[TRANSCRIPTION] Derrière les chiffres du harcèlement scolaire : comprendre et agir
Les chiffres sont alarmants : 5 % des écoliers, 6 % des collégiens et 4 % des lycéens sont victimes de harcèlement scolaire. Ces statistiques brutes cachent des réalités douloureuses pour les jeunes concernés. Mais comprendre les mécanismes du harcèlement, c’est déjà faire un grand pas vers sa prévention et sa résolution. Pour Soluble(s), Marie Quartier, cofondatrice du centre ReSIS, détaille ces mécanismes et nous livre des clés pour agir et réagir à ce phénomène alimenté par l’effet de groupe que les adultes doivent savoir repérer.
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Transcription (automatisée)
Bienvenue dans un nouvel épisode de Soluble(s).
Aujourd’hui, je m’intéresse aux moyens de lutter contre un fléau qui concerne au moins un enfant par classe en France et qui peut s’amplifier au-delà du milieu scolaire sous l’effet des réseaux sociaux et des messageries instantanées sur smartphone.
Marie Quartier, bonjour.
Bonjour.
Tu es une professeure agrégée de lettres, psychopraticienne, spécialiste des sujets des souffrances scolaires et du harcèlement entre élèves.
Tu as cofondé le Centre de Ressources et d’études systémiques contre les intimidations scolaires.
Le Centre ReSIS, qui dispense des formations pour les professionnels du milieu scolaire, fournit des expertises sur le terrain et a mis sur pied une méthode de prévention du harcèlement.
Alors justement, on va tenter de tous avoir de l’ampleur de ce phénomène et des réponses que l’éducation nationale et la société peuvent apporter pour y remédier.
On va aussi tâcher d’être très concret, notamment pour les élèves concernés qui écouteraient cet épisode, ou pour leurs parents, car des solutions sont là.
Mais d’abord, on veut en savoir plus sur toi, sur ton parcours.
Peux-tu nous dire comment tu as décidé de t’engager sur ce sujet?
Eh bien, en fait, j’ai découvert le sujet en réalité en étant enseignante moi-même.
J’étais enseignante dans l’éducation nationale et j’ai eu des cas que je ne savais pas du tout traiter et pour lesquels il n’y avait pas vraiment de réponse dans l’institution.
Il faut bien le dire à l’époque.
Donc, c’est comme ça que je l’ai découvert.
C’était, ça faisait partie des souffrances scolaires en général qui étaient très très présentes au quotidien, je veux dire.
Que ce soit les souffrances des élèves qui décrochaient, ceux qui vivaient mal justement dans les liens avec leurs camarades, qui changeaient de comportements d’ailleurs, ça, ça m’a beaucoup frappé, qui changeaient de comportements en fonction du moment où on les recevait seuls, ou alors lorsqu’ils étaient en groupe, c’était plus les mêmes.
Et puis la souffrance des enseignants aussi qui sont très seuls face aux difficultés qu’ils rencontrent aujourd’hui, y compris le harcèlement scolaire, c’est une difficulté qui atteint en fait un ensemble de personnes.
Donc une observation de terrain, un besoin de trouver des réponses, et donc, voilà, investie à 100 % désormais sur ces sujets.
Parlons concrètement justement du harcèlement en milieu scolaire, du harcèlement entre élèves.
C’est un terme que l’on apprend à connaître, mais ce problème est discuté publiquement depuis à peine plus de 10 ans en France.
De quoi on parle exactement lorsqu’on évoque une situation de harcèlement scolaire?
Eh bien, il s’agit en fait de…
principalement d’effets de groupe.
Le harcèlement scolaire est vraiment une forme très spécifique.
C’est que ça appartient vraiment au monde scolaire, ou alors à tout domaine où les enfants sont mis en groupe.
Ça peut être des centres de loisirs, ça peut être des collées de vacances, ça peut être d’autres lieux, mais on aime des clubs de foot.
Mais c’est l’effet de groupe qui va modifier profondément les comportements des jeunes, parce qu’ils ne sont pas épisodiquement en groupe, ils sont en permanence en groupe.
Ils vivent encore à l’école à l’âge de 3 ans, ils n’en sortent en plus à 18 ans.
Et ils vivent tout en groupe.
Et lorsqu’ils passent ensuite sur les réseaux sociaux à partir de moments où ils ont un téléphone portable, les groupes les suivent même chez eux.
Et ça, ça modifie profondément les comportements.
C’est-à-dire que même des enfants qui n’ont pas du tout de propension, à montrer de la méchanceté, qui sont très, très bien élevés, vont pouvoir participer à des brimades.
Et ces groupes sont ceux qui créent chez la victime, une sidération et une angoisse telle qu’elle perd très, très vite confiance en elle.
Et qu’il y a cette espèce de coup de piège qui se referme.
Donc c’est vraiment ça, alors.
C’est-à-dire c’est un piège en lequel tout le monde tombe, à la fois ceux qui l’intimident et ceux qui sont intimidés.
Alors qu’est-ce qu’il y a en jeu donc dans cet effet de groupe?
C’est un rapport, j’allais dire, de domination de quelque part, sur un enfant qui à ce moment-là, ou un adolescent, est perçu comme hors du groupe ou moins fort?
Vous savez, le harcèlement scolaire peut vraiment toucher n’importe quel enfant et ils le savent.
Ce sont les adultes qui croient qu’il y a des proches là.
Les enfants savent très bien que ça peut leur arriver à tous et c’est même ceux qui les poussent à se réfugier dans le groupe.
Celui qu’on considère souvent comme le harceleur en chef, c’est parfois celui qui a le plus peur que cela lui arrive.
Certains, harceleurs sont d’ailleurs des enfants harcelés.
