[TRANSCRIPTION] Joyau naturel – Comment les Calanques se protègent
C’est un immense plateau qui descend vers la mer Méditerranée. Fragile et magnifique, le massif des calanques est placé sous la haute protection d’un parc national.
De la pointe de Marseille jusqu’à La Ciotat en passant par Cassis, les objectifs du parc national sont essentiels : protéger la nature des atteintes de l’Homme et développer la biodiversité, en mer comme sur terre, sur un périmètre d’une superficie de 520 km² dans les Bouches-du-Rhône.
Douze ans après sa création, des résultats positifs sont là, mais des défis restent à relever. Soluble(s) vous emmène dans ce joyau naturel avec Didier Réault, le président du parc national des Calanques. Un espace réglementé qui doit aussi composer entre accueil gratuit du public et lutte contre la surfréquentation touristique.
Article source : Joyau naturel – Comment les Calanques se protègent
Transcription (automatisée)
Bienvenue dans un nouvel épisode de Soluble(s).
Aujourd’hui, direction la Méditerranée et plus précisément vers l’un de ses plus précieux joyaux naturels.
J’ai nommé le Parc national des Calanques.
Entre mer et terre, les Calanques abritent une biodiversité remarquable mais très fragile.
C’est une zone protégée.
On va faire le point sur ces missions, ces fonctions.
Bonjour Didier Réault.
Tu es le Président du Conseil d’administration du Parc national des Calanques.
Il s’étire d’une partie de Marseille jusqu’à La Ciotat en passant par Cassis dans le sud de la France.
On va voir comment cet outil protège la faune, la flore, la mer mais aussi les pierres.
Et cela depuis sa création en 2012.
Tu nous diras aussi pourquoi il est devenu nécessaire de limiter le flux de visiteurs à certains endroits.
Et on ne manquera pas d’évoquer la sauvegarde de la biodiversité, évidemment, et de la vie qui se développe sur place.
On va voir qu’il y a des résultats remarquables.
Mais d’abord, on veut toujours en savoir un peu plus sur l’invité en début d’émission.
Tu es un élu marseillais.
Peux-tu nous parler un peu de ton parcours?
Oui, bien sûr.
J’ai 56 ans.
Je suis élu conseiller général en 2001.
Et sans discontinuer jusqu’à maintenant.
Et puis ensuite, j’ai été adjoint au maire de Marseille en 2008, dédié à la mer, au littoral, aux plages et au Parc national des Calanques dans sa phase de création.
Je suis également vice-président de la métropole depuis 2020, chargé de l’ensemble des bassins versants, c’est-à-dire des cours d’eau, de leur qualité écologique et puis de la prévention des inondations.
Et là aussi de la mer, du littoral et des ports de plaisance.
Et je suis également le président du Parc national des Calanques depuis 2012, depuis sa création.
Alors, sans rentrer dans les détails de la gouvernance du Parc des Calanques, ce n’est pas un hasard que ce soit un élu qui se trouve à la tête du Parc national, car il faut dire qu’une grande partie de son territoire est public, ce sont des propriétaires publics dans la quasi-totalité des cas.
Ah oui, c’est une émanation de propriétés publiques, notamment de grands propriétaires fonciers comme le département avec ses espaces naturels sensibles, l’ONF, la ville de Marseille, le Conservatoire du littoral, un certain nombre de propriétaires privés mais qui sont minoritaires, et les communes de Cassis et de La Ciotat qui sont également propriétaires fonciers.
Et donc, les collectivités étant importantes dans la gestion foncière du Parc national des Calanques, évidemment, il était tout à fait naturel que ce soit un élu local qui préside le conseil d’administration.
Et honnêtement, ça n’a pas fait débat.
Quand on évoque les Calanques, on pense immédiatement à Marseille, à Cassis, à La Ciotat aussi.
Des images nous viennent.
Décrivons un peu ces paysages, si tu veux bien.
80 km de littoral, c’est une succession de hances et de criques, des falaises blanches qui plongent dans des eaux d’un bleu magnifique, un bleu particulier.
Il y a des pins, beaucoup de cailloux aussi, des roches calcaires.
