Manon Béréhouc, photographe et cinéaste naturaliste, dévoile pour Soluble(s) la vie secrète des chauves-souris, essentielles à la biodiversité. Alors que ces mammifères volants déclinent, elle mobilise l’image pour sensibiliser et agir.
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- Photo : Manon Béréhouc
- Photo : Manon Béréhouc – « Cavernicole » (Edition Dashbookk)
>> Lire l’article source : Aimer et protéger les chauves-souris – Avec Manon Béréhouc
Transcription (Automatisée)
– Simon Icard : Bienvenue dans un nouvel épisode de Soluble(s). Aujourd’hui, on plonge dans l’univers de petites bêtes volantes mal aimées. Elles sont pourtant plus menacées que menaçantes et notre invitée a décidé d’utiliser l’image pour faire évoluer nos regards.
Bonjour Manon Béréhouc.
– Bonjour.
– Tu es une cinéaste et photographe naturaliste qui sillonne la Dordogne où tu es basée. Tu t’es spécialisée dans la mise en image du vivant. Tu t’es passionnée pour les chauves-souris à qui tu consacres cavernicole un livre et une exposition. Alors, on va parler de l’importance de ce petit mammifère volant que l’on imagine volontiers se reposer suspendu la tête en bas. Tu nous diras comment tu travailles pour partager tes observations avec le public et quelles sont les menaces qui pèsent sur les chauves-souris ? On verra comment limiter ce problème, y compris en tant que citoyens, car c’est un enjeu important en ces temps de crise de la biodiversité. Il faut dire qu’il y a urgence, car la population de chauves-souris a chuté de près de 40 % en dix ans.
Mais d’abord, on veut en savoir plus sur toi. Tu n’es pas une scientifique, mais tu es engagée sur le terrain et tu utilises donc les objectifs de tes appareils photos et ta caméra pour partager des connaissances.
Parle-nous un peu de ton parcours. Comment tu t’es retrouvée à vouloir arpenter des grottes peuplées de chauves-souris ?
Un parcours passionné au service de la faune sauvage
– Manon Béréhouc : Alors initialement, je suis partie dans des études pour être dans le social. Ça n’a rien à voir avec ce que je fais aujourd’hui. Et puis j’ai toujours eu cet attrait pour la faune sauvage, pour l’environnement. Et bon, une fois rentrée dans les études pour la santé sociale, je me suis dit, j’aimerais bien faire autre chose quand même. Je ne me voyais pas toute ma vie travailler dans un bureau, en fait, pour être honnête. Et donc j’ai commencé à faire des recherches et j’ai continué mon parcours en environnement, donc en études scientifiques, en biologie, en écologie, j’ai fait un BTS gestion et protection de la nature, ce qui m’a amenée à faire des stages sur les chauves-souris. En fait, moi, j’ai, mon parcours a commencé dans l’environnement aux alentours du Covid en 2019 et je devais partir pour un stage sur les baleines à bosse à Madagascar. Et en fait, il y a eu le Covid, donc j’ai dû rester en Nouvelle-Aquitaine. Et puis on m’a proposé un stage sur les chauves-souris. Alors, j’ai dit oui, j’ai accepté, puis c’est comme ça que j’ai découvert vraiment, ces petits mammifères super attachants, très touchants. Et puis et puis j’ai continué, en fait, à me spécialiser après dans la chiroptérologie. Donc c’est l’étude des chauves-souris avec une licence professionnelle. Et puis j’ai un équivalent master aussi en documentaires animaliers. Donc aujourd’hui, je suis naturaliste, formée sur le terrain en fait à l’étude des chauves-souris, mais je me suis spécialisée en plus dans la prise de vue, la prise d’images, donc de chauves -souris. Voilà. Et je fais des films aujourd’hui, je les mets en avant sur les réseaux sociaux. Voilà.
Combattre les préjugés sur les chauves-souris
– On va voir tout ça en détail. En effet, tu dis en quelque sorte que tu es tombée “amoureuse” des chauves-souris. Qu’est-ce qui t’a poussé à vouloir redorer leur blason ? Il faut dire que de nombreux préjugés les entourent.