Ils ont trouvé des moyens là pour être les plus vivres qu’ils ont vécu.
En réalité, tous les enfants savent qu’ils devaient être la prochaine victime.
C’est cette peur justement, c’est justement cette crainte-là qui fédère le groupe et qui fait que malgré le dégoût que certains peuvent avoir, la réticence qu’ils peuvent avoir à se mouiller, à être désagréable avec un camarade, eh bien ils vont quand même le faire.
Moi, j’ai rencontré beaucoup d’élèves d’ici en consultation, j’ai été frappé par des témoignages qui me disaient que tiens, tel camarade est tellement sympathique lorsque l’on rencontre au judo et par contre en classe, il devient comme les autres.
Donc c’est le même élève, le même enfant, pardon, et il a des comportements très différents en fonction du contexte.
Le contexte du groupe, c’est un contexte vraiment qui en fait conditionne, un conditionnement auquel il n’est pas possible d’échapper, il n’y a pas quelqu’un qui impose une autorité plus forte que celle du groupe, c’est-à-dire un adieu, qui impose une règle de respect, qui est le plus important que celle que le groupe va imposer à ses membres.
Donc en effet pas de profil type, l’appartenance à un groupe ou la crainte d’en être exclu, et de là, des chamailleries, des brimades, j’entendais, peuvent se systématiser.
Il y a aussi le critère de la répétition, de l’agression.
Ils considèrent qu’il y a seulement scolaire lorsqu’il y a un effet de répétition.
Je l’ai dit, il suffit de deux, trois fois pour que le piège se referme.
Et ensuite le pli soit pris.
Vous voyez, une sorte de pli qui est pris, qui est très difficile à défaire.
Vous voyez, une sorte de pli qui est pris, qui est très difficile à défaire.
Et ce sont des toutes petites choses.
Donc elles sont souvent très invisibles au sujet des adultes.
Ils vont avoir tendance à l’amininistre.
D’ailleurs, quand on se dirige, c’est pas grand-chose.
Mais pour celui qui les vit, ça peut être très vite anxiogène.
Et pour ceux qui les observent et qui participent, c’est également anxiogène.
Donc cette répétition, elle se met en place rapidement et malheureusement, on ne voit pas tout de suite ce qui se passe.
C’est un peu le risque.
Quand on intervient, parfois, ça dure déjà un certain temps.
À moins que l’enfant parle rapidement.
Ça, c’est le plus que je suis en train de faire.
Ça, c’est le plus que je suis en train de faire.
Le harcèlement scolaire est donc une violence.
Elle allonge contre des difficultés importantes pour les enfants, les adolescents victimes dont la gravité peut aller du décrochage scolaire jusqu’à la déscolarisation totale, la peur, la crainte totale d’aller dans l’établissement scolaire.
Ça peut aussi emporter des conséquences sociales, mais aussi de santé, de santé psychologique comme l’anxiété, la dépression, la somatisation est plus grave.
Encore des conduites auto-destructives, voire des pensées suicidaires.
Alors, on comprend face à la gravité des conséquences du harcèlement, qu’il est important d’agir rapidement, que les adultes doivent avoir connaissance des faits.
Est-ce que c’est la priorité, j’allais dire le plus simplement du monde, d’être au courant qu’un enfant est en danger?
Oui, la priorité est que les adultes ouvrent vraiment les yeux sur ce que vivent les enfants au quotidien.
Je pense qu’il y a quand même beaucoup de progrès qui ont été faits en France, il faut le dire, mais tout de même, il y a encore une tendance à minimiser et à tout simplement ne pas comprendre, ce qu’est de vivre tout en groupe, tous ces apprentissages, tous ces moments de loisirs, tout sous les yeux des autres.
C’est-à-dire qu’on doit toujours être attentif à l’image qu’on envoie aux autres.
Ça, c’est vraiment une épreuve et qui accompagne toute la croissance de l’enfant.
Les professionnels de l’éducation devraient vraiment prendre conscience que c’est une expérience très particulière et que la vigilance de l’adulte à l’égard des moindres brimades doit être très, très grande.
On ne doit pas laisser s’installer un climat de moquerie, on ne doit pas laisser s’installer un climat de raillerie, de bousculade, d’insulte, toutes sortes de choses qui malheureusement sont très banalisées, sont considérées parfois comme très inévitables dans les cours de récréation.
Ça, c’est une erreur.
On ne peut pas laisser s’installer ça.
Il y a là, alors que c’est assez difficile à entendre, mais il y a là une responsabilité de l’institution majeure.
Le harcèlement scolaire, c’est un problème de l’institution scolaire, de l’institution scolaire qui permet l’émergence de ce phénomène.
Donc, c’est vraiment l’institution scolaire qui doit être capable de vigilance, de mettre en place des dispositifs qui permettent de libérer la parole des victimes et ensuite d’apporter un accompagnement efficace et qui recadre et qui pacifie les relations.
C’est vraiment un devoir majeur.
Un devoir majeur.
Quelques chiffres pour prendre la mesure de l’ampleur du problème.
Selon les résultats du baromètre du harcèlement en milieu scolaire, publié en 2023, ce phénomène touche en moyenne 5 % des écoliers, 6 % des collégiens et 4 % des lycéens.
Cela représente donc plus d’un élève harcelé par classe.
Alors la particularité de ces chiffres, c’est que ce sont les premiers résultats d’un questionnaire d’auto-évaluation des élèves de primaire jusqu’à la terminale au lycée.
Comment as-tu interprété ces premiers chiffres qui sont parus en 2023?
Alors les enquêtes, c’est toujours quelque chose de très intéressant.
Moi, j’en ai fait passer.