C’est d’ailleurs pour ça que ça s’appelle les Calanques.
C’est un lieu magnifique.
Comment tu le décrirais?
Alors d’abord, c’est un immense plateau, si on peut dire, les Calanques, qui part du mont Carpiagne et qui descend vers la mer.
Et là, quand on arrive sur la mer, on a effectivement tout un tas de fonds de calanques, de criques qui permettent justement une partie de la baignade.
Et sur Cassis, on a la descente dans le village et sur La Ciotat, on a l’ensemble de ces espaces naturels qui dominent la mer, mais aussi des îles comme le Mugelle, l’Îleverte et puis un certain nombre d’archipels comme l’archipel de Rioux et du Frioul qui fait face à la ville de Marseille.
Donc, c’est une diversité des espaces à la fois terrestre, marin, insulaire, qui sont à la fois dans des sites préservés, naturels, mais aussi au cœur des villes et villages, au cœur de la métropole finalement de 2 millions d’habitants.
Donc, c’est ça qui fait la singularité du Parc national des Calanques, c’est que c’est un parc métropolitain avec un enjeu de nature et de biodiversité extrêmement important.
La France compte 11 parcs nationaux, celui des Calanques a été le dixième à voir le jour, c’était il y a 12 ans maintenant.
En quelques mots, explique-nous ce qu’est un parc national concrètement.
Comment on l’explique simplement?
Alors, un parc national, il a un cœur de métier, quel qu’il soit, c’est la protection de la nature et le développement de la biodiversité.
Et donc, dans tous ces actes, il y a cette notion d’avoir cette réflexion sur quelle est la nature, quel est l’espace à protéger, comment on peut améliorer sa gestion et puis évidemment, comment la biodiversité peut s’y développer.
Deuxième mission qui est tout aussi importante, c’est l’accueil du public.
Alors, ce n’est pas seulement dire bonjour et au revoir au public qui vient visiter ce site.
Sur le parc national des Calanques, c’est 2 millions de personnes au minimum qui fréquentent à l’année ces espaces.
C’est aussi faire de la communication, de la sensibilisation, de l’information, justement à la protection de la nature, au paysage qui vont être découverts par le visiteur et comment les mieux appréhender au mieux, c’est-à-dire dans une certaine sérénité.
Donc, on a toute cette mission qui est développée par nos gardes moniteurs et nos éco-gardes sur le parc national des Calanques, mais aussi sur l’ensemble des parcs nationaux, qu’ils soient montagneux ou qu’ils soient en forêt, voilà.
Ou qu’ils soient outre-mer aussi puisqu’on a des parcs outre-mer en Guadeloupe et à La Réunion.
Préserver, restaurer, gérer et aussi prendre des mesures de réglementation.
Le périmètre de protection du parc est à la fois terrestre et marin.
Alors une grande part en hectares et marines, on comprend bien pourquoi, avec l’étendue de la Méditerranée face donc à, Marseille, La Ciotat, Cassis.
L’espace terrestre est de 8 500 hectares.
Alors, pourquoi fallait-il créer un parc national précisément à cet endroit, tu évoquais sa particularité avec une partie qui est urbaine finalement.
Alors, à l’origine, en 1998, la réflexion sur la meilleure façon de gérer les calanques est venue d’un incendie qui a eu lieu à Sormiou.
Et Guy Teissier, qui était le maire de secteur et de député à cette époque, a réuni l’ensemble des acteurs à la fois marseillais, acteurs publics, bien sûr collectivité, mais aussi propriétaires fonciers.
Cassidins et Ciottadins pour voir comment on pouvait mieux mettre en cohérence la gestion des espaces de façon à ce que les incendies soient moins impactants lorsqu’ils se déclaraient et qu’on puisse avoir une gestion cohérente des espaces, notamment par le débroussaillement.
La question s’est vite posée de savoir comment on organisait tout ça.
Donc il a été imaginé éventuellement un parc naturel régional, une réserve naturelle, un parc national.
Et puis en 2001, il a été décidé que ce serait le parc national qui serait préfiguré par un GIP parce qu’il permettait justement à l’État d’intervenir à la fois sur les espaces terrestres, mais surtout sur les espaces marins qui constituent la majorité du territoire.