– Oui, complètement. C’est vraiment.. et puis des choses qui ne sont pas fondées. Mais c’est des peurs irrationnelles. En fait, comme n’importe quelle autre espèce, on peut avoir les araignées, les serpents, ce genre de genre d’espèce. Moi, la première fois que j’ai vu une chauve-souris, je me suis dit Ok, c’est pas vraiment comme je l’imaginais. En fait, c’est beaucoup plus mignon, ça a des petits poils, ça a des petits, des petites griffes. Vraiment, c’était. C’était une petite boule de poils toute petite et innocente. Et je me suis dit ok, c’est sympa comme mammifère. À la base, moi, vraiment, je suis plus axée mammifère. Jj’ai des connaissances en ornithologie, oiseaux, serpents, ce genre de choses. Mais pas… Mais, j’étais vraiment spécialisée dans les mammifères, puis je cherchais une spécificité en plus dans les mammifères. Je voulais vraiment me spécialiser sur une espèce. Il y a une famille, un taxon, on va dire. Donc, je me suis dit bon bah, on va continuer de creuser. Et puis en fait en cherchant, en essayant d’en apprendre davantage, on se rend compte vite, oui, qu’elles sont victimes de préjugés, que les gens ne les aiment pas vraiment, voire pas du tout en fait. On a même des phobies par rapport aux chauves souris qui ne sont pas fondées encore une fois. Mais et puis, et puis connaître un peu comment elles fonctionnent, leur métabolisme en hibernation. Comment est-ce qu’elles, comment est-ce qu’elles se reproduisent. Comment est-ce que toutes les femelles mettent bas en même temps. En fait, elles sont, elles sont entourées de mythes et en même temps, elles font des choses si fascinantes et incroyables que je me suis dit ouais, non, ok, c’est là-dedans qu’il faut que je me lance, c’est passionnant !
Le rôle essentiel des chauves-souris dans l’écosystème
– Alors en France métropolitaine, un tiers des 36 espèces de Chauves-souris sont menacées. Leurs populations déclinent drastiquement, certaines sont même en danger d’extinction. Je le disais, on va voir dans un instant ce qui les menace. Mais d’abord, explique nous pourquoi est-il si important de les préserver ? Elles sont indispensables à la santé des écosystèmes ?
– Alors c’est ça, Moi, je pars du principe que toute espèce en fait a sa place. Mais les chauves-souris aujourd’hui, elles sont donc, comme tu viens de le dire, vraiment en danger. Mais il faut savoir qu’une chauve-souris, ça, en tous cas, les chauves souris françaises, elles sont insectivores. Donc, on a nos chauves-souris en France et en Europe, elles mangent des insectes. Et dans la problématique aujourd’hui du moustique tigre ou d’autres insectes qui arrivent qui sont “nocifs” pour l’être humain, enfin nocifs, c’est-à-dire qui amènent des maladies. Voilà ce genre de choses. Les chauves-souris, elles vont vraiment être de précieuses alliées dans la régulation des populations d’insectes, populations d’insectes “nuisibles” entre guillemets, nuisibles pour nous, mais nuisibles aussi pour les cultures. Voilà. Donc, les chauves-souris consomment énormément d’insectes toutes les nuits, tous les jours, tout le temps, qu’elles ne dorment pas en hibernation. Et donc on va avoir vraiment cette diminution des insectes. Elles vont, elles vont vraiment nous aider nous, à passer aussi des soirées d’été plus sympathique dehors ! En tout cas, c’est vrai, moi, je l’ai remarqué, j’ai déménagé beaucoup de fois, mais j’ai eu pas mal de colonies de chauves-souris à proximité de chez moi et à chaque fois en fait, qu’il n’y avait pas de chauve-souris, s’il y a un point d’eau, ce sont de bonnes alliées pour la nature, pour les humains aussi.
– Alors évidemment, chaque espèce a sa place et son rôle, son rôle. Ces espèces sont protégées. On appelle ces espèces des espèces parapluie parce que leur conservation permet également de protéger et de sauvegarder d’autres espèces qui sont peut-être aussi vulnérables ?
