaurant, comme tu le disais, parce que forcément, un chien, on a envie d’aller vers lui le plus souvent.
Mais est-ce qu’il y a un comportement à adopter pour ne pas être enjoué ou mal faire?
Oui, c’est vrai que souvent, ces chiens sont très mignons, et puis ils sont surtout, comme tu le disais, dans des lieux où on ne les attend pas.
Alors, dans la rue, on peut croiser des chiens, ça, ce n’est pas un problème.
Et les gens ont envie de les caresser.
Et là, absolument, la première règle, c’est de poser la question.
Est-ce qu’on peut le caresser?
Que ce soit un chien guide ou pas, d’ailleurs, ça devrait être une bonne pratique universelle.
On ne connaît pas le chien, on ne sait pas son histoire.
Même s’il est très gentil sur sa bouille, sur sa tête, peut-être qu’il n’aime pas trop qu’on le caresse n’importe comment.
Donc, tout ce que je dis, c’est valable aussi pour les chiens guides en activité.
Parce que souvent, on les croise dans des lieux où on ne s’attend pas à avoir un chien.
Et d’autant plus, les gens se permettent de venir.
Regarde, il y a marqué élève chien guide ou le nom de l’école.
Et derrière, ils sont tentés de venir le caresser.
Ils sont peut-être dans une période où eux, ils ont marre de faire leurs courses ou de tout ce qu’ils ont comme tracas, etc.
Et en fait, le chien est un aimant à caresses, ce qui en soi n’est pas assez mal.
Mais par rapport à l’objectif de formation du chien, il faut toujours avoir en tête son destin.
Et si aujourd’hui, tout le monde vient le caresser, lui va adorer ça, et il en a assez des papouilles quand il ne travaille pas.
Mais ça veut dire que demain, quand il sera au harnais, en train de guider son maître dans les rayons du supermarché, il va aller chercher les caresses à droite à gauche, au lieu d’aller chercher le pack d’eau ou le papier toilette dont lui aura demandé la direction pour son maître.
Donc tout le monde a un rôle à jouer pour vous aider.
Quand tu demandais les prérequis par rapport au fait de devenir famille d’accueil ou bénévole, en fait, on endosse aussi un rôle d’ambassadeur malgré nous.
Parce qu’en fait, on devient porte-parole de l’association, pas officiellement, mais pas comme les grands porte-paroles dont on entend parler.
Mais ce que je veux dire, c’est qu’on a ce rôle-là aussi d’éduquer les gens.
Et les gens parlaient avec des familles d’accueil il y a deux, trois jours.
En fait, ils me disaient, mais en fait, éduquer le chien, ça va.
On avait prévu, mais éduquer les gens, c’était pas écrit noir sur blanc.
Alors, tu parles de ces cris.
On peut se rendre sur ton site internet et aussi écouter ton podcast, le bien nommé podcast Futur Chien Guide.
Déjà quatre saisons au moment où l’on se parle.
Bon, on comprend, mais je te pose quand même la question.
Quel est l’objectif de ton média?
Tu rencontres et donnes à entendre beaucoup, beaucoup d’histoires.
Ce sont d’abord des histoires humaines, finalement.
Ah oui, oui, en fait, le chien permet de parler de la déficience aussi.
Et tous les invités le disent, tous les maîtres de chien guide que j’ai à mon micro me le disent aussi.
Ça amène un lien social et les familles d’accueil aussi, d’ailleurs.
Avec un chien, on connaît un peu plus ses voisins, on connaît un peu plus ses voisins de quartier, on connaît la caissière qui va s’intéresser aux chiens.
Ce que je veux dire, c’est que l’interaction est très différente, d’autant plus pour les déficients visuels qui sont initialement à la canne, pour la plupart.
Et la canne, pour le coup, ça effraie plutôt que ça ne rapproche.
C’est vrai que l’objectif du podcast dans ces interviews, c’est de raconter un peu d’une part le quotidien, de ces maîtres de chien-guide, une fois qu’ils ont leur chien.
Qu’est-ce que ça leur a rapporté?
Pourquoi ils ont décidé d’avoir un chien?
J’ai un épisode sur pourquoi elle a décidé de ne pas en avoir, parce que c’est important aussi.
Et puis du côté des familles d’accueil, c’est de faire connaître l’éducation dont on vient de parler, ce premier maillon après la maman, qui amène le chiot à devenir un bon futur chien-guide, avant de passer entre les mains expertes, j’ai envie de dire, des éducateurs de chiens guides, dont c’est le métier.
Donc voilà, et on l’a dit, tu me parlais des 1,7 million de déficients visuels en France, 1500 équipes actives.
Aujourd’hui, on est donc à 1 % d’équipes, enfin de déficients visuels qui a un chien.
L’objectif aussi du podcast, c’est en faisant plus connaître ce milieu-là, de pouvoir amener aussi plus de fond à ces écoles, de pouvoir remettre plus de chiens.
Quand on voit la différence que ça fait et le…
J’ai envie de dire le plaisir, la joie, l’autonomie pour ces personnes-là, que je côtoie au quotidien, que je croise au marché, pour certains qui sont dans ma ville.
