[TRANSCRIPTION] Le vélobus écolo et collaboratif pour se rendre à l’école
Alternative à la voiture. La société nantaise Humbird a conçu le Woodybus, un vélobus qui peut accueillir huit enfants et un conducteur. Une conception, française et essentiellement en bois qui permettrait de “décarboner les transports scolaires”.
Écouter plus tardPour Soluble(s), Jean-François Robert détaille son concept déjà adopté par la communauté d’agglomération Seine-Eure (27), en Normandie, qui a déjà commandé une quarantaine de vélobus sur quatre ans.
Transcription (automatisée)
Bienvenue dans ce nouvel épisode de Soluble(s).
Aujourd’hui, je souhaite médiatiser une solution originale de mobilité pour conduire les enfants à l’école.
Bonjour Jean-François Robert.
Bonjour Simon.
Enchanté d’être avec vous.
Merci d’être dans Soluble(s).
Vous êtes le président de la société française Humbird.
Vous avez développé un vélobus.
On va voir ensemble de quoi il s’agit, comment ça marche et à quel problème il répond.
Mais d’abord, pour vous présenter, parlez-nous un peu de votre parcours.
On peut dire que vous avez toujours travaillé pour tout ce qui roule.
Oui, effectivement.
Moi, au départ, j’ai été passionné de moto.
Ça a occupé toute ma vie.
Jusqu’en 2019, j’essayais des motos pour des journaux.
Je construisais des motos de course sous ma propre marque.
Et puis, j’ai une formation en fait d’ingénieur en construction automobile.
En 2019, je me suis dit qu’il fallait passer à autre chose, que l’enjeu pour la planète, c’était plus important que de tourner en rond pour se faire plaisir sur des circuits et qu’il fallait vraiment s’occuper du changement climatique en proposant des solutions, on va dire, un peu disruptives pour reprendre un mot à la mode.
Alors on en vient en effet à votre vélobus.
Il s’appelle le Woodybus.
Pouvez-vous nous le décrire?
Un vélobus, ça fait 3 mètres 50 de long, ça mesure 1 mètre 15 de large, 1 mètre 90 de haut.
C’est fait pour emmener huit enfants, en plus du chauffeur.
Tout le monde pédale.
C’est un transport en commun collaboratif.
Il s’appelle Woodybus parce qu’on l’a construit en bois (Wood en anglais).
Et on a pensé à cette solution pas dès le départ, mais en fait, elle s’est fait jour au fur et à mesure de l’avancement du projet.
On a d’abord pensé à faire une première maquette en bois en se disant ça va être plus simple à réaliser, à transformer avec les moyens dont on dispose.
Et puis au fur et à mesure, au fil de l’avancement, on s’est dit, mais c’est comme ça qu’il faut le faire parce que c’est performant et en plus extrêmement bien d’un point de vue écologique puisque par rapport à l’empreinte carbone d’un aluminium qui est une vraie catastrophe écologique, qui demande énormément d’énergie, qui rejette des bourreaux genre le Méditerranée, et bien là, on est au contraire sur un puit de carbone, c’est-à-dire que les arbres pour pousser consomment du CO2 et le stockent puisqu’il n’est pas brûlé.
Alors ce vélo est donc en bois, bien nommé le Woodybus.
D’où vient le bois justement?
Est-ce que vous êtes attentif à…
Comment êtes-vous attentif à sa provenance?
Alors oui, on est attentif à la provenance, en fait, de presque tous les ingrédients.
Je dis presque parce qu’il y a certains qu’on n’a pas pu sourcer près de chez nous.
Mais le bois, il vient…
C’est du pin maritime, il vient des forêts, des landes.
Et il est transformé en contreplaqué dans les Deux-Sèvres.
Et puis ensuite, on le fait découper ici à Nantes.
Et donc après, le véhicule, c’est un peu comme un meuble qu’on assemble soi-même.
Voilà.
Ce vélo fonctionne essentiellement à l’énergie des jambes.
Il est piloté par un adulte.
Comment ça s’organise à bord?
On a une assistance électrique qui est pilotée uniquement par le chauffeur.
C’est-à-dire que c’est rigoureusement comme sur un vélo.
Quand le chauffeur appuie sur les pédales, ça déclenche l’assistance.
S’il arrête de pédaler, ça la coupe.
Au-delà de 25 km·h, elle se coupe.
C’est vraiment la vitesse limite qu’on arrive à atteindre tout seul.
Les enfants, eux, ont des pédaliers et sont équipés de roues libres.
C’est-à-dire que si par exemple, il y en a un qui perd les pédales, il ne va pas se faire coincer les pieds par les autres pour une question de sécurité.
Justement, la sécurité à bord, comment vous en avez tenu compte parce qu’en effet, c’est un transport destiné à transporter des enfants.
Quels sont les principaux axes de la sécurité du Woodybus?
Alors, en fait, la sécurité, pour nous, la référence, ça va être l’utilisation d’un vélo par un enfant seul.
Donc là, il ne peut pas tomber parce qu’il y a quatre roues.
C’est un adulte qui pilote.
Donc, même si l’enfant n’est pas attentif, il n’y a pas de risque.
L’adulte, bien sûr, maîtrise mieux le code de la route et la conduite du véhicule.