Je me souviens très bien d’avoir fait passer des enquêtes auprès d’élèves et en voyant qu’en fait, certains ne disaient pas qu’ils étaient harcelés, y compris dans l’enquête.
Donc je pense que c’est un indice intéressant.
Mais je pense que même cet indice-là, vous savez, il y a beaucoup d’enfants qui sont dans le déni parce que dire qu’on est harcelé, se le dire à soi-même, c’est un risque d’effondrement, c’est un risque de ne plus pouvoir…
Il faut parfois presque ne pas se le dire, pour pouvoir continuer de tenir debout.
Ce n’est pas un élève par classe, c’est en général des classes qui sont assez tranquilles pour certaines et d’autres où il y a plusieurs cas.
En général, c’est plutôt ça, parce que l’effet de groupe, si vous voulez, lorsqu’il fonctionne bien dans une classe, on peut très bien voir absolument aucun cas de harcèlement scolaire, bien heureusement.
Et par contre, lorsqu’ils ont laissé une photo qui, ça peut justement avoir dû l’avoyer des répétitions, plusieurs victimes, des comportements qui vont…
C’est important de le dire.
Il y a un effet classe.
C’est être attentif à cet effet de groupe dont on parle depuis le début.
C’est la priorité dans le monde des adultes.
Les enfants, les adolescents, plutôt les adolescents qui pourraient nous écouter au gré de leur recherche sur Internet, comment ils peuvent situer la particularité de ce phénomène pour eux-mêmes ?
C’est-à-dire qu’un effet de groupe, tu le disais, ils ont vécu pour l’instant toute leur vie sous les regards d’un groupe, que ce soit familial ou un groupe scolaire.
Qu’est-ce qui doit les alerter ?
Non pas pour eux-mêmes seulement, mais pour la physionomie de leur groupe.
Qu’est-ce qu’un groupe qui est propice au développement du harcèlement?
Alors le groupe familial, ça n’a rien à voir, parce que c’est un mélange de générations, c’est quelque chose d’assez naturel.
Le groupe scolaire, c’est très artificiel, on a tous le même âge, on est placés sans se connaître au départ ensemble, donc c’est là qu’il y a plus de risques.
Enfin, ce n’est pas la même chose en tout cas, c’est pas le même milieu.
Donc on parle vraiment de harcèlement scolaire.
Qu’est-ce qui peut alerter un enfant?
Oui, je pense qu’un enfant qui…
En fait, il faut être très lucide.
Si on commence à avoir peur de dire ce qu’on pense et d’être avec ceux qui nous plaisent, avec ceux avec qui on a envie d’être, si on se rend compte qu’on commence à obéir à d’autres logiques, il faut se rendre compte que là, c’est bien dangereux.
Si on se rend compte qu’on rejette un camarade parce que tout le monde le rejette, alors qu’en soi, on n’a rien contre lui, si on se rend compte que, vous voyez, c’est très difficile de s’en rendre compte.
Quand on est pris dans une affluence, souvent, on a du mal à accueillir, y compris pour les adultes.
Mais peut-être que vous posez cette question de temps en temps.
Si on a la chance de pouvoir dialoguer quotidiennement avec des personnes qui prennent soin de nous, que ce soit des professionnels, même dans l’établissement solaire, qui vont s’intéresser à nous, que ce soit de la famille, ça peut nous aider aussi en tant qu’adolescents ou enfants à prendre conscience de son…
Tout seul, c’est pas difficile.
Bon, pour simplifier, la vie en groupe, c’est forcément, il y a plein d’avantages et d’intérêts, notamment éducatifs, évidemment à l’école.
Mais lorsque cela nous fait du mal ou nous fait nous ressentir pas bien avant même de recevoir des brimades, là il y a matière à se questionner.
Le gouvernement français a mis en place en 2021 un plan de lutte contre le harcèlement qui s’est généralisé en 2023 à tous les établissements, donc des écoles jusqu’aux lycées.
Il s’agit du programme PHARE, un plan complété par un programme interministériel qui fait intervenir d’autres administrations au-delà de l’éducation nationale.
Alors sans être exhaustif, quels sont les principaux outils et les mesures prévues actuellement en 2024 en France?
Est-ce que l’accent est mis sur la prévention suffisamment ?
Alors le programme PHARE est un programme très intéressant et très ambitieux, qui doit se donner les moyens de sa réussite.
C’est une question de moyens, parce qu’il fait un petit peu d’efforts.
Mais c’est un programme qui a été conçu autour d’une idée que nous avons portée au Centre Resis, je ne sais pas où je vais le dire, au Centre Resis avec Jean-Pierre Bellon en 2019, en réunissant les travaux que nous avons effectués l’un et l’autre depuis 20 ans pour Jean-Pierre, depuis 10 ans pour moi.
Donc l’idée principale, c’est une équipe par établissement.
Il faut une équipe d’adultes volontaires mobilisées qui se forment dans chaque établissement.
C’est-à-dire qu’au sein même de l’établissement scolaire, au plus près de là où se passent les problèmes, il faut des adultes qui soient compétents et mobilisés, comme il faut du volontariat.
Les adultes vous intéressent, ils sont envieux.
communiquer sur ce sujet et savoir créer finalement une dynamique d’un établissement scolaire qui permette aux élèves de se sentir en sécurité.
C’est-à-dire qu’ils ne seront pas seuls si ils rencontrent ce genre de problème.
Le programme pHARE, c’est quand même construit autour de ça, avec en plus le dispositif des élèves ambassadeurs qui complète, puisque ça permet de sensibiliser des élèves volontaires qui eux-mêmes vont être attentifs à ce qui se passe et peut-être voir des choses que les études ne se voient pas et permettre aux études d’ouvrir les yeux à sort de ça.