– Oui, tout à fait. On a beaucoup d’espèces parapluie. En fait, presque toutes les espèces peuvent être “parapluie”, mais on prend l’exemple de la chauve-souris. En protégeant la chauve-souris, donc on va, on va protéger.. Comment protéger la chauve-souris ? Typiquement, on va protéger le jardin, on va éviter les phytosanitaires dans le jardin. Bon alors, on va protéger les chauves-souris initialement, mais on protège aussi tous les autres insectes. On protège, du coup, les prédateurs de ces insectes qui ne sont pas uniquement les chauves-souris. On va protéger, du coup, aussi toute la… le végétal du jardin et ça va potentiellement pouvoir… enfin, il y a des espèces qu’on n’avait pas, qu’on n’avait pas soupçonnées qui vont pouvoir se développer en protégeant une espèce. En fait, on va en protéger plein d’autres. De fil en aiguille, c’est pas, c’est pas direct, c’est indirect.

Photo : Pexels
Le cycle de vie des chauves-souris, rythmé par les saisons
– Simon Icard : Alors le cycle biologique des chauves-souris suit le rythme des saisons. Elles sont actives entre le mois de mars et octobre. Elles consomment chaque nuit, tu le disais, une quantité d’insectes assez impressionnante. La période de reproduction est au printemps et la chauve-souris ne donne naissance qu’à un seul petit qui devient autonome en été. Et en hiver, elle entre en hibernation et c’est un moment privilégié pour ton travail d’observation.
– Manon Béréhouc : Tout à fait. Voilà, les chauves-souris, c’est c’est ça, ça hiberne en fait. Parce qu’on a un manque d’insectes notable en hiver, en tout cas chez nous. La diminution des températures fait que les insectes ne résistent pas au froid et donc les chauves-souris, pour pallier le manque de ressources alimentaires, elles vont rentrer dans une léthargie, en hibernation et.. Et donc c’est à ce moment là où moi, je me suis. J’ai axé mon travail, vraiment sur cette période-là parce que initialement, j’ai commencé mon travail d’étude des chauves-souris par des comptages hivernaux. Donc, c’est-à-dire que dans certaines régions, voire toutes les régions, enfin dans toutes les régions en tout cas en France, les associations de protection de la nature organisent des comptages hivernaux pour recenser les populations hibernantes. Voilà, pour connaître un peu les effectifs. Si ça varie, ça descend, ça augmente. Et donc. Et donc, moi, mon travail, je l’ai commencé comme ça et je me suis dit bon bah autant je prends mon appareil photo, j’essaye de faire quelques images et en fait je me suis très vite rendu compte que c’était quelque chose que j’aimais beaucoup. Alors au delà du fait que les chauves-souris, effectivement, tu l’as dit, ce sont des espèces protégées, des mammifères protégés, le dérangement est interdit, d’où le fait d’être accompagné de professionnels pendant ces sessions de comptage. Et évidemment, toutes les précautions sont prises, largement prises pour, pour limiter tout problème. Et. Et donc c’est vraiment un, c’est une toute une phase de leur vie que j’aime beaucoup mettre en avant parce que finalement, les gens ont peu l’occasion de la voir.
Plongée dans l’intimité des grottes en hibernation
– S.I : Aide-nous à imaginer l’atmosphère dans laquelle tu travailles pour les photographier lors de l’hibernation. Tu t’engouffres dans des grottes, c’est ça ?
– M.B : En fait, on a des. On est un tout petit groupe, trois personnes, maximum quatre quand la cavité est bien plus, bien plus importante. Et puis en fait, on rentre dans la cavité, on commence à regarder chaque fissure, on a le bruit de l’eau en arrière-plan. C’est vraiment, c’est très, c’est particulier comme endroit. Je dis toujours quand on rentre dans une cavité, on a. À partir d’un certain moment, on n’a plus de lumière extérieure. Mais, Mais c’est pas ça. Enfin en tout cas ça, ça me fait pas peur ! Mais on a vraiment cette ambiance très particulière où une fois qu’on ressort de la cavité, on est vraiment. Le temps s’arrête vraiment sous terre. Et ça, c’est pas, c’est pas. C’est quelque chose que j’ai beaucoup entendu avant, même en étant plus petite. Et puis je me suis vraiment rendue compte de ça. Il y a une anecdote un jour, on est rentré dans une cavité, il était 9 h du matin, on est ressorti parce qu’elle était vraiment grande et en fait, il était 23 h, on s’en est pas rendu compte, on a pique-niqué dedans etc. Mais. Mais en fait c’est comme si on y avait passé 2 h.
