[TRANSCRIPTION] Les petites l’Ouches, la légumerie conserverie solidaire qui régale et sauve des productions en Normandie
En Normandie, dans le Pays de Bernay, à 50 km d’Evreux, Les petites l’Ouches préparent des recettes 100 % locales et valorisent les légumes frais. Une démarche à l’esprit solidaire qui s’appuie sur des salariés en insertion professionnelle et qui permet de sauver des productions et d’offrir de nouveaux débouchés aux producteurs locaux.
Écouter plus tardÉcoutez l’histoire des Petites louches avec Delphine Vandermeersch sa fondatrice énergique !
Transcription (automatisée)
Article source : Les petites l’Ouches, la légumerie conserverie solidaire qui régale et sauve des productions en Normandie
Bienvenue dans ce nouvel épisode de Soluble(s).
Aujourd’hui, je souhaite médiatiser une initiative qui conjugue alimentation de proximité et insertion.
Bonjour, Delphine Vandermeersch.
Bonjour.
Vous êtes la directrice des Petites l’Ouches, une association normande basée à Bernay dans le département de l’Eure.
Vous allez tout nous dire de ce que vous avez mis en place depuis 2020.
Mais d’abord, on a envie d’en savoir un peu plus sur vous.
Vous connaissez bien le monde de l’agriculture, le travail de la terre.
Quel est votre parcours en quelques mots?
Alors moi, j’ai déjà pour commencer, j’ai des parents qui sont agriculteurs et j’ai grandi sur le territoire de Bernay, là où finalement s’est monté le projet des Petites l’Ouches.
À la suite de mon parcours au lycée avec un BAC S, je suis partie du coup en école d’ingénieur en agriculture où j’ai validé mon diplôme d’ingénieur en 2018.
Et j’ai intégré le Cerfrance en tant que conseillère d’entreprise où j’accompagnais les agriculteurs sur la gestion de leurs projets, de l’installation à la transmission en passant par la gestion quotidienne d’une entreprise.
Et à la suite de ce contrat, j’ai voulu lancer un projet qui pour moi avait du sens, le projet des Petites l’Ouches.
Alors justement, parlons donc des Petites l’Ouches.
C’est une conserverie et une légumerie.
Comment avez-vous eu l’idée de vous lancer dans ce projet?
Alors, au moment où je voulais monter un projet qui avait du sens pour moi, j’ai commencé par appeler l’intercom’ de Bernay, Terres de Normandie, qui venait de faire un diagnostic de territoire.
Dans ce diagnostic était révélé le besoin de mettre en place un petit transformation.
Et du coup, j’ai réuni des gens autour de moi qui étaient motivés par cette idée.
Et ensemble, on a monté le projet des Petites l’Ouches.
Tout vient finalement d’une demande à la base du territoire.
Alors, dans ce podcast, vous le savez, on veut tout savoir.
On veut tous avoir des légumes jusqu’au point de vente.
Quelles sont les grandes étapes de votre travail?
Vous avez donc un atelier, vous travaillez sur des produits 100 % locaux?
Tout à fait.
C’est vraiment l’idée du projet de valoriser toutes les productions locales.
Alors, quand je dis toutes, c’est surtout des fruits, des légumineuses et des légumes.
Puisqu’on n’accueille pas de viande et de produits laitiers pour l’instant dans l’atelier.
Donc, qu’est-ce qu’on fait concrètement?
On accueille les légumes des producteurs locaux.
Et puis, en fonction de leur demande, on va produire des compotes, des soupes, des ratatouilles, des confitures, des tartinables, tout ça en fonction de leur demande.
On a aussi une gamme de produits, la gamme Les Petites l’Ouches, où là, on fait appel aux producteurs locaux, bio, pour nous approvisionner, pour notre gamme de produits.
Cette gamme nous permet de nous faire connaître auprès des magasins, et des producteurs et des consommateurs, pour aussi faire un effet de levier pour les autres producteurs.
Vous mettez en conserve, mais vous avez donc aussi des recettes.
Donnez-nous quelques exemples de ce que vous proposez.
Faites-nous saliver.
Alors, notre petit fétiche, c’est le curry de légumes, qui regroupe du coup plein de légumes différents, donc des butternuts, des poireaux, des oignons, des pommes de terre, des carottes, des pois chiches.
Et j’en oublie.
Et donc, tout ça, c’est aromatisé avec un peu de curry, un peu de cumin.
Tout ça est relevé et ça plaît beaucoup globalement en consommateur.