Vous voyez, ce sont des élèves ambassadeurs très intéressants.
Et puis par ailleurs, il y a eu aussi cette mesure de la prévention par des heures de sensibilisation où on aborde en classe la question du harcèlement scolaire.
C’est un sujet extrêmement délicat.
C’est sans doute un des aspects les plus difficiles à faire, la sensibilisation en réalité.
Le traitement est quelque chose en réalité moins risqué.
Le traitement est quelque chose en réalité moins risqué.
Alors, prévention, formation.
Arrêtons-nous un peu sur la question de la formation.
On comprend que ce sujet a été pris en compte assez tardivement, finalement, par l’éducation nationale.
Alors, de façon globale et même en le nommant publiquement, le harcèlement scolaire, ça fait depuis une dizaine d’années que ça.
Je lisais en préparant cette émission, ça fait depuis une dizaine d’années que c’est véritablement discuté publiquement.
Est-ce que c’est pour ça, est-ce que c’est parce qu’il y a une prise en compte assez tardive que le besoin de formation est si important ?
Et deuxième question dans ce sujet, quelle est la nature de ces formations?
Alors, vous avez tout à fait raison.
La France a pris un retard énorme par rapport à la plupart des pays vivantaux et les pays de roc du Nord en particulier.
On a 30 ou 40 ans de retard sur les pays scandinaves.
Donc, les dégâts sont importants chez nous puisqu’on a continué à fermer les yeux, on a continué à minimiser et on a continué à résonner de manière fausse.
Et donc, c’est beaucoup de mauvais réflexes et de mauvais raisonnements perdus encore, une dizaine d’années comme vous dites.
C’est pas très long pour faire vraiment changer en profondeur l’immortalité, c’est pas encore gagné.
Donc, les formations sont effectivement absolument essentielles.
Il faut former un maximum de personnel au moins à comprendre ce qu’est le phénomène, à ouvrir les yeux sur ce fait pour ne cesser de nuire et de faire des erreurs, au moins déjà ça.
Et ensuite, un nombre de personnels peut être plus restreints, c’est des personnels volontaires qui eux vont vraiment, on les forme vraiment à utiliser la méthode de la préoccupation partagée.
C’est une méthode qui est parfaitement cohérente, si vous voulez, avec l’éthique solaire, l’éthique des personnels solaires, les enseignants, les personnels de l’éthique solaire.
Ce n’est pas dangereux, c’est une méthode qui ne met pas les gens en danger.
Donc, une dimension de prudence, ce qu’on aime toujours avoir quand on traite ce sujet, on ne peut pas jouer aux apprentis sorciers.
C’est une méthode qui aurait été déjà ancienne, puis qui a été créée dans les années 70 par Anatole Pikas en Suède.
Et avec Jean-Pierre Bellon, nous l’avons refondée, beaucoup enrichie, parce que nous avons apporté toute la partie soutient .. de sa famille, et nous avons pensé les choses de manière plus globale.
Puis nous avons ajouté beaucoup de conditions de réussite de cette époque par rapport aux spécificités du système français.
Donc, voilà, c’est une méthode qui est vraiment triée sur mesure, je dirais, pour permettre de la manière la plus économique possible en termes de temps, aux professionnels de terrain, de traiter ces situations sans mettre en danger des têtes.
C’est la méthode de la préoccupation partagée.
Donc, si je simplifie, c’est de désamorcer dès le début une situation, désamorcer cet effet de groupe repéré.
Elle repose sur le dialogue avec les enfants, évidemment.
En tout cas, ils reposent sur des entretiens, des entretiens très spécifiques qui doivent être menés dans les règles de l’art avec tous les enfants concernés.
Il y a ceux qu’on mène avec les enfants qui sont cibles, l’enfant cible et le .. doit être reçu d’une certaine manière, très spécifique, il doit être protégé, rassuré, écouté, accompagné sur le long terme parce que c’est un traumatisme dirigé au sein, il faut toujours s’assurer que ça va.
Sa famille aussi, d’ailleurs, doit être accompagné, parce que c’est très difficile pour les parents et les parents doivent vraiment sentir qu’il y a une alliance avec l’école pour pouvoir être rassuré.
Et les élèves ne prennent pas aux brimades comme les témoins, c’est-à-dire tous ceux qui ont participé finalement, vont être reçus d’une aère très différente.
Il y a une autre technique entre ça, des entretiens extrêmement brefs, des entretiens qu’on fait où on impose une autre idée de notre préoccupation, d’autres préoccupations par rapport à celui qui nous appelle bien.
Ça ne se discute pas.
L’adulte est préoccupé.
Ça ne va pas.
Il a besoin d’aide.
Il n’y a pas de discussion, mais il n’y a pas d’accusation.
On ne cherche pas trop ça.
Donc on permet finalement à ceux qui ont pris part aux brimades de sortir la tête haute du phénomène.
Parce qu’ils comprennent très bien, si vous laissez en face d’eux, ils ont des adultes déterminés, dont ils sentent qu’ils ont vraiment une préoccupation authentique avec une très grande détermination.
En plus, comme on les reçoit individuellement, ça brille et c’est gros parce qu’ils se retrouvent à leur conscience.
Vous voyez, ils sont d’un point qu’ils ont une conscience, ce ne sont pas des petits sauvages, ils ont une conscience.
Donc ils vont les réserver d’une manière totalement différente du moment où ils sont dans le fond, entraînés par cette force mais sans être accusés, donc sans avoir besoin d’être dans une position défensive, j’ai rien fait, c’est pas moi, non, mais on ne les accuse pas.
On leur demande juste de venir en aide, on leur demande juste des solutions.