– Evidemment, dans ces grottes, il n’y a pas que des chauves souris. Tu fais des rencontres avec d’autres animaux ?
– Oui, tout à fait. Donc, on a tout, toutes les, tout ce qui est arthropodes. Enfin voilà. Insectes, araignées qui aiment les cavités qui sont un peu inféodées aussi à ce milieu-là. On peut rencontrer des espèces un peu surprises et comme les renards, les blaireaux des rapaces nocturnes aussi. Une chouette, chouette hulotte, chouette effraie, Hibou moyen-duc que j’ai déjà croisé dans les grottes. Évidemment, ils ne sont pas au fond, au fond de la cavité, plutôt vers l’entrée, mais c’est des observations toujours sympathiques. Voilà. Bon après évidemment, c’est tout. J’en parle un peu dans le bouquin, mais on pourra en reparler plus tard. Mais dans les cavités, il n’y a pas que des jolies choses, il y a des chauves-souris, c’est parfait, mais on a aussi beaucoup de dégradations humaines…
Pourquoi il ne faut jamais déranger une chauve-souris en hibernation
– S.I : Alors justement, sur ce point, évidemment, les cavités, certaines, sont accessibles aux promeneurs ou randonneurs, mais aussi exposées à des dégradations. Pourquoi tu disais ? Pourquoi c’est si important de ne pas déranger les chauves-souris, surtout pendant l’hibernation ?
– M.B : Alors donc, les chauves-souris, pour entrer en hibernation, elles vont d’abord faire un stock de graisse énorme. Elles vont aller consommer beaucoup d’insectes pour faire des réserves et ensuite, elles vont rentrer dans une phase de profonde léthargie. Le cœur va ralentir à l’extrême. Les respirations, elles sont très très espacées. On a vraiment un ralentissement du métabolisme qui est drastique. Et c’est sûr que les chauves-souris se réveillent à peu près toutes les trois semaines pour s’hydrater. Mais c’est un réveil naturel. Je veux dire, c’est elles qui le décident. Quand on rentre dans une cavité sans précautions, voilà, sans, sans, sans même avoir l’idée que déranger une chauve-souris peut lui être fatal. Parce que ça arrive. Et ben en fait, c’est problématique puisqu’une, puisqu’une chauve-souris qui va être enfin qui va entendre un bruit particulier, une source de chaleur inhabituelle, une lampe aussi, par exemple, des flashs. Ben là du coup, ça va forcer à son métabolisme à se remettre en route pour vérifier juste si c’est un vrai danger, ou alors simplement quelqu’un qui passe voir. Et sauf que ces réveils répétés, ben en fait ça lui ça consomme énormément d’énergie et après pour se rendormir, c’est compliqué. Donc c’est pour ça que plusieurs réveils non sollicités initialement par la chauve-souris, ça peut lui être fatal puisque si on est en plein hiver, au mois de décembre ou au mois de janvier et que dans certaines régions, il fait des températures négatives pendant un long moment, ben en fait, même si elle est réveillée, elle ne va pas pouvoir aller consommer des insectes. Donc c’est là où ça devient problématique.
Les multiples menaces qui pèsent sur les populations
– Voyons plus en détail quelles sont les menaces qui pèsent sur les chauves-souris. Alors, on va se concentrer sur la France, sur la métropole. Comme souvent, les activités humaines exercent ce que l’on appelle une pression sur les espèces, sur leur santé. Mais concrètement, qu’est-ce qui est en cause ?