Donc, on est sur un niveau de sécurité très supérieur à l’utilisation d’un vélo par un enfant.
Après, le véhicule se déplace relativement doucement.
Quand tout le monde est à bord, on est aux alentours de 15 km heure.
On l’a équipé de quatre freins à disque.
Ça, c’est pour la sécurité active, une forte signalisation lumineuse et aurécho, enfin, réfléchissante.
Et voilà pour les axes de sécurité.
Les enfants ne sont pas attachés.
Ils ont une barre pour se maintenir.
Ils sont assis sur une selle et ils ont les pieds sur les pédales.
Alors, votre vélobus conjugue en effet deux caractéristiques, celles, on pourrait dire, du transport collectif, du transport scolaire.
L’objectif, c’est d’offrir à des parents d’élèves une alternative à la voiture pour les conduire à l’école.
C’est dans ce sens que vous avez imaginé ce projet?
Oui, c’est ça.
C’est-à-dire que l’objectif, c’était vraiment de décarboner les transports scolaires sur des courtes distances.
Parce qu’en fait, notre cible, ce sont les enfants qui sont trop loin pour aller à pied à l’école et pas assez loin pour bénéficier d’un vrai ramassage scolaire.
Parfois, dans certaines villes, il n’y a même pas de ramassage scolaire.
Donc, cela vient tous avec des voitures individuelles.
Et nous, ce qu’on s’est dit, c’est que c’était quand même dommage de déplacer quasiment 1500 kg d’acier pour amener un enfant de 25-30 kg à l’école.
Ce n’était pas très pertinent.
Et donc, on a fait ce véhicule qui, lui, pèse 200 kg pour neuf personnes, enfin, huit passagers transportés.
Le Woodybus a reçu une certification.
Cela veut dire qu’on va bientôt le voir circuler quotidiennement.
Dans certaines rues de France, vous avez d’ailleurs remporté un appel d’offre de la communauté de communes de Seine-Eure.
Alors, je crois que c’est entre Rouen et Évreux.
Comment ça va s’organiser?
À quand, donc, c’est Woodybus en fonctionnement au quotidien?
Effectivement, c’est dans les environs de Louviers.
Et ce sont les premiers véhicules qu’on va livrer.
C’est une communauté de communes qui est très engagée sur ce mode de transport, qui avait mis en place un service il y a quelques années en utilisant des school bus d’origine hollandaise, mais ces véhicules n’étant pas certifiés, l’expérience a tourné court.
Elle va reprendre là début avril pour un premier vélobus et ensuite pour la rentrée avec neuf autres véhicules et encore dix autres pour la rentrée suivante et normalement encore deux fois dix autres pour les rentrées qui suivent.
Si tout se passe bien, si les villes en font la demande.
Et donc c’est organisé par la Régie de transport.
Donc il y a un chauffeur qui est affrété.
Vos clients, vos acheteurs seront essentiellement des collectivités, des organisations de transport.
Y a-t-il d’autres applications que le transport scolaire que vous envisagez pour le Woodybus?
Oui, alors on pense au parc de loisirs, aux villes touristiques, des applications pour les adultes aussi.
Donc là, on sera obligé d’enlever deux places, de faire un véhicule sept places, parce qu’un vélo, même si ça ne ressemble pas vraiment à un vélo, on ne doit pas dépasser 650 kg avec tout le monde à bord.
Donc pour les adultes, on est obligé de limiter le nombre de places et aussi pour qu’ils aient plus d’espace.
Et puis après, on peut imaginer peut-être aussi des dérivées de façon camping-car ou vélocar.
Il y a plein d’applications qui permettent de faire des déplacements en roue et de partir avec toute la famille en vacances.
On a plein d’idées en tête avec Jérémy, donc Jérémy, je sais, qui est mon associé dans ce projet.
Enfin, on est quatre associés.
Jérémy travaille très activement avec moi sur le Woodybus.
Plein de projets en perspective.
Écoutez, on se fait une bonne route au Woodybus.
Jean-François Robert, vous êtes le président de la société Humbird.
Vous êtes basé du côté de Nantes, en Loire, à Atlantique.
Merci d’être passé dans Soluble(s).
Merci beaucoup pour votre écoute.
Et c’était un grand plaisir.
Belle journée.
Voilà, c’est la fin de cet épisode.
Si vous l’avez aimé, notez-le, partagez-le et parlez-en autour de vous.
Vous pouvez aussi nous retrouver sur notre site internet. csoluble.media
À bientôt !
Écoutez l’épisode complet. (Seul le prononcé fait foi)
POUR ALLER PLUS LOIN
Le site www.humbird.fr
TIMECODES
00:00 Introduction
00:43 Un passionné de « tout ce qui roule »
01:35 Description du Woodybus conçu pour transporter 8 enfants
02:50 Le bois, un avantage écologique par rapport à l’aluminium
04:20 Le fonctionnement et la vie à bord. Quel rôle pour les enfants ? La prise en compte de la sécurité
07:10 Une alternative à la voiture : pour qui ?
08:28 Le Woodybus est certifié, en service en Normandie dans la communauté de communes Seine-Eure (27)
10:10 Les autres applications possibles pour ce vélo bus
11:43 Merci à Jean-François Robert !
Fin
Propos recueillis par Simon Icard.