Et l’État est la force majeure d’intervention sur l’espace marin.
C’est aussi un pourvoyeur de fond, certes pas suffisant, mais non négligeable.
Donc le Parc national et la structure du Parc national a été choisi dans ce cadre-là.
On a mis dix ans pour le créer, donc on l’a créé en 2012.
Et ça a été effectivement le point de départ d’une aventure, d’une gestion terrestre bien sûr, mais aussi maritime, où la biodiversité était dans une extrême difficulté et que nous arrivons aujourd’hui à restaurer avec le retour d’espèces marines qui avaient disparu de ces espaces, donc on est en phase de reconstitution de la biodiversité sur l’espace marin.
C’est toujours fragile, mais c’est en bonne voie.
Allez, justement, plongeons dans le détail.
On est dans un podcast de solutions.
Le Parc national a évalué les résultats obtenus lors de ses douze premières années.
Il y a eu de nombreux progrès.
Il reste aussi du travail, mais on va parler d’abord des progrès.
Côté mer, le progrès majeur, c’est le retour du vivant en tout cas, une progression des stocks et puis aussi l’arrêt du rejet des boues rouges.
Car depuis les années 60, une usine d’alumine de Gardanne déversait dans la mer Méditerranée, des millions de tonnes de boues rouges.
C’était via une conduite qui partait de la ville de Gardanne, qui est située 55 kilomètres plus haut dans les terres.
Alors, c’est terminé, ces rejets de boues rouges.
Où en est-on?
C’est un progrès très significatif.
Alors, c’est un progrès extrêmement significatif parce que quand ça a été créé dans les années 60, l’usine de Gardanne avait obtenu entre guillemets l’onction du commandant Cousteau, qui estimait que le rejet des boues rouges dans le canyon de Cassidaigne ne présentait pas de danger et était même un avantage pour la mer Méditerranée.
On a vite compris que ce n’était pas le cas et que à un moment donné, ça posait un problème et en 2015, on a réussi à ce que finalement le rejet de boues rouges n’existe plus sur le canyon de Cassidaigne, qui était une grande avancée.
Il a fallu accompagner Alteo dans ses solutions, parfois mettre la pression.
Accompagner, ce n’est pas être en connivence, c’est aussi mettre la pression, c’est aussi faire imposer par les services de l’État le respect de normes.
Et puis, manifestement, le modèle économique de l’usine d’Alteo à Gardanne a changé, ce qui a aidé aussi à l’arrêt de la production d’alumine avec le traitement du minerai sur site.
Et donc, on a à la fois progressé parce qu’il y a eu une volonté écologique, mais aussi un changement de modèle économique de l’entreprise, l’important étant que le rejet soit terminé sur Cassidaigne.
Mais il y a de multiples pollutions aussi qui se sont améliorées.
Le rejet des stations d’épuration en 20 ans a extrêmement progressé et se retrouve aujourd’hui aux normes européennes de rejet en mer.
Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas encore progresser.
C’est le cas de celles de Marseille, de Cassis et de La Ciotat.
Ils font d’énormes efforts pour pouvoir avoir un rejet qui soit le plus conforme possible aux normes européennes.
Et même au-delà, puisque nous allons entamer des réflexions sur la façon de gérer aussi les perturbateurs endocriniens sur les Calanques.
Et donc c’est un cheminement constant vers une amélioration des rejets en mer.
Autre chose, un indicateur, c’est quand même qu’aujourd’hui comme tu l’as dit, les espèces significatives d’une bonne qualité de l’eau reviennent.
Je pense notamment aux mérous, aux Corbès?, et ils reviennent en nombre significatif.
Et puis un arrêt de la dégradation de la posidonie qui souffrait beaucoup des pollutions et en même temps des ancrages des navires sur cette plante qui est indispensable à la vie sous marine.
1 parce que c’est un garde-manger, 2 parce que c’est une nurserie, et 3 parce que c’est un capteur de carbone exceptionnel.
Oui, c’est les herbiers de posidonie, comme on en entend souvent parler.
Ils poussent tout à fait lentement.