– Alors aujourd’hui, on a le problème de tout ce qui est phytosanitaires, pesticides, insecticides, évidemment. Voilà, les chauves-souris consomment des insectes, les insectes qui sont soumis en fait qui sont qui, qui ont reçu une dose de pesticides importante et qui ne meurent pas dans l’immédiat. En fait, ils sont quand même infectés et donc les chauves-souris vont aller consommer ces insectes. Donc c’est, c’est tous ces éléments qui vont se retrouver dans l’organisme des chauves-souris. On a aussi la problématique de la fragmentation des habitats. Une chauve-souris, ç’a besoin de corridors écologiques pour se déplacer. Une chauve-souris, ça envoie des ultrasons pour se déplacer, pour chasser par exemple. Un Grand rhinolophe, c’est une espèce de chauve-souris. L’ultrason va, peut atteindre 35 mètres, donc. C’est-à-dire que sur une ligne droite, si à un moment donné dans une haie, on a un trou de plus de 35 mètres, elle ne peut pas passer. Elle ne peut pas parce qu’elle ne voit pas ce qui se passe derrière. Et donc tout ça, tout ce qui est les routes, les autoroutes, des conséquences des activités humaines qui peuvent fragmenter un habitat. Ça pose des problèmes. Et on a aussi le gros problème, évidemment, du manque d’habitats naturels. On a des chauves-souris en France métropolitaine, en Europe qui sont arboricoles, donc elles vont préférer tout ce qui est gîte dans les arbres. On a des chauves-souris qui sont cavernicoles, qui aiment les grottes, les cavités, des chauves-souris qui sont aussi anthropophiles, donc elles qui vont apprécier nos maisons. Mais alors ça, encore une fois, c’est décliné aussi d’un manque d’habitat naturel initialement. Mais on a quand même des chauves-souris qui sont très bien adaptées et qui finalement logent dans nos toitures, dans nos granges, nos greniers, dans nos caves. Et là où, là où on a. En tout cas, moi, j’ai pu constater une vraie détérioration, c’est quand les gens vont aller rénover les bâtiments, détruire un bâtiment pour en reconstruire un derrière. En fait, les chauves-souris ne sont pas toujours prises en compte. Alors initialement, elles sont quand même encore une fois protégées. Donc tout ça, c’est des choses qui doivent être vérifiés. Il y a des normes à respecter, il y a des travaux. Les travaux doivent être faits d’une certaine période à une autre. Voilà, c’est des choses qui doivent être prises en compte, mais qui ne le sont pas forcément. Donc, on arrive avec des, des travaux comme j’ai vu, qui ont qui sont faits en plein mois de juin, pic des naissances chez certaines espèces de chauves-souris, on refait les toitures. Sauf qu’en fait, ben, il y a toute une colonie. Et puis là, la colonie, les petits ne sont pas encore volants, les parents s’envolent. Qu’est-ce qu’on fait des petits ? Commen t? Comment est-Ce qu’on gère ça ? Et donc c’est tout ce problème, c’est, toutes ces problématiques auxquelles les chauves-souris font face aujourd’hui.
– Donc des menaces sur, sur son habitat, ses habitats, son alimentation et aussi la pollution lumineuse pour ces animaux qui se déplacent volontiers la nuit ?
– Tout à fait. C’est-à-dire que les chauves-souris, elles sont, elles sont lucifuges, elles fuient la lumière. Et donc aujourd’hui, on a bien qu’il y a énormément de villes, villages qui font de l’éclairage nocturne en fait qui qui limitent l’éclairage nocturne, ce qui est une très bonne chose – potentiellement aussi pour des problèmes économiques je pense – mais ça favorise bien quand même certaines espèces. On a beaucoup d’éclairage, surtout en pleine ville, dans les grandes villes. Et qui dit grande ville ne veut pas forcément dire absence de chauves-souris bien, bien au contraire. Quand on prend un peu de recul sur certaines villes, on peut même voir un dôme lumineux au-dessus de la ville. Et donc ça, ça, ça peut être problématique pour les chauves-souris qui se déplacent la nuit et qui ont besoin de de noir, même si une chauve-souris voit aussi bien qu’un être humain, mais en tout cas en se déplaçant en chassant, elles n’utilisent pas du tout la vision, mais ça peut faire un vrai frein, un vrai frein, un vrai mur. En fait.
