Entre 600 et 620 kg de déchets ménagers et assimilés par habitant et par an dans la Métropole Aix-Marseille-Provence ces dernières années, mais seulement 38 kg d’emballages et papiers triés : le bilan est lourd. Pour Soluble(s), Fiona Cosson, fondatrice de Zero Waste Marseille, partage son guide pratique pour réduire ses déchets sans culpabilité. On peut en produire « Tarpin moins ». Entre chiffres alarmants et solutions concrètes, l’association prouve qu’agir est possible, avec des bénéfices pour la planète, le portefeuille et la santé.
📄 Résumé

Visuel issu de la Couverture du Guide « Tarpin moins » (Fiona Cosson – Zero Waste Marseille)
Un constat marseillais plus lourd que la moyenne nationale
Dans la Métropole Aix-Marseille-Provence, les 1,9 million d’habitants génèrent 1,18 million de tonnes de déchets ménagers et assimilés, soit entre 600 et 620 kg en moyenne par an et par habitant ces dernières années, au-dessus de la moyenne nationale d’environ 570 kg. Avec seulement 38 kg d’emballages et papiers ménagers triés par an et par habitant dans les Bouches-du-Rhône en 2022, contre 72 kg au niveau national, les Provençaux restent parmi les plus mauvais élèves du tri sélectif (Lire sur Made in Marseille). Une progression de 8,1 % du tri des emballages a toutefois été enregistrée dans le département en 2024, signe d’une prise de conscience progressive.

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À l’échelle de la France, la production totale de déchets atteint 343 millions de tonnes par an, soit 5,1 tonnes de déchets produits chaque année par habitant, tous flux confondus (ménages, entreprises, BTP), dont 309 millions de tonnes hors déchets secondaires.

Environ 21 millions de tonnes sont des déchets ménagers et assimilés, soit un peu plus d’une demi-tonne par habitant, tandis qu’environ 70 % des déchets proviennent du BTP (matériaux minéraux).
Le zéro déchet, une direction plutôt qu’une perfection
Pour Fiona Cosson, l’engagement part d’un choc personnel : « Du jour au lendemain, je me suis mise à faire des allergies aux produits cosmétiques et ménagers. Une allergie aux conservateurs qui m’a beaucoup handicapée, pour laquelle j’ai cherché des solutions naturelles », raconte-t-elle dans Soluble(s). En découvrant Zero Waste France, elle prend conscience de l’ampleur des défis liés aux déchets qui ne relèvent pas seulement du contenu des produits, mais aussi des emballages, du plastique et de l’ensemble du cycle de production.

Photo d’illustration : Pexels.
« La problématique des déchets ne se cantonne pas juste au traitement des déchets, mais c’est un peu tout le chemin qu’il faut revoir de l’extraction de matières premières au transport, à la fabrication », explique-t-elle. La démarche zéro déchet consiste donc à remonter à la source, à interroger les besoins et les usages, plutôt que de se limiter au tri. Et elle tient à déminer un malentendu : « Faut pas avoir peur du terme zéro déchet, on ne vise pas le zéro, c’est inatteignable. On le sait et c’est une direction ».

Photo : DR.
Son guide « Tarpin moins », auto-édité par Zero Waste Marseille, décline cette philosophie en dix chapitres thématiques qui couvrent l’alimentation, la mode, la vie professionnelle, les animaux ou encore les loisirs. On y trouve des conseils très concrets pour réduire les déchets dans la cuisine, la salle de bain ou au bureau, ainsi qu’un index d’environ 200 adresses marseillaises (vrac, ressourceries, friperies, services de location, artisans de la réparation) et de nombreuses ressources en ligne utilisables partout en France.

Photo : DR.
Des solutions concrètes qui marchent
Au-delà de la réduction des emballages et du plastique, Fiona Cosson insiste sur la mode et la fast fashion. L’industrie textile produit environ 100 milliards de vêtements chaque année dans le monde, alors même que le stock existant permettrait d’habiller des générations entières. Pour alléger ce poids, elle met en avant les friperies, les ressourceries, dépôts-vente, mais aussi les réseaux solidaires comme Emmaüs ou la Croix-Rouge, ainsi que les couturières, cordonniers et tapissiers qui prolongent la vie des vêtements et des objets du quotidien.

Zero Waste Marseille, association qu’elle a fondée en 2017, agit aussi par l’accompagnement. Chaque année, l’association porte, en partenariat avec la Métropole Aix-Marseille-Provence et la région Sud, le Défi Familles Zéro Déchet, un accompagnement gratuit de six mois qui vise au moins 25 % de réduction des déchets ménagers. Cent foyers volontaires sont suivis à chaque édition : pesée des déchets, ateliers, visites de centres de tri ou de recyclage textile. « Chaque année, on a en moyenne trente pour cent de réduction des déchets de la part des foyers », indique Fiona Cosson, avec en prime des économies visibles sur le budget mensuel.

Crédit : Zero Waste Marseille.
Avancer sans culpabiliser
Si la question des déchets suscite « beaucoup de frustration, de colère et de méfiance envers le service public » à Marseille, Fiona Cosson plaide pour une approche bienveillante pour agir au niveau individuel. « Mon meilleur conseil, c’est vraiment de prendre le temps et de ne pas se culpabiliser quand ça ne fonctionne pas », insiste-t-elle, rappelant que les changements de vie (déménagement, travail, famille) peuvent freiner temporairement une démarche zéro déchet.

Vue agrandie d’une partie de l’illustration de la couverture du guide Tarpin Moins.
« Réduire ses déchets à la source, c’est bon pour la planète, c’est bon pour mon portefeuille et c’est bon pour ma santé. Moi, j’en suis la preuve », résume-t-elle. À l’échelle européenne, l’Union vise 55 % de recyclage des déchets municipaux d’ici fin 2025, 60 % en 2030 et 65 % en 2035. À l’échelle locale, la métropole marseillaise produit autour de 600 kg de déchets ménagers et assimilés par habitant et par an, dont à peine 38 kg d’emballages et papiers effectivement triés, ce qui laisse un important potentiel de réduction et de meilleure valorisation avec des gains significatifs à réaliser du côté des commerçants.
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Les déchets représentent environ 4 % des émissions françaises de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique, ce qui fait de chaque geste de réduction un levier climatique concret.
Ecoutez.
Simon Icard (rédigé avec IA)
POUR ALLER PLUS LOIN
- Lire : Tarpin Moins par Fiona Cosson – Zero Waste Marseille.
En vente dans trois commerces marseillais :
📌Chez Okjö, 106 Corniche Kennedy (7ème)
📌Chez M’ Ton Vrac, 5 rue Granoux (4ème)
📌Chez Les Flamants Verts, 6 rue Marengo (6ème) et sur commande sur la boutique en ligne de l’association.
- Le site web de l’association : www.zerowastemarseille.org
TIMECODES
00:00 Introduction et chiffres clés
01:51 Le parcours de Fiona
03:38 Pourquoi nos poubelles racontent nos modes de vie
05:14 La réduction à la source : faire « l’autopsie » de sa poubelle
07:16 La situation spécifique à Marseille
08:56 Le trio gagnant : bon pour la planète, le portefeuille et la santé
10:00 Le « Zéro Déchet » est une direction, pas une perfection inatteignable
12:19 Le contenu du guide : 10 thématiques et 200 adresses locales
14:07 Focus Mode : l’impact de la Fast-fashion
17:02 Le « Défi Familles Zéro Déchet »
19:20 Déculpabiliser
22:06 Où se procurer le guide « Tarpin Moins » (autoédition)
23:18 Merci à Fiona Cosson !
24:14 Fin
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