C’est un poumon, comme tu disais, et aussi ça produit pas mal d’oxygène qui bénéficie à la Terre, à la planète.
Pour les préserver, il y a eu des réglementations très spécifiques et notamment envers les plaisanciers.
Alors envers d’abord les gros navires de plus de 24 mètres qu’on a repoussés encore à l’ancrage plus loin en mer, avec une forte pression des services de l’État en mer pour que ces bateaux respectent la réglementation de nos mouillages sur les herbiers de posidonie.
Et puis tous les plaisanciers ont cette mission également de préserver l’herbier en mouillant sur du sable ou prochainement sur des zones de mouillage à équipement léger qui seront installées à partir de 2026 sur certaines zones qui sont fortement impactées par le mouillage.
C’est notamment les fonds de Calanques.
Oui, c’est un habitat, un refuge de biodiversité.
Alors impossible de lister toutes les espèces et l’augmentation de leur population.
Mais tu le disais un peu, je signale donc par exemple que le Mérou Brun a amorcé depuis quelques années une reconquête des fonds marins.
On observe aussi au large des Cétacés comme le Grand Dauphin, le Dauphin bleu et blanc et le Rorqual commun.
Il y a aussi des tortues, voilà plein de détails sur votre site internet pour les auditeurs intéressés.
On apprend beaucoup de choses.
Allez, retour sur terre.
Je le disais tout à l’heure en début de conversation.
Il est incontestable que la carte postale attire de nombreux touristes, en plus des visiteurs locaux qui ont leurs habitudes de loisir et de randonnée dans le Parc national des Calanques, à un tel point que vous avez décidé de limiter le flux des personnes autorisées à accéder à certains endroits.
On va donc en parler.
C’est sans doute la Calanque la plus facile d’accès et donc peut-être aussi la plus fréquentée qui a fait l’objet d’une première expérimentation qui a été reconduite désormais depuis 2022.
Pour se rendre à la Calanque de Sugiton et des Pères tombées, il faut réserver son droit d’entrée.
Quel est l’enjeu concrètement auquel cette Calanque fait face?
Alors l’enjeu est exactement calqué sur ce que je disais au début de notre entretien, c’est-à-dire sur le cœur de métier du Parc national, la protection de la nature, le développement de la biodiversité et deuxièmement un meilleur accueil du public.
Je m’explique, on avait avant la mesure que nous avons prise au Parc national, 2500 visiteurs par jour minimum sur la Calanque de Sugiton, avec évidemment des piétinements des sols, un tassement des sols et une dégradation extrêmement importante de l’ensemble des plantes qui pouvaient s’y trouver parce que les gens avaient besoin de place pour s’étaler, pour se reposer, pour profiter complètement de la Calanque.
Et donc c’était incompatible avec la protection de la nature et le développement de la biodiversité.
Et puis en même temps, on notait qu’il y avait aussi, quand il y avait une surfréquentation, des frictions entre les différents groupes de visiteurs ou les visiteurs, parce que quand il y a manque de place, il y avait forcément des frictions.
Donc pour ces deux raisons, on a réfléchi à la meilleure façon de pouvoir gérer l’accès à cette Calanque.
Il était évidemment impossible de l’interdire.
Ce n’est pas notre vocation d’interdire les espaces, mais de mieux les gérer.
Et la réflexion s’est portée sur un modèle de réservation qui a été inspiré évidemment d’un certain nombre d’autres endroits où on avait des modèles de restriction.
Ce qu’on voulait, c’est que ça ne soit pas payant, comme c’est parfois le cas dans les parcs nationaux américains ou canadiens, et que ça permette aussi aux visiteurs de mieux apprécier le lieu.
Donc on a mis en place cette réservation gratuite qu’on doit faire trois jours avant sur le site du parc national et pouvoir accéder avec un QR code sur ce site.
Pourquoi on peut le faire là et pas ailleurs?
En fait, on concentre la fréquentation sur la piste d’FCI qui part de Lumini et qui arrive au col de Sugiton.
90% de la fréquentation.
Et donc on peut mettre là un contrôle d’accès qui est efficace.