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- TikTok – @manon.brhc
Changer les regards et agir pour les protéger
– Tu as décidé de contribuer à faire changer les regards sur les chauves-souris. En parallèle de ton livre, tu proposes régulièrement des vidéos sur Instagram, TikTok, YouTube. Il me semble que la vidéo la plus visionnée parmi celles que tu proposes a pour sujet les “nichoirs” à chauves-souris que tu incites à créer. C’est quoi ces nichoirs?
– Là, on parle plus de gîtes, mais pour que ça parle à tout le monde, effectivement, j’ai employé le mot nichoirs pour les chauves-souris. En fait, s’y abritent donc les chauves-souris, c’est des choses qu’on peut mettre en place très facilement chez soi. C’est super, c’est. On construit une petite maison pour les chauves-souris et comme ça on voit si elles s’y installent ou pas. Le but, c’est exactement la même chose qu’un nichoir pour les mésanges qu’on peut installer au jardin et qui sont bien plus répandus en fait. Mais les gîtes à chauve-souris, Mais c’est le même principe, on installe une potentielle cabane chez soi, on voit si elle est utilisée ou non, mais c’est. C’est une porte d’entrée, une invitation pour, voilà, pour si jamais elles ont besoin, en fait, un jour, un instant T, de venir se réfugier quelque part.
En finir avec les mythes : Dracula et cheveux emmêlés
– Alors dans tes vidéos, tu soulignes aussi que les chauves-souris en Europe ne peuvent pas absolument pas être comparées à Dracula ! On revient aux préjugés, donc ne pas avoir peur de morsures ?
– Non, c’est ça en France. (En France métropolitaine, c’est important de le préciser.) On a des chauves-souris qui sont uniquement insectivores. Dracula, c’est plus tout ce qui est, enfin le sang, etc. En France métropolitaine et en Europe, on a des chauves-souris qui sont uniquement insectivores. Par contre, effectivement, on a trois espèces de chauves-souris hématophages, donc qui qui qui consomment du sang. En Amérique du Sud, donc pas de pas de problème en France métropolitaine. Donc oui, ces chauves-souris là consomment du sang en fait, et elles ont plein d’adaptations, d’adaptations par rapport à ce régime alimentaire un peu particulier. Mais il faut savoir aussi que ces espèces-là, elles vont consommer du sang principalement sur les animaux dits de bétail ou les animaux sauvages. On a évidemment il y a des cas de morsures sur des humains, mais ça ne reste pas sa priorité. Voilà. Et sinon, effectivement, l’un des préjugés qu’on peut avoir en France sur les morsures, c’est que les chauves-souris vont s’accrocher dans les cheveux. Une chauve-souris n’a pas, ça n’a aucune utilité à venir s’accrocher dans les cheveux de quelqu’un à venir se poser sur un humain. En fait, c’est plus dangereux pour elle qu’autre chose. Le mythe des chauves-souris qui s’accrochent dans les cheveux. Ça vient du Moyen Âge. C’était pour éviter que les femmes sortent la nuit… Donc, on est vraiment sur un temps révolu. Voilà.
« Cavernicole » : un projet artistique pour sensibiliser
– Quelques mots encore, mais de ton exposition photo, elle porte le nom de ton livre “Cavernicole”. Projette-nous un peu, comment tu l’as construite cette exposition ?
– Alors, cavernicole à la base, c’est un court métrage qui est devenu un livre et qui devient une exposition. J’ai tout fait d’un coup ! Enfin d’un coup, non, en un an et demi quand même, deux ans. Mais à la base, c’est vraiment l’exposition. Elle est là pour retranscrire ce qu’on peut retrouver dans le film et ce qu’on peut retrouver dans le livre. C’est-à-dire, c’est des photos de chauve-souris en hibernation avec quand même une petite touche d’activité humaine. C’est-à-dire que ces photos, elles montrent des chauves-souris, notamment des Rhinolophes, donc Petits et Grands Rhinolophes Ce sont deux espèces de chauves-souris bien distinctes qui aiment particulièrement s’accrocher un peu partout. Et elles, elles, elles ont la particularité, dans les cavités que j’ai visitées, de s’’accrocher sur des vestiges humains, des bâches, des fils de fer, des anciennes voitures. Enfin voilà ce genre de ce genre de choses. Et donc ces photos-là, elles mettent en avant vraiment la cohabitation finalement, dans les cavités qui sont toujours visitées par l’être humain. Alors par nous, par les chiroptérologues, les bénévoles qui, qui allons compter les chauves-souris, mais aussi par les personnes parfois insouciantes de toute la vie qu’on peut trouver dans une cavité.