On a aussi des poireaux sirop.
On en trouve très très peu dans le commerce finalement, à part tous les commerces de grande surface.
Mais là, on est vraiment sur les poireaux sirop qu’on faisait dans le temps.
Finalement, souvent nos grands-parents faisaient.
On a des compotes de pommes et chaque recette qu’on a créée a été validée par une quarantaine de personnes en test sensoriel.
C’est-à-dire que tous les produits de notre gamme qui vont être retrouvés ont une note de 4 sur 5 de l’ensemble des consommateurs qui ont testé nos produits.
Et ça a fait écho à plusieurs recettes.
Donc, on a fait huit recettes différentes pour chaque produit.
Donc, ça, c’est pour les produits de notre marque de produit.
Mais après, pour les produits des marques des producteurs, c’est les producteurs eux-mêmes qui font les essais chez eux de recettes.
Et nous, on adapte nos recettes à l’anar en fait.
Des fois, on a aussi nos propres recettes qu’on développe chez les autres.
La mise en conserve, c’est une pratique assez ancienne, mais qui revient au goût du jour avec des nouvelles attentes pour les consommateurs.
Mais parlons de ces producteurs avec qui vous travaillez.
Quel intérêt ils voient justement dans cette production avec vous?
L’intérêt des producteurs, c’est, dans un premier temps, de valoriser des surplus de production.
Là, par exemple, on a un producteur qui s’est fait refuser des betteraves par une coopérative agricole, des betteraves bio, parce qu’ils avaient un petit défaut.
Et du coup, nous, on les a récupérés, on en a fait des betteraves sous vide.
Pour ce producteur-là, c’est sauver finalement une production qui aurait été entièrement jetée.
Pour d’autres producteurs, on a des pommes et des poires, là, ça commence à être la fin de la saison, qui commence à pourrir.
Maintenant, on a récupéré et on en fait des super bonnes compotes de pommes, pommes-poires, compotes de poires, enfin voilà.
C’est des choses qui plaisent beaucoup.
Pour d’autres, il va s’agir de développer une gamme de produits plus diversifiée.
On a un producteur de légumineuse pour qui on a fait par exemple des pois chicheaux naturels pour qu’il puisse développer sa gamme de produits.
On va avoir aussi des pois cassés, carottes et noix qui vont être faits.
Donc là, on valorise une production de podcasts en un produit qui a plus haute valeur ajoutée, qui va pouvoir créer un revenu supplémentaire au producteur.
Des revenus supplémentaires de nouveau débouchés, puis aussi sauver de la destruction ou de la perte certaines catégories de fruits et légumes.
Quel est le circuit de distribution que vous avez?
Vous vous ciblez autant des particuliers que des institutions, des collectivités.
On vous trouve en magasin.
Alors là, pour l’instant, on parle que de la conserverie.
Donc pour la conserverie, nous, notre marque de produits, elle est vendue dans beaucoup de magasins bio du secteur.
Donc à Bernay, à Lisieux, à l’Aigle, à Pont-l’Évêque, à Touques.
Voilà, donc là, on a développé un peu notre réseau de vente tout dernièrement.
Donc ça, c’est pour la conserverie.
Puis après, les producteurs qui ont transformé chez nous ont leur propre réseau de vente.
Donc, ils vont soit vendre sur des marchés ou en magasin.
Là, c’est eux qui décident de leur créer leur vente.
Alors justement, vous avez évoqué le terme de légumerie.
Très concrètement, qu’est-ce que c’est qu’une légumerie?
Alors la légumerie, du coup, c’est une autre activité qu’on propose.
C’est la préparation de légumes frais.
Généralement, les restaurations collectives, pour s’approvisionner en local, c’est plus compliqué pour eux parce que soit les légumes sont un peu difformes, soit ils sont un peu plus chers, soit il manque de logistique de proximité ou alors ils n’ont pas la main-d’œuvre, pas le temps de pouvoir traiter des légumes frais.
Donc nous, ce qu’on propose, c’est un service de logistique pour approvisionner à la fois des légumes bruts, par exemple des carottes entières lavées ou des légumes prêts à l’emploi.
Donc on va proposer des carottes rondelles, des carottes entières éboutées et épluchées.
On va proposer des oignons émincés, des poireaux émincés, des betteraves rouges en cubes.
On va faire une diversité de légumes locaux préparés.
Et donc là vraiment, notre cible, ce sont les restaurations collectives, c’est-à-dire les lycées, les maisons de retraite, les collèges, les hôpitaux, etc.