Et donc c’est la raison pour laquelle on a pu mettre en place cette réservation.
Ce n’est pas seulement un contrôle d’accès.
En préalable, sur la piste d’FCI de Lumini, on a des points d’information et de sensibilisation qui sont faits par les agents du parc et qui permettent de réaliser notre mission de sensibilisation et d’information du public sur les espaces naturels, sur les espaces à protéger, sur les espèces qu’on peut trouver et comment on doit se comporter dans le parc national des Calanques de la meilleure façon possible.
Alors ça représente quand même un véritable changement d’approche.
Comment le public local et les habitants ont réagi à cette mesure-là avec un peu de recul?
Alors d’abord, on a fait une grande concertation avec les collectivités publiques et l’ensemble des propriétaires fonciers, avec aussi les associations d’utilisateurs, notamment les associations sportives de randonnée, d’escalade, de promenade, les offices de tourisme.
Bref, on a brainstormé comme on dit.
Et puis, c’est ce qui nous a permis d’élaborer cette solution de réservation.
Et on a fait une grande communication.
Réservé, c’est préservé, qui a été plutôt bien accueilli par le grand public.
Honnêtement, aucun rejet du grand public à part quelques épis phénomènes.
Le modèle de réservation a été accepté tout de suite.
Et manifestement, on n’a pas pu constater dans les médias des mouvements d’opposition à cette solution.
Parce qu’elle était, je pense, équilibrée, bien expliquée et qu’elle permet à tous et à chacun de profiter de ce lieu dans les meilleures conditions possibles.
Et honnêtement, si on la reconduit, c’est que c’est une solution qui est efficace pour les calanques de Sugiton et des Piers tombés.
Et à un coût qui est certes important, mais qui reste raisonnable.
Alors vous retrouvez dans la description de cet épisode toutes les dates et les liens.
Mais je signale quand même selon la date à laquelle vous écoutez l’épisode que c’est donc une mesure qui est encadrée dans le temps.
Les deux derniers week-ends de juin, tout le mois de juillet, tous les jours du mois de juillet et d’août.
Et les deux premiers week-ends de septembre si je ne me trompe pas.
Il y a d’autres fonds de Calanques qui sont aussi gérés de façon différente.
Les Calanques de Sormiou et de Morgiou historiquement sont des routes du feu par l’arrêté du préfet dont l’accès est géré par la ville de Marseille pendant les mêmes périodes que celles évoquées sur Sugiton.
Et puis sur En-vaux, on a choisi un autre mode de gestion ainsi que sur Port-Pin.
C’est-à-dire qu’on réglemente plutôt les usages.
Interdiction du VTT, qui lorsqu’il était musculaire présentait peu de dégradation.
Mais quand il est devenu majoritairement électrique, évidemment, on a eu un afflux extrêmement important.
On pouvait se retrouver avec 40 vélos électriques stationnés sur la plage d’En-vaux.
On a réculé l’accès du canoé kayak, c’est-à-dire qu’il ne peut plus “beacher”sur En-vaux et sur Port-Pin.
Là, on se retrouvait avant avec 60 canoés kayaks dans les pires périodes.
Et puis, on a interdit le mouillage sur En-vaux et Port-Pin.
Parce que là aussi, c’est une dégradation de la biologie, posidonie extrêmement important.
Donc, les modes de gestion ne peuvent pas être reproduisibles, en procédant par mimétisme sur l’ensemble des fonds de Calanques.
À chaque fond de Calanques, ça gestion.
D’ailleurs, sans question de pied, je crois qu’il y a 20 Calanques dans le Parc national des Calanques.
Quelques mots du loup, car figurez-vous que les équipes du Parc national des Calanques l’ont repéré.
Un premier loup a été observé dans le Parc fin 2020.
Et depuis 2022, c’est une première meute de loup qui s’est installée au cœur du Parc national.
Alors pas de danger pour les visiteurs, mais je voulais en parler parce que c’est incontestablement un signe favorable, un indicateur que la biodiversité semble être quand même en forme actuellement sur place.
Eh bien oui, quand les espèces tête de chaîne alimentaire sont présentes, ça veut dire qu’il y a de quoi se nourrir.