– Chiroptère signifie littéralement “qui vole avec les mains”.
– Tout à fait. C’est ça.
– Les chiroptères et les chiroptérologues dont tu fais partie. Ton livre cavernicole et ton exposition sera présentée au festival Signé Nature en Corrèze les 18 et 20 juillet 2025. Puis, elle voyagera en Suisse en novembre et en janvier 2026. Je mets tous les détails dans la barre de description. Ton livre, on peut le commander en librairie ou se le procurer en vente directement sur, sur internet, je mets le lien là aussi dans la barre de description. Mais on te suit aussi sur les réseaux sociaux, je le disais, où tu partages tes connaissances et tes observations. D’ailleurs, tu ne te consacres pas exclusivement aux chauves-souris dans tes vidéos.
– Non, c’est ça, C’est vraiment un tout. J’essaye de mettre en avant un peu plus les chauves-souris. C’est, c’est plus mon domaine, mais, mais j’aime tout autant en fait les autres espèces, oiseaux, mammifères, peu importe. Et donc voilà, c’est aussi une mise en avant de la faune sauvage d’une manière générale.
– Manon Béréhouc, merci pour ton témoignage, tes éclairages et la transmission de ta passion. Merci d’être passée dans Soluble(s).
– Merci à toi pour l’invitation. Merci beaucoup.
– Avec plaisir !
Voilà, c’est la fin de cet épisode. Si vous l’avez aimé, notez-le, partagez-le et parlez en autour de vous.
Vous pouvez aussi nous retrouver sur notre site internet, csoluble.media. À bientôt.
- Captures d’écran TikTok @manon.brhc
- Capture d’écran Instagram – @manon.brhc
POUR ALLER PLUS LOIN
– Lire l’ouvrage “Cavernicole” : Sur commande en librairie ou en ligne via [Dashbook]
– Suivre Manon Béréhouc sur les réseaux sociaux : : Instagram : @manon.brhc – TikTok : @manon.brhc
– Voir son court-métrage « Cavernicole » sur YouTube.
TIMECODES
00:00 Introduction : Plongée dans l’univers des chauves-souris
01:31 Le parcours de Manon Béréhouc
03:03 Briser les préjugés : pourquoi les chauves-souris sont-elles si mal aimées ?
04:28 Les chauves-souris, alliées de la biodiversité et régulatrices naturelles
06:58 Hibernation : immersion dans les grottes et secrets de la vie souterraine
12:46 Menaces et déclin
16:10 Conseils pratiques : comment protéger les chauves-souris au quotidien
18:53 L’image pour sensibiliser : du livre à l’exposition Cavernicole
19:57 Questions-réponses finales
21:28 Fin
Propos recueillis par Simon Icard
CITATIONS
– À écouter dans l’épisode : Manon Béréhouc

Photo : Tous droits réservés
– Sur leur rôle dans la nature et notre quotidien : « Les chauves-souris, ce sont de précieuses alliées dans la régulation des populations d’insectes. Elles nous aident aussi à passer des soirées d’été plus sympathiques dehors ! »
– Sur l’effet “parapluie” de leur protection : « En protégeant la chauve-souris, on protège aussi tous les autres insectes, le végétal du jardin, et même des espèces qu’on n’avait pas soupçonnées. »
– Sur l’ambiance unique des grottes lors de ses observations : « Quand on rentre dans une cavité, le temps s’arrête vraiment sous terre. C’est une ambiance très particulière…
– Sur la fragilité de l’hibernation : « Un réveil non naturel pendant l’hibernation peut être fatal pour une chauve-souris. Ces réveils répétés consomment énormément d’énergie. »
– Sur l’importance d’agir à la maison : « Installer un gîte à chauves-souris chez soi, c’est une invitation à accueillir la biodiversité. »
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