Et ça marche extrêmement bien avec une majorité des aides.
Donc, ça a laissé les effets de groupe, ça résout un peu près 80 % des situations en 15 jours.
C’est le délai maximum qu’on se donne, ça se promène beaucoup plus rapidement.
Chez les petits, ça se résout souvent en un seul entretien, dans le premier degré avec les petits, ça marche.
Mais alors, exactement bien, c’est presque 800 % de situation, ils sont réglés.
Avec les élèves plus grands, plus âgés, étant donné que la confiance envers l’adulte est parfois un peu, abimée par un certain vécu solaire, ça fait un petit peu plus complexe d’avoir cette influence sur les élèves, parfois les plus heureux des temps.
Parce que finalement, c’est quand même une influence positive de l’adulte.
Ça se joue sur une influence positive de l’adulte, tout simplement une relation d’autorité.
La vraie autorité, c’est ça.
C’est une influence d’ingérence positive, pas du tout brimante, pas du tout persuadée, qui est justement rassurante.
C’est une manière de dire, voilà, je prends soin de toi.
Je sais que tu aspires à faire quelque chose de bien, mais on ne le dit pas comme ça.
Oui, on comprend.
Écoutons, mais je le précise.
Évidemment, c’est dans le milieu éducatif.
Donc, c’est une méthode qui tient compte des enjeux éducatifs, qui ne se substituent pas aux affaires judiciaires ou aux affaires pénales.
C’est-à-dire que cela s’applique aux cas les moins graves ou à tout type de cas?
Quand il y a une nécessité de sanction, de judiciarisation, il faut gérer et bien sur rappeler que c’est un acte pénalisable.
C’est un acte pénalisable.
Complètement, en aucune manière, cette méthode ne va entraver la moindre action de cette sanction, voire qu’elle est nécessaire.
Mais en réalité, même lorsqu’on a posé une sanction, on n’a pas fait tout travail.
On a sanctionné un acte, on a pénalisé
Qu’est-ce qu’on fait de l’effet de groupe ?
Qu’est-ce qu’on fait de tous ceux qui n’ont pas été sanctionnés, qui ont assisté, qui ont encouragé ?
Qu’est-ce qu’on fait d’eux ?
Donc, la méthode reste valable partout où il y a un essai de groupe à traiter, sans qu’on puisse y aller par la sanction, vous voyez ?
C’est la majorité des cas et même… / il faut quand même s’occuper du reste du groupe.
On sanctionne un élève en général, ou deux, mais un groupe, c’est parfois une classe entière.
Quand on est au stade des questions qui passent en jugement, je vous assure que c’est souvent une classe entière par fond même une classe entière qui s’en mêlait les uns.
On ne va pas envoyer trois cents élèves au final.
Donc il va bien vouloir s’occupert de tout le reste.
Et la méthode, elle est là aussi justement pour responsabiliser.
C’est une phase qui responsabilise, qui ramène l’élève à son effet, finalement, à son sens moral.
Et qui l’arrache à cet effet toxique du groupe qui lui a fait perdre le Nord, qui l’a fait perdre la boussole.
Donc, elle a, comme vous dites, elle a vraiment, c’est vraiment un effet hésitatif.
Allez, dans un instant, on va parler d’autres pistes que tu appellerais de TV et des conseils concrets que tu pourrais nous donner.
Mais impossible de ne pas évoquer l’irruption du numérique, des smartphones et en particulier de ce qu’il y a dedans et de leurs usages.
C’est-à-dire, tout le monde le sait, les réseaux sociaux qui ont pu donner une nouvelle dimension au phénomène de harcèlement en milieu scolaire.
C’est-à-dire que ce harcèlement se poursuit au-delà de l’enceinte de l’établissement scolaire en lui-même.
Cela peut créer donc une véritable continuité, le prolonge.
Alors les murs, d’abord quelles sont tes observations de terrain ?
Tu as assez d’expérience pour avoir vu un avant et un après réseau sociaux sur ce sujet.
Oui, c’est vrai que les réseaux sociaux créent un nouveau problème, enfin un nouveau problème, donnent une ampleur inquiétante à ce problème.
Le harcèlement scolaire sans les réseaux sociaux, franchement, on peut être objets.
Les réseaux sociaux compliquent les choses.
Alors face à ça, face à ce problème-là, évidemment, personne n’a une solution idéale.
Je pense qu’il faut comprendre que les réseaux sociaux coupent encore plus les jeunes du monde des adultes, du monde des éducateurs, en les fédérant de manière dangereuse dans des groupes qui sont encore plus puissants.
Le groupe est encore plus puissant.
Donc, ça nous oblige à réagir en se disant, mais comment recréer du lien entre l’éducateur et l’enfant ou l’adolescent.
Or, c’est-à-dire, si on n’avait pas les moyens pour créer ce lien, que ce soit dans la famille, que ce soit dans les institutions, eh bien, on va laisser dans une grande solitude.
C’est jeune et cette solitude est terriblement dangereuse pour eux.
Les réseaux sociaux créent une grande solitude.
Ils font écran, le mot écran est très parlant.
Ils font écran avec le contact humain, ils font écran avec même la pensée claire qu’on peut avoir lorsqu’on s’arrache à part.
C’est vraiment une grande difficulté.
C’est pour ça que les élèves ambassadeurs, c’est un dispositif intéressant de ce point de vue-là, parce que ceux qui vont volontairement s’engager et qui vont pouvoir se réutiliser, vont être beaucoup plus lucides par rapport à ce qui se passe sur les réseaux, puisqu’ils seront en lien avec les adultes, ils pourront discuter de tout cela avec eux, et en même temps, ils sont proches de leurs camarades, ils sont sur les réseaux des cas ../ , mais ils pourront être vigilants, observer ce que d’autres n’observent pas et alerter.