Enfin voilà, on a juste envie de dire, allons-y, pourquoi on se priverait de remettre ces chiens-guides exceptionnels, et pourquoi on se priverait d’en faire partie aussi de ce maillon, cette chaîne un peu solidaire.
Et tu réponds aussi avec tes épisodes à toute une série de questions concrètes sur ce que les auditeurs, les auditrices peuvent se poser.
Est-ce que dans tes rencontres, il y a des questions qui reviennent souvent, qui sont les premières, les plus importantes?
Et bien, du côté des familles d’accueil, parce qu’il y a aussi beaucoup de personnes qui écoutent le podcast pour savoir si ce rôle de famille d’accueil est fait pour eux, on va dire.
Surtout parce qu’ils ont beaucoup de questions.
On l’a dit ensemble, c’est un engagement.
Et du coup, ils ont un peu envie de savoir, ok, il y a un formulaire, on a fait une réunion d’informations, on a côtoyé des maîtres de chien guide, on est allé aux portes ouvertes de ces écoles.
Mais concrètement, comment ça se passe?
Et donc, ce que j’essaye de répondre, c’est justement à cette question-là pour les familles d’accueil, en ayant à mon micro des familles très différentes, des familles en activité, à la retraite, qui bougent beaucoup, qui ne voyagent pas, ce genre de choses.
Parce que la mission de famille d’accueil, elle a un temps donné avec le chien donné.
On peut la reproduire plusieurs fois, et donc elle se multiplie.
Mais ça veut dire qu’au bout d’un an ou deux ans sans les écoles, le chien est remis à une personne déficiente visuelle et va être avec elle dans son quotidien.
Et le chiot qu’on a vu grandir entre ces deux, quatre mois jusqu’à ces un ou deux ans, il n’est plus à la maison.
Ça, c’est les règles du jeu qu’on sait depuis le début.
Mais pour la plupart des gens qu’on croise, c’est vraiment la première question.
Et je dis souvent sur mon podcast, oui, on va le faire, ce t-shirt.
Oui, je vais pleurer quand je vais le rendre.
Mais je sais pourquoi je le fais.
C’est toute une chaîne de solidarité, voilà, tout un univers à explorer, des connaissances à consolider.
Rendez-vous donc sur ton média, sur ton site Internet, futurchienguide.fr où on tape dans son appli de podcast, futurchienguide.
C’est facile, on te retrouve aussi sur les réseaux sociaux.
Tu racontes des coulisses et même tes expériences.
Oui, effectivement, je partage beaucoup de choses, mais je rencontre aussi parce que j’adore rencontrer d’autres familles, etc.
Donc quand je me déplace, j’hésite pas à dire si vous êtes dans le coin qu’on se croise.
Et puis, le podcast est maintenant nourri aussi par la communauté qui me suit.
Les nouveaux épisodes, les idées sont souvent insufflées par cette communauté qui me dit, Ah, et celle-là et la mise à la retraite et le deuil du chien guide, comment on gère, etc.
Et du coup, ça m’amène aussi à aller chercher toujours plus loin pour répondre à toutes ces questions et de manière si passionnée à chaque fois que je ne m’en lasse pas.
Estelle Boullu, donc pour Futur Chien Guide, merci beaucoup d’être passée dans Soluble(s).
Merci beaucoup, Simon, pour l’invitation.
Voilà, c’est la fin de cet épisode.
Si vous l’avez aimé, notez-le, partagez-le et parlez-en autour de vous.
Vous pouvez aussi nous retrouver sur notre site internet csoluble.media
À bientôt!
(seul le prononcé fait foi)
POUR ALLER PLUS LOIN
- Consulter : le média et la newsletter : futurchienguide.fr
- Écouter le podcast : “Futur chien guide”
- Suivre sur Instagram : instagram.com/futurchienguide
Et aussi :
Le site de la fédération française des associations de chiens guides citée dans l’émission : chiensguides.fr
TIMECODES
00:00 Introduction
01:10 La passion d’Estelle Estelle Boullu
02:43 Chien guide qui peut en bénéficier ?
05:26 Que doivent savoir faire les chiens guides ?
07:38 Le parcours d’un futur chien guide
10:58 Quelles conditions pour devenir famille d’accueil ou relais ?
13:47 Un futur chien guide comme premier chien ?
14:55 Le premier futur chien guide d’Estelle
18:13 La loi leur permet l’accès aux établissements recevant du public
20:37 Quel comportement adopter avec un futur chien guide croisé en public ?
22:55 “Futur chien guide”, le blog et le podcast d’Estelle
27:15 Merci à Estelle Boullu !
Fin
Propos recueillis par Simon Icard.
_
❤️ Dites-le avec des étoiles, 5 même ! ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️
Pensez à vous abonner dans une appli de podcasts pour ne manquer aucun nouvel épisode !
https://linktr.ee/soluble.s.podcast
A bientôt,
Simon
« Le ruissellement » s’abonner à la newsletter mensuelle et gratuite du podcast sur LinkedIn
Ecouter aussi
Born in PPM – Qu’est-ce que ce projet photo qui sensibilise sur la hausse du CO2 dans l’atmosphère ?