Du local, de la production locale, de la distribution locale aussi.
Donc parlez-nous un peu de votre territoire.
Donc vous l’avez cité, le pays de Bernay, c’est en Normandie, dans le département de Leur, à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest d’Évreux.
Et je puis voir sur une carte, c’est un territoire rural.
C’est parfait pour promouvoir les circuits courts.
C’est là où, en fait, on a une diversité de producteurs sur le territoire qui sont en demande de valoriser leur production.
Et donc, on peut facilement, on est à l’intersection de grandes villes, en fait, finalement.
On est à l’intersection de Rouen, d’Evreux, de Lisieux, de Pont-Audemer, de Bernay-sur-Eure, de L’aigle, donc quelques grandes villes autour de chez nous.
Et donc, ça nous permet d’avoir un maillage intéressant.
Le territoire de Bernay, terre de Normandie, il y a 10 000 habitants à Bernay, c’est à peu près 58 000 habitants total sur le territoire, l’intercommunalité sur la Calonie.
Les Petites l’Ouches, vous êtes constituée en association et ce n’est pas anodin parce que vous avez donc une démarche solidaire.
Vous êtes aussi une structure d’insertion professionnelle.
Parlez-nous du profil de votre équipe et comment tout ça se combine pour arriver à faire tout, à réaliser toute votre activité.
Oui, justement, on a un fonctionnement qui est assez particulier parce que finalement notre activité, c’est le support pour l’insertion de personnes qui ont des difficultés sociales ou professionnelles.
Les difficultés sociales et professionnelles, elles sont très variées.
Ça peut être j’ai fait une dépression, je suis au RSA depuis un moment et j’ai du mal maintenant à retrouver un travail.
Ça peut être j’ai des problématiques de logement, j’ai des problématiques, je suis plus âgée, par exemple, j’ai plus de 50 ans, c’est compliqué d’avoir un emploi ou de retrouver un emploi.
Ça peut être des problèmes d’alcoolisme ou des problèmes judiciaires.
Ça peut être des problèmes moins graves que ça.
Ça peut être très varié.
Et non, l’idée, c’est qu’ils ont un travail et sont accompagnés pour définir un nouveau projet professionnel, soit dans le secteur dans lequel vous étiez avant, soit dans le secteur dans lequel ils travaillent actuellement, aux petites louches, mais ça peut être dans d’autres secteurs.
Et pour ça, ils peuvent faire des stages d’immersion dans d’autres entreprises.
Ils peuvent postuler dans diverses entreprises pour définir leur projet, le valider et partir avec un emploi à la clé.
On a un peu un emploi tremplin, si vous voulez.
Et vous êtes combien au total pour votre équipe?
Aujourd’hui, on a 13 salariés qui sont en parcours d’insertion et on est une équipe de 19 personnes.
On a commencé la production en septembre 2022.
Donc, on a le projet de développer le nombre de personnes à 25, donc d’ici 25 personnes, d’ici 2025.
Les Petites l’Ouches, donc c’est dans le département de l’heure.
Je mets en description de cet épisode l’adresse de votre site Internet sur lequel on va pouvoir se renseigner pour savoir où trouver vos produits.
On a compris localement en Normandie.
Eh bien, on a fait le tour.
Merci, c’était très concret.
Merci Delphine d’être passée dans Soluble(s).
Merci à vous.
Voilà, c’est la fin de cet épisode.
Si vous l’avez aimé, notez-le, partagez-le et parlez-en autour de vous.
Vous pouvez aussi nous retrouver sur notre site Internet www.csoluble.media.
Écoutez l’épisode complet. (Seul le prononcé fait foi)
POUR ALLER PLUS LOIN
https://www.lespetiteslouches.fr/
TIMECODES
00:00 Introduction
00:40 Le parcours de Delphine Vandermeersch avant de lancer ce projet plein de sens
01:37 L’idée de créer une conserverie et légumerie qui répond aux besoins du territoire
02:19 Un atelier qui valorise toutes les productions locales
03:17 Des préparations culinaires et desserts qui séduisent
04:31 Les producteurs valorisent des surplus de production, les sauvent et se diversifient
06:12 Où trouver les conserves produites par Les Petites l’Ouches
06:48 L’activité de légumerie (légumes frais) pour la restauration collective locale
07:51 Le Pays de Bernay, un territoire idéal pour les circuits-courts
08:52 Une structure d’insertion professionnelle
10:40 Merci à Delphine Vandermeersch !
Fin
Propos recueillis par Simon Icard.
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