Donc là, on a un des moyens très utiles pour prévenir les pires effets, les pires catastrophes sur les réseaux sociaux, être alertés très vite.
Ensuite, il y a autre chose qui est importante, les réseaux sociaux, puis ils publicent tout le monde.
On a remarqué que les parents se plaignaient beaucoup plus volontiers en téléphonant, vous savez, par les numéros vert, 30, aujourd’hui 38, d’une situation de harcèlement que d’une situation de cyberharcèlement.
Parce que dès lors qu’il y a du cyberharcèlement, tout le monde se sent coupable.
Les parents se sentent coupables, est-ce qu’on va leur dire que vous avez laissé votre enfant avec un téléphone sans surveillance, sans je ne sais quoi.
L’enfant se sent coupable, il y a encore moins le courage d’aller demander de l’aide.
Oui, mais moi-même, on va me reprocher ci ou ça, qui n’a pas fait des messages qu’il n’aurait pas dû faire, etc.
En fait, tout le monde se sent coupable dans l’espoir des réseaux sociaux, donc il va falloir aussi faire très attention par rapport aux victimes, de ne pas les culpabiliser, de ne pas dire oui, mais pourquoi tu as posté cette photo-là de toi, regarde, tu t’es mise en danger, pourquoi tu as…
On a souvent un respect culpabilisant davantage, et ça, c’est un véritable piège parce que du coup, on se rend compte qu’il y a un silence sur…
et ça pour t’apparaître, c’est souvent très grave.
Donc voilà, ça aussi, il faut bien le comprendre, cesser de tenir à un discours culpabilisant et vraiment chercher ensemble des solutions et chercher ensemble à briser cette solitude des jeunes qui font sur les réseaux sociaux.
Oui, parce qu’on entend donc le mot solitude, mais aussi réseaux sociaux.
Alors évidemment, je le rappelle quand même parce que c’est un élément clé de ce cyberharcèlement, c’est qu’il y a donc une publication, c’est-à-dire que ce qui se passe dans le groupe est aussi visible, du plus grand nombre.
Cet enjeu de publication emporte d’autres conséquences.
Tu alertes sur les dangers.
Alors tu disais une photo qu’on n’avait pas envie de poster.
Il y a aussi un danger qui apparaît autour du sexting pour les adolescents, les plus grands.
Peux-tu nous dire ce que c’est pour les moins informés d’entre nous et les dangers qu’il y a autour du sexting?
Oui, le sexting, les jeunes appellent ça les nudes.
Vous allez parler de nudes.
Le sexting, à la base, c’est une photo ou une vidéo qui aurait dû rester dans le domaine privé, se trouve partagé, échappe à son possesseur, à quelqu’un qui est concerné, et est diffusé comme ça sur, vous voyez, diffusé de façon plus ou moins large, mais en tout cas auprès de personnes qui ne devraient pas l’avoir.
Donc, il y a un premier phénomène, de celui de part du, soit du vol, soit de la trahison, soit de, peut-être quelque chose qui ne devrait pas se faire, de la diffusion d’une photo.
Et puis ensuite, ce qui se passe malheureusement alors que le phénomène arrive, que se passe-t-il dans le groupe, dans l’état de distance solaire, ou il peut dire en aide à la personne victime qui mérite qu’on la soutienne, et bien le groupe se retrouve contre elle.
Ça veut dire que tout le monde va l’accuser de tous les noms, tellement que tout le monde va se sentir baisse, il ne va pas la rejeter.
Donc, c’est une situation extrêmement dangereuse.
Les victimes de ces expériences sont en très, très grand danger, d’autant plus que la culpabilisation va être encore plus forte.
Étant donné que ça touche souvent au corps, ce sont des photos de séduction en général, ça confirme très souvent des jeunes filles qui auront une photo d’elle parfois un peu dénudée, ou leur reprocheront.
Les critères pour les reproches sont parfois très incertains, mais en tout cas, et les adultes mêmes, et ça je vous le dis encore maintenant, lorsqu’on pense que les adultes même dans les salles me disent oui, les jeunes, il ne faut pas qu’ils publient les photos, il ne faut pas qu’ils prennent les photos, il ne faut pas.
Les adultes, on se … / de considérer que le problème, c’est la victime.
C’est extrêmement, ah oui, c’est vraiment, oui.
Donc là, il y a quelque chose à corriger avant tout dans le regard des déficits, dans la compréhension des adultes.
C’est presque criminel de dire ça.
On peut dire que la victime est coupable, on la pousse vraiment dans le gout.
Il faut savoir que les élèves-là sont au bord du gout.
Et donc, tu disais les adultes, ce n’est pas tous les adultes, justement, heureusement, mais il y a donc ce phénomène de groupe.
Alors, je le dis pour les jeunes qui nous écouteraient, il y a donc des personnes de confiance à contacter dans ce cas-là, si on ne perçoit pas la confiance des adultes, les élèves les plus proches de soi.
Il faut trouver une personne de confiance, absolument.
Il faut vraiment…
Mais ça, c’est aussi aux états de la situation de mettre en place, dans chaque établissement, justement, ces équipes.
Et ces équipes, qui sont bien informées, vont pouvoir communiquer sur le sujet, rater sur les élèves, dire si ça vous arrive qu’on n’est pas portables, nous serons victimes.
Donc, avec nous, vous n’avez rien à craindre.
Ceux qui sont coupables, ce sont ceux qui partagent la photo, ce sont ceux qui repondent contre la victime.
La victime, juridiquement, est absolument innocente.