Donc le loup sur la partie terrestre, le mérou et le corbe sur la partie marine sont partis de ces têtes de chaîne alimentaire qui montrent que la biodiversité se porte de mieux en mieux dans le Parc national des Calanques.
C’est aussi le loup un moyen de réguler, autant que faire se peut, les espèces notamment impactantes comme les sangliers.
Et donc nous comptons aussi sur le loup pour nous aider à réguler les sangliers dans le Parc national des Calanques qui présentent des dangers notamment sur les franges du Parc et on le voit dans plusieurs reportages ces dernières semaines dans les médias.
Alors le dernier loup observé à Marseille, notez-le, avait été donc avant 2020, observé et tué en 1872.
Alors on le sait, hélas, le risque d’incendie est particulièrement élevé.
Tu le disais au début, c’est même ce qui a motivé au début les réflexions pour une protection accrue du lieu, les départements des Bouches-du-Rhône, est un lieu particulièrement sensible au risque d’incendie.
Cela ne va pas s’arranger avec le temps, en termes notamment des évolutions du climat.
Comment vous prenez en compte ce risque d’incendie sur place?
Alors c’est un travail de tous les instants et de toute l’année, notamment par les équipes du parc bien entendu, par les propriétaires fonciers et aussi les deux services de secours d’incendie que sont le S1013 et le bataillon des marins pompiers qui depuis maintenant une bonne douzaine d’années ont renforcé leur lien de travail ensemble et qui élaborent des stratégies tout au long de l’année pour se préparer aux incendies du printemps, de l’été et de l’automne parce que maintenant il y a de moins en moins de saisonnalité pour les incendies, ils peuvent se déclarer à tout moment.
Et donc les services de secours d’incendie font un travail extraordinaire pour justement mieux collaborer et travailler avec les propriétaires fonciers de façon à ce qu’on ait la meilleure efficacité possible et le plus rapidement possible lorsqu’un incendie se déclare.
Ça passe notamment par des débroussaillements importants qu’on a pu faire cette année sur les Calanques de Marseille, de Cassis.
Et il y en avait besoin avec justement le concours des bataillons des marins-pompiers et d’US-13.
En Europe, la majorité des feux de forêt, des incendies sont d’origine humaine.
D’ailleurs, je crois que l’usage du feu, y compris la capacité de fumer des cigarettes, est interdit dans tout le périmètre du parc.
Complètement interdit.
Non utilisation du feu, de la cigarette et de tout ce qui pourrait provoquer une étincelle.
On a aussi effectivement des risques d’incendie et du fait de la circulation automobile.
Donc il faut, je ne sais pas si vous avez remarqué, mais sur la Gineste, on a débroussaillé tout autour de la route départementale et de façon assez importante en préservant des îlots de biodiversité, des abris pour les espèces qui fréquentent le parc, mais qui permettent de limiter les risques d’incendie dus aux étincelles qui peuvent être provoquées par les automobiles ou les camions.
Et puis bien sûr, tout autour des pistes des FCI, nous avons aussi pratiqué des débroussaillements importants qui permettent justement de limiter la propagation du feu lorsqu’il se déclare malheureusement.
Et de faciliter le travail des services de secours et d’incendie.
Le Parc national des Calanques a reconduit sa charte pour les 15 prochaines années.
C’est sa feuille de route, ce sont ses objectifs, alors ce sont les mêmes.
Mais y a-t-il une attention particulière par rapport justement au réchauffement climatique?
Parce que si on se rejette dans les 15 prochaines années, la situation pourrait évoluer.
Alors effectivement, on a décidé de prolonger la charte puisqu’on devait faire une réévaluation à mi-parcours parce qu’on a estimé que finalement les objectifs fixés par la charte en 2012 étaient les bons objectifs et que ce qui était à améliorer c’était sans doute la réalisation de ces objectifs et non le changement de ces objectifs.
Donc c’est la raison pour laquelle on l’a prolongé.
Bien entendu, le dérèglement climatique ou le changement climatique ou le réchauffement, comme on peut le voir, impactent forcément nos réflexions, notamment sur le risque incendie, c’est très clair, et puis sur la façon de gérer les espaces qui permettent aux espèces de mieux progresser.