Et moralement, elle est absolument aussi innocente.
Donc, si les agissements se disent pour clair, je vous assure qu’ils vont aller chercher de l’aide auprès de vous.
Et en cas de difficulté ou même, même si on a des personnes de confiance, on peut aussi donc contacter le numéro de téléphone gratuit, le numéro vert, le 30 18.
Il y a eu la création même d’un délit spécifique au harcèlement.
Donc, il y a tout cet aspect à absolument en compte.
Évoquons d’autres conseils concrets que tu pourrais donner aux enfants ou aux adolescents victimes de harcèlement au sens large, et donc pas exclusivement le cyber harcèlement ou le sexting, mais aussi s’intéresser à leurs parents.
J’indique que tu reçois régulièrement et tu as reçu depuis des années des dizaines et des dizaines de personnes en consultation.
Tu as donc une vision de terrain.
C’est un coup de tonnerre dans la vie d’une victime.
Mais je disais des solutions sont là.
Par où commencer, si on peut dire ?
Comment faire pour la victime ou pour ses parents ?
Alors, commençons par la victime ?
Bon, moi, je pense quand même que la victime, elle a intérêt à en parler assez auprès du qui elle sent qu’elle trouvera de l’écoute.
Et peut-être que si elle est auprès de ce qui l’aime.
Je pense que la victime, elle-même, peut, si vous voulez, donner des consignes quelque part à ceux qu’elle aime, quand elle veut leur parler.
On peut dire à son père, à sa mère, j’ai besoin d’être racontée quelque chose, mais j’ai vraiment besoin que tu m’écoutes, que tu ne m’interrompes pas, que tu ne me donnes pas de conseils, que tu m’écoutes et que tu me perds ma place.
A la rigueur, vous voyez, ce n’est pas facile, mais oui, moi, je donnerais ce conseil d’aller voir quelqu’un dont on sait qu’il se prend vraiment soin de nous, qu’il nous aime, qu’il ne nous juge pas et de lui dire…
Parce que sinon, l’adulte croit toujours qu’il doit immédiatement, surtout les parents, immédiatement agir, immédiatement réagir, immédiatement donner des conseils, immédiatement…
Et ça, ça fait très peur, en fait, aux jeunes, parce que c’est très complexe, une situation de harcèlement, c’est très délicat.
Si on agit maladroitement, on peut aggraver les choses.
On peut créer un problème plus grand.
Donc, c’est plus difficile de conseiller les victimes.
Si vous voulez trouver quelqu’un de confiance, qui vous écoute, qui vous respecte, qui ne vous juge pas, moi je dirais aux victimes, sachez que vous n’y êtes pour rien.
Tout le monde doit vous faire croire que vous y êtes pour quelque chose.
Sinon, vous n’y êtes pour rien.
Ça arrive à n’importe qui.
C’est comme se prendre les pieds dans le tapis.
Ça arrive à n’importe qui.
Donc, ça c’est quand même très important pour les victimes de pHARE.
Vous n’y êtes pour rien.
Ensuite, trouvez quelqu’un de confiance.
Si un premier adulte n’a pas l’air de comprendre, trouvez un autre.
Réfléchissez à qui pourrait vous écouter et demandez à cette personne de vous écouter attentivement, de vous laisser parler et de ne pas chercher tout de suite à vous, à toquer sur des solutions.
À moins que ce soit une personne évidemment qui soit dédiée au traitement de ces situations, évidemment, elle pourra écouter, mais elle sera aussi à l’écouture dans le bon sens.
Oui, et même rappeler qu’il existe des personnes dans les établissements scolaires.
Alors, pour les parents d’élèves, faut-il en parler à partir de quel âge?
Alors là, c’est en termes de prévention de dire que ce phénomène existe, parce qu’il faut quand même être au courant, même si l’école commence à en parler dans des heures de sensibilisation.
Oui, moi je trouve qu’il faut en parler, mais pas de manière indirecte.
Il faut s’intéresser à ce que vivent les enfants et plutôt poser des questions du genre dès les petites classes.
Est-ce que, comment ça se passe avec les copains ?
Est-ce qu’il y en a qui se moquent parfois ?
Est-ce qu’il y en a qui poussent ou qui font des méchancetés ?
C’est plutôt ça, parler de choses concrètes, les faire raconter et dire oui parce que la moquerie, non, personne ne doit se moquer, personne ne doit se dire la moquerie.
Alors, ça suppose aussi que nous, on ne se moque pas quand même.
Je crois que les adultes doivent vraiment assumer là quand même un peu un comportement cohérent.
On ne se moque pas des autres enfants, on ne se moque pas à table de son enfant parce qu’il ne sait pas quelque chose.
Non, en fait, la moquerie n’est absolument pas éducative.
Donc, on bannit ça tout simplement.
Voilà, on n’a qu’à se moquer ailleurs entre adultes si on veut.
Mais non, le domaine des enfants, on le protège de la moquerie, on le protège de l’ironie, etc.
Et on s’informe sur ceci, le vif.
Et on éduque aussi son enfant à ne pas se moquer des autres.
Mais on lui apprend qu’il n’a pas à subir lui-même une moquerie.
Vous voyez, c’est en parlant de ces choses-là, très concrètes, qu’on sensibilise au harcèlement scolaire
En fait, c’est un mot qui a été mal choisi en réalité.
En plus, donc non, ils vont mieux parler de choses très concrètes.
Et après, ça ne veut pas dire que les enfants nous raconteront tout, parce que vous savez.
Oui, justement, c’est l’angoisse des parents qui nous écoutent et qui doivent se demander pourquoi je ne vais pas poser cette question dès le début.
Mais c’est parce que je connais une partie de la réponse.
Y a-t-il des signaux d’alerte qui permettent de repérer un comportement d’un enfant ou d’un adolescent qui subit du harcèlement ?
Des signaux spécifiques, j’entends.
Oui, il y a des signaux qui sont bien connus.
Tout ce qui touche à un désintérêt tout à coup pour l’apprentissage, pour l’école, le chute des notes, une sorte de désintérêt, de réticence à parler de l’école ou à y aller.
Somatisation, tout à coup tous les dimanches soir ou les lundis matin, on a très mal au ventre ou alors que par hasard, un jour de la semaine, on a très mal au ventre.
C’est-à-dire qu’il y a un cours où ça se passe mal, peut-être même sur le temps de dire que c’est un scolaire ou d’autres raisons.
Vous savez, toutes les souffrances de scolaire, c’était la main.
Plusieurs par fois, plusieurs choses en même temps.
Les changements d’humour aussi.
Il y a un enfant qui était plutôt paisible, gai, tout à coup va piquer des grosses colères, va se mettre à mal, il va se mettre à faim ou il va faire des choses qu’il ne le faisait pas avant.
Des changements comme ça de tempérament.
Parfois, même des troubles alimentaires se développent, des insomnies, des cauchemars.
En fait, tous signaux de souffrance, d’enfants qui se referment sur soi.
Vous voyez, il n’a plus d’été.
Tout ça doit nous alerter.
Le plus compliqué, c’est peut-être le décrocheur solaire et la chute des notes.
Ça fait très souvent que les parents vont réagir en disant, mais ils ne travaillent plus, ils ont des enfants, ils vont passer à une surveillance accrue, en passant finalement un peu à côté du vrai sujet.
Ça peut être très douloureux pour tout le monde.
Et ma dernière question, c’est de l’autre côté du harcèlement.
C’est du côté des harceleurs ou des harceleuses.
On a bien compris qu’on peut tomber lorsqu’on est enfant de chaque côté de la ligne selon les circonstances personnelles et du groupe.
Mais lorsqu’on est parent, peut-on repérer un comportement de son enfant qu’on ne voit pas, par définition, à l’école, qui se définit comme un comportement de harceleur?
Écoutez franchement non, c’est bien la grande difficulté.
L’enfant est très différent dans sa famille, il va être très différent dans d’autres contextes, même où il est avec les mêmes camarades.
Et en place, dans la cour, il ne fera pas forcément les mêmes comportements.
Bon, je dirais que, non, il n’y a pas de…
Vous savez, les harceleurs ne sont pas les gens sans des autres, en fait.
Moi, je pense que sur une scolarité de 15 ans, tout enfant jouera un peu tous les rôles, vous voyez.
C’est un moment, un autre, il y a un peu dans chaque situation, un enfant s’en aperçoive.
Donc, il faut être très lucide, très humble.
Il faut avoir une éthique en tant qu’adulte, c’est un discours très clair sur ces choses-là, mais pas moralisateur, très empathique en même temps, parce qu’il faut aussi leur faire comprendre qu’on a conscience du fait que c’est très dur de traverser quand même.
C’est ce vécu plus principal dans le groupe, c’est quelque chose de difficile.
Donc, le plus beau cadeau qu’on puisse faire à un enfant, à un jeune, c’est quand même de lui offrir une attention individuelle.
Une attention individuelle, ça, c’est quand même ça le ressort, il leur permet tout à coup peut-être de prendre conscience de ce qu’il passe, qu’il soit victime ou qu’il soit offreur.
Vous voyez, surtout s’ils sont en lien avec un adulte qui est soucieux, justement, de préserver cette humanité dans les relations avec lui quand il parle des effets de l’aide des enfants.
Marie Quartier, co-fondatrice du Centre ReSIS, merci pour ce panorama complet, même si on perçoit que chacun des sujets mérite un développement particulier, mais ça tombe bien, car tu es l’autrice et la co-autrice de nombreux ouvrages de référence sur ce sujet, dont je mets les indications sur la description de cet épisode.
On les retrouve sur le site internet que je mets en lien dans la description, ainsi que le rappel du numéro vert, le 3018.
Merci Marie Quartier d’être passée dans cette émission.
Merci d’être passée dans Soluble(s).
Voilà, c’est la fin de cet épisode.
Si vous l’avez aimé, notez-le, partagez-le et parlez-en autour de vous.
Vous pouvez aussi nous retrouver sur notre site internet csoluble.media.
À bientôt.
POUR ALLER PLUS LOIN :
- Le site web national “Non au harcèlement” (France) www.education.gouv.fr/non-au-harcelement
- Le numéro d’appel gratuit – Le 3018 (appel gratuit et anonyme, accessible 7 jours sur 7 de 9 h à 23 h) ;
et par chat sur e-enfance.org/besoin-daide/ - Voir le site du Centre ReSIS
- Lire le livre : Harcèlement scolaire : le vaincre c’est possible – La méthode de la préoccupation partagée Ed. ESF (Jean-Pierre Bellon – Bertrand Gardette – Marie Quartier)
TIMESCODES
00:00 Introduction
01:21 Le parcours de Marie Quartier
02:56 Le harcèlement scolaire, un phénomène de groupe
08:56 “Les adultes doivent ouvrir les yeux sur ce que vivent les enfants”
09:56 Un problème d’ampleur
14:54 Le programme pHARE
17:29 La formation des enseignants et personnels de l’éducation nationale
18:30 La méthode de la préoccupation partagée
25:10 Le cyberharcèlement et (30:02) le sexting
33:36 Conseils – Comment réagir face en cas de harcèlement scolaire
42:16 Merci à Marie Quartier !
Fin
Propos recueillis par Simon Icard.
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