En mer, c’est aussi l’observation d’un certain nombre de phénomènes, d’espèces envahissantes, qu’elles soient faunistiques ou floristiques, et donc on a à observer, à prendre en compte l’observation pour mieux gérer par nature le changement climatique et chaque jour changeant.
Et donc on doit s’adapter plutôt au climat plutôt que de pouvoir l’anticiper, parce qu’on a une difficulté d’anticipation, mais par contre, il faut être en capacité de s’adapter rapidement.
Alors on n’a pas le temps de l’évoquer, mais impossible quand même de ne pas parler des incivilités.
Alors nos auditrices, nos auditeurs sont tout à fait civiques et ne déposent pas d’ordures et de déchets dans la nature, mais quand même c’est un des problèmes d’origine humaine qui est le plus visible, le plus palpable.
Vous avez pas mal d’actions, mais aussi une police de l’environnement?
Tous nos agents sont police de l’environnement, et ils ont mission aussi de sensibiliser nos visiteurs au fait qu’il faut ramener et trier ces déchets.
Ils ne trouveront pas de poubelle dans les Calanques parce qu’on les a supprimées, d’abord parce que c’est difficile à gérer en fond de Calanques et que cette gestion n’était pas suffisamment optimale pour pouvoir les ramasser en fonction du flux.
Et on observait que même quand la poubelle était pleine, les gens continuaient à déposer à côté.
Donc on a décidé de les supprimer et finalement ça a permis à chacun de prendre conscience qu’il fallait, en tout cas la plus grande partie, de ramener ces déchets et de les trier.
Bien sûr, on a encore des gens qui passent outre et qui se foutent comme d’une ligne de l’espace naturel, de la protection de l’espace et des espèces parce que c’est aussi des déchets, des choses qui peuvent être ingérées par les espèces des Calanques et par les animaux.
Et donc, on a à veiller là-dessus.
Donc, nos agents sont très soucieux de pouvoir informer, sensibiliser, mais aussi réprimander lorsqu’il le faut.
Ils ont capacité de dresser des contraventions à ceux qui laissent leurs déchets traîner un peu partout.
Mais si j’ai un conseil, en tout cas une demande à faire, c’est vraiment de ramener, d’abord de limiter l’apport de déchets si on en a, les ramener et les trier à la sortie des portes du Parc national des Calanques.
Didier Réault, donc sujet passionnant.
Merci pour ce panorama effectué ensemble de ce Parc national des Calanques.
Je renvoie nos auditrices et nos auditeurs au site Internet du Parc qui propose donc de nombreuses ressources sur les espèces à découvrir, à protéger.
A noter aussi qu’il y a aussi des podcasts à écouter, donc rendez-vous sur ce site Internet.
Didier, merci d’être passé dans Soluble(s).
Merci à Soluble(s) de m’avoir accueilli.
Voilà, c’est la fin de cet épisode.
Si vous l’avez aimé, notez-le, partagez-le et parlez-en autour de vous.
Vous pouvez aussi nous retrouver sur notre site Internet csoluble.media
À bientôt.
POUR ALLER PLUS LOIN
- Visiter le site du Parc National des Calanques
- Le site de réservation pour la calanque de Sugiton et des pierres tombées (dès le 12 juin 2024)
TIMECODES
00:00 Le parcours de Didier Réault
02:22 Les propriétaires fonciers dans le périmètre du Parc national des Calanques
03:05 Description des lieux (c’est magnifique)
04:47 Au fait, ça sert à quoi un parc national ?
08:30 Des progrès importants et défis
09:28 En mer, la fin de la pollution par les “boues rouges” de Gardanne
12:47 Mérou brun, cétacés, etc. La reconquête
14:21 Surfréquentation à Sugiton : “réserver, c’est préserver”
19:58 Une meute de loups dans les Calanques
21:55 Se protéger face au risque d’incendie
24:27 S’adapter au réchauffement climatique
26:06 L’incivisme et la police de l’environnement
27:39 Merci à Didier Réault !
Fin
Propos recueillis par Simon Icard.
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